Le tourisme international

Au fil des décennies, le tourisme international a connu un essor continu et s’est diversifié de plus en plus, au point de devenir un des secteurs économiques à la croissance la plus rapide du monde. Le tourisme moderne est étroitement lié au développement et il englobe un nombre grandissant de nouvelles destinations. Cette dynamique en fait un moteur essentiel du progrès socio-économique.

Aujourd’hui, le volume d’affaires du secteur touristique égale, voire dépasse celui des industries pétrolière, agroalimentaire ou automobile. Le tourisme est désormais un des grands acteurs du commerce international et, en même temps, il constitue une des principales sources de revenus de beaucoup de pays en développement. Cette croissance va de pair avec l’accentuation de la diversification et de la concurrence entre les destinations.

L’expansion générale du tourisme international dans les pays industrialisés et développés présente des avantages économiques et crée des emplois dans de nombreux secteurs qui y sont liés.

Le tourisme international définition

Le tourisme international est un phénomène qui se définit par le déplacement de personnes vers des lieux situés en dehors de leur environnement à des fins récréatives. La durée du séjour est variable mais elle est toujours comprise entre une nuit et trois mois (au-delà on parle de migration).

Le mot tourisme vient de l’expression tirée de l’anglais « le grand tour » qu’effectuaient les jeunes bourgeois britanniques en Europe à titre initiatique. Le tourisme qualifiait donc une activité réservée à une élite. Cette activité s’est depuis démocratisée.

Le tourisme international, un secteur en pleine expansion

Le tourisme est vecteur de croissance et d’emplois

Le tourisme international affiche chaque année des résultats record : le nombre de touristes a progressé de 6% au niveau mondial en 2018, atteignant 1,4 milliard de visiteurs. La crise du coronavirus a été un réel frein au tourisme international. En 2020, le tourisme a chuté à 400 millions. Néanmoins, depuis que la situation s’est apaisée, la croissance du tourisme reprend un rythme classique de 4%. Le bilan de 2021 se chiffre à 415 millions de touristes.

Le tourisme représente 10% du PIB mondial, 7% du commerce international et 30% des exportations de services, selon l’OMT. Un emploi sur 11 dans le monde provient du tourisme, si l’on tient compte des emplois directs, indirects et induits : 319 millions de personnes étaient employées par le secteur en 2019, et ce chiffre devrait s’élever à 420 millions d’ici 2030. Le tourisme contribue grandement à la création d’emplois, en particulier pour les femmes, les jeunes et les travailleurs migrants, les communautés rurales et les populations autochtones, et a de nombreux liens avec d’autres secteurs (transport, bâtiment, télécommunication…).

Par conséquent, le tourisme international peut participer à la réduction de la pauvreté et à la promotion du développement socioéconomique.

Le tourisme est un moyen économique de se développer et de s’intégrer à la mondialisation. Ainsi, de nombreux États mettent en place des politiques pour s’approprier la manne touristique. En Tunisie, par exemple, des avantages fiscaux et financiers ont été accordés aux compagnies touristiques sous l’impulsion du gouvernement qui veut en faire un pilier de son économie. Les grandes organisations internationales encouragent le tourisme qui est vu comme une solution pour le développement des pays pauvres.

NB : Bien que ce secteur n’engendre aucune transformation de matière, on parle souvent d’ « industrie du tourisme » : même si ce terme semble inapproprié pour une activité de services.

Les tourisme est dominé par des pôles émetteurs majeurs

L’extension de l’espace touristique, symbolisée par l’ouverture de territoires longtemps retranchés comme la Chine continentale, la Péninsule indochinoise ou encore l’Afrique australe, ne signifie pas pour autant un bouleversement de la hiérarchie mondiale.

Certes, on observe une progression des pays en développement (Chine, Turquie, Russie, Arabie Saoudite etc.) qui ont les plus forts taux de croissance (attention, cela ne signifie pas que les pays développés voient leur nombre de touristes en valeur absolue diminuer).

Les destinations se diversifient. Ainsi, les cinq premiers pays qui accueillent le plus de touristes faisaient 70% du tourisme mondial en 1950 et 28% aujourd’hui. Pourquoi ? Il faut prendre en compte les avantages comparatifs en termes de coûts des pays en développement, les services moins chers, les cadres naturels et culturels intéressants, la richesse du patrimoine (exemple : les pyramides de Gizeh), le dépaysement, les manifestations festives (carnaval de Rio, jeux olympiques avec la Chine en 2008 et le Brésil en 2016, coupe du monde de football en Afrique du Sud et au Brésil), les activités spécifiques (randonnées dans le désert, pèlerinage à la Mecque).

Mais, à l’exception de la percée chinoise et plus largement de la progression des marchés asiatiques, les grands équilibres demeurent. Les pays les plus anciennement touristiques, qui appartiennent également aux ensembles régionaux les plus riches, restent au cœur de la dynamique : ils sont les principaux pays récepteurs et naturellement les principales puissances émettrices. Ainsi, en 2018, l’Europe reste la région du monde la plus visitée, avec 713 millions de touristes, avec une hausse de 7% comparé à l’année précédente. En 2020, en dépit de l’épidémie mondiale,  l’Europe conserve sa place de destination favorite avec plus de 187 millions de touristes.

Malgré des chiffres en baisse, la France reste la première destination touristique mondiale en 2021 avec 40 millions de visiteurs. Depuis les années 1990, la France est toujours la première destination touristique au monde grâce à la diversité de ses bâtiments, la richesse du patrimoine historique, culturel et artistique, mais également à son climat tempéré.

En Europe, d’autres pays sont beaucoup visités comme l’Espagne et l’Italie. En troisième position viennent ensuite les USA. Obama pendant sa campagne électorale a déclaré : “Je veux que les États-Unis soient la première destination touristique au monde.“. Mais sur  le continent américain ce sont l’Amérique du Sud et centrale qui enregistrent la progression la plus nette.

Toutefois c’est l’Asie qui « booste » les chiffres du tourisme : deuxième région touristique après l’Europe, elle affiche le plus haut taux de croissance d’arrivées depuis 2005. Avec une croissance de 6%, l’Asie Pacifique a été visité par 343 millions de touristes en 2018.

Les villes les plus visitées en 2021 :

  1. Bangkok, Thaïlande
  2. Paris, France
  3. Londres, Angleterre
  4. Dubaï, EUA
  5. Singapour, Singapour

Les nouvelles dynamiques du tourisme dans le monde : le tourisme “domestique”

Le tourisme domestique c’est le tourisme intérieur. L’Inde, le Vietnam, l’Indonésie, ou surtout la Chine abritent des millions de touristes intérieurs dont le nombre est largement supérieur à celui des touristes internationaux dans chacun de ces pays. La métamorphose économique de la Chine notamment, son rang nouveau dans la mondialisation, place ce pays sous les regards d’observateurs qui ne peuvent maintenant manquer de constater l’importance du tourisme intérieur chinois.

On pourrait aussi inclure dans cette catégorie le tourisme post migratoire (migrant qui retourne dans son pays pour les vacances) ou celui des diasporas : il s’agit là d’un « tourisme de racine ». L’Européen aussi aime faire du tourisme chez lui. Certaines études n’évoquent pas le tourisme domestique, considéré comme le tourisme des pauvres, il existe pourtant une demande interne qui mérite d’être questionnée. En France, les touristes sont originaires en priorité de l’Europe, ensuite viennent les États Unis puis les pays asiatiques et la Russie.

Le tourisme international, reflet des transformations de notre monde

La démocratisation du tourisme

Les premières décennies, de 1950 à 1980, sont caractérisées par une période de pleine croissance qui soutint une démocratisation progressive du tourisme dans les économies les plus développées, comme l’illustre le fameux « ruissellement le long de la pyramide sociale » de M. Boyer. L’augmentation des revenus s’accompagne de nouvelles dispositions sociales qui favorisent le repos des travailleurs et le « droit aux vacances », comme les 35h en France.

Le tourisme est le premier bénéficiaire de la « moyennisation » du monde : aujourd’hui les classes moyennes représentent environ un tiers de la population mondiale : en une génération, 3 milliards de personnes sont sorties de la pauvreté. En 2015, les classes moyennes chinoises ont dépassé celles des États-Unis. La démocratisation s’est poursuivie avec l’accès à des transports « low cost » : compagnies aériennes comme Easy Jet, Ryan Air… Le tourisme passe ainsi d’une activité élitiste à l’ère de la massification démocratique.

Le tourisme est facilité par la mondialisation

La mondialisation a donné les moyens au tourisme de se développer :

–  ouverture des frontières donc plus de facilité pour voyager

–  développement des moyens transports : voiture, train, surtout l’avion (grands aéroports internationaux). Le transport aérien représente un vecteur majeur de l’accessibilité au monde.

–  développement des moyens de communication : internet (sites de réservation comme Booking, ou de location comme AirBnb)

Le tourisme joue ainsi un puissant rôle d’intégration des lieux et des espaces touristiques dans le système monde.

Les différentes sortes de tourisme

4 exemples :

Tourisme de luxe (Seychelles, Dubaï) : avec des vacanciers qui recherchent des expérieces uniques et exclusives. On peut évoquer un parallèle avec les « gated communities » où seuls se regroupes des individus très aisés financièrement.

« la bulle touristique » dans laquelle tout est conçu pour le divertissement : Center parcs, mais surtout parcs à thèmes, comme le montre l’ouverture en 2016 d’un parc Disney à Shanghai, pour un investissement de 5,5 milliards de dollars, le plus élevé dans l’histoire de la firme aux grandes oreilles. Autrefois marginales, les « croisières » connaissent un succès croissant, des navires de plus en plus gigantesques devenant de véritables lieux de vie. Dans les Caraïbes sont construites des îles artificielles réservées aux escales des croisiéristes !

le tourisme vert  ou tourisme durable : La charte du tourisme durable  le définit comme un tourisme supportable à long terme sur le plan écologique, viable sur le  plan économique, éthique et social. Quelques conditions pour parler de tourisme durable : respecter les équilibres, considérer les effets induits, promouvoir la solidarité, le respect mutuel et la participation de tous les acteurs, doit bénéficier à l’amélioration de la qualité de vie de la population, contribuer à l’enrichissement socioculturel et permettre un partage plus équitable des bénéfices.

Il existe pour cela 2 possibilités :

  • L’écotourisme qui, selon l’UICN, se définit comme : « voyage responsable sur le plan environnemental et visite de milieux naturels relativement peu perturbés dans le but d’apprécier la nature – ainsi que toute manifestation culturelle passée ou présente observable depuis ces milieux ». Le Costa Rica a fait, dans les années 1980, de l’écotourisme une stratégie de développement. Le pays est devenu un succès économique, social et environnemental dans le domaine du tourisme : 30% du territoire est préservé (parcs naturels, réserves), c’est le seul pays au monde sans armée donnant une vision très positive du pays (Arias a reçu le prix Nobel de la Paix), il y a une forte implication des populations locales le long des routes sillonnant les lieux touristiques, ce qui leur permet de bénéficier des retombées touristiques. Le tourisme est le premier poste économique du pays, 40% des revenus du tourisme vont à des entreprises locales. On peut également mentionner l’existence d’un système de labellisation avec le label « Costa Rica, no artificial ingredients. »
  • Le tourisme équitable et solidaire  qui se définit comme « les formes de tourisme qui mettent au centre du voyage l’homme et la rencontre ». Pour illustrer cela, on peut mentionner le slum tourisme qui consiste à visiter des bidonvilles pour découvrir la  réalité sociale des pays pauvres. De même de plus en plus de vacanciers profitent de leur temps libre pour pratiquer le woofing : en échange de services maraîcher, ils peuvent bénéficier de gîte et couverts. C’est l’occasion de découvrir plus en détail la vie quotidienne des agriculteurs et éleveurs du pays visité.

Le tourisme reste fragilisé par de nombreux aléas

Le tourisme soumis à de multiples risques

  • Craintes liées à la sécurité : attaques terroristes, problèmes géopolitiques, mouvements sociaux

Les illusions et les désillusions d’un espace touristique mondial sans frontières, des événements dramatiques (attentats visant spécifiquement des touristes à Bali ou à Charm El-Cheikh, accidents aériens, etc.) ont rappelé aux touristes toute la complexité d’un monde où les guerres n’ont jamais cessé. Celui qui se croyait « neutre » en raison de son état temporaire de touriste a compris qu’il constituait désormais une cible potentielle, particulièrement vulnérable.

La France, et en particulier Paris, a vu une baisse du tourisme suite aux attentas terroristes de 2015 et 2016. Quelques nouvelles destinations qui semblent réunir les conditions de sécurité nécessaires pour un bon séjour touristique s’agrègent au marché mondial (Cuba, Vietnam, Sultanat d’Oman…) tandis que d’autres, plus incertaines, sombrent dans l’oubli (par exemple l’Afrique du Nord : Tunisie, Égypte….)

  • Risques sanitaires et les aléas naturels

Sanitaires : Par exemple le virus « Zika » qui sévit sur le continent américain depuis 2015, notamment au Brésil ou « Ebola » qui, la même année, s’est largement répandu dans l’Ouest de l’Afrique.

Naturels : Le nombre de touristes en Indonésie a plongé au second semestre 2018 sous l’effet cumulé des séismes de Lombok, d’un séisme suivi d’un tsunami meurtrier aux Célèbes et du crash d’un vol de Lion Air entre Jakarta et Pangkal Pingang qui a fait 189 morts.

  • Fluctuation des monnaies

En 2016, recul de 2% du tourisme en Suisse, à cause du renforcement du franc suisse par rapport à l’euro.

Les touristes de la zone euro se sont alors reportés sur des pays aux monnaies plus faibles que la leur et l’Islande a tiré profit de cette situation.

Le tourisme marqué par une dualité d’effets

D’une part, il est créateur d’emplois et de richesses et contribue au bien-être et à la cohésion sociale, mais d’autre part, s’il est mal maîtrisé, il peut menacer les équilibres socio-économiques et environnementaux. La mondialisation est susceptible de favoriser ces effets négatifs.

  • L’OIT appuie la promotion d’un tourisme plus durable et plus socialement responsable et le travail décent : si le tourisme ne respecte pas les cultures locales, s’il n’est pas contrôlé, viable, ni responsable sur le plan social, il peut avoir un impact négatif sur les populations locales, leur patrimoine et leur environnement, exacerbant les inégalités. « Le tourisme est une industrie qui consiste à transporter des gens qui seraient mieux chez eux dans des endroits qui seraient mieux sans eux » (Jean Mistler). Altérations culturelles possibles : chocs déstabilisants (tourisme aux émirats arabes unis : tenues légères dénoncées). Marchandisation des cultures locales « planète disneylandisée » selon Brunel Sylvie (villages masaï reconstitués au Kenya à la manière de l’exposition coloniale de 1931). Atteinte au patrimoine avec la surfréquentation, déchets sur des sites naturels, bétonnage des littoraux et des stations de ski (Cancun, la Grande Motte, Tignes).
  • Des choix parfois délicats : Certains pays, de peur de voir les touristes fuir pour d’autres pays choisissent d’investir massivement dans les infrastructure hôtelières, au détriment des autres secteurs :  en cas de pénurie d’eau, les gouvernements sont confronté entre privilégier le tourisme ou l’agriculture.
  • Émergence d’une concurrence pour les terres (ostréiculteurs menacés par l’augmentation du bétonnage), des dérives aussi (graffitis sur les temples d’Angkor au Cambodge, déplacement de 14 millions d’Africains au 20ème siècle pour créer des parcs naturel).

L’évolution des destinations

N’importe quel lieu ne peut pas être touristique : exemple la Corée du Nord qui pourtant vante ses plages ne peut être attractive sur le plan touristique, comme l’ensemble des pays dirigés par des régimes dictatoriaux.

Les flux touristiques s’adaptent continuellement au gré des crises et se redéploient lorsque les conditions deviennent propices : dans les années 1990, les côtes dalmates étaient infréquentables et la cité de Dubrovnik perdue pour le tourisme international. La Croatie est aujourd’hui une destination privilégiée. Depuis les années 2008-2009, c’est le jeune État du Monténégro qui entend s’installer dans le paysage méditerranéen.

Conséquence des aléas précédemment exposés, les destinations ne sont pas figées : il existe donc une certaine « fragilité » des zones touristiques : la zone de Djerba en Tunisie, entièrement dédiée au tourisme, est aujourd’hui désertée (hôtels en ruine…), de même que les paquebots de croisière sur le Nil.

En 2016, la Syrie a lancé une campagne de promotion de la station balnéaire de Tartous, où se trouve une base russe : « Syria always beautiful ». Tartous est à moins de 3 heures d’Alep. Avant le début de la guerre, le tourisme représentait 13,5 % du PIB du pays. Toute baisse du tourisme est catastrophique : pour 42 pays dans le monde, le tourisme assure plus de 15 % du PIB !

Si d’une manière générale le tourisme est en sans cesse évolution, il est « volatile » c’est-à-dire que les destinations changent en fonction des événements.

Ainsi, les populations locales au gré des circonstances (terrorisme, tsunamis ….) qui ont tout misé sur le tourisme se retrouvent du jour au lendemain démunies : si au départ le tourisme a diminué la pauvreté, un événement peut rapidement remettre en cause la situation et au contraire exacerber la pauvreté. Les modes touristiques mettent au premier plan des pays considérés comme encore neufs, comme l’Antarctique : 5 000 visiteurs en 1990, près de 40 000 aujourd’hui, qui dépensent chacun 15 000 euros. Certaines destinations, bien que sûres, continuent cependant d’être boudées.

Conclusion

« Le tourisme a fait preuve d’une force et d’une résilience extraordinaires ces dernières années malgré les nombreux défis auxquels il a été confronté, notamment en matière de protection et de sécurité. Le tourisme international continue de se déployer vigoureusement et de contribuer à la création d’emplois mais aussi au bien-être des communautés dans le monde entier » a affirmé le Secrétaire général de l’OMT, Taleb Rifai.

Ainsi si la mondialisation marque le pas dans bien des domaines, le tourisme fait en effet exception tant il est florissant. Cette mondialisation pacifique serait-elle le dernier lieu de la mondialisation heureuse ? Le monde se restreint avec l’insécurité et le terrorisme ? Le tourisme est là au contraire pour prouver que la planète forme un tout, celui de la mobilité choisie et pendulaire. On part pour revenir, découvrir des lieux inconnus juste pour le plaisir, dépenser en quelques jours des économies patiemment accumulées pendant de longs mois sans autre nécessité que l’envie. Il incarne ce que le géographe Rémy Knafou qualifie de mondialisation pacifique.

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