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Nous te proposons de découvrir le parcours d’Irma, actuellement en première année à l’ENS de Lyon en littérature après avoir été admise au concours de la session 2021. Elle a accepté de répondre à nos questions sur son expérience de la prépa et sur sa scolarité en lettres à l’ENS. Un grand merci à elle et bonne lecture !

Pour commencer, peux-tu te présenter ainsi que ton parcours scolaire ? (Filière au lycée, options, prépa)

Je m’appelle Irma et suis actuellement en première année (prémaster) de lettres modernes à l’ENS de Lyon. J’ai passé en 2018 un bac scientifique euro allemand et option musique après trois années de lycée en section sportive football à Carpentras (84). J’ai ensuite poursuivi ma scolarité en classes préparatoires littéraires au lycée Fénelon à Paris (75006), où je suis restée trois ans : une hypokhâgne en option musique, puis deux khâgnes en spécialité lettres modernes.

Pourquoi avoir choisi de te diriger vers une classe préparatoire littéraire A/L après un bac scientifique ?

Je n’étais pas encore bien sûre de la voie universitaire que je souhaitais emprunter. La classe préparatoire s’offrait donc comme un cursus pluridisciplinaire où il ne me serait pas demandé de me fixer avant deux ans, ce qui laissait un peu de temps à la réflexion. Toutefois, je ne me sentais pas à la hauteur pour débuter une prépa scientifique. Comme j’étais très intéressée par les matières littéraires (français, histoire, géographie, langues) au lycée, j’ai décidé de tenter l’aventure !

Envisageais-tu d’autres cursus que la classe préparatoire littéraire après le bac ? Si oui, lesquels ?

Initialement, probablement du fait de ma scolarité en section sportive, je souhaitais poursuivre mon cursus en licence STAPS (Sciences et techniques des activités physiques et sportives) pour devenir professeure d’EPS. Finalement, mon goût pour les textes littéraires et les sciences humaines a eu raison de mon ambition sportive.

Comment se sont déroulées tes années de prépa ? Est-ce que tu as apprécié cette formation ?

Mes années de prépa se sont plutôt bien déroulées, malgré l’arrivée de la Covid et des confinements à partir de la fin de ma première khâgne. Cette formation exigeante et cadrée m’a permis de donner une direction à mon travail personnel, le faisant gagner par là en efficacité. Bien sûr, la possibilité de rester généraliste dans la filière littéraire, de ne pas se spécialiser immédiatement, a été très appréciable.

L’ambiance dans ta prépa était-elle bonne ?

Subjectivement, j’ai trouvé l’ambiance de ma prépa assez bonne, plutôt bienveillante dans l’ensemble. Mais je pense qu’il y a autant de points de vue sur cela que de profils d’étudiants. Pour ma part, la chance d’avoir pu vivre ces deux ou trois ans avec un solide groupe d’ami-e-s dans lequel l’entraide régnait, mais aussi une distance critique sur ce que nous vivions, a été très importante.

Quel est l’événement qui t’a le plus marquée pendant ce cursus ?

Probablement le premier rendu de DS en lettres modernes en hypokhâgne. J’avais eu 6,5/20 et l’impression d’avoir vraiment changé de référentiel par rapport à la Terminale.

Peux-tu nous décrire ton rythme de travail pendant ces trois années ?

En hypokhâgne, j’allais souvent à la bibliothèque après les cours pour avancer dans mes différents devoirs, colles et lectures, et je travaillais assez peu une fois chez moi. En khâgne, cette tendance s’est inversée. Je n’ai remis les pieds à la bibliothèque que pour consulter ou emprunter des livres nécessaires à un travail. Sinon, je rentrais chez moi dès que je n’avais plus cours et essayais de ne pas me laisser déborder par la masse de travail. Une des choses que j’ai tenté de mettre en place à ce titre, c’était de toujours relire une fois les cours auxquels j’avais assisté pendant la semaine et ainsi de maintenir ma mémoire « à jour ».

Arrivais-tu à te dégager du temps libre en prépa et si oui, comment l’employais-tu ?

Oui. Je prenais un cours de musique hebdomadaire au conservatoire du 20ᵉ arrondissement le vendredi après-midi. Le reste de la semaine, j’essayais de trouver un peu de temps chaque jour pour travailler mon instrument, parfois en vue de concerts ou de sessions d’orchestre. Ponctuellement, j’allais au cinéma ou assister à un concert, mais je me suis rendu compte rétrospectivement que j’ai très peu profité lors de ces trois ans de l’offre culturelle parisienne, notamment muséale. Je regrette ! Mais cela n’est pas généralisable et doit probablement tenir à des questions de volonté efficace et d’organisation.

Dans quelle série as-tu passé les concours et quelle était ta discipline de spécialité ? Pourquoi ?

J’ai passé les concours de l’ENS de Lyon en série A/L et en spécialité lettres modernes. Ma langue vivante était l’allemand. Je n’ai pas passé les concours de l’ENS Ulm puisque je ne pratiquais pas de langue ancienne (latin ou grec).

Comment as-tu préparé ces derniers ?

Ma préparation doit beaucoup (tout ?) à la prépa dans laquelle j’étais. En amont des écrits et jusqu’à la fin des oraux, nous avons été magistralement coachés au gré des concours blancs, DS et autres colles.

Quelles sont les autres écoles que tu as présentées (via la BEL ou la BCE) et/ou quelles sont les démarches que tu as effectuées auprès d’autres établissements ?

Pour mon premier concours, je n’ai présenté que l’ENS de Lyon. La deuxième année, en cube, j’ai élargi via la BEL mon panel au CELSA, parcours journalisme, où j’ai été admise. Indépendamment des concours, j’ai aussi présenté un dossier pour intégrer le master de journalisme de Sciences Po Paris (admissible). Par ailleurs, j’ai candidaté sur dossier à l’ENS Ulm et l’ENS de Lyon en master de lettres modernes.

Quelles étaient les options que tu avais en tête pour la poursuite de tes études après la prépa ?

J’envisageais de m’orienter soit vers le journalisme (écrit ou radio), soit vers l’enseignement avec une poursuite d’études à la fac dans le master qui convient.

Gardes-tu un bon souvenir des concours ?

Est-ce possible ? Non, les concours sont vraiment un moment éprouvant. Et encore, n’ayant passé que les concours de la BEL (certes, deux fois), ma période de concours excédait à peine une semaine. On dit que la prépa est un marathon, mais les concours sont vraiment là où l’on doit le plus faire preuve d’endurance, je pense. C’est comme si, sur un marathon sans enjeu majeur, on enchaînait une semaine de Tour de France ! Et pour ne pas s’effondrer, la préparation en amont autant que le ravitaillement pendant les épreuves et le repos entre les étapes sont essentiels.

Quel est le parcours que tu poursuis à l’ENS de Lyon depuis la rentrée 2021 ?

Depuis septembre 2021, je suis en prémaster de lettres modernes. Comme j’ai fait trois ans de prépa, je ne suis pas astreinte à la validation d’une L3 à la fac, mais n’ayant eu que des « équivalences », je ne peux pas entrer directement en master. Cette année, donc, je n’ai que des cours à l’ENS et le rythme est évidemment beaucoup moins soutenu qu’en prépa. Il s’agit d’une année pendant laquelle on peut avant tout se reposer de nos années de prépa et s’ouvrir à d’autres horizons en suivant des cours hors de la discipline dans laquelle on est inscrit.

Pourquoi avoir choisi d’intégrer l’ENS de Lyon ? Quels sont selon toi les atouts de cette école ?

J’ai choisi d’intégrer l’ENS de Lyon pour la stabilité (notamment financière) qu’elle offre lors des quatre années d’étude en son sein. Le cadre de l’école est assez agréable, avec ses jardins, ses résidences sur le campus, ses installations sportives, sa bibliothèque… Surtout, la richesse gastronomique de la ville n’est plus à présenter !

De quelle manière se déroulent les quatre années de ce cursus ?

En lettres modernes, les quatre années du cursus se déroulent généralement ainsi :

  • L3 ou prémaster ;
  • M1 ;
  • M2 FEADEP, c’est-à-dire préparation de l’agrégation ;
  • M2 recherche.

On peut intercaler dans ce programme des années de césure pendant lesquelles on quitte temporairement l’ENS et où le statut de fonctionnaire-stagiaire est suspendu.

As-tu des engagements associatifs et/ou activités sportives au sein de l’école ?

J’ai adhéré au début de l’année à plusieurs associations pour les soutenir et pour pouvoir participer aux événements qu’elles organisent. Champ libre (asso de cinéma qui organise des projections à l’ENS), ENScène (asso de théâtre qui organise des représentations à l’ENS), les Salopettes (asso féministe), Itinérens (cours de français pour les migrants), Écharde (syndicat étudiant). Les associations dans lesquelles je suis véritablement impliquée sont Enverts (pour la distribution de l’Amap écolo) et surtout Trensistor. Il s’agit de la webradio de l’ENS de Lyon qui organise ponctuellement des directs (notamment pour la journée de la radio qui a eu lieu cette année le 7 avril) et qui diffuse sur son site Web les podcasts créés en toute liberté et grâce à un matériel de qualité par les étudiants. À découvrir ici !

Côté sport, je fais partie de l’équipe féminine de football de l’AS. Nous nous entraînons tous les lundis et jouons en compétition universitaire le jeudi. Au-delà de cette pratique encadrée, la présence d’infrastructures sportives en libre accès (salle de musculation, court de tennis, gymnase) permet d’avoir une pratique personnelle.

Ta scolarité dans cet établissement te plaît-elle ? Est-ce que tu t’y épanouis ?

De ce que je peux en dire au bout de quasiment un an, ma scolarité en lettres modernes à l’ENS de Lyon me plaît. L’ambiance est bonne, les gens sont intéressants, les manifestations scientifiques et associatives nombreuses… J’ai l’impression qu’il est possible de piocher un peu là où l’on veut pour créer la meilleure des configurations sur le plan personnel.

Peux-tu nous présenter les cours qui te plaisent le plus ?

En première année de lettres modernes, tous les étudiants participent à des « groupes de lecture ». Il s’agit, sur trois séances, de lire et de présenter au reste du groupe (restreint) un nombre important de textes critiques ou théoriques autour d’un thème particulier, pour ensuite en discuter collectivement. Au premier semestre, j’ai ainsi suivi un groupe de lecture passionnant concernant les Théories du rire. Ce semestre, un cours assez transdisciplinaire sur le XVIIIᵉ siècle face à la différence des sexes a ouvert beaucoup de perspectives, rejouant notamment les débats liés aux gender studies : hermaphrodites, castrats, pratiques de travestissements… En langues, nous avons pu explorer l’histoire allemande au prisme de la bande dessinée en parcourant des livres comme Madgermanes, Kinderland ou encore Drei Wege.

Quels sont tes projets pour les trois années qu’il te reste à l’ENS ?

Je n’ai pas encore d’idée de mémoire de M1, mais il faudra bien que j’en rédige un l’année prochaine. Ensuite, je vais probablement préparer l’agrégation de lettres modernes.

Sais-tu déjà ce que tu souhaites faire après cette scolarité ? Quels sont les projets professionnels qui t’attirent ?

J’hésite entre l’enseignement et une voie davantage dans l’édition ou le journalisme. Je vais justement faire un stage dans ce domaine à la fin de l’année. De quoi apporter un peu d’eau à mon moulin !

Que retiens-tu de la prépa ?

Des moments difficiles et éprouvants dans lesquels on apprend à se dépasser (les semaines de concours blancs…), mais aussi de rares instants de grâce spirituelle et intellectuelle, et surtout de solides amitiés.

As-tu des conseils à donner aux lycéens qui envisagent d’aller en prépa littéraire après le bac ?

En premier lieu, ne pas hésiter ! C’est l’occasion de se frotter à un haut niveau d’exigence et de faire des rencontres intéressantes, sans pour autant prendre le risque de suspendre son parcours post-bac. Grâce aux équivalences entre les universités et les prépas, on peut normalement assez facilement basculer en L2 ou en L3 à la fac, après une hypokhâgne ou une khâgne.

Un grand merci à nouveau à Irma d’avoir bien voulu répondre à nos questions ! Nous espérons que cet exemple de parcours t’aura éclairé sur la prépa littéraire et l’ENS et aura contribué à démystifier un peu ce cursus et cet établissement ! Si tu as plutôt un profil de linguiste ou d’historien, n’hésite pas à consulter ces deux autres témoignages d’étudiantes à l’ENS de Lyon et à consulter nos ressources pour les prépas littéraires juste ici !