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Seules disciplines, avec la Culture Générale, à constituer un tronc commun aux deux filières des classes préparatoires économiques et commerciales, les langues vivantes en prépa ECG doivent relever le défi d’un enseignement à multiples facettes, s’adressant à des publics variés. Elles offrent, de plus, la particularité d’être évaluées à l’écrit et à l’oral par toutes les Écoles, sauf exception comme en 2020 où le contexte sanitaire a obligé à la suppression des oraux, catastrophique pour nombre d’étudiants et d’Écoles. 

C’est donc avec ce double objectif de compétences écrites et orales que les programmes de langues vivantes en prépa ECG, qui entrent en vigueur à la rentrée 2021, ont été retouchés. 

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Prépa ECG : 2 filières, 5 parcours, mais un seul et même programme en langues vivantes

La filière ECT propose un parcours quand la nouvelle prépa ECG (qui remplace les ex-ECE et ECS) en propose 4 : maths approfondies ou maths appliquées combinées avec soit HGG ou ESH.

Même si les nouveaux programmes n’ont fait l’objet de retouches que pour la nouvelle ECG, ils devraient aussi s’appliquer aux ECT puisque les deux filières passent les mêmes épreuves. 

 

Un programme de langues vivantes seulement retouché, avec quelques nouveautés ou réaffirmations

Relativement proche des programmes rédigés en 2013 qui sont en vigueur actuellement, la nouvelle version est légèrement « liftée », mais n’a pas subi de modification radicale… Nous y trouvons aussi bien l’axe de l’écrit que de l’oral pour lequel les khôlles jouent un rôle déterminant. Cette pratique régulière, en plus de vérifier les acquisitions, développe l’expression orale en continu et en interaction, deux compétences qui seront nécessaires au futur professionnel.

Le 1er semestre reste une phase d’homogénéisation des niveaux des étudiants ayant connu des méthodes et des parcours différents. Nous pouvons très vraisemblablement supposer qu’il faudra plus d’un semestre pour cela… Fort de sa liberté pédagogique réaffirmée dans ces programmes, l’enseignant pourra adapter sa progression et ses pratiques à un public sans nul doute encore plus hétérogène.

Considérant que les enjeux et la finalité de ces deux années restent les mêmes, les points détaillés ci-dessous s’inscrivent dans l’esprit d’une modernisation des enseignements qui permettra d’assurer la continuité avec le nouveau lycée.

 

Le CECRL comme cadre pour les enseignants

C’est sans doute là le plus grand changement de ces nouveaux programmes. En effet, le but est de mettre fin à l’incohérence actuelle qui crée une rupture — ou parenthèse — de deux ans entre le lycée et les Écoles qui utilisent le « cadre européen commun de référence pour les langues » (CECRL) comme repère de niveau et compétences. Cette situation est d’autant plus paradoxale que lors des rédactions de CV pour les entretiens de personnalité, il est conseillé à l’étudiant d’y faire figurer son degré de maîtrise des langues avec la codification CECRL.

 

Il a du reste été répété que « le CECRL n’a pas de valeur certificative, mais indicative, l’idée étant d’assurer une continuité avec le lycée », ce qui devrait rassurer aussi bien les étudiants que les enseignants, parfois réticents face à cette nouvelle approche. 

Les niveaux de compétences ciblés au terme des 2 années sont de B2 vers C1 pour la LVA, notamment dans les compétences de réception, et B1 vers B2 (voire C1) pour la LVB. Toutefois, il est bien établi que les étudiants sont recrutés par le biais de concours, aussi, le  CECRL n’est pas un outil évaluateur ou certificatif mais propose le cadre de référence de l’enseignement linguistique.

 

Importance de la langue en prépa ECG

Dans l’esprit des anciens programmes, l’écrit revendique avec force l’exercice de la traduction comme outil essentiel à l’apprentissage de la langue. Les nouveaux programmes préconisent un entraînement à la traduction de textes variés, ce qui laisse présager un recours plus systématique aux extraits journalistiques ou littéraires, le thème grammatical étant davantage considéré comme un exercice formatif qu’évaluatif. Loin de vouloir transformer l’étudiant en futur agrégatif, le but clairement exprimé est de lui permettre une communication fluide avec l’autre dans la langue cible lorsqu’il sera amené à effectuer des stages ou à étudier à l’étranger.

 

Les enjeux du monde contemporain comme fil directeur

Face à un glissement sociétal de certains sujets de concours ces dernières années, les nouveaux programmes et les Écoles réaffirment nettement l’aspect civilisationnel de ces deux années de CPGE qui doivent offrir à l’étudiant des bases très solides en expression, mais aussi l’armer pour lui faire prendre conscience des enjeux du monde contemporain, lui permettant d’« éclairer les réalités économiques, sociales et politiques ». L’expression est un outil de communication, une compétence à mettre au profit de la connaissance de l’autre.

Afin de bien différencier les deux termes, est considéré comme sociétal un thème ou sujet de société sans réel ancrage dans l’idiosyncrasie du pays tels que l’obésité, les réseaux sociaux, la pandémie ou le réchauffement climatique abordés sous un angle autre que celui économique ou politique, etc…

A l’inverse, le sujet civilisationnel prend appui sur la réalité du/des pays de l’aire d’étude afin d’amener l’étudiant à mieux en cerner ses particularités et ses relations internes ou externes. Nous pouvons citer pour exemple, les conséquences politiques des mouvements sociaux en Amérique Latine, the ‘special relationship’ in a post Brexit world, le défi de la succession d’Angela Merkel, et bien d’autres encore… 

 

En somme, il s’agit d’offrir à l’étudiant des connaissances civilisationnelles qu’il pourra mobiliser au cours de sa carrière, de leur donner du sens, et de construire une compréhension d’un monde aujourd’hui global, incluant une multitude de diversités, afin que l’étudiant puisse nouer des liens avec ses futurs partenaires commerciaux étrangers. 

 

ECRICOME semble avoir déjà pris la mesure de cette orientation en axant très nettement sa nouvelle épreuve orale dans ce sens. Si l’on consulte leurs attendus, nous y trouvons qu’une partie de l’épreuve sera dédiée à : « un entretien libre avec le candidat donnant lieu à un véritable échange, permettant de vérifier les connaissances civilisationnelles du candidat en lien direct ou indirect avec la vidéo. »

 

Mise en activité de l’étudiant dans le programme de langues vivantes

Un des points qui a le plus interrogé est cette insistance sur la « mise en activité ». Il est évident qu’avec un public arrivant bien mieux formé à l’oral, aux travaux de groupe, à l’autonomie, la logique de continuité aura prévalu.

Bien entendu, il serait illusoire de croire qu’avec des effectifs de 48 élèves par classe et avec un programme dense, les ateliers, les îlots, les tâches en groupes constitueront la plus grande part de l’apprentissage. Toutefois, il y a moult façons de mettre à profit la liberté pédagogique pour rendre les étudiants actifs.

Si finalement, il n’y a ni révolution ni modification structurelle, c’est dans un esprit de cohérence et dans une recherche de lien et de sens qu’il faut entendre les retouches apportées aux programmes de l’enseignement des LV. En effet, faire du lien avec les autres disciplines — hybrider —, doter les étudiants des outils de communication et des connaissances civilisationnelles, tout cela contribuera à donner du sens au citoyen et au futur professionnel que nous formons aussi, au-delà du candidat qui doit passer des concours, en espérant que par cohérence, ceux-ci respectent et s’inscrivent dans les programmes auxquels sont soumis étudiants et enseignants… 

Article rédigé par Christine Pires, vice-présidente de l’APHEC (voie E) et professeur d’espagnol en classe préparatoire économique et commerciale