La tension monte depuis quelques semaines du côté des prépas ECG. Le fond de la réforme les concernant conduite par les ministères de l’Éducation nationale et de l’Enseignement supérieur, même s’il n’est pas encore officiellement tranché, inquiète fortement les enseignants qui ne parviennent pas à faire entendre leur voix. Une partie d’entre eux, réunie sous la bannière “Collectif Grève ECG”, a lancé fin février un appel à la grève pour les journées des 15 et 16 mars. Dans un communiqué du lundi 6 mars, l’APHEC (association des professeurs des classes préparatoires économiques et commerciales) soutient cet appel pour la journée du 16 mars.

L’objectif est pourtant partagé : professeurs de CPGE et ministères souhaitent rendre plus attractive la filière et permettre en particulier aux classes préparatoires économiques option générale de retrouver des effectifs antérieurs à la réforme du lycée. Elles ont en effet perdu autour de 15% de leurs élèves lors de la transformation des ECS et ECE en ECG pour s’adapter aux nouveaux profils de lycéens moins homogènes et, surtout, moins matheux.

Entre professeurs de prépa et ministères, le torchon brûle

Mais l’entente s’arrête là. Le scénario de la réforme, que le gouvernement rendra officiel le jeudi 16 mars, est loin de convaincre les principaux acteurs de la filière, à savoir, les professeurs. Les pistes auraient même l’effet inverse de celui escompté : rendre les CPGE EC moins lisibles, moins attractives. L’APHEC anticipe même “une prompte et irréversible dégradation et même la disparition de la filière à court terme”. “De nombreuses classes seraient menacées de fermeture à court et moyens termes”, avertit pour sa part le collectif “grève ECG”.

L’introduction du dernier communiqué de l’APHEC donne le ton. L’association fait en effet part de “sa perplexité et de sa profonde inquiétude face à l’acharnement du gouvernement à imposer contre l’avis des professeurs une réforme des classes préparatoires économiques et commerciales ECG. Nos efforts constants pour commenter, argumenter, évaluer et faire des contre-propositions acceptables restent lettre morte”.

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Un appel à la grève le 16 mars avant de nouvelles actions ?

Le jeudi 16 mars 2023 sera donc une journée de grève du côté des classes préparatoires ECG qui ambitionnent d’en faire une journée “prépas ECG mortes”. Il n’a pas été choisi au hasard : il s’agit du jour où le comité de pilotage de la réforme des CPGE ECG doit rendre ses conclusions et exposer précisément les contours que prendra la nouvelle classe préparatoire option générale à compter de la rentrée de septembre 2024. Les grévistes sont appelés à se rassembler ce jour-là devant le ministère de l’Enseignement supérieur à 10h.

Différents syndicats appellent à faire débuter cette mobilisation dès la veille, à savoir le mercredi 15 mars. À compter de cette semaine, qui marque la fin des vacances d’hiver pour l’ensemble des étudiants de France avec le retour en cours des élèves de la zone C, plusieurs assemblées générales devraient se tenir pour préparer la grève de la semaine prochaine.

Une assemblée générale est aussi programmée le 21 mars “pour décider de la suite à donner au mouvement”, précise le collectif “Grève Prépas ECG”. L’APHEC clot pour sa part son communiqué en ces termes : “D’autres actions sont à l’étude pour les prochaines semaines si la volonté de passage en force du gouvernement se confirme”.

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Fermetures de classes, destruction de l’équilibre de la filière : ce qui inquiète les enseignants d’ECG

Que craignent plus précisément les professeurs qui se mobilisent contre cette nouvelle réforme des classes préparatoires économiques et commerciales option générale ? La mise en place d’un tronc commun incluant seulement 5 heures de mathématiques en première année et autant en deuxième année associé à un choix d’option(s)/spécialité(s)  conduirait notamment à : “un service horaire plus morcelé”, “une charge administrative alourdie”, “la disparition de la notion de classe”, “une concurrence nouvelle entre les options”, “des risques de fermeture“, selon le collectif “Grève ECG”. 

L’APHEC résume les griefs de ses 1 500 adhérents en trois points et dénonce ainsi en particulier : “un nouvel enseignement de développement durable hors sol”, “un inutile et décrié TIPE” et “une baisse sensible du revenu de nombreux professeurs“.

Si le scénario adopté consiste à “accueillir dans une même classe d’ECG des étudiants n’ayant pas eu du tout le même cursus en mathématiques, et donc pas du tout le même niveau initial (…) [il] détruirait l’équilibre qui fait jusqu’à présent le succès de la filière auprès des écoles de management et à l’international », indique l’association dans son communiqué. 

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Le communiqué de l’APHEC : point de situation et appel à l’action le jeudi 16 mars 2023