États-Unis

Les États-Unis se retrouvent dans de nombreux sujets d’histoire de prépa littéraire, voici donc une fiche détaillée sur les États-Unis de 1964 au début des années 1990, suite de notre premier article disponible ici ! Tu y trouveras des détails sur l’économie, la société, la culture et la politique intérieure et extérieure des États-Unis à glisser dans tes copies pour épater ton correcteur. Cette fiche est réalisée d’après le livre d’André Kaspi, Les Américains.

IV. Les États-Unis à l’heure du reaganisme

1. Une mutation politique ?

Élu gouverneur de Californie en 1966, Reagan l’emporte en 1980, notamment grâce à un phénomène de rejet de Carter. Il libère les otages en Iran. Reagan veut baisser le budget fédéral tout en augmentant celui de la défense. 51 % des électeurs de Reagan voulaient un président fort. Il incarne en effet le dynamisme de la Sun Belt et de la nouvelle droite. Une nouvelle répartition des forces favorise les républicains. En 1984, Reagan est réélu triomphalement grâce à 80 % des votes évangélistes et 70 % des votes de la majorité blanche.

2. La « reaganomanie »

Le keynésianisme est mort, une nouvelle ère s’annonce. Pour Reagan, trop d’impôt, trop d’intervention étatique et de dépenses fédérales alourdissent la dette et bloquent les investissements. L’initiative individuelle doit alors être rétablie. La théorie de Laffer mettant en avant les avantages d’une réduction d’impôt l’inspire. Les conséquences sociales sont certes importantes, mais les vrais pauvres sont aidés, les autres sont poussés à retrouver le marché du travail. Reagan réduit les dépenses, mis à part celle de l’armée, coupe les crédits d’aide étrangère, réduit les indemnisations chômage et les aides aux étudiants et aux agriculteurs.

Le chômage augmente et le PNB baisse en premier lieu, mais l’embellie survient en 1983. Début 1984, la croissance est de 7,5 % et le chômage baisse d’un point, l’inflation est jugulée. L’abaissement des taux d’intérêt favorise la consommation et la construction immobilière. Cependant, les inégalités s’accroissent et le déficit se creuse, passant de 60 milliards de dollars en 1981 à 200 en 1984. La pauvreté est toujours là. À La Nouvelle-Orléans, par exemple, les demandes d’aide alimentaire croissent de 222 % en 1981. La high tech progresse : les États-Unis en vendent pour 27 milliards en 1975, puis 63 en 1980.

3. Le moral et la morale

Aux yeux de nombre de ses compatriotes, Reagan revigore le moral et la morale. Lutter contre l’expansionnisme soviétique et combattre l’IVG sont deux faces du même américanisme à la Reagan. L’URSS est l’empire du mal, il faut réarmer d’urgence. Le patriotisme et la fierté nationale plaisent aux Américains (succès du film Rambo). Les États-Unis engagent une « campagne pour la liberté » : déploiement des Pershing en Europe, le budget de la défense bat des records, les négociations sur le désarmement piétinent.

Il se fait l’image d’un guerrier de la guerre froide avec l’Initiative de défense stratégique. L‘intervention des Marines à Grenade en octobre 1983 est saluée, mais toute intervention rigoureuse en Amérique centrale rappellerait de mauvais souvenirs. L’exceptionnalisme américain n’a pas disparu, mais ils sont conscients de leurs failles. Le reaganisme n’est pas une doctrine ou un mouvement d’idées, mais une volonté de renouveau, un discours patriotique.

4. L’héritage de Ronald Reagan

Quand Reagan quitte la Maison-Blanche, sa cote de popularité est au plus haut. Les 2/3 des Américains applaudissent son bilan, sur lequel Bush fait campagne. Les Américains ont repris confiance dans la solidité de leurs institutions et de leurs valeurs. Bush a été ambassadeur à l’ONU, chef du bureau de liaison de Pékin, a fait des missions à l’étranger… Il suspend officiellement tout contact avec Pékin au massacre de la place Tiananmen, mais ne rompt pas les liens complètement. Par ailleurs, les troupes américaines chassent Noriega, dictateur du Panama, en janvier 1990. Les États-Unis ne sont également pas étrangers au passage à la démocratie au Salvador, au Brésil, en Argentine…

Le 28 août 1990, l’Irak envahit le Koweït, conduisant à la riposte du 17 janvier 1991 de la coalition menée par les États-Unis, lesquels ne peuvent accepter la mise en péril de leurs ressources énergétiques. En conséquence, l’opération Tempête du désert est un succès. Bush veut un « nouvel ordre mondial ». Il réunit alors une conférence à Madrid en octobre 1991 pour régler le conflit israélo-palestinien. Cependant, les Américains sont peu satisfaits, Bush paraît davantage intéressé par les affaires internationales que par l’économie. Élu en 1992, Clinton incarne les espoirs, frustrations et illusions d’une décennie.

V. La décennie des illusions

1. Le retour de la prospérité

Clinton bénéficie d’une embellie économique (chômage bas, production croissante, monnaie dominatrice). Ainsi, la croissance est de 3,9 % en 1997 et le chômage passe de 7,4 % à 4,6 % entre 1992 et 1997. L’économie américaine produit 20 à 25 % des biens et services mondiaux. Les firmes américaines ont envahi la planète : Coca-Cola, McDonald, Levi’s, Microsoft… La recherche scientifique et technologique joue un grand rôle dans l’essor de la nouvelle économie. 15/35 des entreprises qui dépensent le plus pour la recherche sont américaines (IBM, HP…).

Cependant les inégalités augmentent. En 1989, 1 % des ménages détient 37 % du patrimoine grâce à la politique fiscale de Reagan. Les patrons s’enrichissent : O’Reilly, le PDG de Heinz, a un revenu annuel de 75 millions de dollars. Le sort des classes moyennes ne s’améliore pas de la même façon. Les États-Unis forment une nation suburbaine à 82 % blanche. La pauvreté touche surtout les minorités ethniques et raciales. Les États-Unis comptent environ 40 millions de pauvres, soit 14 % de la population. Par ailleurs, le racisme est toujours là (émeutes à Miami en 1989 et à Los Angeles en 1992).

2. Une Amérique multiculturelle

Le pays continue de faire rêver, il accueille 40 % des migrations internationales. 66 % viennent d’Amérique du Nord ou centrale. Une loi en 1996 renforce les contrôles. Le multiculturalisme fait débat, le melting-pot qui favorisait les WASP (White Anglo-Saxon Protestants) semble laisser place au salad bowl (à la différence du melting pot). L’anglais paraît menacé : une loi sur l’enseignement bilingue est votée en 1968 pour aider les Hispaniques, étendue à tous les groupes nationaux en 1975. Les Hispaniques réclament des formulaires administratifs en espagnol (170 radios, 150 journaux). En réaction, 17 États font de l’anglais leur langue officielle.

3. La contestation de l’État fédéral

L’État fédéral passe pour être exagérément envahissant. En 1992 et 1996, Perot est pour un affaiblissement du pouvoir fédéral. Pour certains, le gouvernement fédéral menace même les libertés des citoyens. Le coût des campagnes s’alourdit de plus en plus, atteignant en 1996 plus de 2,2 millions de dollars. L’accord ALENA est redouté par les syndicalistes et les hommes d’affaires. Par ailleurs, les scandales financiers (affaire Whitewater, financement illégal des campagnes) et sexuels (Monica Lewinsky) éclaboussent le président.

4. La seule superpuissance

La disparition de l’URSS crée un choc parmi les Américains puisque la vie politique et les fondements de leur culture avaient été influencés par le conflit, lequel prend brutalement fin. Sans ennemi, rien n’intervient pour pousser les États-Unis. L’environnement est une question de plus en plus préoccupante. Les États-Unis sont enclins à l’unilatéralisme. En 1992, 62 % des Américains placent la défense des intérêts économiques en premier. Cela n’empêche pas certaines interventions comme les Accords d’Oslo en 1993, les Accords de Dayton en 1995. Le boycott économique est de plus une arme redoutable dont le Congrès se sert sans complexes (Cuba, Iran, Libye).

Voici la fin de nos deux volets consacrés à l’histoire des États-Unis entre les années 1960 et les années 1990, inspirés par l’ouvrage Les Américains de Kaspi.