update : c’est un poisson d’avril, bien entendu !

Des bruits de couloir dans le petit monde de la prépa se faisaient entendre depuis maintenant plusieurs semaines. C’est désormais officiel : le célèbre et très controversé outil d’intelligence artificielle ChatGPT, développé par la société OpenAI, sera bel et bien autorisé dans les salles de concours à partir de l’édition 2024. Une petite révolution inattendue, qui démontre la volonté farouche de la filière de se réinventer dans un contexte délicat pour elle.

Il y a quelques mois, ChatGPT débarquait en open access avec la promesse de révolutionner notre rapport à l’intelligence artificielle. Les sceptiques qui jusque là considéraient cette technologie comme une hype sans lendemain n’ont pu que constater la pertinence de cet outil. Ce dernier s’est, quasiment du jour au lendemain, immiscé dans le quotidien de la plupart des citoyens. Aide à la rédaction, réponse à toutes sortes de questions, brainstorming créatif… les usages de Chat GPT sont légion. On a également vu beaucoup d’élèves et d’étudiants se servir de l’intelligence artificielle pour rédiger leur devoir maison, au grand dam de leurs professeurs.

Le professeurs de prépa favorables à ChatGPT

Embarrassés par les possibilités vertigineuses de Chat GPT, nombre d’enseignants du supérieur ont ainsi souhaité interdire à leurs élèves de se servir de l’outil. SciencesPo Paris est même allé jusqu’à interdire officiellement son usage au nom des règles anti plagiat en vigueur dans l’établissement. Reste qu’il est bien souvent difficile de déceler son utilisation pour les correcteurs.

À l’inverse, la majorité des professeurs de prépa EC ont fait un tout autre choix : encourager son usage “Nous sommes convaincus, mes collègues et moi-même, que lutter contre chat GPT est peine perdue, et que nous devons nous employer à donner à nos élèves les clés pour s’en servir intelligemment” explique S. Upercherie, professeur de culture générale dans une prépa parisienne en voie ECG. “En classe préparatoire, nous développons les capacités de réflexion ainsi que l’esprit critique des élèves. Ce sont des qualités qui restent et resteront l’apanages des humains. Aussi, nous ne voyons pas d’objections à ce que les connaissances et une partie de la réflexion soient “sous-traitées” à une machine. Ils l’utiliseront tout au long de leur vie de toute manière. Interdire ChatGPT dans ma discipline, ce serait comme interdire la calculatrice en épreuve de maths !” s’amuse la professeur, avant que Monsieur F. Ractale, professeur de mathématiques au sein du même établissement qui était présent lors de notre interview, lui fasse remarquer que la calculatrice est effectivement interdite en prépa ECG.

Une généralisation de l’usage aux concours 2024

Poussée par cet enthousiasme ambiant dans les classes préparatoires, la direction du concours BCE a ainsi décidé qu’elle autorisera Chat GPT pour le concours 2024 : “Malgré notre bonne volonté, c’était bien sûr trop tard pour appliquer cette mesure dès cette année” précise-t-on du côté de la DAC (Direction des Admissions et des Concours).

Concrètement, les étudiants pourront librement utiliser ChatGPT sur des appareils mis à leur disposition dans les salles d’examen. Les épreuves devraient être légèrement adaptées en conséquence, afin de valoriser avant tout la réflexion personnelle des candidats, puisque l’acquisition des connaissances ne sera plus discriminante. “On cherchera certes à évaluer les idées propres du candidat, mais aussi et surtout la capacité de ce dernier à exploiter efficacement le potentiel de l’outil, et donc la qualité des questions posées à Chat GPT. Dans les années à venir, c’est véritablement la capacité à poser les bonnes questions à l’algorithme qui fera la différence en entreprise. C’est donc surtout cela, plus que les aptitudes intellectuelles des étudiants, que nous voulons distinguer désormais” reconnait la DAC.

Reste que certains professeurs demeurent sceptiques quant à cette nouvelle manière de considérer les compétences que doivent enseigner la classe préparatoire. Un professeur de géopolitique du côté de Bordeaux a bien voulu s’exprimer sous couvert d’anonymat : “Comment les étudiants vont-ils pouvoir devenir des managers accomplis s’ils ignorent la date la conférence de Montego Bay (nldr : c’est 1982, et on vous conseille de le savoir si ça tombe sur les mers cette année !) ou le nombre d’habitants en Amérique latine. D’accord, ils pourront toujours demander à ChatGPT, mais ça risque de rendre les discussions un peu laborieuses dans le futur”. 

Pour autant, la révolution de l’intelligence artificielle semble inexorable, au point de donner certaines idées avant-gardistes aux responsables des concours : “À terme, si on se rend compte que le fait d’acquérir des connaissances ou de savoir structurer ses idées n’est plus d’aucune utilité, on pourrait même envisager de supprimer simplement le concours écrit, ce qui représenterait une économie annuelle considérable pour l’État.