Cette fiche couvre la première partie du livre. Elle peut servir pour les dissertations / sujets de colles portant sur la mondialisation, ses conséquences et sur la cause des inégalités internes modernes.

Introduction

On se questionne aujourd’hui sur la capacité de la mondialisation à résoudre les deux grands défis majeurs du XXIème siècle : la pauvreté et la préservation de l’environnement. On a perdu foi dans le modèle américain de capitalisme libéral : un cycle toucherait à sa fin. Mais peut-on vraiment sortir de ce paradigme économique ? Et comment le ferions-nous ?

La mondialisation actuelle est singulière et résulte de trois globalisations : celle des firmes, de la finance et du numérique. Giraud parle de « généralisation des compétitions ». Sommes-nous bien à la fin d’un cycle libéral et sur le point de changer de capitalisme ?

Une histoire de la mondialisation

Giraud propose deux récits différents de la mondialisation.

1) Le premier se centre sur le libéralisme : ce serait l’histoire de l’ascension (1ère mondialisation), de la chute (après 1929) et enfin de la victoire finale du libéralisme (depuis les années 1980).
« Le premier récit est celui des progrès chaotiques des idées libérales dans le domaine de l’économie et de la politique ».
« Tout changement important de politique économique est précédé d’une victoire dans le champ intellectuel de ceux qui la promeuvent ».
« L’histoire de l’après-guerre est donc celle de l’affirmation progressive du libéralisme économique, interne et externe, lequel, s’il s’accompagne d’une bonne gouvernance, assure la prospérité maximum à ceux qui l’adoptent »… Fin du premier récit.

2) La deuxième histoire met en avant l’action des nations et des classes sociales : des Etats qui développent le protectionnisme, partent à la conquête du monde, font le choix du fascisme ou de la social démocratie pendant l’entre-deux-guerres. Ils s’entendent au niveau mondial avec les accords de Bretton Woods et les pays développés s’orientent vers le fordisme lors des Trente Glorieuses. Les pays en développement, eux, entament leur rattrapage. La libéralisation est donc ici un choix et non un phénomène naturel, se développant librement.

Etat actuel du processus de mondialisation

Ses grandes caractéristiques sont une ouverture commerciale prononcée, une globalisation numérique et financière mais surtout une globalisation des firmes. Un nouveau modèle de firme se développe : pas de nationalité assignable, origines diverses, langue de travail anglaise, centres de recherche localisés sans préférence… Elles engendrent une compétition généralisée entre les territoires, les choisissant en fonction de leurs avantages comparatifs.

Cependant, on ne peut pas encore parler d’économie mondiale : la mobilité des hommes n’est pas totale. Si elle existait, il n’y aurait plus d’activités « sédentaires » mais une compétition internationale. Les Etats imposent des obstacles dans des pans entiers de l’économie qui échappent à la compétition mondiale et sont parfois protégés (mesures protectionnistes). L’importance de la protection varie sous l’effet des choix des Etats, du progrès technique mais aussi de l’évolution de la consommation.

La mondialisation s’accompagne aujourd’hui d’une hausse des inégalités internes malgré une baisse de la pauvreté absolue.

Ainsi ses bénéfices sont objet de débat. Trois positions se détachent :
– Les libéraux qui pensent que la mondialisation est bonne, sans conditions.
– Les antimondialistes qui pensent que la mondialisation amplifie et généralise dramatiquement les méfaits du capitalisme.
– Les réformistes qui pensent qu’elle est en soi bénéfique à condition qu’elle soit mieux gouvernée. La libéralisation est en effet source de progrès mais il faut bien maitriser et coordonner tous les flux, dans une optique notamment de développement durable.

Mondialisation, richesse des nations et inégalités

Libre-échange et inégalités

Selon Samuelson et Stolper, le libre-échange, s’il augmente la richesse moyenne (Ricardo), peut provoquer des inégalités. On considère deux pays avec une proportion différente de travailleurs qualifiés. Le pays A (avec plus de qualifiés) se spécialise dans la production qui demande le plus de qualification (car cette main d’œuvre est meilleure marché que dans le pays B). Il délocalise la production qui demande une main d’œuvre peu qualifiée dans le pays B (licenciant la MO peu qualifiée sur son territoire). Ainsi, on a un accroissement des inégalités dans le pays A, et une réduction des inégalités dans le pays B avec la hausse des salaires des moins qualifiés (hausse de la demande) et la baisse des salaires des qualifiés (concurrence mondiale).

Cependant, les inégalités ont augmenté depuis 30 ans dans les pays riches, comme dans les pays pauvres, ce qui conteste la théorie de Samuelson et Stolper…

Comment les réduire ? Il faudrait selon lui organiser une redistribution en taxant les bénéficiaires du libre-échange.

 Le cadre analytique de « l’Inégalité du monde » (Giraud)

Comment analyser les effets de la mondialisation sur la croissance et les inégalités internes selon Giraud ?
– découper l’espace mondial en « territoires économiques », séparés par des frontières.
– distinguer les acteurs entre firmes « nomades » et « sédentaires« .
– distinguer les emplois : ceux qui produisent des biens et services exportables et ceux qui produisent pour le marché intérieur.

Firmes nomades, firmes sédentaires et richesse des nations

La fonction des firmes est de transformer et faire circuler des objets économiques, entre territoires (firmes nomades) ou au sein d’un territoire (firmes sédentaires). Les Etats sont aussi des acteurs essentiels, mettant en place des règles auxquelles sont soumises les firmes. L’autre facteur essentiel est le progrès technique qui permet d’améliorer la mobilité (transports). « Une vague de mondialisation, c’est l’augmentation du nombre, de la taille, de la puissance économique des firmes nomades par rapport aux firmes sédentaires« . Ces vagues ont toujours à la fois des effets destructeurs et stimulants, comme la « destruction créatrice » de Schumpeter.

Emplois nomades et sédentaires, dynamique des inégalités internes

Certains travailleurs sont engagés dans la production de biens et services internationalement échangeables, employés par les firmes nomades. Ils ne subsistent que s’ils sont compétitifs au niveau mondial. Si la compétitivité d’un territoire diminue, le nombre des emplois nomades baisse. Ceux qui perdent leur emploi deviennent alors chômeurs ou sédentaires.

Les firmes sédentaires n’emploient que des sédentaires. Cependant, les firmes nomades peuvent employer des sédentaires, comme c’est le cas des firmes globales qui possèdent des filiales.

Le sort des sédentaires est lié à celui des nomades : l’enrichissement des nomades bénéficie aux sédentaires. Et plus les sédentaires d’un territoire sont pauvres, plus les nomades présents sur ce territoire sont compétitifs dans l’arène mondiale…

L’évolution de la richesse d’un territoire et de l’inégalité entre nomades et sédentaires

L’évolution du PIB du territoire

Selon Giraud, le PIB est égal à la somme des revenus des nomades et des sédentaires.
– Revenus des nomades = nombre x revenu moyen par tête. Il dépend des investissements en capital humain, technique et social réalisés sur le territoire.
– Le revenu des sédentaires dépend : de celui des nomades, (plus ils sont riches, plus ils consomment) et des préférences des consommateurs (consommer local ou importer ?)
En somme, le PIB ne dépend que du nombre, du ‘prix’ moyen des nomades et de la préférence pour les biens et services des sédentaires !

L’inégalité entre nomades et sédentaires

L’inégalité est plus grande si les nomades sont peu nombreux et riches que s’ils sont nombreux et pauvres. S’ils consomment plus de biens locaux, ils tirent les sédentaires vers le haut.

Ainsi, pour réduire les inégalités, il faut augmenter alors le nombre de nomades et/ou l’attractivité des biens sédentaires.

Dans ce modèle, par rapport à celui de Samuelson, tout est donc possible dans cette situation de mondialisation : hausse ou baisse de la richesse, inégalités plus ou moins fortes.