Les frais de scolarité des écoles de management pour la rentrée 2024 sont désormais connus. Ils sont relativement facilement consultables sur les pages “Financer sa scolarité” des différentes sites des établissements. Sans surprise, ils augmentent de nouveau cette année. Pour la première fois, le PGE  des 3 Parisiennes (HEC, l’ESSEC et ESCP) dépassera les 60 000€ . Pourquoi les écoles ne peuvent plus réellement faire autrement ? Interrogée à ce sujet en marge de la conférence données par la Cdefm fin janvier, sa présidente, Alice Guilhon, nous répond.

“Nos écoles sont très challengés par la CEFDG (Commission d’évaluation des formations et diplômes de gestion) sur la question des frais de scolarité. Nous avons toutes, Grandes Écoles de management membres de la Cdefm, une politique ‘ouverture sociale et diversité’ très active, et nous veillons à accompagner nos étudiants sur ces questions. Nous y tenons parce que nous sommes attachées à cet aspect de notre mission d’éducation. Mais nous y sommes aussi tenues, sans quoi, nous prendrions le risque de nous voir retirer nos grades et nos visas.

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On ne sait pas faire de miracles…” : les business schools ont besoin de moyens pour continuer d’être les meilleures

“Le modèle juridique des Grandes Écoles de management post-prépa est, en majorité, ‘privé associatif’ ou ‘à mission’. Nous sommes, pour beaucoup, reconnues d’intérêt général mais non financées par l’impôt. Cela signifie que nous  avons besoin d’aller chercher de quoi réaliser notre travail, très qualitatif, directement auprès des familles afin de nous maintenir aussi à niveau dans la compétition internationale. Si les business schools ont les moyens de continuer à être aussi qualitatives, cela renforce leurs performances. Ce sont autant de bénéfices pour l’image de la France.

“La France, les Grandes Écoles de management françaises, luttent en effet à l’international contre des établissement 3 à 4 fois plus chers. Nous sommes particulièrement bien classées, parfois largement devant eux, et ceci à un ‘coût de fabrication des talents’ très modeste comparé au leur. C’est à ces universités internationales qu’il faut nous comparer, pas aux établissements publics français. Mais nous ne pouvons pas faire de miracles : encore une fois, un travail de la qualité que les institutions (classements, organismes accréditeurs, État, entreprises…) reconnaissent à tous les niveaux (innovation académique, recherche, insertion, international…), a besoin de moyens !

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Aucun étudiant ne doit se dire : je n’ai pas les moyens d’aller en école de commerce”

“Accompagnement via les bourses, actions en faveur de la diversité au sein de nos promotions, sensibilisation aux thématiques de l’inclusion, etc. Les écoles de la Cdefm traitent ces sujets avec le plus grand sérieux et, je le répète, nous ne serions ni visées, ni gradées, si nous étions incapables de montrer les résultats de ces politiques d’ouverture sociale. Chaque audit de la CEFDG, notamment, s’accompagne d’un volet consacré à ce sujet et nous déroulons les chiffres, les témoignages, les explications de nos politiques d’accompagnement.

“Car il n’est pas question de laisser sur le quai des étudiants qui ont envie de venir chez nous. Aucun ne doit se dire : ‘je ne peux pas y aller, je n’ai pas les moyens’. Pour les écoles, cette pensée cohabite en permanence avec la questions suivante : comment ‘tenir’ la compétition avec Imperial College, le MIT ou Tsinghua University… ?

“Faudrait-il des dispositifs plus lisibles pour le public sur la question de l’accompagnement au financement de la scolarité ? Certainement ! Nous testons, nous tirons des leçons, nous nous inspirons des bonnes pratiques… Sur de nombreux sujets, toutes, nous disons aux intéressés : voilà ce qui marche et emparez-vous de ce process/cet outil si vous voulez. Nous l’avons fait dans la mise en place du label DD&RS.

“Aujourd’hui, une politique d’ouverture sociale est imposée aux Grandes Écoles de management françaises. Nous sommes contrôlées sur ce point et il y a des résultats. Nous recensons 19% de boursiers en moyenne dans nos écoles. Mais nous ne pouvons pas inventer les bourses CROUS… il s’agit d’un sujet à prendre plus en amont. Communiquer dès le lycée sur le diplôme bac+5 auquel conduisent ensemble les prépas et les Grandes Écoles en insistant sur les politiques d’ouverture sociale et d’aide au financement est nécessaire. Tout le monde doit savoir que l’argent n’est pas un frein pour  accéder à une école de management.

(Re)découvre aussi notre vidéo qui analyse l’envol structurel des frais de scolarité.