« Qu’est-ce que tu veux faire plus tard ? », toujours cette même question lancinante qui te rabâche les oreilles depuis ta plus tendre enfance. Si tu as depuis renoncé à l’idée de devenir astronaute ou danseuse étoile, il n’est pas certain que tu sois beaucoup plus avancé(e) dans ta réflexion quant à ton projet professionel aujourd’hui, au crépuscule de ta prépa. Problème : les choses sérieuses vont commencer et, de surcroît, il n’y a pas que ton oncle relou des repas de famille qui va te poser cette question dans les semaines à venir, mais également les jurés d’entretien ! Don’t panic, on fait le tour de la question dans cet article.

J’ai 20 ans et je ne sais pas ce que je veux faire de ma vie

Un peu flippant, n’est-ce pas ? Si tu te reconnais dans cette phrase, sache que tu n’es (mal)heureusement pas  seul(e). La classe prépa commerciale est, à maints égards, le parcours qui permet potentiellement de ne PAS faire un choix après le bac. D’abord, les matières enseignées sont assez éclectiques, et ressemblent à s’y méprendre à celles du lycée, en un peu plus poussées, dirons-nous. La « prépa commerce » est un cursus d’excellence, généraliste, qui ouvre la voie vers un monde vertigineux de possibilités  : les écoles de management d’aujourd’hui mènent à des métiers extrêmement différents, et la plupart des secteurs sont accessibles une fois diplômé de telles écoles.

Pas facile donc de trancher un dilemme aussi cornélien que celui de son avenir professionnel avant même d’avoir rejoint une de ces business schools. D’autant que, cerise sur le gâteau de l’indécision, les enseignements des Grandes Écoles de management sont fondamentalement très différents de ceux de la prépa. À la géopolitique, aux maths et à la philosophie se substituent le marketing, la finance ou encore la supply chain. Certes, les écoles et les classes prépas mènent actuellement une réflexion conjointe pour rendre la transition un peu moins abrupte ; il n’empêche que les connaissances apprises en prépa demeurent par essence très théoriques, et qu’elles ne sont guère éclairantes pour les étudiants quand vient l’heure d’affiner leur projet pro.

Et alors, c’est grave ?

Tu fais peut-être partie de ces étudiants qui ont choisi de suivre une prépa afin d’intégrer une top école de management, tout en ayant en tête depuis le lycée un projet très réfléchi et précis. D’autres ont vu dans la prépa une filière d’excellence, gratuite, permettant une appréciable émulation intellectuelle… ainsi qu’un sursis salvateur avant de décider réellement quoi faire des 45 prochaines années.

Au fond, ne pas avoir de projet pro avant d’entrer en école n’est pas un crime de lèse-majesté : précisément, l’une des missions des écoles de management, peu importe celle que tu intègres, est de t’aider à définir clairement ce projet.

Parler de son projet professionnel en entretien : un pari gagnant ?

Certes, savoir pourquoi on veut entrer en école de management peut s’avérer être un gros plus en entretien de personnalité. Néanmoins, il n’est de fait pas rédhibitoire de demeurer  encore indécis (heureusement, d’ailleurs, sinon les promos des écoles seraient décimées !). Plus qu’une idée arrêtée sur la question de ton projet professionnel, les jurés vont plutôt chercher à mesurer ton intérêt pour le monde du business de manière générale.

En effet, à défaut de savoir vers quoi orienter, le jury d’entretien va tenter de déceler – entre autres – si ta personnalité et tes aspirations coïncident avec l’école que tu prétends intégrer. Ce qui peut donc être davantage problématique pour ta note d’entretien, c’est de sembler « bloqué(e) » en prépa et de ne montrer aucun intérêt manifeste pour la suite des événements. À ce titre, la préparation aux oraux doit donc te servir à amorcer la transition entre ta vie de préparationnaire et celle d’étudiant(e) en école de commerce.

Ce qui peut également être dévastateur pour ta note d’entretien qui, faut-il le rappeler, détermine presque à elle seule ton admission ou ta non-admission à une école, c’est, à l’image de Romain Duris dans Les Poupées russes, de sortir le pipeau sur ton projet pro. Mieux vaut en effet ne PAS avoir de projet que s’en inventer un. Ainsi, il est hors de question de s’adapter à chaque école en fonction de ses spécificités en déclarant être fan de marketing le mardi, puis avoir toujours voulu faire de la finance le mercredi. Un petit alignement entre tes envies et ce que propose l’école peut s’opérer à la marge – cela permet de montrer que tu t’es réellement renseigné(e) sur l’école, ce qui est toujours apprécié – mais pas question pour autant d’inventer. Cela risque de rendre l’entretien extrêmement inauthentique, ce qui se perçoit assez facilement. Pour peu que ton jury soit composé d’un professeur de la discipline dont tu te prétends passionné(e), on passe carrément dans le registre de la tragédie…

Bon mais du coup, quel projet puis-je défendre ?

Si tu ne sais toujours pas ce qui pourrait t’intéresser parmi les opportunités qui existent en école de commerce, on te propose un petit panorama, le plus complet possible mais forcément non exhaustif, des potentiels débouchés :

Les différentes typologies de métiers

La finance

Principal débouché des étudiants de business school, les métiers de la finance sont plébiscités parce qu’ils permettent de toucher à une fonction stratégique de l’entreprise et, il faut bien le dire, parce les rémunérations correspondantes sont généralement alléchantes.

Cela dit, la finance regroupe un panel extrêmement large de disciplines que l’on peut séparer en deux grandes branches : la finance de marché et la finance d’entreprise. Au sein de ces deux branches, on retrouve notamment : audit interne et audit externe, contrôle de gestion, private equity, M&A, … Il serait trop long de détailler ici en quoi consiste chaque domaine, mais il faut bien retenir en revanche que « travailler dans la finance » ne veut pas dire grand-chose tant ces métiers sont différents les uns des autres. À creuser donc si tu souhaites en parler en entretien.

Le conseil

Là aussi, ces métiers sont considérés comme très formateurs et ont la réputation d’être fortement rémunérateurs, ce qui les rend assez attractifs. Le conseil regroupe également des réalités de métiers assez larges : conseil en stratégie, conseil opérationnel ou conseil en organisation et en management, il y en a pour tous les goûts !

Le marketing 

Parfois considéré comme « bullshit » par les étudiants de première année, le marketing fait pourtant partie des incontournables en école de commerce. Une fois encore, difficile de détailler tous les métiers qui se rapportent à cette fonction clé de l’entreprise. On peut toutefois donner une définition de ce terme, qui permet bien de se rendre compte de l’importance du marketing au sein de l’entreprise et de la pluralité de métiers qui s’y rapportent. Le marketing est donc l’ensemble des actions qui ont pour objet de connaître, de prévoir et de stimuler les besoins des consommateurs à l’égard des biens et des services et d’adapter la production et la commercialisation aux besoins ainsi précisés. Déterminer un prix de vente optimal fait par exemple partie du marketing et non de la finance d’entreprise. Rappelons que sans son génie marketing, Apple ne réussirait pas à mettre un iPhone entre les mains de la majorité des préparationnaires. De même, Starbucks ne vaudrait pas 93 milliards de dollars en vendant des cappuccinos dans des gobelets en plastique.

Les ressources humaines

Les métiers des RH ont la cote auprès des étudiants d’écoles de commerce, qui sont de plus en plus nombreuses à offrir des spécialisations dans ce domaine. DRH, consultant au sein d’un cabinet, chasseur de tête… là encore, tu as l’embarras du choix !

L’entrepreneuriat

D’après une étude menée par l’EDHEC NewGen Talent Centre, un tiers des étudiants de prépa se voit créer une entreprise à terme. Si, in fine, une infime minorité d’entre eux franchissent vraiment le pas pendant ou après l’école, il n’empêche que la création d’entreprise a clairement le vent en poupe. Les écoles ont mis en place de nombreux dispositifs pour aider les étudiants-entrepreneurs à se lancer, à l’image des incubateurs ou des parcours qui flexibilisent le suivi des cours pour les graines de startupers.

Outre l’entrepreneuriat, les diplômés d’école de commerce se laissent également tenter par l’intrapreneuriat, qui consiste à initier et à mener un projet ad hoc au sein d’une plus grande structure.

Le business development

Grosso modo, le business development est l’unité chargée d’accroître le chiffre d’affaires de l’entreprise en développant son activité sur les marchés dans lesquels elle est implantée, ou bien en cherchant de nouvelles opportunités. In fine, le business development est un moyen plus sexy de désigner les fonctions commerciales. N’oublions pas que les business schools sont… des écoles de commerce.

Supply chain, achats et logistique

Ces métiers consistent à optimiser la gestion des flux circulants de l’entreprise (stock, livraison, approvisionnement, etc.). Ça ne parait pas très reluisant de prime abord, mais le besoin des entreprises pour ces fonctions est réel !

Et tout le reste…

Nous l’avons dit en préambule, nombreuses sont les voies qui s’ouvrent après une école de commerce. Depuis quelques années, les écoles de commerce ont largement étoffé leurs offres de doubles-diplômes avec d’autres établissements. Il est donc possible de suivre une formation hybride, qui mène à des métiers nécessitant une expertise en management et dans un autre domaine (droit, géopolitique, ingénierie, architecture, design, etc.). Il y a enfin les diplômés plus originaux, qui ouvrent des boulangeries, deviennent prêtres ou sportifs de haut niveau. Bref, il y a finalement autant de parcours que de diplômés, c’est ce qui fait la richesse de ces formations.

Au-delà des métiers

D’autres questions liées à la carrière peuvent être abordées en entretien, et méritent une certaine introspection. Ai-je envie de travailler dans un grand groupe ou dans une petite start-up, en France ou à l’étranger ? On peut également affectionner un secteur en particulier (le luxe, le sport, le digital, etc.) sans avoir de métiers précis en tête pour autant… Il peut néanmoins être opportun de parler de ces esquisses de projets : cela montre que tu t’es déjà réellement projeté(e) dans ton avenir professionnel, dès lors que tes justifications semblent réfléchies et sont bien argumentées.