Prépa B/L

Tu es intéressé par le fait de continuer ton parcours en Institut d’études politiques (IEP) après ta prépa B/L ? C’est une voie qui pourrait te plaire, mais tu n’es pas suffisamment renseigné ? Ou bien, tu n’y connais rien du tout ? Cet article est l’occasion pour toi de découvrir le parcours de deux anciennes étudiantes de B/L, Ludivine et Hadda, qui ont respectivement intégré Sciences Po Bordeaux et Sciences Po Lyon.

Présentez-nous votre parcours. Comment avez-vous intégré cet IEP après votre prépa B/L ?

Ludivine : Après mon bac ES (spé maths), je suis entrée en prépa B/L. Je savais qu’il existait la possibilité d’intégrer Sciences Po Bordeaux en troisième année. En khâgne, je me suis dit que cette école pouvait me correspondre et j’ai commencé à réviser le concours. Les différentes épreuves étaient culture générale, langues et spécialité (sociologie pour moi).

Cependant, Sciences Po Bordeaux a décidé, de façon exceptionnelle en 2020 (Covid-19), d’ouvrir ses portes en L3 via une candidature sur dossier. Le dossier était assez long (questions sur notre parcours scolaire, sur nos activités extrascolaires, et évidemment sur notre motivation à intégrer l’école et notre projet professionnel). Je n’avais absolument pas le meilleur dossier à présenter. Toutefois, mon expérience professionnelle et associative assez dense a pu jouer en ma faveur.

Hadda : Je suis entrée en prépa B/L après mon bac scientifique. J’ai intégré Sciences Po Lyon via le concours « sciences sociales », que j’ai passé pendant mon année de khâgne. Il est composé de trois épreuves : une épreuve sur ouvrage (de sociologie), une dissertation de sociologie (sur thème) et une épreuve de langue. Ces épreuves nécessitent une bonne préparation en amont afin de se familiariser avec le thème et l’ouvrage, mais ce concours est selon moi très accessible après avoir effectué deux années de prépa B/L.

À l’issue de ce concours, j’ai intégré Sciences Po Lyon en deuxième année. Il n’est en effet pas possible d’entrer en troisième année puisqu’il s’agit de l’année à l’étranger. En parallèle, j’ai choisi de suivre une licence de droit à distance à l’université Paris 2 Panthéon Assas. Cette année (2021-2022), j’étudie à l’université de Bristol en Angleterre dans le cadre de ma 3A [troisième année]. Je continue de suivre les cours de L3 de droit d’Assas à distance.

Était-ce un projet de longue date pour vous d’étudier les sciences politiques ?

Ludivine : Étudier les sciences politiques n’était pas du tout un projet de longue date. Entrer à « Sciences Po » en revanche, cela est peut-être plus juste. En effet, mon orientation scolaire n’a jamais été très évidente et en tant que bonne élève au lycée je m’étais dit « pourquoi pas Sciences Po, c’est général et c’est connu », mais sans grande conviction. 

D’ailleurs, en hypokhâgne, j’avais tenté le concours par défaut [il est possible de tenter le concours dès l’hypokhâgne au lycée Montaigne de Bordeaux]. Les cours me semblaient flous, généralistes… Encore aujourd’hui, je n’ai jamais eu une seule définition de « sciences politiques » dans mon cursus ! 

C’est en khâgne que la volonté d’intégrer l’établissement est devenue plus concrète. Je m’intéressais aux relations internationales, et les masters m’inspiraient davantage ! 

Hadda : C’était mon projet au lycée puisque je voulais intégrer un IEP après le bac. Cependant, l’ouverture internationale (et notamment l’année à l’étranger) me motivait plus que l’étude des sciences politiques en tant que telles.

Comment avez-vous vécu votre prépa B/L ?

Ludivine : Je ne garde pas un bon souvenir de la prépa. Sur le papier, j’adore le cursus : mes matières enseignées sont géniales, les profs excellents et passionnés… C’est selon moi ce qui peut se faire de mieux en termes d’enseignement. 

Toutefois, je n’ai pas du tout apprécié le rythme prépa et les objectifs concours. J’ai vraiment besoin d’avoir une vie sociale importante, là, je n’avais plus le temps pour décompresser. Tout était à horizon deux ans, je n’ai pas aimé l’importance donnée à l’échéance des concours. 

Hadda : Je dirais que je l’ai bien vécue sur le plan intellectuel puisque j’appréciais toutes les matières qui y étaient enseignées. Par contre, j’ai eu de nombreux moments de remise en question. Notamment parce que j’ai toujours été attirée par l’étude du droit et que j’avais peur de m’en être définitivement écartée en ayant choisi la prépa B/L. Je me suis rendu compte a posteriori que ce n’était absolument pas le cas et que l’expérience de deux années de prépa B/L était un atout incontestable dans la poursuite de mes études, en IEP comme en droit. 

Présentez-nous votre IEP et votre cursus : quels cours avez-vous ?

Ludivine : En 3A, j’avais vraiment beaucoup de cours différents (13 au premier semestre) ! En effet, nous avions un tronc commun avec économie, culture G, sciences sociales, droit… Nous avions aussi des cours magistraux sur les instances européennes, sur les institutions de la Vᵉ République, de macroéconomie, sociologie politique, histoire des relations internationales, etc.

De plus, on a évidemment deux langues vivantes et des cours d’option au choix, ainsi que des cours dits « d’ouverture » (au choix également). Les thématiques proposées dans ces derniers sont très différentes : « socioanthropologie économique », « histoire et géopolitique de l’Amérique latine », ainsi que beaucoup d’autres cours en lien avec le continent africain ou les relations internationales. 

On a aussi des initiations à l’entrepreneuriat, des modules pour préparer son projet professionnel ou encore pour apprendre à utiliser les outils numériques… Bref, c’est très varié ! On a aussi un mémoire d’une quarantaine/cinquantaine de pages (minimum) à faire et ça demande évidemment d’être organisé ! 

Hadda : La particularité de Sciences Po Lyon est l’offre de sept diplômes d’établissement différents en premier cycle. Les diplômes d’établissement sont des cours optionnels menés parallèlement au diplôme de l’Institut. Ils sont centrés sur l’Europe, l’Asie, le Monde arabe, l’Amérique latine et les Caraïbes, les États-Unis, l’Afrique subsaharienne et la Russie contemporaine.

De plus, il est important de rappeler que le fait d’intégrer l’IEP en 2A vous assure de partir un an à l’étranger en 3A. La chance que nous avons à Lyon est la qualité des partenariats à l’étranger, avec énormément de choix dans les destinations et de nombreuses universités prestigieuses (King’s College à Londres, UCLA, UC Berkeley ou the University of Pennsylvania aux États-Unis, par exemple).

Y a-t-il des différences avec les apprentissages et méthodologies de la prépa B/L ? 

Ludivine : La différence entre la prépa et la L3 est flagrante ! En IEP, on se retrouve avec des promos de 300/350, et la méthodologie change complètement : fin des plans en trois parties (on ne jure que par deux maintenant), on a des exposés à faire dans presque tous les cours, moins d’examens et surtout les partiels deux fois par an, plus de temps de libre… 

Il y a quand même beaucoup de travail et, honnêtement, en L3 je n’ai pas vu la différence de quantité de travail avec la prépa. En master, on a par exemple peu d’heures de cours mais énormément de lectures et de travaux personnels.

Tous les anciens de prépa s’accordent sur le fait que les enseignements de B/L sont de bien meilleure qualité qu’à Sciences Po. Mais il convient de nuancer ce bilan avec l’entrée en master. Les cours sont beaucoup plus spécialisés, les classes plus petites… C’est moins généraliste et plus approfondi. 

Hadda : En 2A, certains cours sonnaient parfois comme des redites des enseignements dispensés en prépa B/L (en histoire, économie et sociologie notamment). Cependant, des cours comme le droit des libertés, le droit administratif et les relations internationales étaient complètement nouveaux et particulièrement intéressants. 

Qu’est-ce que vous a apporté la prépa B/L en IEP et pour la suite de vos études ?

Ludivine : J’ai appris à dépasser mes limites en B/L. J’ai parfois accumulé tellement de retard que je n’avais plus le choix de travailler pendant des heures (et à des heures non recommandables) pour tenter d’absorber la masse de connaissances que je devais acquérir pour le DS du lendemain. Ainsi, je connais un peu mieux ma capacité de travail mais, honnêtement, je ne la mets que peu en application. Finalement, je connais ma « capacité de travail dans l’urgence » parce que j’y ai été confrontée de force en prépa. 

Hadda : Indéniablement des capacités de réflexion et de rédaction dans un temps restreint. De plus, sans les réflexes que j’ai acquis en prépa en termes d’organisation et de mémorisation, je ne sais pas si j’aurais réussi à valider mes deux cursus en parallèle. Toutes ces compétences me serviront dans la suite de mes études. 

Comment est la vie associative en IEP ? Est-ce compatible avec la charge de travail ?

Ludivine : La troisième année a été tronquée à cause de la Covid-19. C’était vraiment difficile de ne pas pouvoir jouir de tous les événements associatifs après deux ans de prépa. Toutefois, il est certain qu’en IEP, la vie associative est très dense. Quasiment tout le monde est dans une association. Il y en a tellement, tout le monde peut en trouver une en lien avec ses centres d’intérêt (arts, sports, humanitaire, féminisme, humanitaire, etc.) ! C’est assez grisant parce que ça permet de rencontrer du monde, de monter des projets et même d’avoir des postes à responsabilité en tant que membres de bureaux d’associations. 

Les assos donnent très envie, mais il faut réussir à conjuguer ça avec le travail demandé ! On a plus de temps qu’en prépa, et surtout moins de pression de rendu, mais, quand même, je ne m’attendais pas à devoir travailler autant !

Hadda : Il existe une grande diversité d’associations à Lyon, comme dans tous les IEP. Cependant, arriver en 2A ne facilite pas l’intégration au sein d’une association puisque les bureaux (Bureau des élèves et Bureau des sports notamment) se constituent en fin d’année académique. En 2020-2021, la pandémie, les confinements et les fermetures à répétition de l’IEP n’ont pas aidé non plus. Pour autant, il est totalement possible de s’investir et de s’épanouir dans les associations de l’IEP en arrivant en 2A. Je pense qu’il est cependant nécessaire d’être curieux et d’aller directement s’adresser aux membres des associations en début d’année. 

En ce qui concerne la charge de travail, elle est largement inférieure à celle d’une classe prépa. Pour autant, il faut garder à l’esprit que la 2A est considérée comme l’année la plus « difficile » du premier cycle et que les évaluations en contrôle continu ou en partiels sont exigeantes.

Quelles sont vos perspectives après votre cursus en IEP ? Qu’envisagez-vous au niveau professionnel ?

Ludivine : Je suis actuellement en Master Gouvernance de la transition écologique. C’est un des quatre masters de l’IEP à proposer une alternance (au choix avec stage long). J’en ferai donc certainement une l’an prochain. Il est difficile d’y voir clair dans le domaine de l’écologie, car tout est récent (mon master a à peine trois ans). Je suis plutôt intéressée par tout ce qui concerne la protection de la biodiversité, notamment en lien avec l’agriculture. À voir si j’arrive à faire un stage dans ce domaine pour y voir plus clair. Je réfléchis peut-être à faire un deuxième master après Sciences Po pour me spécialiser, voire à pousser dans l’enseignement et la recherche, qui sait. 

C’est assez flou, j’ai des envies assez divergentes, alors je me laisse un peu le temps ! 

Hadda : Pour l’instant, j’ai été acceptée en double master Sciences Po Lyon/EM Lyon. À la fin du M2, ce double cursus confère à la fois le diplôme de Sciences Po Lyon et du PGE de l’EM Lyon. Cependant, je souhaiterais dans l’idéal continuer à étudier sérieusement le droit et notamment le droit économique. Je vais donc candidater au master droit économique de Sciences Po Paris. Je pense également candidater dans plusieurs masters de droit au sein d’universités. 

En ce qui concerne mon projet professionnel, il est obligatoire d’effectuer un stage d’au moins six semaines afin de valider le premier cycle de Sciences Po Lyon et d’être accepté en master. J’ai donc effectué un stage en cabinet d’avocats d’affaires pendant l’été 2021. Cette expérience a été très enrichissante. Dans l’idéal, je souhaiterais maintenant effectuer un stage dans le service juridique d’une grande entreprise. Cependant, je n’ai pas encore de projet professionnel précisément défini. Je pense que cela dépendra en partie du master que j’effectuerai. 

Avez-vous d’éventuels conseils ou recommandations pour des B/L intéressés par un IEP ?

Ludivine : Si vous savez que les cours peuvent vous intéresser, surtout en master, alors foncez ! L’ambiance est vraiment sympa, les assos font partie intégrante de la vie de l’établissement et les cours restent de qualité. 

Hadda : Vous devez vous intéresser aux masters disponibles dans l’IEP que vous souhaitez passer. J’avais repéré le double diplôme Sciences Po Lyon/EM Lyon. Cela m’avait énormément motivée. Il est également important de se rappeler que les perspectives sont extrêmement vastes, peu importe l’IEP. Il ne vaut donc mieux pas se focaliser uniquement sur la réputation ou le classement de l’IEP. Je pense que mon début de parcours en est un exemple.