Au cours des 4 dernières semaines, le soutien envers l’Union s’est affaiblie à un rythme incroyable. La campagne en faveur du “oui’ à l’indépendance est comparable à un blitzkrieg, une guerre éclair qui menace sérieusement l’Union britannique !

Il y a près de 4 ans, un séisme politique ébranlait la Royaume-Uni. Le même mois, avec les mêmes chiffres entraînant le même choc au sein du monde politique; un sondage de YouGov pour le Sunday Times annonçait qu’Ed Miliband dépassait pour la première fois son frère David Miliband dans la course à la présidence du parti travailliste avec 51% des intentions de votes contre 49% pour son frère. C’est exactement le score avec le “oui” l’emporte désormais face au “non” à l’indépendance écossaise. Mais cette fois-ci, les conséquences sont bien plus dramatiques.

Bien qu’un écart de deux points soit trop faible afin de prédire avec exactitude le résultat du référendum, le fait est que Better Together (qui mène une campagne contre l’indépendance) semblait avoir déjà gagné. Mois après mois, le “non” semblait disposer d’une avance confortable : 58% contre 42% pour le “oui” en moyenne. Au cours des 4 dernières semaines, le soutien envers l’Union s’est affaiblie à un rythme incroyable. La campagne en faveur du “oui’ à l’indépendance est comparable à un blitzkrieg, une guerre éclair qui menace sérieusement l’Union britannique !

IndyRefSept

Seuls les électeurs conservateurs résistent encore aux promesses d’Alex Salmond (premier ministre écossais). 93% d’entre eux prévoient encore de voter non. Dans toutes les autres catégories d’électeurs, le “oui” gagne du terrain, plus particulièrement parmi :

  • les soutiens du parti travailliste : 35% voteraient oui aujourd’hui contre 18% il y a 4 semaines
  • les moins de 40 ans: 60% aujourd’hui contre 38% auparavant
  • les ouvriers : de 41% à 56%
  • les femmes : de 33% à 47%

Scotland Independent economy

Cette évolution donne ainsi à penser qu’Alex Salmond peut se targuer de trois succès notables. Le premier est d’avoir neutralisé la peur que certains Écossais éprouvaient face aux questions monétaires et économiques. En juin, seuls 27% des Écossais pensaient qu’ils seraient plus prospères s’ils quittaient la Royaume-Uni, désormais, ils sont 40%. A l’inverse, ceux qui craignaient pour la prospérité économique ne constituent plus que 42% des électeurs contre 49% en juin. Le deuxième est d’avoir joué avec brio la “Sassenach card” (Sassenach : this word is used in a humorous wayor to show that you dislike the English). Près de la moitié des Écossais craignent que voter “non” à l’indépendance laisserait leur pays à la merci de politiques imposées par Londres, ce dont ils ne veulent pas. En effet, lorsque les électeurs sont interrogés à propos des différents inconvénients des deux résultats possibles, la subordination à Westminster effraie bien plus les Écossais que tout danger qui pourrait découler de l’indépendance. Troisièmement, la campagne d’Alex Salmond est bien mieux perçue que celle en faveur du “non”. Pour deux tiers des Écossais, la campagne Better Together est mauvaise, la même proportion juge que celle de Yes Scotland (défendant le “oui”) est meilleure. Le fait que Salmond promette un avenir optimiste a dynamisé les jeunes, les travaillistes et la classe ouvrière qui se tournent vers le “oui” en faveur de politiques plus progressistes.

Scotland caricature

Ceci dit, rien n’est encore fait. Il reste encore 10 jours de campagne et différents facteurs peuvent favoriser un vote pour le “oui” comme pour le “non”.

Ce qui peut favoriser un vote pour le “oui” :

  • Le dynamisme. Le changement d’opinion en faveur du “oui” peut s’avérer viral : de plus en plus d’électeurs sont susceptibles d’être emportés par l’élan en faveur du “oui” et rejoindre le mouvement.
  • Une meilleure campagne. Yes Scotland est non seulement mieux perçue, elle gagne également le combat sur le terrain. Les indépendantistes ont distribué plus de prospectus, collé plus d’affiches, installé davantage de locaux et envoyé plus de mails que Better Together.
  • Les femmes continuent de perdre leur crainte de l’indépendance. L’écart entre les sexes s’est rétréci, mais n’a pas disparu. Si les hommes ne s’orientent pas davantage vers le “non” et si cette tendance féminine se confirme, la victoire du “oui” est assurée.

Ce qui peut favoriser un vote pour le “non” :

  • La participation. Si les sondages de YouGov montrent que tous les groupes d’âges prétendent vouloir se rendre massivement aux urnes, l’expérience nous montre que les plus de 60 ans votent bien davantage et ils sont 62% à s’opposer à l’indépendance.
  • Le retour de la peur. Jusqu’à la semaine dernière, une victoire du “oui” semblait improbable. Maintenant, ça l’est. Les opposants à l’indépendance lanceront des avertissements qui auront certainement plus d’impact auprès des électeurs.
  • Le cas du Québec. En 1995, le Québec votait également pour son indépendance. Jusqu’à un mois avant le vote, le “non” menait largement. Puis l’opinion générale a changé et les derniers sondages pronostiquaient une victoire du “oui” avec 53% des votes. Mais au moment du vote, de nombreux électeurs se sont défilés et 50,6% les électeurs ont voté pour rester au sein du Canada contre 49,4% pour le choix inverse.

UK-Scotland

Si l’Ecosse choisissait l’indépendance, alors le dernier sondage de Yougov à l’échelle du Royaume-Uni pour les élections générales de 2015 constituerait une mauvaise nouvelle pour Ed Miliband. Si les choses ne bougent pas, l’avance de deux points des travaillistes le sacrerait premier ministre…si l’Ecosse restait dans le Royaume-Uni ! Westminster se composerait alors de :

  • 316 travaillistes
  • 280 conservateurs
  • 27 libéraux-démocrates
  • 27 membres d’autres partis

Les travaillistes seraient alors à 10 sièges de la majorité absolue au Parlement. Ils devraient alors former une coalition avec les libéraux-démocrates ou bien former un gouvernement minoritaire. Mais en excluant l’Ecosse, les espoirs des travaillistes s’évaporent puisque les conservateurs deviendraient majoritaires et le Parlement compterait :

  • 278 conservateurs
  • 274 travaillistes
  • 18 libéraux-démocrates
  • 21 membres d’autres partis

La leçon à retenir est simple : le référendum du 18 Septembre peut non seulement changer l’avenir de l’Ecosse, mais aussi ce qui se passera à Westminster.

Mehdi CORNILLIET

MAJOR-PREPA