Le 8 et 9 juin 2018 s’est tenu sur le campus de KEDGE Bordeaux le congrès annuel de l’APHEC (Association des Professeurs des classes préparatoires économiques et commerciales).

Formée de 1500 adhérents, elle fédère et relie des professeurs répartis dans environ 170 établissements à classes préparatoires économiques et commerciales. L’APHEC entretient un dialogue privilégié avec les grandes écoles de management et l’ensemble des acteurs institutionnels. Elle participe à tous les débats concernant la filière économique et commerciale et intervient sur tout sujet engageant l’avenir du dispositif national des classes préparatoires.

Le thème abordé lors du congrès cette année était le continuum prépas – Grandes Ecoles, enjeu majeur pour les étudiants, les professeurs ainsi que pour les grandes écoles de commerce.

Une attractivité à travailler

Aujourd’hui, la classe préparatoire paraît moins attractive par rapport à d’autres cursus pour certains lycéens. Ces derniers ont besoin de mettre du sens dans leurs choix et dans leurs études, et la classe préparatoire ne permet plus cela pour tous. A l’inverse, les IEP et les Bachelors connaissent de plus en plus de succès auprès des meilleurs élèves. C’est ainsi que le taux de croissance des effectifs en classe préparatoires demeure inférieur à celui des effectifs des élèves de Terminale.

Or, la classe préparatoire est une excellente formation, en termes de connaissances académiques mais aussi en termes de méthodes de travail et de connaissance de soi. Il est donc crucial que les jeunes étudiants continuent à se tourner vers ce parcours formateur à tous niveaux.

Créer un continuum

Pour pallier cela, il s’agit de donner du sens à ce parcours en créant un continuum entre la classe préparatoire et l’entrée en grande école. En amont, c’est-à-dire pendant la classe préparatoire, cela peut prendre la forme d’un stage d’immersion en entreprise entre les deux années. Plus de 40 classes ont expérimenté cela cette année.

Selon Alain Joyeux, Président de l’APHEC, une telle expérience permet aux élèves de se projeter et ils peuvent s’en servir lors des entretiens de personnalité. En imposant un tel stage, l’objectif est aussi de combattre les inégalités sociales : « tous ont l’occasion de sortir de la classe ». Et pour éviter que les élèves soient passifs pendant cette période, une mission claire est définie et ils doivent rendre un rapport d’étonnement de 3-4 pages à la rentrée.

Stéphanie Beucher, professeure de géopolitique au lycée Montaigne (Bordeaux), suggère également d’augmenter les interventions d’étudiants, accroître les liens entre les différentes matières étudiées et de montrer aux élèves l’importance de leurs cours de classe préparatoires dans leur formation professionnelle. Cela montrerait aux élèves de classe préparatoire qu’il n’y a pas de nette rupture entre leurs deux premières années et l’école de commerce. L’idée est donc d’insister sur le fait que la formation totale est à penser sur 5 ans et non 2 puis 3 ans.

Pascal Vidal, directeur des programmes à KEDGE, souligne que les étudiants passent de 1200-1300 heures de cours par an en classe préparatoire à 400 heures en école. Ainsi, il met en avant le fait que le continuum prépas – Grandes Ecoles doit aussi être assuré en aval, c’est-à-dire par les écoles de commerces. Certaines écoles, de tous niveaux, ont déjà adapté leur programme de première année pour pallier cet écart, avec notamment des cours « de transition ». Une quinzaine d’écoles figurent dans ce groupe de réflexion.

En définitive, le continuum prépas – Grandes Ecoles  doit être mis en avant pour que les étudiants continuent à être séduits par la voie d’excellence qu’est la classe préparatoire. Et cela passe par un dialogue accru entre les classes préparatoires et les grandes écoles, qui peut notamment se concrétiser sous la forme de stages d’immersion entre les deux années de classe préparatoire.