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La dissertation est un exercice avant tout littéraire. Pourtant, l’utilisation de graphiques (et mêmes de formules mathématiques) est de plus en plus monnaie courante.

A l’écrit, certains sujets si prêtent mieux que d’autres. Leur usage n’a rien d’obligatoire, mais si tu veux te démarquer des autres copies, les graphiques en sont un bon moyen. Ils permettent de soutenir ton argumentation et même de la rendre plus agréable aux correcteurs. Il faut cependant noter que si la majorité des correcteurs sont favorables à l’utilisation de graphiques en dissertation, les correcteurs de l’épreuve d’HEC sont parfois plus récalcitrants. Quoiqu’il en soit, voit toujours le graphique comme un argument supplémentaire et non pas comme un passage obligé.

A l’oral, c’est néanmoins un passage obligé, notamment aux oraux de l’ESCP.

NB : Évidemment, certaines notions ou certains graphiques renvoient à des chapitres que tu n’as pas encore abordés. C’est notamment vrai si tu es en première année. Pas de panique ! Tu peux revenir sur cet article à tout moment et voir (et revoir !) les points abordés.

Bien utiliser les graphiques : les 5 règles d’or

Avant tout chose, pour un bon usage des graphiques en dissertation, il convient de fixer quelques règles :

#1. Propre et clair ton graphique sera. C’est la règle primordiale. Un graphique brouillon te desservira plus qu’autre chose. Donc il est essentiel que tu fasses un effort supplémentaire pour la qualité du graphique. Utilisez un stylo bille et non pas des crayons gris.

Pour cela, évitez les petits graphiques car ils ont tendance à agacer le correcteur. Privilégier un grand graphique qui est centré et qui couvre un 1/3 de la page. Tu peux également utiliser des couleurs pour rendre ton graphique plus intelligible (et joli !).

#2. Introduire ton graphique tu feras. Tu ne dois pas donner la sensation au correcteur que ton graphique tombe du ciel. Tu dois l’introduire par une ou deux phrases. L’idéal est de à la fois relier le graphique au sujet (et l’argumentation en cours) et de présenter l’auteur et/ou le contexte du graphique. Il peut être également nécessaire d’introduire les hypothèses de travail du graphique.

#3. Expliquer ton graphique tu dois. Tu dois expliquer le graphique que tu as déjà introduit et dessiné. Cependant, il est inutile de faire un grand exposé théorique : 10 lignes (maximum) pour expliquer sont largement suffisantes.

#4. Le titre tu n’oublieras pas. Un graphique sans titre n’est pas un graphique. Plus sérieusement, un titre permet de souligner la pertinence du graphique. Il est nécessaire alors de trouver un titre simple.

#5. Complet ton graphique sera. Il est impératif de nommer TOUS les axes utilisés et toutes les fonctions représentées. Ton graphique sera difficile à comprendre dans le cas contraire. Et je te rappelle que celui-ci doit être compréhensible pour n’importe quel correcteur.

Les graphiques incontournables en dissertation d’ESH.

L’équilibre microéconomique de consommation

La microéconomie du consommateur est une modélisation de l’arbitrage d’un consommateur. Pour raisonner efficacement, on présente un individu rationnel (homo economicus), doté d’un revenu exogène, faisant le choix entre deux biens (X et Y).

On représente d’abord les préférences du consommateur. Elles sont présentés sous la forme de courbes d’indifférences (aussi dite courbe d’iso-utilité). Ces courbes représente l’ensemble des combinaisons de biens X et Y qui procurent à l’individu un niveau de satisfaction. Il y a donc une infinité de courbes d’indifférences, et plus elles sont éloignées de l’origine plus la satisfaction est élevée. Elles sont également convexes, décroissantes et continues et ne se croisent jamais.

On représente ensuite la contrainte budgétaire par la droite budgétaire. Celle-ci présente la quantité maximale de biens que l’individu peut acheter en fonction de son revenu supposé exogène.

Ainsi, l’équilibre microéconomique du consommateur se trouve au point de tangence entre la courbe d’indifférence la plus haute possible et sa droite budgétaire. Pour la combinaison de biens à ce point d’équilibre, le consommateur utilise l’ensemble de son budget pour se procureur la plus haute utilité possible.

NB : Si on veut aller encore un peu plus loin : ce point d’équilibre correspond à l’égalité entre le taux marginal de substitution (TMS) et la pente de la droite du budget d’après les lois de Gossen. Le TMS est la quantité d’un bien X que le consommateur peut sacrifier pour se procureur un autre bien Y à niveau d’utilité égale. De l’autre côté, la pente du budget représente le rapport des prix entre eux. 

La maximisation du surplus collectif en concurrence

C’est un graphique incontournable en économie ! Il s’agit de représenter la maximisation conjointe du surplus du consommateur et du producteur en situation de concurrence et en l’absence d’intervention de l’Etat. Il permet ainsi de mettre en avant les avantages d’un marché libre et concurrentiel.

Ce graphique s’appuie sur les théories marginalisées et notamment la notion de concurrence pure et parfaite. Cette théorie est développé dès le XIXème siècle par les premiers marginalistes mais c’est sa formation par Frank Knight en 1921 sous la forme de cinq hypothèses qui est célèbre. Cet économiste met ainsi trois hypothèses pour la “pureté” de la concurrence (atomicité, homogénéité des produits et la libre entrée et sortie du marché) et deux hypothèses pour la “perfection” de la concurrence (libre circulation des facteurs de production, transparence de l’information).

On remarquera que le point de rencontre de l’offre et de la demande correspond à un optimum de Pareto. Un optimum au sens de Vilfredo Pareto est une situation d’allocation des ressources dans laquelle il est impossible d’augmenter le bien-être d’un agent économique sans diminuer celui d’un autre. Le bien-être de tous les agents économiques est dès lors maximisé.

Le marché des fonds prêtables 

On doit ce graphique à l’économiste suédois Knut Wicksell dans Interest and Prices (1898). Il cherche à représenter le marché des fonds prêtables où se rencontrent les agents à besoin de financement (demande de fonds prêtables) et les agents à capacité de financement (offre de fonds prêtables). Le “prix” d’échange de ces fonds est le taux d’intérêt.

La rencontre entre l’offre et la demande de fonds prêtables correspond au taux d’intérêt naturel, qui est égal à la productivité marginale anticipée du capital. Cependant, pour Wicksell, il existe un autre taux d’intérêt, celui pratiqué réellement par les banques : le taux d’intérêt monétaire (ou effectif). Ce dernier détermine alors un volume de fonds prêtables plus important.

Ainsi, lorsque le taux d’intérêt monétaire est inférieur au taux d’intérêt naturel, il en résulte une hausse de la demande de fonds prêtables et donc de la production. Réciproquement, un taux d’intérêt monétaire plus élevé que le taux d’intérêt naturel l’investissement et la production sont freiner.

Pour Wicksell, ces déséquilibres temporaires sont inévitables (et temporaires) car le taux d’intérêt naturel fluctue beaucoup.

Cette théorie est la principale contribution de Wicksell à l’économie. Elle ouvre la voie à la théorie keynésienne et à l’analyse d’économistes comme F. Hayek notamment par qu’elle admet la non-neutralité de la monnaie.

La représentation graphique des externalités

Les externalités sont un concept extrêmement utile en économie. On le doit aux travaux de l’économie du bien-être notamment développés par Arthur Cecil Pigou (The Economic of Welfare, 1920).

Une externalité est une solution dans laquelle l’activité d’un agent économique à un impact sans contrepartie monétaire sur l’activité d’un autre agent économique. Cet effet peut être positif ou négatif.

Graphiquement, on peut représenter comme ci-dessus l’existence d’une externalité négative. Elle représente un coût supplémentaire qui n’est pas pris en compte dans l’offre initiale déterminée uniquement par un coût privé. La différence entre P’ et P représente ainsi l’externalité et peut être assujetti à une taxe.

Courbe de Laffer

On doit cette courbe notamment à Arthur Laffer, un économiste de l’offre. Elle cherche à montrer que la relation croissante entre augmentation du taux d’imposition et augmentation des recettes fiscales devient décroissante à partir d’un certain seuil. Ce seuil étant présenté comme un taux d’imposition optimal maximisant les recettes fiscales. Elle illustre ainsi parfaitement l’adage “Trop d’impôt tue l’impôt”.

D’un point de vue théorique, en s’appuyant sur l’arbitrage travail-loisir, on peut trouver une explication aux taux d’imposition dissuasifs. En effet, l’augmentation du taux d’imposition peut augmenter le coût du travail si l’effet substitution (l’individu est incité à moins travailler, à profiter des loisirs et à moins payer d’impôts) et supérieur à l’effet revenu (l’individu travaille plus pour retrouver son revenu antérieur avant l’augmentation d’impôt).

La courbe de Kuznets

La courbe de Kuznets correspond à une analyse développée par Simon Kuznets dans “Economic Growth and Income Inequality” (1955). Dans celle-ci, il présente l’évolution de la croissance et son impact sur les inégalités par une relation en U inversée. 

Pour Kuznets, la croissance passe par trois étapes distinctes :

  1. Une phase d’accroissement des inégalités : elle est historiquement due à la coexistence entre un secteur traditionnel majoritairement agricole et un secteur moderne plus industriel et plus productif. De là, s’explique les différences de revenu) ;
  2. Une phase de stabilisation des inégalités : elle est en grande partie dû à l’industrialisation, au déplacement de la main d’oeuvre du secteur traditionnel vers le secteur moderne. La tendance historique de la croissance a augmenté les inégalités s’arrête dès lors qu’une proportion suffisante de la main d’oeuvre occupe un emploi salarié ;
  3. Une phase de réduction des inégalités au fur et à mesure que les catégories les moins riches de la population acquièrent un poids politique plus important.

Il est intéressant de noter que cette courbe en U inversé a été reprise pour établir une relation identique entre croissance et impact environnementale. On parle par analogie de “courbe de Kuznets environnemental”.  L’impact de la croissance sur l’environnement s’établirait ainsi de la même façon en trois étapes distinctes.

La “courbe en J”

La “courbe en J” est un graphique qui permet de représenter les effets attendus d’une dévaluation. Il met en avant l’intérêt qu’un Etat aurait à dévaluer la valeur nominale de sa monnaie (ou à influence une baisse de celle-ci) pour améliorer sa compétitivité-prix. 

En effet, si la dévaluation ou la dépréciation est effective, l’économise qui dévalue pourra bénéficier d’un “effet volume” (hausse des exportations par la hausse de la compétitivité-prix) après le dépassement de l’ “effet prix” (baisse du montant nominal des exportations à cause de la baisse généralisée des prix). La condition pour passer d’un effet à un autre est exprimé par le théorème des élasticités critiques (ou théorème Marshall-Lerner-Robinson) qui affirme que l’effet volume dépasse l’effet prix si et seulement si la somme des élasticités-prix des exportations et des importations est supérieur à 1.

Ainsi, la “courbe en J” permet d’illustrer graphiquement les effets attendus d’une dévaluation compétitive.

La “courbe de Beveridge” ou courbe U/V

Cette courbe a été nommé en l’honneur de l’économiste anglais William Beveridge, un des grands inspirateurs de l’Etat-providence. Elle représente la relation entre le taux de chômage (U) et le taux d’emplois vacants (V). Cette relation est décroissante ce qui permet de mettre en avant un double effet :

  • Si la conjoncture est favorable, la croissance augmente la demande d’emploi. Ainsi le taux de chômage baisse car l’activité économique crée plus d’emplois qu’elle n’en détruit. En conséquence, le taux d’emplois vacants augmente.
  • Si la conjoncture est défavorable, la croissance diminue la demande d’emploi. Et alors, le taux de chômage augmente et le taux d’emplois vacants diminue.

De plus, chaque courbe peut se déplacer le long de la bissectrice. Si la courbe se déplace vers le haut, c’est l’indice d’une dégradation de “l’appariement” ; au contraire, un déplacement vers le bas une amélioration de l’appariement. L’appariement désigne un problème de rencontre entre l’offre et la demande de travail, i.e. que les emplois proposés (demande) ne correspondent pas aux profits des demandeurs d’emplois (offre, les chômeurs).

Ainsi, l’objectif de politiques de l’emploi est le rapprochement de la courbe vers l’origine des axes. L’Etat cherche à réduire à la fois le taux de chômage et le taux d’emplois vacants, les deux étant liés et la réduction de l’un permettant la réduction de l’autre. Ce graphique permet de souligner la pertinence des politiques de formation initiale et continue pour réduire le chômage, par la réduction du taux d’emplois vacants.

Et les maths ?

Enfin, il peut être pertinent d’utiliser des formules mathématiques en dissertation. Cependant, il est inutile de redémontrer des formules mathématiques ! Le simple exposé avec le détail des variables utilisés. Dans certains sujets, le recours à des formules mathématiques peut être un plus non négligeable.

Un bon exemple est l’utilisation de la formulation du multiplicateur keynésien. :

La formule du multiplicateur d’investissement keynésien (issue des travaux de Kahn dans “The Relation of Home Investment to Unemployment”, 1931) :

avec le multiplicateur d’investissement, Y la production et I l’investissement.

Evidemment, beaucoup d’autres graphiques sont possibles. Cet article n’a vocation qu’à présenter certains graphiques que l’on peut considérer comme essentiels et que tu peux utiliser souvent en dissertation. Les esprits avertis ont surement remarqué l’absence notable des modèles IS-LM et IS-LM-BP et de(s) courbe(s) de Phillips. Il faudrait un article complet pour rentrer dans tous les détails nécessaires de ces modèles. D’ailleurs, un excellent article de Major Prépa existe à ce sujet.

Pour finir, je te conseille te tenir un petit carnet de graphiques et de microéconomie où tu pourras y mettre tous les graphiques ou formules que tu rencontres dans ton cours ou ailleurs (le Précis d’économie d’Emmanuel Combe est une ressource formidable pour ça). Ce petit carnet sera d’une grande aide à l’approche des écrits et au moment des oraux.