Voici le rapport de jury de l’épreuve d’Anglais de la banque Iéna

Le texte d’appui utilisé pour le sujet était extrait d’un article extrait du quotidien britannique The Guardian du 7 octobre 2016.
Intitulé ‘Streets without shops’, les rues sans magasins, il soulevait la question de la transformation des centres-villes des grandes métropoles, sous l’effet de ‘l’Uberisation’ de l’économie. La thématique, forcément abordée par les candidats lors de leur préparation incluait la question des emplois de services précaires (livraison de courses alimentaires à domicile par exemple), les services liés aux applications informatiques (comme la location d’appartements sur AirBnb et la révolution des taxis avec Uber.) Ce sont des sujets très présents dans les médias et qui ont fait l’objet de nombreux articles et études. Le sujet a été jugé également adapté ou bien adapté.

L’impression globale qui ressort de cette épreuve est une certaine baisse de niveau, avec une moyenne de 9,78/20, la tendance à la baisse étant due à la présence de très mauvaises copies, souvent incomplètes. L’écart type de 4,14 tend à confirmer que l’écart entre très bons et très mauvais candidats s’est accru cette année sur cette épreuve, composée par 989 candidats.

L’extrait à traduire en version , en première partie d’article, comprenait également une phrase clé permettant de comprendre les enjeux de l’ensemble de l’article . Avec une moyenne de 10,45/20 et un écart-type très important de 4,91, l’exercice semble avoir départagé les candidats en deux groupes distincts : ceux qui comprennent l’anglais et savent le traduire en français, et ceux qui, apparemment, maitrisent mal les deux langues.

Certains ont essayé de trouver des formulations pertinentes et en phase avec les idées véhiculées par le texte, par exemple :
– “deliveries (l.14) : “bornes de livraison”, “comptoirs de livraison”
– “local shops” (l.8) : “commerces de proximité”
– “extortionate ” (l.9) : “faramineux”, “hors de prix”
– “a serious challenge” (l.6) : “un défi de taille”
– “a whole swathe of” (l.6-7) : “un pan entier de”
– “important inclusive places” (l.14) : “des lieux de partage importants”
– “everyday services” (l.7) : “des services répondant aux besoins du quotidien”
“Que dirait-on naturellement en français ?” Se poser cette question peut permettre, et a permis, à certains de tirer leur épingle du jeu et de bénéficier de bonus.
Certains paragraphes du texte pouvaient poser quelques problèmes. Les stratégies d’évitement ne sont jamais payantes. Mieux vaut essayer de proposer une traduction en s’appuyant sur le contexte pour essayer de cerner le sens sous-jacent. Certains ont ainsi donné des traductions intéressantes, voire à propos pour rendre compte par exemple du segment “swoop in to take their place” (l.10) :
– “se jettent sur leur emplacement”
– “investissent les lieux pour prendre leur place”
– “se précipitent pour prendre leur place”

Faire preuve de bon sens et prendre un peu de recul vis-à-vis du texte peut également permettre de gérer correctement des paragraphes plus simples comme “fix our shoes” (l.9). Combien ont proposé “fixer nos chaussures” ou “réparer nos chaussures” ? Si l’on sort de son domicile pour se rendre dans les commerces du coin, comme le contexte avant l’indique assez clairement, ce n’est sans doute dans le but de “réparer” nos chaussures. Fait-on ce genre de choses au quotidien ? Il s’agit bien plutôt de les “faire réparer” ou encore de les “déposer chez le cordonnier” si on cherche à trouver une formule que l’on utilise naturellement en français. Certains candidats sont parvenus à des traductions allant dans cette direction.

La maîtrise de l’orthographe est très variable. Certains ont l’erreur facile, y compris sur des mots qui, à priori, ne présentent pas de difficultés particulières (ex : “des taces de café”, “un vert de café”, “un défit”, “du lunge”). Les exemples pourraient être multipliés. On ne peut qu’encourager les candidats à mieux apprendre comment s’orthographient les mots et aussi à bien relire leur production après coup afin de corriger des erreurs. Une lecture attentive et ciblée peut également permettre de rectifier des fautes sur les accords.

La question de compréhension en 150 mots (‘Expliquez comment les nouvelles technologies ont redéfini la vie urbaine dans certains endroits’) ne posait pas de problème particulier ; son traitement reste assez décevant, avec une moyenne de 9,71, et encore un fois un écart type très important . Les rapports soulignent des différences de niveau très marquées, tant du point de vue de l’expression, très défaillante parfois, que dans la capacité à rassembler de manière concise et cohérente les points abordés dans l’article. Certains candidats ont commencé leur réponse par une introduction, parfois longue, afin de poser le cadre du sujet. Il serait bon de rappeler que cette démarche n’a pas lieu d’être dans cet exercice. Il est possible de délimiter les contours de la question avec une seule phrase et d’enchainer directement par la formulation des différentes idées pertinentes au regard de la question posée.
Toujours côté méthode, les candidats, dans leur grande majorité, ont adopté la démarche adéquate en reformulant les idées pertinentes sans procéder au copier-coller à partir du texte.

Rares sont les candidats ayant trouvé l’ensemble des idées pertinentes. Dans le meilleur des cas, seule la moitié des éléments attendus étaient présents. L’impact sur le secteur de la restauration et sur l’accès au logement ainsi que les restrictions mises en place par certaines villes n’ont pas souvent été perçus. On ne peut qu’encourager les candidats à bien parcourir le texte afin d’identifier le maximum d’éléments opportuns, sans sombrer dans le résumé du texte bien entendu.
La question d’expression personnelle en 250 mots (‘l’Uberisation de l’économie crée-telle à votre avis une nouveau quart-monde ? ‘(underclass)), demandait un certain recul critique par rapport aux nouvelles formes de précarité au travail suscitées par l’usage des plateformes de service en ligne. Les exemples esquissés dans le texte d’appui fournissaient une base de départ possible. Le traitement de la question est dans son ensemble assez décevant, avec une moyenne de 9,73 / 20 et un écart type très important de 4,64. On retrouve certains des défauts constatés dans l’exercice de compréhension, à savoir un manque de moyens linguistiques, mais s’y ajoute surtout un manque d’idées, et une absence d’analyse. La plupart des candidats ont cerné les enjeux soulevés par la question posée et ils ont souvent apporté un point de vue nuancé, plus ou moins bien illustré. Quelques-uns ont néanmoins mal compris le terme “underclass”, y voyant seulement une autre catégorie sociale non identifiée par les notions de pauvreté et de statut inférieur, d’où des expressions personnelles hors cadre. Il est également à noter que quelques candidats ont réalisé un essai sur l’ubérisation de l’économie en général, ce qui ne pouvait pas convenir.
Certains ont bien reformulé la question du sujet pour lancer leur problématique à la fin de l’introduction. Trop, cependant, ont simplement recopié la question telle qu’elle apparaissait sur le sujet.

Certains candidats ont su profiter de cet exercice pour montrer le vocabulaire acquis en utilisant à bon escient des éléments lexicaux, ce qui leur a permis d’engranger des points côté forme.
ex : the gig economy ; work freelance ; give a fillip to the economy ; a sea change ; those who bear the brunt of the uberisation of the economy” ; “the onus is on governments to handle the transition of the economy …” (début d’une conclusion)

Réinvestir du vocabulaire mais aussi des éléments à coloration culturelle, certains y sont parvenus, par exemple en début d’introduction dans la phase de mise en contexte du sujet. Par exemple :
– “With 5 million people working for Uber in the UK, the new labour app seems to be both a boon and a bane”
– “During her campaign, H. Clinton drew particular attention to the Uberisation of the economy since 40% of the Americans will be “independent workers” by 2020.”

Il s’agissait dans tous les cas de donner son opinion personnelle comme l’indique clairement la formule “Would you say that” et d’étayer cette opinion grâce à des références culturelles. A cet égard, certains ont su habilement établir un parallèle avec la “underclass” du 19e siècle, inscrire le débat dans celui plus large des “working poor” et affirmer franchement leur opinion (ex : “I am afraid it is too soon to talk about the consequences of the Uberisation of the economy.”) avec des éléments à l’appui. Ils ont ainsi répondu positivement aux attentes de l’exercice que sont l’expression d’une opinion personnelle et l’emploi de références.
Les phrases de thème grammatical, couvrant un champ lexical sans surprise ont permis d’écarter le plus les notes, avec un écart type de 4,93. A 9,06, la moyenne demeure à un niveau comparable à celui des années antérieures. Le ‘décrochage ‘ semble donc moindre dans cet exercice. Cependant, il est à noter que plus encore que d’autres années, certains candidats ne traduisent qu’un nombre limité de phrases, souvent données dans le désordre, comme si l’exercice ne comptait pas autant, alors qu’il représente un quart des points de la copie.

Parmi les points grammaticaux testés cette année, nous signalerons :
La structure ‘depuis combien de temps ‘ (mesure de durée), la forme interrogative- directe ou indirecte (phrases 1, 5, 10), l’accroissement parallèle avec le comparatif, (phrase 3) , l’expression de la probabilité (phrases 8 , 10), l’emploi du génitif et de la structure N of N (phrase 7) .
Les prestations sont très contrastées dans cette dernière partie de l’épreuve. Pourtant, les phrases retenues pour la session 2017 ne comprenaient aucun piège particulier. Certains ont d’ailleurs su les traduire avec justesse en gérant les points grammaticaux apparaissant dans les phrases et en glissant ici et là du lexique adapté (ex : “experience growth”, “back up radical candidates”).

Le thème grammatical est un exercice simple et on peut y obtenir de très bons résultats. Certaines copies sont là pour en attester. Les étudiants ayant des difficultés doivent donc se convaincre qu’ils peuvent s’en sortir en travaillant régulièrement, en consolidant les règles grammaticales de base ex : construction d’une question, valeur des auxiliaires modaux (ex : WILL / WOULD), en révisant et apprenant du vocabulaire. Des termes comme “Ecossais”, “manifester” et “enquêteurs” ne seront plus alors des mots à l’origine d’erreurs