EDHEC

Les anciens khâgneux A/L sont de plus en plus nombreux à intégrer des écoles de commerce. C’est le cas d’Héloïse qui a été sous-admissible à l’ENS Ulm. Elle étudie aujourd’hui à l’EDHEC au sein de la filière Business Law Management (BLM) en partenariat avec l’Université Catholique de Lille. Nous te proposons de découvrir à travers son témoignage ce double diplôme par ailleurs accessible aux prépas B/L, ECE et ECS.

On va commencer par une petite présentation : quel a été ton parcours scolaire du lycée jusqu’à la prépa ? (Filière, options, etc.)

Au lycée, j’étais à Sainte-Marie de Neuilly (SMN). J’ai fait quelques semaines en filière scientifique mais heureusement, j’ai vite basculé en ES spécialité mathématiques et j’ai eu mon bac mention très bien. Je suis restée à SMN en hypokhâgne/khâgne A/L spécialité géographie. J’ai passé l’ENS Ulm et le concours des écoles de commerce.

Pourquoi avoir intégré le cursus BLM de l’EDHEC ? Quels en sont les débouchés ?

Le droit m’intéressait déjà depuis un certain temps. J’avais repéré dès l’hypokhâgne une double licence en droit et philo à la Sorbonne. Mais entre les deux semestres de khâgne, j’ai pris conscience qu’il existait aussi des débouchés orientés vers le droit dans à peu près toutes les écoles de commerce.

Je me suis penchée sur le sujet et j’ai compris que certaines écoles ne proposaient que des cours de renforcement en droit. D’autres comme SKEMA et l’EDHEC proposaient en revanche un vrai parcours consacré au droit débouchant sur un diplôme.

Cette dernière option est celle qui m’intéressait réellement et c’est la raison pour laquelle je voulais intégrer l’EDHEC. Mon objectif est de passer le Barreau (ndlr : examen pour devenir avocat) pour travailler dans la propriété intellectuelle. Il fallait donc vraiment que j’intègre une école permettant d’obtenir un diplôme de droit.

Il faut garder en tête que tous les étudiants du BLM ne deviennent pas avocats ! Avoir un double diplôme en droit et commerce permet aussi de travailler dans les débouchés classiques d’une école (marketing, finance, management) mais aussi comme juriste d’entreprise par exemple.

Pour ceux qui seraient intéressés par le commerce et le droit mais qui n’ont pas besoin de suivre un cursus complet en droit, l’EDHEC propose également un troisième diplôme. En M2, tous les étudiants de l’école peuvent intégrer la filière “Law Tax and Management” (LLM) qui mêle droit et commerce.

Quelles sont les modalités de recrutement de l’EDHEC (hors BLM) pour les khâgnes A/L ?

Le recrutement se fait en même temps pour les A/L que pour les B/L, les EC et les ECS. En janvier il faut s’inscrire pour passer les écoles de commerce aux concours de la Banque d’Epreuves Littéraires (BEL). On choisit individuellement chaque école qu’on veut passer. Je ne m’étais pas inscrite partout et je n’ai présenté que les écoles d’HEC à l’ESC Grenoble.

Au moment des concours, on passe d’abord les épreuves de l’ENS. Une semaine après, on enchaîne à nouveau avec cette fois ci les épreuves des écoles de commerces. Elles sont spécifiques pour les prépas A/L. Il n’y a pas de maths et d’éco mais essentiellement les mêmes matières que pour Normale (français, philo, histoire, etc.) simplement en 4 heures au lieu de 6. Il faut aussi préparer les écrits de langues vivantes (ou mortes) et de contraction qui pour le coup n’ont rien à voir avec ce qui est exigé par l’ENS.

Les épreuves des écoles de commerce sont donc un peu particulières. Il y a des prépas qui y préparent mieux que d’autres donc n’hésitez pas à vérifier avant de choisir votre khâgne. N’hésitez pas à consulter les classements des prépas en fonction de leurs débouchés !

Quelles sont les modalités de recrutement spécifiques au BLM ?

Le BLM est une filière qu’on intègre dès sa première année à l’EDHEC. Vous vous inscrivez comme n’importe quel préparationnaire au concours de l’école en janvier. Vous n’aurez ni une épreuve écrite, ni un oral spécifique pour la filière. Simplement, lorsque vous passerez en juin l’entretien de personnalité pour l’EDHEC en général, il faut préciser que vous voulez intégrer le BLM. Le jury saura que vous êtes intéressés par cette filière en particulier donc il cherchera à comprendre votre projet et à tester vos capacités d’expression.

La candidature officielle pour le BLM se fait en parallèle des oraux. L’école ouvre une plateforme spéciale pour postuler. En plus des noms, coordonnées et infos classiques ils demandent une lettre de motivation à envoyer avant la mi-juillet.

On peut être accepté à l’EDHEC mais refusé au BLM. Il y a 50 places dont 25 qui sont accordées aux personnes ayant passé le concours (prépas A/L, B/L, ECS, ECE, etc.). Si jamais vous souhaitez d’autres informations, n’hésitez pas à consulter le site de l’école.

Comment se déroule le cursus ?

L’emploi du temps est partagé entre l’EDHEC (du mardi au jeudi) pour la partie commerce et la Catho (lundi et vendredi) pour ce qui est du droit. Les cours sont bien séparés et ont lieu entre Roubaix et Lille sur deux campus différents. Ça peut sembler un peu chargé à première vue mais on a quand même le temps (notamment tous les jeudi après-midi) de se consacrer pleinement à la vie associative !

Le programme de l’EDHEC est adapté pour nous. Côté commerce, on a les mêmes matières que les autres mais certains cours sont allégés pour qu’on puisse tout suivre. On fait de la compta, des langues, de la gestion, du marketing, etc. Côté droit, on n’a pas une licence de droit classique mais on valide une licence de droit commercial privé. A notre arrivée au BLM on a une introduction générale au droit (pénal, administratif, public, etc.) mais ensuite on étudie uniquement du droit commercial, des biens, des sociétés, etc.

Cette introduction est un peu dense. Pendant 6 semaines au début de notre première année, on rattrape tous les fondamentaux. Ces enseignements sont sanctionnés par un examen qu’il est nécessaire de réussir pour rester au sein du BLM. Le point positif, c’est qu’on valide une équivalence en Licence 2 de droit. L’EDHEC est la seule école à proposer ce type de rattrapage en droit.

Pour ce qui est du reste des partiels, la division est nette aussi. Ils ne tombent pas en même temps et l’administration s’organise pour éviter qu’on soit surchargés. C’est loin d’être infaisable !

Le cursus BLM dure 3 ans comme celui de l’EDHEC. La plupart des personnes passent le Barreau français pendant une année de césure entre le M1 et le M2. D’autres passent même le Barreau de New-York en partenariat avec l’Université de Berkeley après le M2 !

Quelle est l’ambiance au sein de l’EDHEC et plus précisément au sein de la classe du BLM ?

Les étudiants du BLM sont quand même pleinement intégrés au sein de l’EDHEC. On a tous le temps de s’investir dans une asso, de profiter des activités et des fêtes mises en place par le BDE.

Le point particulier c’est la véritable ambiance de classe du groupe BLM. On s’entend tous plutôt bien et il y a beaucoup d’entraide et une vie étudiante propre avec des soirées qui sont organisées. Le fait qu’on soit un plus petit groupe que dans les grandes classes de l’EDHEC contribue aussi au fait qu’on soit plus soudés.

Tes études te plaisent-elles ?

J’aime beaucoup ce que je fais ! Comme les matières d’école de commerce me plaisent et m’intéressent moins, c’est vraiment une bonne chose d’avoir du droit à côté. L’équilibre entre les deux est respecté et je réussis à me consacrer aux deux cursus sans être submergée.

Au-delà des matières, cette ambiance de plus petit groupe me convient vraiment. Et puis surtout, c’est vraiment rassurant de savoir qu’il y a des débouchés solides derrière !

Comment s’était déroulée ta prépa ?

Aussi étonnant que ça puisse paraître pour une ex-khâgneuse, je n’ai jamais été très scolaire. Ce que j’aimais bien en prépa, c’était justement qu’on avait la chance de ne pas être complètement esclave d’un cours ou d’un prof. On est libre de travailler un peu à sa façon à côté des cours avec des livres ou des manuels qui nous conviennent plus.

Je me suis moins concentrée sur les cours que la plupart des personnes de ma classe. J’ai mené un travail continu de mon côté et parfois j’écoutais moins en classe. J’ai toujours eu un rythme un peu indépendant de celui des profs et ça m’a plutôt réussi à la fin !

Pendant l’hypokhâgne et le début de la khâgne, j’étais toujours environ 25ème sur 40. Je suis montée en régime au cours de la deuxième année et j’ai tout donné au concours. A la fin j’ai dépassé un certain nombre de personnes qui m’avaient toujours devancée aux DS et aux concours blancs.

Quels conseils donnerais-tu aux khâgneux qui veulent intégrer l’EDHEC ou le BLM ? Quelles sont les qualités nécessaires pour y entrer ?

Ne pas lésiner sur la préparation aux écoles de commerce ! Parfois on est obnubilé par l’ENS mais il ne faut pas oublier que les EC ont leurs propres formats qu’il faut impérativement maîtriser. Au-delà des écrits, il faut bien préparer les oraux. Ce n’est pas parce que c’est un entretien de personnalité qu’on peut se passer d’entraînements !

Pour ce qui est du BLM, le plus important c’est le projet professionnel. Il faut pouvoir montrer qu’on sait ce qu’on veut et où on va. Ça n’est pas un cursus qu’on entame parce qu’on est vaguement intéressé par le droit et qu’on veut en apprendre plus. Ils veulent des élèves qui sont sûrs de vouloir la filière et qui ne vont pas lâcher en plein milieu parce que la charge de travail est plus importante. On doit sentir que vous irez jusqu’au bout !

Quels conseils donnerais-tu sur la prépa en général ?

Ne vous laissez pas impressionner par le cadre ! Ça peut être intimidant, décourageant et certains profs peuvent être un peu sévères mais n’oubliez pas que vous le faites pour vous et pour vos études. Le plus important c’est de savoir pourquoi on est là et où on veut aller pour garder cap.

Il ne faut pas se reposer uniquement sur la structure scolaire. Prenez les devants, renseignez-vous sur ce qui existe en dehors de la prépa et sur ce que vous pourriez faire après.

Trouvez votre propre méthode ! Il ne faut pas hésiter à prioriser, aller à l’essentiel. J’ai vu des personnes très (trop ?) perfectionnistes être en difficulté parce qu’elles n’arrivaient pas à être efficaces. La clef c’est de travailler mieux, pas de travailler plus.

Il ne faut pas trop s’attacher aux classements aux DS et aux concours blancs. Ça donne une indication mais gardez en tête que vous travaillez pour le concours à la fin ! Seuls ces tous derniers résultats comptent réellement. Enfin, même si c’est difficile, gardez en tête que votre vie ne se résume pas à la prépa. Quels que soient vos résultats, vous repartirez avec une méthode de travail et une culture qui vous serviront quoi que vous fassiez ensuite.

Un grand merci à Héloïse d’avoir répondu à ces questions ! Comme conseillé, n’hésitez pas à vous renseigner sur les nombreux parcours possibles après une prépa littéraire !