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Pour la huitième année consécutive, l’EDHEC NewGen Talent Center sort son étude menée auprès des préparationnaires intitulée « au-delà de la prépa, une expérience de vie ». Ce titre, évocateur, est au même ton de cette étude qui, chaque année, remet en cause les clichés que subissent de plein front les classes préparatoires.

Menée auprès de près de 2000 préparationnaires de tout milieu, l’étude offre une perspective unique qui compte bien rassurer les élèves de lycée sur la vie en classe préparatoire. Le message est clair : la prépa n’est pas un calvaire dans lequel les étudiants sont malheureux mais plutôt un lieu prospère où ils mûrissent et sont heureux. Au sujet sur la table cette année : l’expérience prépa, les concours par temps de COVID et les aspirations professionnelles des préparationnaires. Quels sont les points importants à retenir de cette étude ?

Contrairement aux aprioris, la vie en prépa n’a rien d’insurmontable

 Le bien-être en prépa

On entend souvent dire qu’en prépa, les étudiants sont malheureux, qu’ils sont cassés et qu’ils n’apprennent rien qui leur soit utile pour la suite de leurs études. Et pourtant, à la question « Indépendamment des résultats des concours, referiez-vous une classe préparatoire ? » 76% répondent « oui », avec des résultats presque identiques entre les genres. Irréfutablement, malgré les difficultés inhérentes à la vie en prépa, les étudiants restent satisfaits de leur choix et n’hésiteraient pas reproduire l’expérience. Seuls 8% des sondés ne voudraient pas retenter l’aventure, le reste se montrant indécis.

Les raisons du malheur de ces quelques étudiants sont variées : certains citent l’effort de rigueur et plus globalement l’investissement qui est trop important à leur goût. D’autres trouvent la prépa trop stressante, ou ce sont sentis poussés par leurs parents alors que la prépa n’était pas à leur goût. Il est indéniable que l’atmosphère prépa peut être parfois anxiogène : sur une échelle de 0 à 10, les étudiants ont un niveau de pression ressentie à 6,8. Les étudiantes ont tendance à plus ressentir la pression que les étudiants (7,2 contre 6,5).

Néanmoins, ce stress est pour une grande majorité constructif. D’après l’étude, une large part des étudiant le trouvent plus motivant que stérile. Les chiffres montrent qu’il n’est pas un responsable d’un soi-disant mal-être des étudiants et les aide plutôt à se dépasser et à donner le meilleur d’eux-mêmes.

Au-delà des enseignement, la prépa est un enrichissement personnel

L’enseignement purement académique n’est pas la seule source de motivation des préparationnaires. Les étudiants choisissent cette voie aussi pour développer des capacités annexes, trop souvent négligés par les détracteurs des classes préparatoires. Ainsi, le challenge et l’acquisition de méthodes de travail sont parmi les critères les plus cités dans les choix des étudiants de partir en classe préparatoire.

Ces critères dans les choix de prépa ont un impact direct sur le développent personnel des étudiants de prépa. La stimulation intellectuelle et l’envie de se dépasser sont pour une grande majorité des sondés une source de leur épanouissement (pour plus de 90% des sondés). Dans leur travail acharné et sans relâche, les étudiants trouvent un réel sens et tiret un réel enrichissement à leur passage en classe préparatoire et c’est pourquoi ils seraient nombreux à aller de nouveau la prépa s’ils devaient refaire le choix.

L’avis des étudiants sur les concours durant la pandémie

La pandémie mondiale et le confinement a bouleversé le déroulement des concours, et pour la première fois depuis leur création, les oraux ont été annulés. Avec l’évolution sanitaire actuelle plus qu’incertaine, il est intéressant de s’interroger sur le vécu des préparationnaires pendant cette période plus que déterminante. Le confinement a aussi suscité de nombreux débats sur l’égalité des conditions de révision entre les candidats : ces conditions ont-ils jouées sur les résultats aux concours ?

La grande majorité des préparationnaires sont rentrés chez leurs parents pendant le confinement qui précédait les concours (85%). Seuls 5% des étudiants interrogés sont restés dans un logement individuel, et 5% étaient en collocation pour réviser les examens. Ces chiffres ne donnent pas une idée claire des conditions précises dans lesquelles les étudiants ont révisé leurs concours. Certains ont pu jouir d’une bonne connexion internet, ce qui leur permettait de suivre quelques cours en distanciel, alors que d’autres ont du faire une croix sur les cours en Zoom. Les plus chanceux ont pu bénéficier d’un jardin pour s’aérer, alors que d’autres sont restés enfermés durant trois long mois.

Une chose est sûre, ce confinement rallongé a rabattu les cartes. Il a permis à de nombreux étudiants de rattraper leur retard ou de consolider leurs connaissances dans de nombreuses matières. Pourtant, les inégalités persistent. L’étude ne précise pas que les étudiants n’ont pas eu le même accompagnement durant le confinement. Dépendant de la prépa et du professeur, l’étudiant pouvait avoir des DS à distance ou des DM à rendre chaque semaine. Cette inégalité a pu jouer en faveur de quelques élèves, alors que nombreux sont ceux qui n’ont pu que compter sur eux-mêmes.

Mais qu’ont pensé les préparationnaire de la suppression des oraux ?

Une part non négligeable des préparationnaires interrogés ont déclaré que la suppression des oraux auraient un impact négatif sur leur admission en école. Plus précisément, 50% des sondés jugent défavorable la suppression des oraux sur leur admission, alors qu’environ 25% la déclarent favorable. Le dernier quart quant à lui juge que la mesure n’aura pas eu d’impact sur leur admission.

Ceux qui ont jugé défavorable la mesure pointent du doigt le potentiel désavantage créé par la suppression des oraux : elle avantagerait certaines prépas qui se focalisent sur les écrits et préparent moins les oraux. D’autres pensent que cette mesure aurait eu comme conséquence d’homogénéiser les profils, en avantageant seulement les meilleurs dans les matières à haut coefficient. Les étudiants bons à l’oral mais moins bons à l’écrits n’auront pas eu la chance par exemple de se rattraper grâce à leurs talents oratoires.

Mais un grand préjudice de cette mesure, pour les préparationnaires, est de ne pas pouvoir découvrir l’école dans laquelle ils sont admissibles. Les oraux sont toujours l’occasion pour les étudiants de découvrir l’environnement de ce qui sera peut-être leur future école, et ce temps permet parfois aux étudiants de faire leur choix entre deux écoles dans lesquels ils seraient admis.

Une autre chose est à noter, non abordé par l’étude, ce constat est partagé par les écoles qui se situent dans le milieu ou bas du classement. Elles comptent souvent en effet sur les oraux pour montrer aux candidats qu’ils ont une meilleure ambiance ou un meilleur environnement que les écoles concurrentes.

 

Quelles sont les aspirations professionnelles des étudiants ?

Globalement, les étudiants préfèrent de plus en plus travailler en Freelance ou créer leur entreprise plutôt qu’être salariés. Environ 40% des étudiants souhaitent désormais travailler à leur compte contre 22% en 2014.  Ils préfèrent aussi de plus en plus travailler dans des entreprises à « taille humaine » plutôt que de travailler dans de grandes entreprises, même si 31% d’entre eux déclarent quand même vouloir travailler dans une entreprise de plus de 5000 personnes.

Ainsi, il y a un intérêt de plus en plus marqué pour les carrières d’entreprenariat et les étudiants veulent de moins en moins travailler à l’étranger. L’international périclite et intéresse de moins en moins les préparationnaires : 40% d’entre eux veulent travailler en France, alors qu’en 2014 ils n’étaient que 30%. La tendance semble se confirmer à travers les années.

Autre étude importante souligné par l’enquête : la confiance des étudiants en leur avenir professionnel. Contre toute attente, la confiance des étudiants dans le marché du travail n’a presque pas évolué entre aujourd’hui et l’année dernière, malgré le COVID. Ils restent majoritairement confiants dans leur chance d’intégrer le marché du travail après leur diplôme.

Pour ce qui est des aspirations professionnelles, elles restent globalement stable. Comme l’année dernière et les années précédentes, les étudiants masculins se voient travailler en institution financière et en conseil (près de 40% des sondés) alors que les étudiantes préfèrent quant à elles le secteur des médias, de la culture et du luxe.