50 ans APHEC

Réunie à GEM pour son traditionnel congrès annuel, l’APHEC (association des professeurs des classes préparatoires économiques et commerciales) a fait le point sur l’actualité brulante de la filière CPGE/Grande École en présence de 200 de ses adhérents. Major-Prépa était présent pour couvrir l’événement qui coïncidait avait l’anniversaire des 50 ans de l’association.

Il se passe quoi exactement lors de ces rendez-vous où tes profs se retrouvent ? Outre la tenue de l’assemblée générale qui, comme la loi l’oblige, rythme la vie de toutes les associations, et l’aspect festif de ces retrouvailles annuelles, ils sont toujours l’occasion de faire le point sur la filière prépa. En cette période post-réforme traversée par des remous concernant la tenue des écrits 2022 du concours BCE, les sujets ne manquaient pas. Pour toi, on récapitule dans cet article ceux qui ont alimenté les débats.

Cette année, l’APHEC a d’ailleurs organisé en amont de son congrès une conférence de presse durant laquelle elle a tenu à faire un point sur les concours 2023 et à rappeler les 4 demandes phares de l’association pour relancer l’attractivité de la filière classes prépas/Grandes Écoles.

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L’APHEC mobilisée pour l’attractivité de la prépa

Effectifs en baisse à la rentrée dernière (un millier d’étudiants en moins en première année d’ECG) et vœux moins nombreux pour les CPGE dans leur ensemble sur Parcoursup en 2022, l’attractivité de la prépa est particulièrement en question ces derniers mois. L’APHEC formule quatre demandes pour éviter le déclin massif de l’orientation des lycéens en CPGE.

  1. Construire une communication forte à l’échelle des grandes écoles de management pour présenter aux lycéens, dès la seconde, cette voie en 5 années d’études post-bac. L’APHEC demande à la Cdefm (Conférence des directeurs des écoles françaises de management) de prendre en charge le pilotage de ce plan de communication.
  2. Autoriser les prépas à délivrer le grade de licence. « C’est un vrai problème pour la prépa qui doivent être visibles dans un contexte international et quand on sait que les CPES (cycles pluridisciplinaires d’études supérieures) délivrent un diplôme de licence à l’issue des trois années d’études », déplore Alain Joyeux, président de l’APHEC. Les élèves passés par la prépa devraient pouvoir également le décrocher après leur première année en école. «  Il est incompréhensible et inacceptable que les programmes post-bac obtiennent le grade de licence et pas les CPGE », martèle Alain Joyeux.
  3. Proposer un parcours différentiant aux élèves issus de prépa une fois en école. Ces dernières reconnaissent la valeur ajoutée et les connaissances dont disposent les admis issus des classes préparatoires, mais « au-delà des mots, les élèves semblent avoir besoin que l’on valorise ce qui fait leur spécificité en leur proposant en école une voie distincte du PGE, acronyme d’ailleurs peu clair pour les élèves de terminale, demande Alain Joyeux. Si les écoles tiennent au recrutement prépa, elles doivent proposer un parcours différentiant aux admis passés par une prépa. Dans le cursus, il faut qu’il y ait une partie clairement identifié et sur laquelle nous pouvons communiquer sans clamer pour autant que les prépas sont “supérieures” aux autres. »
  4. Déterminer le niveau d’intérêt des recruteurs pour les candidats passés par la prépa. Et montrer les trajectoires de carrières de professionnels ayant un parcours en prépa. L’enquête insertion de la CGE apporte chaque année des des éléments statistiques intéressants concernant la promotion précédente, mais le suivi à moyen et plus long termes des diplômés de grandes écoles avec un filtre sur les profils prépa permettrait de mesurer quantitativement l’apport d’un tel parcours sur les carrières. « Regardons le devenir professionnel des jeunes passés par la prépa et une grande école et utilisons les résultats d’une telle étude, que nous avons déjà demandé à la CGE de piloter, pour communiquer sur notre filière », attend l’APHEC.
Pendant l’une des tables-rondes organisées durant le congrès 2022 de l’APHEC. De gauche à droite : Christian Chenel, directeur de la DAC, Jean-François Fiorina, directeur général adjoint de GEM, Olivier Rollot, journaliste, Christine Pires, vice-présidente de l’APHEC, et Alain Joyeux, président de l’APHEC.

Concours 2023 : de nouvelles évolutions à prévoir

Langues, culture-gé, ESH : de nouvelles épreuves au concours 2023 pour les ECT, les littéraires et les ECG ?

En 2023 aura lieu la première édition des concours réformés, après une édition 2022 entachée, à rebours, par des cas de fraude largement médiatisés. Que va-t-il se passer de majeur en 2023 ? On a déjà fait le point en particulier pour la BCE dans cet article, mais voici les dernières évolutions présentées lors du 50e congrès de l’APHEC :

  • Candidats ECT : création d’une épreuve de dissertation de culture-gé. Les candidats ECT seront donc corrigés à part, puisque ces derniers ne composeront plus que sur cette dissertation Audencia, en plus de l’épreuve réalisée par Excelia, tandis que les ECG auront à plancher sur les épreuves EDHEC/ESSEC et HEC/emlyon.
  • Candidats des CPGE littéraires : 9 écoles de la BCE ont choisi d’ajouter une épreuve de langues pour ceux qui présentent le concours BEL.
  • Candidats ECG : évoquée en début d’année, la création d’une nouvelle épreuve d’ESH (après la fusion des épreuves HEC et ESSEC) conçue par TBS n’aura finalement pas lieu. Par ailleurs, à l’aune du nouveau programme, la micro et la macro devraient être davantage représentées dans les libellés des sujets proposés au concours.

Langues ELVi au concours 2023 : plus d’information sur les attentes liées au nouveau format de l’épreuve

L’APHEC attend également des réponses à ses questions concernant les épreuves de langue ELVi, qui évoluent en 2023. « La tâche est compliquée au quotidien pour les professeurs de langues, déplore Christine Pires, enseignante d’espagnol et vice-présidente de l’APHEC. Même si le format de l’épreuve est connu depuis la fin février, il nous manque encore des réponses pratiques et pédagogiques et nous préparons nos élèves un peu trop à l’aveugle ».

Pour le responsable de la DAC, les concertations menées avec les professeurs ainsi que les sujets zéro et la FAQ proposées sur le site de la BCE sont autant d’éléments chargés d’éclairer les enseignants sur les attentes des écoles concernant le nouveau format des épreuves. « Ce sont elles, les écoles, qui décident des évolutions des concours, rappelle Christian Chenel. Et la nouvelle épreuve ELVi doit permettre au candidat de montrer une réflexion, un raisonnement personnel et une maîtrise de la langue. Il ne s’agit pas d’un concours de citations ou de références. »

« Nous n’avons pas appliqué de changements fondamentaux dans les épreuves mais mis en place des mesures pour accompagner l’évolution des profils d’élèves qui sortent de la réforme du lycée et de la prépa et cela en concertation avec les professeurs de CPGE, explique pour sa part Stéphane Civelli, délégué général du concours Ecricome. Nous allons communiquer sur les coefficients définitifs de chaque épreuve à la rentrée 2022 et publier de nouveaux sujets zéro. »

Lire aussi : Concours 2023 : la BCE dévoile les sujets zéro des épreuves 

Passer les maths appliquées aux concours après avoir fait deux ans de maths approfondies ?

Mais la principale inconnue concernant les concours 2023 concerne les mathématiques, « discipline la plus bousculée par la réforme ». Une question reste à ce jour sans réponse « légale » : est-il possible de changer de parcours en cours de prépa pour passer, par exemple, des maths approfondies aux maths appliquées ? « Rien ne l’interdit dans les textes, signale Christine Pires, mais cela doit rester une exception d’abord pour la raison que les programmes sont différents. Nous souhaitons donc limiter au maximum ces changements en cours de route. »

Et concernant le concours ? Passer l’épreuve de maths appliquées alors que l’on aurait suivi des cours de maths approfondies durant ses deux ans de prépa ? « Pour éviter des pratiques peu honnêtes, les banques d’épreuves BCE et Ecricome se sont accordées pour faire des demandes permettant qu’un élève inscrit en maths approfondies ne puisse pas passer l’épreuve de maths appliquées. Il doit avoir une adéquation entre le parcours en prépa et les épreuves présentées au concours ». « Nous allons demander aux chefs d’établissements de produire pour chaque candidat une attestation de réussite de la première année de prépa ainsi qu’un document précisant les enseignements suivis au 1er semestre de la 2e année. Cela permettra d’éviter des techniques de contournement », précise Christian Chenel.

Triche aux écrits BCE : une enquête indépendante demandée par l’APHEC

Enfin, cette édition du congrès de l’APHEC aura permis d’aborder le sujet de la sécurisation du passage des concours. Suspicion de triche, manquements aux consignes de surveillance… la polémique qui a alimenté les débats plusieurs jours après la fin des écrits ne vous aura pas échappé. Le Monde a estimé que « l’image du concours BCE pourrait se trouver définitivement ternie »  et Les Écho Start qui s’interroge concernant « les conséquences sur l’équité du concours ».

Alain Joyeux a partagé avec Major-Prépa la position de l’APHEC. « Le dialogue et les échanges sont réguliers et permanents avec les deux banques, précise Christine Pires. Mais il faut aller plus loin dans la sécurisation du process du passage des épreuves même. Des améliorations doivent être apportées. Beaucoup de dysfonctionnements avérés cette année semblent dûs à une méconnaissance des consignes prises lors des surveillances : on ne connaissait pas les protocoles appliqués par les centres et c’est problématique. »

L’APHEC demande la conduite d’une enquête indépendante pour faire la lumière sur les incidents remontés pendant les écrits du concours BCE 2022. « Il faut par ailleurs remettre à plat l’ensemble du processus des concours via une concertation entre tous les acteurs : banques, écoles, ministères et APHEC », complète l’association.

Réponse de la BCE concernant les cas de triche aux écrits 2022

Réponse de la BCE, principale visée, qui a également partagé sa position par voie de communiqué le 1er juin dernier ? « Chaque année, comme cela arrive dans d’autres concours, nous enregistrons des cas de fraude ou suspicions de fraude, souligne Christian Chenel. Ils sont un peu plus nombreux cette année et tous ont fait l’objet de procès verbaux établis par les chef de centres d’examen car chaque situation doit être argumentée. Les candidats concernés ont pu continuer à composer comme le prévoit le règlement du concours BCE tant que la sanction n’a pas été prononcée. Les sanctions seront décidées lors des jurys d’admissibilité des 15 et 16 juin. »

« Comme le font l’ensemble des concours, nous nous appuyons, pour le bon fonctionnement, sur les proviseurs de lycées et chefs de centres qui supervisent les écrits. Nous sommes l’une des rares banques à avoir une réunion de briefing avec les chefs de centres et avons renforcé notre vigilance sur ces aspects. Pour évoquer les aspects pratiques du déroulement, je signale que la gestion de la pandémie a modifié les règles du protocole sanitaire notamment sur les deux points suivants : l’identité du candidat, qui ne se vérifie plus à son entrée dans la salle mais sur les tables, au moment de l’émargement ; la gestion des sacs, qui sont laissés au pieds de chaque table alors qu’ils étaient auparavant regroupés à un coin de la salle. Ce qui ne change pas : les portables doivent être éteints. Quoi qu’il soit décidé pour les candidats fraudeurs, la BCE ne prend pas l’affaire à la légère. » Une communication officielle sur les sanctions décidées devrait être faite dans la foulée. Major-Prépa te tiendra informé(e).