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L’épreuve de philosophie est très souvent redoutée par les préparationnaires. Nécessitant à la fois des connaissances précises et des qualités de réflexion, il s’agit sans conteste d’une épreuve difficile. Cependant, comme pour toutes les disciplines au programme des épreuves du concours, il est possible de s’y préparer et d’en apprendre les codes. C’est ce que nous allons voir aujourd’hui, en étudiant la première étape clé de la dissertation : l’introduction. L’étape de la conclusion sera étudiée dans un autre article, que nous t’invitons à consulter juste ici !

L’introduction

Une dissertation en philosophie est composée de trois grandes étapes. L’introduction, le développement et la conclusion. L’ouverture et la fermeture de la copie sont deux étapes essentielles. En effet, ces deux parties constituent à la fois la première et la dernière impression du correcteur sur ta production. Ce ne sont donc pas des parties à négliger. L’introduction est d’autant plus importante, car c’est elle qui doit poser le problème soulevé par l’intitulé du sujet. L’introduction peut se décomposer en quatre grandes parties. Nous nous attarderons sur chacune d’entre elles séparément.

L’accroche

Bien qu’elle ne soit pas obligatoire dans ton introduction, il est vivement conseillé d’en faire une. Son objectif est d’attirer le correcteur sur ta copie. Il aura plusieurs dizaines de copies à corriger et de nombreux éléments seront communs à plusieurs d’entre elles. Afin de rompre cette monotonie, mais aussi de lui donner envie de te lire, l’accroche est essentielle. Dès les premières lignes de ton travail, il verra que tu te démarques des autres. En plus d’avoir une bonne première impression, il sera plus intéressé. Cela ne peut être qu’un avantage au moment de la notation.

Les accroches sont, en général, des références culturelles. Elles peuvent être littéraires, cinématographiques, ou encore artistiques. Dans tous les cas, l’accroche doit amorcer ta réflexion. C’est-à-dire qu’il ne s’agit pas d’écrire une phrase qui n’apporte rien à ton travail sur le plan du fond. L’accroche doit amener progressivement le correcteur vers le cœur de ton problème. En plus d’être originale, elle doit être utile. Une accroche est réussie lorsqu’elle enrichit une production aussi bien sur le fond que sur la forme. C’est pourquoi mentionner un titre d’œuvre uniquement, ou une citation, ne suffit pas. Il faut ensuite expliquer quel est l’intérêt de la mention, et en quoi cela nous rapproche du sujet.

Une accroche efficace ne doit être ni trop courte ni trop longue. En d’autres termes, elle ne doit pas être inférieure à trois lignes et supérieure à dix lignes. Toutes les accroches sont recevables, exception faite de certaines d’entre elles. Le but d’une dissertation est de discuter des propos, il est donc déconseillé de commencer par une citation d’un philosophe. Mentionner la citation d’un philosophe en introduction, c’est indirectement exposer son point de vue. Cela a pour conséquence de réduire les pistes de réflexion, ou alors risquer d’aller à l’encontre de sa propre accroche.

La problématisation

C’est probablement la partie la plus importante de ton travail. La problématisation est ce qui structure l’ensemble de ta copie. C’est un élément déterminant de ta note. Le but de la problématisation est de mettre en avant tous les sous-problèmes qui découlent du problème principal. Pour cela, il faut qu’après ton accroche tu mettes en avant l’analyse du sujet. Comme dit précédemment, l’analyse du sujet doit découler logiquement de l’accroche. Tu dois montrer quel est le cheminement intellectuel qui t’a conduit vers ta problématique. Pour cela, la meilleure des choses à faire est de passer par des questions intermédiaires. Il s’agit d’aller des questions les simples aux plus compliquées, sans jamais oublier de mettre en avant des phrases de transition et ton raisonnement.

Ton raisonnement est une présentation simplifiée de l’analyse du sujet. Il doit être rédigé avec clarté. Plus simplement, il s’agit d’expliciter ton analyse du sujet. Il convient pour cela de passer par des étapes. Pour marquer distinctement les étapes, il est autorisé, et même conseillé, de passer par des questions. En faisant bien attention de mettre un point d’interrogation. Par exemple, tu identifies une première question lors de l’analyse du sujet. Tu exprimes clairement la première partie de ton raisonnement, celle qui t’a conduit à cette question. Puis tu termines ta première piste de réflexion par cette question. Tu dois ensuite faire la même chose pour les autres questions. Cela permet de formuler clairement un problème et d’avancer pas à pas.

La problématique

Après avoir fait le tour de l’analyse du sujet, il est temps de passer à la problématique. La problématique est une question large qui regroupe toutes les questions intermédiaires précédemment posées. Contrairement aux autres matières où elle doit être très précise, elle doit dans ce cas être très large. Elle ne doit fermer aucune porte à l’analyse. Elle doit montrer que tu as cerné le sujet, mais également que tu vas l’aborder sous des angles différents. Assure-toi donc bien qu’elle ne se ferme pas sur un angle trop précis du sujet. La problématique est en quelque sorte un éventail. Elle doit permettre de déployer et de traiter toutes les questions qui ont été soulevées dans l’analyse du sujet.

L’annonce du plan

L’annonce du plan est la dernière partie de ton introduction. Ce sont trois phrases qui viennent ponctuer ta première partie. Les trois grandes parties que tu vas traiter sont en réalité déjà énoncées implicitement dans ta problématisation. Il faut une fois de plus y revenir. Les différentes questions que tu as posées doivent être regroupées sous trois grandes questions. Ces questions s’enchaînant logiquement entre elles. Elles doivent être la simplification d’un ensemble de questions plus larges, soit de ta problématisation.

Exemple d’introduction

Pour illustrer cette partie, voici un exemple d’introduction de dissertation de philosophie :

« Homo sapiens : c’est ainsi qu’est appelé scientifiquement l’être humain, littéralement
un homme qui sait. Mais avant de savoir, il pense, réfléchit, cherche la vérité pour
l’atteindre. Cette faculté de penser pour savoir est donc considérée comme la
caractéristique principale de l’être humain face aux autres êtres vivants qui peuplent la
planète. Cela fait partie de notre être, de notre nature humaine. Or, cette faculté de penser
et de savoir va forcément de pair avec un besoin de chercher la vérité, concernant les
choses qui nous entourent. Car qu’est-ce donc que la pensée, si ce n’est une réflexion, une
recherche de connaissance, de savoir, de vérité ? Le terme de « besoin » est employé à
dessein et est central dans la réflexion que nous nous apprêtons à mener. Un besoin n’est
pas une envie, un désir passager que l’on peut oublier ou remplacer. Un besoin est vital,
nécessaire à un être vivant pour vivre justement. Ainsi, tout comme l’être humain a besoin
de manger, boire et respirer pour survivre, il a aussi besoin de chercher la vérité, en tant
qu’il est un être pensant. Néanmoins, n’est-ce pas exagéré que de placer ce besoin au même
niveau que les besoins primaires de tout être vivant ? Est-il réellement d’ordre vital ? En
effet, il nous est impossible de connaître la vérité sur tout, et cela ne nous empêche pas de
vivre. C’est là que nous devons donc distinguer le besoin de rechercher la vérité et le besoin
de la connaître. Ce n’est pas le fait de chercher et connaître la vérité qui est nécessaire, mais
le fait même de la chercher continuellement, de ne jamais se satisfaire d’un savoir et
chercher toujours à le soumettre à l’épreuve de la vérité. Il est vrai que nous pouvons très
bien survivre sans cela, mais ce ne serait alors plus vivre en tant qu’Homme. Mais d’où nous
vient donc cette caractéristique proprement humaine, ce besoin de chercher la vérité ?
Pourquoi est-il à ce point important ?

Mais surtout, la question principale est de savoir si ce besoin humain peut être
assouvi, voire au-delà de cela, s’il doit réellement l’être.

Si, comme nous l’avons évoqué, ce besoin est propre à la nature humaine, cela
signifie-t-il qu’il soit inassouvissable ? Ensuite, qu’il le soit ou non, l’Homme doit-il, ce besoin
étant vital, tenter à tout prix de le satisfaire ? L’assouvir, l’éteindre, ne serait-ce pas éteindre
en lui ce qui fait de lui un Homme ? Si tel est le cas, il nous faudra finalement considérer ce
besoin insatisfaisable comme le propre de l’être humain, faisant de lui moins un homo
sapiens, qu’un homo cogitans. »

Voilà pour cette introduction de dissertation, nous espérons que cette explication illustrée te permettra d’y voir plus clair et de briller aussi bien en DST que le jour des concours !