La colle en prépa

A toi, jeune et innocent bizuth, qui te vois plongé dans le grand bain de la classe préparatoire ECG : beaucoup de changements et un nouveau rythme à prendre. Parmi les habitudes que tu dois être en train de prendre, et celles que tu dois encore adopter, tu es confronté à ce nouvel exercice propre à la classe prépa que sont les colles. Voici donc quelques conseils et quelques informations pour t’aider à appréhender sereinement ces prochaines heures, qui rythmeront ton emploi du temps pendant deux voire trois ans.

De quoi s’agit-il ?

Par définition, une colle est une interrogation orale, devant un colleur, c’est-à-dire un professeur (ton propre prof ou un intervenant extérieur) qui t’interroge selon certaines modalités. Tu devras te confronter à l’exercice dans toutes les matières : ESH ou HGG, maths appliquées ou approfondies, langues, CG. Ainsi, toutes les colles sont différentes selon la matière envisagée, et la performance que tu dois fournir doit s’adapter aux exigences de la matière considérée et au temps qui t’es attribué. Généralement, deux heures par semaine sont consacrées aux colles. Une habitude à prendre, donc. Cependant, bien que les colles puissent effrayer certains préparationnaires au début, ce n’est pas un exercice si cruel. La preuve en est : nous y avons survécu. Certains ont même dû se confronter à cet exercice au moment des oraux (HEC et ESCP). Maintenant que le sujet est défini, intéressons nous aux différences selon les matières.

Une ou des colles ?

Le point commun des colles en prépas tient au fait qu’elles s’effectuent à l’oral. Cependant, une colle de maths ne demande pas les mêmes efforts et ne ressemble en rien à une colle d’ESH/de géopo. Nous te présentons donc ici les différentes modalités (NB : certains exercices peuvent différer selon ta prépa, cette liste est donc évidemment non exhaustive) :

La colle de maths (appliquées ou approfondies)

C’est un des exercices les plus récurrents (et souvent l’un des plus effrayants pour certains). Généralement, une colle de maths se déroule par groupes de colle. Tu ne seras donc pas seul face à l’adversité. Tu es interrogé sur le cours et sur des exercices, sur les chapitres vus pendant la semaine (ou les antérieurs).

Selon les prépas, tu devras parfois préparer les exercices présentés en amont. L’avantage des colles de maths est que, en étant directement confronté à un prof, il est plus simple d’analyser tes difficultés et de te concentrer sur des points précis ; choses que tu ne peux faire en DS. Si ton colleur est assez sympa, il peut même prendre le temps de revenir sur des points de cours, de t’expliquer tel exercice ou telle solution, de te donner des clés pour faire vite et bien. Encore mieux : à l’approche des concours, si ton colleur est ton propre prof de maths, tu peux lui demander de t’interroger sur une partie précise du cours (il n’est pas dans son intérêt d’être confronté à des élèves perdus et d’entendre les mouches voler pendant une heure).

Ta colle de maths est donc le moment parfait pour mettre à profit tout ce que tu as appris et, le cas contraire, comprendre et mettre en pratique ce que tu n’as pas compris. Cet exercice est donc indispensable pour ta préparation ; d’autant plus que ce n’est pas parce que tu n’as pas des notes extraordinaires en DS que tu te planteras à chaque colle de maths.

Les colles d’ESH

C’est l’exercice phare des préparationnaires avec la colle d’HGG, qui demande généralement le plus de temps et de préparation personnelle. L’exercice est simple (en pratique) : 20 minutes approximativement de préparation sur un sujet (parfois type concours) et un passage à l’oral de 10 minutes, suivi d’un temps de questions et d’approfondissement.

Pas d’inquiétude, on n’attend pas de toi que tu fasses une dissertation. Cependant, tu dois structurer ta réflexion : ainsi, tu devras faire une introduction, élaborer une problématique, développer tes idées autour d’un plan, et enfin conclure (et parfois ouvrir le sujet). Évidemment, il est nécessaire que tu fournisses des exemples, que tu développes des théories, que tu évoques un certain nombre d’auteurs.

Il faut nourrir ton développement et t’appuyer sur des points précis de cours ; autrement, ton sujet ne pourra être que partiellement traité (avec une note médiocre à la clé).

Les colles d’HGG

Globalement et structurellement, elles se déroulent de la même manière que les colles d’ESH. Un sujet proposé, un temps de préparation, et un exposé suivant cette chère logique intro/conclusion. Les sujets proposés sont variés, certains peuvent être très larges.

Le plus important semble de structurer ta réflexion, de mobiliser des arguments efficaces, de diversifier tes exemples (pays, périodes, domaines) et de faire attention à aborder toutes les dimensions de ta matière : historique, géographique et géopolitique.

Les colles de langues

Le format est simple. Tu dois travailler sur un article de presse (écrit ou audio) en temps limité, afin de fournir un résumé du document (sans le paraphraser), d’élaborer un commentaire autour d’une problématique et d’y développer certains points de débats ou enjeux évoqués dans l’article. Cependant, tu peux aussi élargir le sujet et évoquer d’autres points liés. Évidemment, tu devras conclure ton exposé. Un temps de discussion avec ton colleur est prévu à la fin de ta performance. Tu devras donc maîtriser l’actualité sur le bout des doigts, mais aussi les principales notions de civilisation, des chiffres et des informations sur les pays. Pour aller plus loin, lis cet article : Comment mettre à profit les colles de langues ?

Les colles de culture générale

Ici, différents formats peuvent être proposés. Le premier consiste en un traitement d’un sujet, sous la forme d’une question ou non.

Quatre types de sujets existent : un mot, deux mots séparés par ”et” ou ”ou”, une citation ou une question. Tu devras le traiter comme une dissertation, avec une organisation typique introduction / problématisation / développement / conclusion. Tu pourras le traiter en amont (la colle consistera donc en un exposé) ou en temps limité, ce qui t’amènera donc à fournir une réflexion et à développer des exemples sans préparation et sans support.

Enfin, tu peux être confronté à l’exercice du tryptique (HEC). Par groupe de trois, vous serez confrontés à un sujet en vous voyant attribuer différents rôles : le « convaincant », qui doit débattre sur le sujet et soutenir une réflexion, le « répondant », qui devra donc répondre à l’argumentation du convaincant sans avoir connu le sujet au préalable, et dont le rôle est de compléter l’argumentation précédente ou de proposer d’autres pistes de réflexion, et enfin l’ « observateur », qui, comme son nom l’indique, devra fournir à la fin du débat une analyse de ce dernier et de la prestation des autres. Cet exercice peut donc être intimidant ; du moins, il demande aux candidats de s’adapter à chaque rôle. Parfois, les rôles peuvent être légèrement différents de ce qu’HEC demande lors de ses oraux, et peuvent se présenter sous la forme de la dissertation thèse/antithèse/synthèse.

Globalement, cette forme précise des colles de culture générale s’appuie sur la confrontation, l’adaptabilité, et le débat. Outre HEC, d’autres écoles proposent des oraux de culture générale, au début des entretiens souvent.

Quelques conseils pour appréhender au mieux les colles en prépa

Le premier (et sans doute le plus important) des conseils que l’on aimerait te donner, c’est évidemment d’avoir confiance en toi, et en tes connaissances. Le passage à l’oral peut être un exercice effrayant pour certains ; d’autant plus impressionnant qu’il débouche sur une note. Mais pas de panique, c’est une habitude à prendre. Si tu es vraiment mal à l’aise à l’oral, et que tes notes en pâtissent malgré ton apprentissage minutieux, tu peux te livrer à divers exercices afin de gagner en aisance. Exercices de diction, de respiration, exposé à voix haute seul dans ta chambre ou devant un nombre restreint de camarades… autant de manières d’être (et de paraître) à l’aise devant un examinateur. L’exercice de l’oral est important : tu y seras confronté tout au long de ta classe prépa, pendant les oraux, et évidemment plus tard. De plus, pour bon nombre de préparationnaires, les colles ont permis de gagner en aisance dans la vie de tous les jours.

Personnellement, j’ai toujours été plus ou moins à l’aise à l’oral, mais les colles d’ESH m’effrayaient au début. Malgré de bonnes notes, mes examinateurs me faisaient souvent la réflexion que je semblais manquer de confiance en moi car, malgré la pertinence de mes propos, le stress était palpable. Quelques exercices et une bonne dose de motivation avant chaque colle, et mes prestations gagnèrent en qualité. Dès le début de ma deuxième année, cet exercice a même été libérateur et générateur de confiance – un véritable cercle vertueux.

Ensuite, il faut te rendre compte que les colles te sont véritablement utiles, et qu’elles ne constituent pas une contrainte. Tu ne dois donc pas réviser en particulier pour une colle (chose que nous avons tous fait). Un travail régulier te permettra d’appréhender une colle comme une simple formalité. A l’inverse, si tu dois, en pleine semaine, réviser un chapitre entier d’HGG ou d’ESH la veille pour le lendemain, ce travail sera stressant et moins productif. Ce conseil n’est évidemment pas toujours valable pour les maths, où il arrive de devoir revoir une correction ou une formule juste avant.

Autre conseil : au-delà de l’exercice, c’est parfois ton colleur qui peut t’impressionner, notamment s’il a la réputation d’être très dur. Pour autant, tu dois donner le meilleur de toi-même, et ne pas partir découragé au prétexte qu’il ou elle te mettra forcément une mauvaise note.

Enfin, une colle ne doit jamais te décourager. Une mauvaise note ne signifie pas que tu es sur la voie de rater tes concours (une succession de mauvaises notes, au contraire, devrait te mettre la puce à l’oreille). Tu peux livrer une sous-performance pour de multiples raisons : semaine trop stressante, fatigue, maladie, baisse de moral… Tant que tu ne dois pas remettre en cause la totalité de ton travail et de ton organisation, pas de panique ! Tu pourras toujours te rattraper.