entretien ESCP

Épreuve d’admission à l’École normale supérieure Paris-Saclay et/ou à l’École nationale de la statistique et de l’administration économique (ENSAE), le commentaire de dossier est une épreuve marathon à laquelle il faut s’entraîner. En effet, l’épreuve est un commentaire de dossier à caractère économique et/ou sociologique et/ou historique suivi d’un entretien. Esprit de synthèse et clarté sont deux qualités requises pour s’assurer une bonne note le jour J. De plus, contrairement aux idées reçues, les connaissances ne sont pas à négliger pour cette épreuve.

Qui cela concerne-t-il ?

L’épreuve de dossier est requise pour les élèves admissibles à l’ENS Paris-Saclay ou à l’ENSAE. Pour les bi-admissibles, l’épreuve est commune aux deux écoles. Quant aux élèves admissibles à une seule école, ils passent la même épreuve que les premiers. Par ailleurs, il s’agit d’un oral d’admission de coefficient 5/32 pour l’ENSAE et 2/8 (2/12 en comptant les épreuves écrites d’admission) pour l’ENS Paris-Saclay. Ainsi, il s’agit d’une épreuve non négligeable qui peut faire la différence dans la moyenne.

Quelles sont les modalités de l’épreuve ?

Tout d’abord, la préparation de l’épreuve dure deux heures, pendant lesquelles le candidat doit lire les textes (deux la plupart du temps, et trois plus rarement) et préparer la partie « exposé » de l’épreuve en élaborant notamment un plan articulé autour d’une problématique. Par ailleurs, la dominante de l’épreuve n’est pas liée à l’option choisie par le candidat à l’écrit, mais choisie au hasard parmi histoire, économie et sociologie. 

Ensuite, la partie « exposé » de l’oral durant laquelle le candidat s’exprime seul doit durer 30 minutes : il est conseillé de se situer autour de 27-29 minutes. En effet, un exposé de moins de 25 minutes sera sévèrement pénalisé par le jury. Cependant, il faut éviter de meubler inutilement en proposant un exposé lacunaire. Suivre les « règles du jeu » est essentiel pour cet exercice. De plus, l’équilibre entre les parties, une introduction fournie et une conclusion utile restent les prérequis incontournables de l’épreuve. 

Enfin, un quart d’heure de questions suit l’exposé, questions qui permettent au jury de vérifier les connaissances du candidat. Par conséquent, il vaut mieux éviter de citer des références peu ou superficiellement maîtrisées. La partie « entretien » de cette épreuve est assez ouverte. En effet, le jury peut poser des questions fermées de connaissance ou des questions de réflexion beaucoup plus ouvertes, et parfois même sans lien avec l’exposé. Les candidats peuvent faire face à des questions larges portant sur les débats structurant la discipline. 

Quel est l’esprit de l’épreuve ?

En premier lieu, le jury cherche à vérifier que le candidat est capable de suivre les règles de l’épreuve et de proposer une argumentation claire, structurée et problématisée. Ensuite, le jury souhaite vérifier que le dossier a bien été appréhendé, y compris les graphiques et/ou formules éventuels. Évidemment, l’idée est de faire dialoguer les textes entre eux et non pas de traiter l’un puis l’autre séparément. Un candidat qui s’intéresserait à un document dans une partie et à l’autre en seconde partie serait lourdement pénalisé.

Dès lors, les textes doivent être expliqués, critiqués, mis en relation avec des connaissances ou des raisonnements personnels, et mis en perspective par rapport au contexte. Il s’agit également de prendre un peu de hauteur par rapport aux textes pour montrer au jury sa capacité à mettre les textes en valeur et à les inclure dans une réflexion plus générale. Il ne s’agit cependant pas de s’éloigner du sujet et de prendre les textes comme un prétexte pour discuter d’un sujet plus maîtrisé. Le jury attend donc un bon équilibre entre analyse des textes et prise de hauteur.

Quelques conseils pour aborder l’épreuve sereinement 

Cette épreuve est redoutée par les candidats en raison de sa longueur. En effet, celle-ci dure de 2 heures 45 et s’apparente donc à une forme de marathon. Pourtant, c’est le manque de temps qui handicape souvent les candidats au moment de la préparation. Pour cela, la lecture des documents est un moment clé lors duquel il faut être extrêmement attentif. La lecture doit donc être rapide mais utile : il est important de dégager les éléments importants, d’utiliser un code couleur, de noter les pages essentielles car le candidat ne pourra pas relire les documents. Ainsi, il est conseillé de passer une heure sur la lecture et l’autre moitié de la préparation à élaborer le plan et la problématique. 

Par ailleurs, il est essentiel de s’entraîner à cette épreuve : certains professeurs choisissent donc d’aider leurs élèves pour cette épreuve en amont, tandis que d’autres préfèrent attendre les résultats d’admissibilité. Quoi qu’il en soit, il est important de s’être exercé en condition, c’est-à-dire dans les limites de temps pour la préparation et l’oral, au moins deux ou trois fois avant le passage. En effet, tu seras plus à l’aise le jour de ton passage si tu sais comment gérer ton temps. 

Quelques exemples de sujets 

Les annales sont conservées sur le site de l’ENS Paris-Saclay et voici quelques exemples.

En histoire (annales 2019)

  • Syndicats entre formation professionnelle et éducation populaire. David Hamelin, « Les Bourses du travail : entre éducation politique et formation professionnelle », Le Mouvement Social, 2011/2 (n° 235), p. 23-37. Morgan Poggioli, « Entre éducation populaire et propagande syndicale : les cours radiophoniques de la CGT sous le Front Populaire », Le Mouvement Social, 2011/2 (n° 235), p. 39-52. 
  • La consommation des classes populaires. Anaïs Albert, « Une incompréhension de la pauvreté ? La crise du Mont-de-Piété de Paris à la Belle Époque », Les Études Sociales, vol. 164, n° 2, 2016, pp. 63-86. Marion Fontaine, « Le paternalisme est-il soluble dans la consommation ? L’encadrement des mineurs consommateurs en question », Histoire, économie & société, vol. 32ᵉ année, n° 3, 2013, pp. 75-86. 

En économie (annales 2019)

  • Le jeu de l’ultimatum et l’hypothèse de rationalité. Tisserand, « Le jeu de l’ultimatum, une méta-analyse de 30 années de recherches expérimentales », L’actualité économique, 2016/1-2 (n° 92), p. 289-314. Boudon, « Utilité ou rationalité ? Rationalité restreinte ou rationalité générale ? », Revue d’économie politique, 2002/5 (n° 112), p. 755-759. [extraits] 
  • La fixation du prix des médicaments en France. Benoît (Cyril) et Nouguez (Étienne), « De l’administration des prix à la régulation du marché : enjeux et modalités de la fixation des prix des médicaments en France depuis 1948 », Revue française des affaires sociales, 2018/3, p. 91-109. Le Pen (Claude), « Existe-t-il un “juste prix” du médicament ? », Revue française des affaires sociales, 2018/3, p. 15-25. 

En sociologie (annales 2019)

  • Une jeunesse difficile. Mauger (Gérard), « La sociologie de la délinquance juvénile », La Découverte, Coll° « Repères », 2009, pp. 58-71. Tellier (Thibault), « Les jeunes des ZUP : nouvelle catégorie sociale de l’action publique durant les Trente Glorieuses ? Histoire@Politique. Politique, culture, société, n° 4, 2008/1, pp. 1-13. 
  • Vers une société du Winner-take-all. Steiner (Philippe), « Les rémunérations obscènes », La Découverte, Coll° « Zones », 2012, pp. 27-43. Feuillet (Antoine), Scelles (Nicolas), Durand (Christophe), « Revenus et superstars dans les sports individuels. Le cas du tennis et du golf masculins », Revue française de gestion, n° 276, 2018/7, pp. 45-60.

Pour conclure, l’épreuve de dossier de l’ENS Paris-Saclay et/ou de l’ENSAE est largement surmontable, moyennant une bonne préparation. En effet, en t’entraînant dans les limites de temps imposées et en travaillant les matières dans leur ensemble, tu seras fin prêt le jour de l’épreuve !