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Consécutive à la réforme du lycée qui sonne le glas des voies S, ES et L, la réforme de la prépa EC devient effective à la rentrée 2021 alors que les premiers “nouveaux bacheliers” feront leur entrée en CPGE. Cette nouvelle donne suppose de nombreuses conséquences directes comme indirectes pour la filière, que nous allons détailler ici.

Une filière et quatre parcours : la prépa ECG remplace les voies ECS et ECE

La filière ECT se trouve logiquement en dehors de ces changements. En effet, la réforme n’apporte pas de modification aux bacs technno. En revanche, exit les filières ECS et ECE, place à la prépa ECG ! Cette nouvelle filière “Générale” met fin à la dichotomie historique entre d’un côté géopolitique et maths niveau ECS et, de l’autre, ESH et maths niveau ECE. Les étudiants seront désormais invités à choisir le niveau de mathématiques qu’ils souhaitent entre “maths approfondies” et “maths appliquées”. Ils feront de même entre géopo et ESH. En somme, il existe désormais une seule filière pour les étudiants titulaires d’un bac général, mais quatre menus leur sont accessibles.

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En termes de spécialités, la seule contrainte impérieuse sera d’avoir conservé un enseignement de mathématiques en première et en terminale. Il est nécessaire de prendre la spécialité mathématiques en première. En terminale, il faudra soit la conserver, soit choisir l’option maths complémentaires. Il est aussi possible (voire stratégique) de prendre l’option maths expertes. Celle-ci permettrait d’atteindre le meilleur niveau possible en maths à l’issue de la terminale.

Du reste, toutes les autres spécialités peuvent convenir dans l’optique d’intégrer une prépa ECG. Il ne sera pas nécessaire d’avoir choisi HGGSP pour faire de la géopolitique, ni d’avoir pris SES pour faire de l’ESH. Toute spécialité relative aux langues ou aux sciences humaines pourra être mise à profit.

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Des réécritures plus ou moins importantes des programmes

Chaque matière est ainsi plus ou moins impactée par la réforme. L’objectif est double : coller aux enjeux contemporains et rester accessible à un public plus éclectique qu’auparavant. Pour les mathématiques, c’est surtout les maths appliquées qui s’écartent du programme de maths ECE, avec une valorisation d’applications plus directes des concepts abordés. Par ailleurs, l’usage de Scilab pour l’informatique est abandonné au profit de Python, bien plus usité.

Les programmes d’ESH et de HGGMC ont été quelque peu remis au goût du jour. Les enjeux liés au développement prennent une place plus importante qu’auparavant. Le volume horaire en HGGMC passe enfin de six à sept heures, avec un renforcement de la dimension économique du programme. Les deux programmes ont été pensés de sorte à ce qu’ils demeurent accessibles pour des lycéens qui n’auraient pas pris les spécialités correspondantes au lycée.

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Enfin, le contenu des matières du tronc commun n’évolue qu’à la marge ; on notera néanmoins que la matière qui prépare à la fois aux dissertations, à la synthèse de textes et à la contraction de texte s’appelle désormais “Littérature et philosophie”.

Quelle réforme des concours écrits ?

La contraction justement pourrait être l’une des victimes de cette prépa new look. La réforme de la prépa ECG devrait aussi entraîner celle des concours de 2023, les premiers à voir composer des étudiants de prépa ECG. Les écoles conceptrices des épreuves BCE auraient exprimé le souhait de supprimer la contraction de texte (réalisée par HEC Paris). Elles envisageraient aussi de remplacer les traductions et les essais en langues par une épreuve de synthèse semblable à celle proposée à Centrale pour les prépas scientifiques. Ces intentions ont provoqué la colère de la majorité des professeurs de prépa.

Une autre question majeure demeure toujours en suspens : celle des quotas pour chaque parcours de prépa ECG. En effet, auparavant, la répartition entre ECS et ECE découlait naturellement des différentes filières du bac. Désormais, ce hiatus ne fait plus sens. On peut craindre que les étudiants se précipitent vers les maths appliquées au détriment des maths approfondies.

Pour autant, il y a deux limites à ce raisonnement. D’une part, beaucoup de lycées vont continuer à ne proposer que les menus qui correspondent aux anciennes filières. On peut douter du fait qu’un lycée qui n’accueillait qu’une classe prépa ECS offre le menu HGGMC / maths appliquées. Certains choisiront donc les maths approfondies par simple commodité. Par ailleurs, le coefficient en maths approfondies sera plus élevé qu’en maths appliquées, ce qui devrait inciter celles et ceux qui sont brillants dans cette discipline à tout de même choisir la difficulté.

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Le dilemme des mathématiques pour l’attractivité de la filière

Autre interrogation majeure : quelle sera la conséquence de ces deux réformes sur l’attractivité de la filière. On peut d’ores et déjà s’attarder sur quelques points d’attention. Le plus important d’entre eux se cristallise autour des mathématiques. Elles ne figurent pas dans le tronc commun du lycée en première et en terminale.

Avant la réforme, environ 85% des lycées en voie générale se trouvaient en S ou en ES. Selon les chiffres révélés par l’Éducation nationale cette année, seuls 60% des premières ont choisi la spécialité mathématiques, tandis que 41% la suivent en terminale. On notera que 50% des filles ont abandonné la spécialité mathématiques entre la première et la terminale, contre 30% des garçons.

On peut donc considérer que le vivier de prépas EC potentiels en voie générale s’est réduit de moitié à cause de la réforme. Il faut donc s’attendre à ce que les prépas les moins sélectives acceptent des étudiants qui n’ont pas suivi d’enseignement en mathématiques. Pour autant, cela suffira-t-il à maintenir à flot les effectifs globaux de prépa ? La filière toute entière pourrait en pâtir, bien que les résultats provisoires de Parcoursup soient pour le moment plutôt encourageant. Pour rappel, il y a déjà plus de places proposées dans les écoles que de candidats aux concours chaque année.

D’un mot donc, la prépa EC se trouve à un tournant majeur de son histoire, elle qui est perpétuellement décriée par ses détracteurs qui la jugent élitiste, inéquitable, héréditaire ou obsolète. Faut-il rappeler que la prépa, filière d’excellence gratuite comme il en existe peu, est encensée par ceux qui l’ont suivi. 90% des ex-prépas EC la recommandent selon l’étude de l’EDHEC NewGen Talent Centre… À charge à nous ainsi qu’à vous, chers lecteurs, d’informer et de convaincre les plus jeunes !

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