L’anglais est une matière dans laquelle on peut vite s’éparpiller, et il est difficile de savoir comment la travailler. J’ai moi-même été minor en fin d’ECE1 (6 de moyenne) pour finir avec un 15 à l’écrit, 13 à HEC et 16 à l’ESCP à l’oral. Les langues et les mathématiques sont les seules matières sûres, qui récompenseront toujours ton effort. On voit rarement un crack des langues se rater aux concours, tandis que cela peut être le cas pour l’ESH ou la CG. Travailler l’anglais est rentable, à condition de savoir le faire efficacement. Cet article est destiné aux ECG et ECS/ECE/ECT, mais reste très utile pour les autres filières. Il se compose de deux sections sur comment travailler l’anglais en classe préparatoire. Dans la première, je t’explique comment travailler la grammaire, et dans l’autre, comment gérer l’aspect civilisation.

Devenir un génie de la grammaire

Tout d’abord, tu vas te procurer le manuel An Apple A Day de Thomson. C’est le seul manuel dont tu as besoin en anglais, je t’expliquerai pourquoi tu ne dois en aucun cas acheter un manuel de civilisation. Tu vas faire ce manuel deux fois pendant ta prépa. Il est primordial que tu te fournisses un cahier vierge de 100-150 pages par exemple, qui sera ton cahier de grammaire, pas de feuilles volantes ! An Apple a Day se compose de 24 chapitres avec, chaque fois, des leçons puis des thèmes grammaticaux. Ne tombe surtout pas dans le piège qui est d’aller à toute vitesse et de finir le manuel en le bâclant ! Personnellement, je faisais des séances d’une ou deux heures. J’essayais de faire deux heures d’Apple le samedi ou le dimanche, et 1 h 30 ou 2 h par jour pendant les vacances. Pendant ma période de révisions des concours, je faisais 2 h de ce manuel tous les jours. Quand tu as en moyenne 4h de travail personnel le soir, tu peux faire 2 h de maths (1h cours et 1h exercices), 1h de géopo/Esh et 30 min de chaque langue ou 1h d’une langue un jour sur deux.

Comment se décompose une séance ? Tu lis la leçon, tu as le droit de surligner les passages clés, puis tu attaques les exercices. Tu fais les 5-10 phrases, tu regardes le corrigé. Là, évidemment, tu as tout faux (pas de panique !), tu recopies la correction au stylo rouge/vert, puis tu caches la correction et tu recommences toutes les phrases depuis le début. Très important : ne t’arrête pas sans avoir écrit parfaitement les 10 phrases sur ton cahier. Il faut parfois être dur avec soi-même. Ensuite, tu peux passer à la leçon suivante. Il est primordial qu’à chaque nouvelle séance tu retournes sur les derniers thèmes grammaticaux pour bien t’assurer que tu sais les traduire, tu peux même relire les chapitres de la dernière fois. Ainsi, j’ai mis des mois à faire la moitié du livre, parce que je faisais peu d’exercices, mais très sérieusement, plutôt que de vouloir finir le livre à toute vitesse.

Travailler An Apple a Day va te rendre meilleur à l’écrit mais aussi à l’oral, puisque tu vas avoir un vocabulaire beaucoup plus riche d’expressions anglaises. Pas besoin d’apprendre les pages de vocabulaire du manuel, trop spécifiques, sauf pour certains chapitres (le vocabulaire sur les élections est bon à connaître par exemple).

Ce travail doit s’accompagner de thèmes grammaticaux Ecricome (annales LV2). Que tu vises ces concours ou ceux de la BCE (même HEC !), il est essentiel que tu t’entraînes sur les 10 phrases Ecricome en anglais. Elles concentrent tous les pièges de la traduction et te rendront à coup sûr meilleur en langues. Même méthode, il faut traduire les 10 phrases sur ton cahier, les corriger, cacher la correction et recommencer. Il ne faut pas s’arrêter avant d’avoir écrit les 10 phrases parfaitement (tu es ton propre patron). Si tu utilises Anki/Quizlet, pourquoi pas y rentrer ensuite les 10 phrases pour te tester plus tard ? Voici le lien des annales :  https://www.ecricome.org/se-preparer-etape-3/#event-tabs-custom

Pour finir, il est absolument inutile et contre-productif à mon sens de faire des traductions sans au préalable connaître les règles grammaticales de la langue. Je n’ai fait presque aucune traduction pendant deux ans, pour plutôt bien maîtriser An Apple a Day. Il faut évidemment que tu fasses des traductions, mais seulement quand tu es très bon en grammaire (du style avoir fini deux fois An Apple). La vraie différence aux concours ne se joue pas entre ceux qui savent traduire « ciboulette » et les autres, mais se joue entre ceux qui savent conjuguer, accorder, maîtriser les temps et ceux qui ne le savent pas. Comme les traductions BCE sont complexes et très spécifiques, elles sont parfois peu formatrices et il va ainsi s’agir de les commencer vers la moitié-fin de la deuxième année histoire de te mettre en situation (comme avec les maths de Parisiennes). En plus, comme An Apple a Day anticipe toutes les erreurs les plus communes des candidats à l’écrit comme à l’oral, il contient tout l’essentiel afin d’aborder une traduction BCE efficacement. Pas besoin d’un manuel de grammaire style Nathan de cinquante chapitres, c’est trop et tu n’as pas besoin de savoir tout ça.

Devenir un crack de la civilisation

Je vais t’apprendre comment devenir un boss de la civilisation en anglais et obtenir 18 en essais. Tes professeurs en prépa te demanderont d’acheter des tonnes de manuels en anglais, que tu n’utiliseras jamais. Cela peut facilement revenir à une centaine d’euros, d’autant plus que parfois les professeurs ne se concertent même pas et en deuxième année, ils te demandent d’acheter d’autres manuels. Résultat : les élèves s’éparpillent dans deux manuels de civilisation et deux de grammaire. Si tu n’achètes pas le manuel de ton prof, très souvent il n’y aura aucune conséquence tant lui-même ne vérifiera pas si tu travailles bien dessus 😉

Je vais ici rompre un mythe très répandu en prépa : aucun manuel de civilisation n’est indispensable. En première année, j’apprenais par cœur les fiches de civilisation de mon professeur et obtenais de beaux 6/20 en expression. En fait, tu n’as pas besoin de connaître le nombre de sièges au Sénat américain ou de connaître toutes les étapes du mouvement féministe aux États-Unis. 90 % du contenu des manuels de civilisation ont, à mon sens, une utilité très limitée pour les essais comme pour l’oral. Ces informations sont impossibles à recaser. Le problème, c’est que l’on apprend des faits, qui plus est trop anciens, et non pas des arguments, qui eux sont directement mobilisables tant à l’écrit qu’à l’oral. Les manuels sont rarement mis à jour, tu as des informations anciennes de 2017, or, ce qui est survalorisé en langues, c’est bien une connaissance fine de l’actualité.

Au lieu de travailler sur des manuels de civilisation, tu vas essentiellement travailler l’anglais à partir de cinq ressources.

The Economist

Premièrement, tu vas t’abonner à The Economist. L’abonnement est très cher, néanmoins tu peux te concerter avec trois ou quatre camarades pour vous partager un abonnement. Il y a une offre à 40 euros les trois mois, c’est l’équivalent de deux manuels inutiles que tu ne vas pas acheter, et c’est le meilleur investissement que tu peux faire en classe préparatoire. Le format papier n’est pas indispensable, l’offre digitale suffit (tu peux le lire sur smartphone et ordinateur). Ce que tu peux faire, c’est copier-coller plein d’articles dans un document, ce qui te permettra de les lire et de les relire une fois que tu ne seras plus abonné.

Ce que je te conseille, c’est d’imprimer les meilleurs articles et de les mettre dans un classeur. Comme ça, à l’approche des écrits ou des oraux, tu auras un classeur avec le condensé des meilleurs articles de The Economist de l’année, ceux avec les meilleures expressions, le vocabulaire le plus riche et les phrases les plus facilement mobilisables en copie ou à l’oral.

Attention, très souvent, les élèves s’abonnent à The Economist pour ne jamais le lire, pensant que le simple fait de s’abonner permet de progresser comme par magie. Tu ne vas pas tomber dans cet écueil. Plutôt que de lire des dizaines d’articles par jour en les survolant, il est très largement préférable de sélectionner un article par jour. Cet article, lis-le deux ou trois fois. Ce que je faisais, c’est que le matin en petit-déjeunant, je lisais un article et je le reprenais soit le soir, soit le midi après avoir déjeuné ou bien dans le métro/bus. Travaille l’article en profondeur, cherche tous les mots que tu ne comprends pas sur WordReference, toutes les expressions qui t’échappent. Sur une petite fiche bristol, tu vas noter les nouveaux mots de vocabulaire, expressions, des jolies phrases que tu pourras apprendre par cœur et recaser tant à l’écrit qu’à l’oral. En prépa, on fait peu mais très bien, plutôt que des tonnes bâclées. Ce que tu peux faire, c’est écouter le journaliste de The Economist lire l’article en même temps que tu le lis. Ainsi, tu vas pouvoir matcher l’écrit et la prononciation, et ça, c’est top ! Si tu es un minimum curieux, ce que tu es forcément car tu as choisi la prépa, tu prendras énormément de plaisir à lire The Economist. N’hésite pas à parfois passer 1 h sur un seul article. Tu peux mettre les fiches de vocabulaire/expressions dans un petit classeur à fiches et les relire régulièrement (dans les transports par exemple). Les fiches manuscrites peuvent être remplacées par Anki/Quizlet.

En deuxième année de prépa, j’étais très autonome et indépendant des professeurs dans ma manière de travailler. Comme je n’aimais pas du tout le cours de mes professeurs en anglais, je préférais lire The Economist discrètement derrière mon ordinateur en cours, voire travailler sur An Apple a Day avec mon cahier. Cela me correspondait car j’aimais travailler seul, je te laisse te faire ton propre avis. Sache néanmoins que l’expérience d’un professeur est difficilement remplaçable et si tu juges que ses cours peuvent t’aider à progresser, alors il est primordial que tu écoutes. Un ami aujourd’hui à HEC fichait directement en cours des articles de The Economist dans ses fiches de géopo (que cela soit en ESH ou géopo, ce journal est très réputé et citable en dissert/à l’oral). À toi de voir ce qui te convient le mieux. Si tu hésites entre Les Echos, Le Monde, Le Figaro… prends plutôt un abonnement à The Economist. Ne lis pas ou beaucoup moins la presse en français, lis-la en anglais.

Voilà deux articles de The Economist très intéressants ici et ici.

La chaîne YouTube de The Economist

Deuxièmement, je te conseille très vivement la chaîne YouTube de The Economist. Le conseil clé qui te fera vraiment progresser est le suivant : quand tu regardes une vidéo, mets pause après chaque phrase et répète-la à voix haute. Il n’y a pas de honte à parler tout seul dans sa chambre ! Sur une vidéo de cinq minutes, peut-être que cela va te prendre 10-15 minutes, mais tu progresseras énormément en prononciation. En prépa, tu n’auras qu’une colle par mois en anglais, et si tu ne t’entraînes pas régulièrement à cet exercice, tu risques de te faire dévorer aux oraux. N’hésite pas à mettre les sous-titres en anglais quand ils sont disponibles. À force de répéter tous les jours de l’anglais, tu vas prendre confiance en toi. Je sais que cela demande du courage, mais ça vaut vraiment le coup ! Tu peux avoir pour objectif de regarder toutes les vidéos de The Economist deux à trois fois pendant ta prépa (sauf celles qui n’ont aucun rapport avec la civilisation anglaise).

Voici de très bonnes vidéos à regarder plusieurs fois : vidéo 1, vidéo 2, vidéo 3, vidéo 4 et vidéo 5.

Patriot Act

Troisièmement, Patriot Act. Disponible sur Netflix et YouTube, ce sont des épisodes de 20 min qui traitent d’un thème de civilisation anglaise. Dès que j’en avais marre de travailler, je me mettais un Patriot Act (sous-titres anglais, bien sûr). Avant les écrits et les oraux, j’en ai regardé des tonnes. C’est drôle, ludique, gratuit et ça fait progresser. Que demande le peuple ? Le vrai conseil qui peut changer la donne, c’est que quand tu choisis de te mettre une vidéo pour t’aérer l’esprit, choisis une vidéo en anglais comme Patriot Act. Par exemple, tu peux le faire avant de te coucher ou pendant un repas/goûter. Patriot Act c’est LA référence. On va viser de les regarder presque tous et deux ou trois fois pour les meilleurs.

Voici quelques très bons Patriot Act ici, ici et .

Le YouTube de John Oliver

Quatrièmement, la chaîne YouTube de John Oliver. C’est un talk-show sur des thèmes de civilisation américaine. C’est tout simplement génial. Cela fait des années que cette émission existe, donc il faut que tu scrolles pour aller regarder de très bonnes vidéos qui datent de quelques années. Parfois, les vidéos traitent de sujets trop spécifiques, il n’est pas nécessaire de s’étendre dessus. Il y a de très nombreuses vidéos d’excellente qualité (juste, ne regarde pas ça avec tes parents, l’humour est parfois un peu lourd). Ce qui est génial, c’est qu’il a un avis très tranché sur des sujets passionnants. Et pour faire la différence aux concours, c’est parfait.

De très bonnes vidéos (celle sur Boris Johnson m’a été très utile à l’oral d’HEC) : ici et ici.

Si tu veux faire la différence à l’écrit comme à l’oral, voici trois épisodes sur la crise des opioïdes aux US. Qui en France va pouvoir parler d’un tel événement de manière détaillée et argumentée ? Toi, désormais. Et ça fera son petit effet 😉

Regarde ici et ici également.

Le podcast Checks and Balance

Cinquièmement, mon grand coup de cœur de la prépa en anglais : le podcast de The Economist Checks and Balance, disponible gratuitement sur Internet et ton application de podcast sur smartphone. Ce sont des épisodes d’une quarantaine de minutes qui sortent tous les vendredis, sur un thème précis de civilisation anglaise. Quand tu sors faire du sport, t’aérer ou quand tu es dans les transports, au lieu d’écouter de la musique, écoute Checks and Balance. Je sais que ça demande beaucoup de courage, mais tu auras le loisir d’écouter autant de musique que tu veux une fois en école. Tu peux y aller progressivement, par exemple musique sur l’aller, mais anglais sur le retour. Essaie de les écouter chacun deux ou trois fois pendant l’année, afin de les avoir bien ancrés dans ta tête. Ne te contente surtout pas d’écouter Checks tous les vendredis, tu vas aussi scroller et écouter les 20-30 derniers épisodes, et ce deux/trois fois en tout. Tu vas me dire : « Mais qu’est-ce que j’en ai à faire d’un épisode d’il y a six mois ou un an ? » Un épisode par exemple sur l’attaque du Capitole aux US en janvier 2021 te sera tout de même très utile. Qui parmi les candidats aura un avis étayé sur ce sujet ? Personne.

À l’ESSEC, je suis tombé sur la situation entre Taïwan et la Chine, je n’aurais jamais trouvé ça ni dans le cours de mon prof ni dans un quelconque manuel. Heureusement que j’avais écouté l’épisode 100 days of aptitude.

Quelques très bon Checks and Balance :

  • One year on ;
  • 100 days of aptitude ;
  • CEOutrage.

Je n’avais personnellement pas d’opinion sur de grands thèmes de civi anglaise, alors, ce que je faisais, c’est que je m’inspirais de l’avis d’un journaliste de The Economist, de John Oliver, de Checks and Balance… Mais c’est un secret 😉

Pour finir, une question que l’on me pose souvent est celle qui consiste à savoir si l’on doit prendre des notes lorsque l’on écoute Checks, John Oliver, Patriot Act ou le YouTube de The Economist. Je ne le conseille pas, c’est fastidieux et ça prend du temps, surtout que c’est parfois l’instant repos de la journée. Ce que tu vas faire et qui est primordial, c’est écouter plusieurs fois chaque épisode pour vraiment les connaître. La différence ne se fait pas tellement sur les chiffres, mais plutôt sur les idées intéressantes et originales que tu vas défendre.

Conclusion

Tu as désormais toutes les cartes en main pour devenir très bon en anglais !

Cet article est le fruit de deux ans de réflexion sur cette matière, puis d’une phase d’introspection après les écrits et les oraux. Pour finir, un dernier conseil : toujours privilégier un peu d’anglais chaque jour (même 10 minutes), plutôt que quatre heures un seul jour le week-end. On vise la régularité. À noter que les cinq ressources ne sont pas au choix et il est essentiel que tu les travailles toutes, et ce, très régulièrement. Ce n’est qu’en regardant encore et encore beaucoup de Patriot Act, le YouTube de The Economist, John Oliver et en lisant The Economist que l’on progresse.

Il ne te manque plus qu’une bonne dose de confiance en toi, je te souhaite tout plein de courage !