La prépa littéraire

Les prépas littéraires sont (trop) souvent délaissées par les bacheliers, au profit des prépas économiques, généralement vues d’un meilleur oeil par ces derniers. Qualifiées de vieux-jeu, sans débouchés, “pour les filles et les hippies”, etc., autant d’idées reçues qui empêchent certains de sauter le pas et de rejoindre la grande et belle famille des littéraires. Si tu lis cet article, c’est que tu t’interroges sur le bien fondé de ces prépas, alors aujourd’hui nous allons passer en revue les 5 meilleures raisons d’aller en prépa littéraire !

Petite mise au point avant de commencer ce top : il existe 2 sortes de prépas littéraires, les AL (Lettres), les véritables et originelles prépas littéraires,  et les petites nouvelles, les BL (Lettres et Sciences sociales), un savant mélange entre les AL et les ECE.

1. Une classe diversifiée, tu auras

  • Si l’on regarde les prépas commerciales, on peut vite se rendre compte qu’elles sont séparées en 3 grandes catégories : les ECE pour les bacheliers ES, les ECS pour les anciens S, et les ECT pour les ex-STMG, c’est un petit peu “chacun chez soi”… Alors qu’en prépa littéraire, les profils sont beaucoup plus variés !
  • Si, en effet, la classe préparatoire A/L se compose essentiellement d’ancien bachelier L, les portes n’en sont néanmoins pas fermées aux bacheliers des autres filières. Ainsi, Alain Brunn, professeur à Versailles, déclarait avoir des bacheliers scientifiques “je n’ai jamais vu un bon dossier bloqué parce qu’il venait de terminale S”.
  • Concernant la BL, les profils sont très variés. En effet, on y retrouve un grand nombre d’enseignements, allant de la philosophie aux maths en passant par l’économie. Ainsi, environ 50% des élèves viennent de S, 35% de ES, et 15% de L (attention, il faut obligatoirement avoir pris option maths en L !). Et pas de panique, tout le monde peut réussir : dans ma promotion, une ancienne L était parmi les meilleures en mathématiques, alors que certains anciens S n’en menaient pas large…

Pour conclure, la prépa littéraire t’accepte d’où que tu viennes, il suffit d’être motivé !

2. Une méthode rigoureuse, tu acquerras

  • La prépa, c’est aussi et surtout l’assimilation de méthodes de travail. En effet, l’étudiant passe 2 ans à s’entraîner à diverses formes d’exercice, que ce soit en DS ou en khôlle.
  • Les prépas littéraires tournent énormément autour de l’exercice de la dissertation (sauf en maths évidemment). A la fin des 2 ans, les étudiants maîtrisent donc à la perfection les codes de cet exigeant exercice, et sont ainsi connus pour leurs capacités rédactionnelles. Les analyses de texte en français aident aussi à forger l’esprit critique des étudiants, dont ils font preuve dans d’autres exercices De même, la dissertation d’histoire invite, non plus à répéter le cours comme au lycée, mais véritablement à réfléchir sur les problématiques mondiales.
  • Un étudiant en prépa littéraire s’interroge (philosophie bonjour), il sait démontrer, aller chercher les matériaux de réflexion adéquats et refuse l’analyse binaire simpliste. Nous irons même jusqu’à dire que le préparationnaire littéraire a voyagé grâce à ses lectures et son savoir, aiguisant sa plume au rythme de son ouverture sur le monde… Ca donne envie non ?

3. A tout, tu toucheras

  • Un des gros points forts des prépas littéraires, et notamment de la prépa BL est qu’elles sont très touche-à-tout. Ainsi, on dit souvent que la BL est le prolongement du bac ES, on la surnomme même la “prépa généraliste”.
  • Prenons l’exemple justement de la BL : les matières enseignées sont la philosophie (une grande variété de thèmes comme celui de la conscience, du sujet, du désir…), le français (pas de programme, il faut étudier les 3 genres littéraires), l’anglais, l’histoire (le monde depuis 1918 et la France depuis 1870), l’économie et la sociologie, les maths (vaste programme, plus poussé que les ECE mais moins que les ECS) ainsi qu’une option à choisir entre une LV2 ou géographie. La BL est décrite comme faite pour “les scientifiques aimant la littérature et les littéraires aiment les sciences”, c’est pas beau ça ?
  • Nous voyons donc que la prépa littéraire forme des étudiants complets, possédant une vaste culture générale et de fortes capacités rédactionnelles (dissertation oblige…), ce qui fait que tu peux traiter n’importe quel sujet et que tu n’as de lacune nul part : des profils très recherchés dans les écoles, ainsi que chez les employeurs.

4. Rare, tu seras

  • Eh oui, les prépas littéraires sont largement minoritaires face aux mastodontes économiques ! Si l’on regarde les chiffres, il y a environ 105 ECE, 110 ECS et 35 ECT, contre 40 AL et 25 BL Malgré l’ouverture de nouvelles BL, nous voyons bien que l’écart est extrêmement important. Ainsi, il y a une proportion très faible de littéraires admis dans les écoles de commerce, puisqu’ils sont face aux prépas éco (environ 20/25%).
  • Or, rare veut dire recherché ! En effet, certaines écoles affichent clairement leur envie de recruter des élèves venant de prépas littéraires, grâce à leurs capacités rédactionnelles, leur ouverture d’esprit, leur sensibilité au milieu culturel, leurs connaissances concernant la littérature, la philosophie (cf point 3)…, qui détonnent par rapport aux élèves des classes économiques. Ainsi, de nombreuses écoles ouvrent des parcours en Management des Industries Culturelles, et mettent l’accent sur le secteur culturel, comme c’est le cas pour Audencia, ce qui attire souvent les étudiants. Et cette double culture littéraire et managériale à la sortie des écoles de commerce s’avère très bénéfique.

Aller en prépa littéraire, c’est donc aussi se démarquer !

5. D’un large choix d’écoles, tu profiteras

On entend souvent que les voies littéraires offrent peu de débouchés. Les mauvaises langues diront que tu finiras bibliothécaire ou prof de grec ancien, mais détrompe-toi ! Les prépas littéraires offrent en effet de nombreux débouchés, et en tout genre ! Voici un petit résumé de toutes les concours auxquels tu auras accès :

  • Pour les plus performants il y a bien sûr les 3 ENS, le but ultime des prépas AL et BL, mais bon…
  • Dans le domaine de la communication il y a le célèbre CELSA, et les concours d’écoles de journalisme pour les khûbes
  • Pour rester dans le domaine littéraire, les étudiants ont accès à 2 écoles de traduction et d’interprétation, l’ISIT et l’ESIT
  • Pour ceux intéressés par le domaine de la politique, nombre d’étudiants passent (et réussissent) les concours des IEP
  • Pour les BL matheux, 4 écoles d’ingénieurs sont accessibles (via le GEIDIC) ainsi que 2 grandes écoles de statistiques (ENSAE et ENSAI), ainsi qu’une école de géographie/cartographie (ENSG)
  • Enfin, aussi étonnant que cela puisse encore paraître à certains, un grand nombre d’étudiants de prépa littéraire vont en école de commerce ! En effet, les AL et les BL ont accès aux mêmes écoles de commerce que les prépas économiques, via la même banque d’épreuves, la fameuse et tant redoutée BCE. Alors fonce, HEC n’attend plus que toi !
  • Pour ceux qui n’auraient pas trouvé leur bonheur parmi toutes ces écoles, de prestigieuses facs ouvrent leurs portes, sur dossier, pour y entrer en L3, telles que la Sorbonne, Dauphine… Des facs particulièrement intéressées par les étudiants sortant de classe prépa, que tu n’aurais probablement pas eu en Terminale sur Parcoursup (même sans tous les beugs…)

Si avec tout ça tu crois encore au coup de la bibliothécaire…

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Bonus. Briller en société le samedi soir tu pourras, car la classe tu auras

  • Pour finir, il faut bien l’avouer que c’est quand même classe d’avoir fait une prépa littéraire : les gens te respectent pour avoir réussi à faire autant de philo, tout en étant solide en maths si tu es en BL, en connaissant au passage l’histoire du XX° siècle et en pouvant citer Proust, Flaubert et Barthes. Autant de connaissances qui te permettront de briller en société le samedi soir, parmi une foule d’économistes discutant du CAC40.
  • De plus, les prépas littéraires ont un langage bien à elles, la 1ère année s’appelant “l’hypokhâgne” et la 2ème “la khâgne”. Les étudiants littéraires en tirent la légère manie de mettre “kh” partout où se trouve normalement un “c” : en prépa littéraire on ne fait pas de colles mais des khôlles, ainsi que des khôllocations, et on est entre khâmarades.

Pour conclure, la prépa littéraire c’est le roc… c’est le pic… c’est le cap ! Que dis-je, c’est le cap ?… C’est la péninsule des prépas ! Alors lance-toi, c’est kant tu veux !

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