En ce début d’année 2016, jetons un regard en arrière sur l’actualité économique et géopolitique particulièrement riche de décembre. Ci-dessous, des exemples à foison pour vos disserts d’HGGMC et d’ESH.

Bonne lecture !

COP21 : Un succès qu’il va falloir confirmer

cop21 succès

Alors que le mois de décembre (et par conséquent l’année 2015, cela ne vous aura pas échappé) s’achève, nous avons encore tous à l’esprit les images de cette scène de liesse au palais du Bourget, dans laquelle une foultitude d’éminents spécialistes du climat et de hauts représentants étatiques se targuaient d’avoir  finalisé un accord aussi ambitieux qu’historique.

Force est de reconnaitre que l’exploit n’est pas mince : depuis quelques années, le multilatéralisme est à la peine. Le sommet de Copenhague fut un fiasco retentissant. Dans un tout autre domaine, le cycle de Doha, impulsé par l’OMC en 2001 et achevé en 2006, était resté lettre morte. L’accord de Bali (2013) s’était lui conclut à l’arraché et  à minima à cause des réticences indiennes.

Intrinsèquement, l’accord de Paris est donc bien une réussite. Celle-ci s’explique par un travail en amont titanesque dans lequel la France s’est engagée corps et âme. Par l’intermédiaire d’ambassadeurs comme Nicolas Hulot –mais surtout Laurent Fabius-, la diplomatie française a joué le rôle de catalyseur pour rapprocher les vues fortement divergentes de la Chine, des Etats-Unis, des Etats insulaires etc.

La COP21 a par ailleurs bénéficié doublement de l’échec de Copenhague : d’une part parce que le texte final adoptée ce 12 décembre est largement inspiré des engagements retoqués en 2009, d’autre part parce qu’une déconvenue de plus à Paris (comprenez un autre sommet n’aboutissant à aucun consensus) aurait fini de décrédibiliser les sommets de ce type au niveau international.

Sans doute aurions-nous assisté, dans un tel cas de figure, à une multiplication des accords bilatéraux sur la question (comme celui entre la Chine et les Etats-Unis en novembre 2014). Ces arrangements dictés par les grandes puissances aurait de fait contraint les petites nations victimes des bouleversements climatiques au mutisme diplomatique.

L’accord de Paris prévoit en substance :

  • le maintien de l’élévation de la température nettement en dessous de 2 degrés
  • d’ici à 2020, une aide « plancher » de 100 milliards de dollars par an pour les pays du Sud devra être levée par les pays du Nord pour les aider à faire face aux conséquences du changement climatique.

Un autre seuil fatidique, celui des 1.5 degrés, est également évoqué à la demande des Etats insulaires. Ces pays ont beaucoup pesé dans les négociations, comparativement à leur modestie économique.

Malgré la réussite indéniable, le chemin de croix de l’accord de Paris n’est pas tout à fait terminé. Il faut maintenant qu’au moins 55 Etats représentant 55% des émissions mondiales de gaz à effet de serre ratifient l’accord.

Prochaine étape : la COP22 à Marrakech en novembre de cette année. Cette conference of the parties sera l’occasion d’évaluer l’aide logistique et financière promise aux Etats du Sud.

Elections régionales : même sans région, la victoire incontestable du FN

marion maréchal

Certes, tous les présidents de région, de gauche comme de droite, ont su se défaire de leur adversaire frontiste au soir du second tour, que ce soit à l’occasion d’un duel ou d’une triangulaire.

Il n’empêche, les ténors du FN ont de quoi se réjouir: A l’issue du premier tour, le parti d’extrême droite était la première force politique du pays, comme aux départementales en mars 2015, comme aux européennes en mai 2014. Par ailleurs, tous les candidats frontistes encore en lice au second tour, même ceux qui n’avaient aucune chance d’être élus, ont amélioré leur score du premier scrutin.

Comment expliquer une telle montée de l’extrémisme en France? Le climat anxiogène des attentats, l’islamophobie ambiante, la vague migratoire dûe à l’embrasement des pays arabes sont des facteurs déterminants, mais qui n’expliquent pas tout. Preuve en est: l’envolée du FN dans les urnes précède cette conjecture on ne peut plus favorable pour la formation bleu marine.

Qu’en est-il de la morosité économique? Indéniablement, le FN séduit plus dans les catégories socioprofessionnelles démunis frappé par le chômage et la précarité. Beaucoup d’ouvriers, de chômeurs et de salariés finissent par adhérer aux idées de Mme Le Pen; ils sont bien moins nombreux parmi les cadres supérieurs ou les professions libérales. Pourtant, si la croissance est atone, notre pays n’est plus pauvre qu’avant pour autant. Le chômage est structurel depuis les années 1980 et dépasse depuis bien longtemps 10%. Enfin, en Europe, des mouvements xénophobes se taillent la part du lion électoralement parlant dans des pays dynamiques économiquement (Suisse, Danemark, Pologne) et, à l’inverse, des pays durement touché par le chômage (Espagne (21,6%) Grèce (24,6%) Chypre (15%)) n’ont pas cédé aux chants des sirènes droitières, bien au contraire.

extreme droite

Tour d’horizon de l’extrême droite en Europe ici.
En réalité, si la gauche et la droite française “traditionnelles” s’opposent encore sur certains sujets sociétaux (le mariage pour tous est le dernier exemple en date), ils se rejoignent à bien des égards à l’aune de l’économie. En 1983, Mitterrand opère un tournant libéral qui se traduit par la mise en place d’une politique sociale s’apparentant à celle soutenue par l’opposition. Sous prétexte d’économies  à réaliser, d’un endettement public à contenir, le gouvernement Mauroy 2 adopte des mesures de rigueurs. Les politiques engagées ultérieurement sont peu ou prou identiques à celle-ci. Depuis 30 ans, les gouvernement successifs (de droite comme de gauche) détricotent ce qu’il reste encore de “l’exception à la française”, caractérisée par un Etat fort, garant des acquis sociaux.

Ces directives économiques sont moins le choix des nos chefs d’Etats que de l’Europe: A Bruxelles, on juge les aides sociales accordées par Paris trop généreuses. Elles sont en effet contraires à l’idéal de convergence et d’harmonisation des économies européennes (indispensables lorsqu’on ne se sert que d’une seule devise (l’euro) pour 19 Etats) marqué du sceau du néolibéralisme.

Les forces politiques modérées, à droite comme à gauche, tendent à accepter l’idée que dans notre économie globalisée contemporaine, il faut bien mieux se préparer aux mutations de notre monde que de s’en prémunir vainement. Dans cette optique, l’Europe, depuis le traité de Rome (1968) et a fortiori la signature de l’acte unique (1985), a toujours été pensée comme un prélude au monde que nous connaissons aujourd’hui.

La réussite du FN tient finalement de sa capacité à fédérer les laissés-pour-compte de la mondialisation: en France, le phénomène a indéniablement discriminé les moins qualifiés et les territoires qu’ils occupent. Le programme économique du Front, aussi loufoque soit-il, est le seul en France à prôner l’euroscepticisme, le rejet d’immigrés “assistés au détriment de Français”, la fermeture de l’économie censée caparaçonner nos emplois industriels contre la concurrence asiatique. Des valeurs qui ont le vent en poupe, et que seul une atténuation significative du chômage et de la paupérisation des classes moyennes/faibles peut réellement juguler.

Bon, sinon, la droite remporte 8 régions et la gauche en conserve 7. En Martinique et en Corse, ce sont des listes indépendantistes qui l’ont emportée.

résultat régionales

Rencontre sous haute tension entre les deux parlements de Libye

parlement Libye

Pour la première fois depuis l’éclatement de la guerre civile en 2014, Aqila Salah, le président du parlement reconnu par la communauté internationale basé dans l’est du pays, et son “homologue” Nouri Sahmein qui dirige le parlement officieux de Tripoli, se sont rencontrés mardi 15 décembre. Cette première esquisse pacificatrice est survenue deux jours avant la signature à Skhirat (Maroc) d’un accord de sortie de crise sous l’égide des Nations-Unies.

Même si le chemin sera encore long (notamment parce que le parlement de Tripoli est constitué en partie d’islamistes réticents à opérer un rapprochement avec le parlement de Salah), d’aucuns voient dans ces négociations entre les deux parties la promesse d’un gouvernement d’union susceptible de gouverner la Libye, en proie à cette guerre intestine depuis près d’un an et demi. Les occidentaux -les Etats-Unis en tête- ont pesé de tous leur poids pour accélérer le processus. L’instabilité politique ambiante fait de la Libye un territoire propice à l’implantation d’une nébuleuse terroriste, dont les groupuscules qui la composent sont bien souvent liés à l’Organisation Etat Islamique (OEI). Déjà très présente dans la région côtière de Syrte (la ville natale de Khadafi, dans lequel se trouve 1500 des 3000 combattants de DAECH sur le sol libyens), l’organisation progresserait selon certaines sources vers l’intérieur du pays avec l’objectif de contrôler des puits de pétrole. Cette situation préoccupante faisait dire au secrétaire d’Etat américain John Kerry que les occidentaux ” ne pouvaient pas permettre que le statut quo perdurent” lors d’un sommet à Rome sur le sujet mi-décembre.

Pour rappel, la transition post-Kadhafi (dont le régime despotique était tombé lors des printemps arabes en 2011) s’était initialement déroulée sans accroc, avec l’élection en 2012 d’un parlement dominé par les libéraux. C’est n’est qu’à l’été 2014 que la lutte d’influence entre les deux parlements libyens a véritablement cristallisé les tensions au sein d’un pays encore fragile, provoquant une guerre civile. Certains écueils expliquent en grande partie cette résurgence de la violence en Libye: d’abord, l’Etat libyen a continué de financer une multitude de milices. Ces hommes en arme n’ont certainement pas contribué à apaiser le climat déjà électrique de l’époque. D’autre part, l’adoption de la “loi d’isolation politique” visant à évincer les ex-dignitaires de Khadafi de la vie publique a largement contribué au développement du parlement non-reconnu par la communauté internationale au sein duquel se recyclent les anciens khadafistes.

En bref…

Le pétrole toujours aussi bas :

Le prix de baril du pétrole se stabilise à des niveaux très bas, autour des 40 dollars (NDLR : 30$ à mi-janvier 2016). En cause, une baisse durable de la demande (lié au ralentissement de la consommation des émergents ainsi qu’à la baisse de la croissance constatée dans de très nombreux pays). Comme nous l’avions déjà abordé lors de nos précédentes synthèses, de nombreux pays peuvent supporter un prix très bas (comme l’Arabie Saoudite, en déficit de 23% de PIB), tandis que d’autres éprouvent de très nombreuses difficultés (Venezuela, Algérie, etc.)

Hausse des taux directeurs de la FED :

Inchangés depuis 6 ans, les taux directeurs de la FED sont passés de 0-0,25% à 0,25%-0,5%. C’est le début de la fin de la politique d’argent gratuit, initiée par la FED aux lendemains de la crise des subprimes. Cette relance par l’abondance de liquidités s’est avérée payante, au risque de nourrir ce que certains perçoivent comme étant une bulle, puisque de nombreux indices boursiers américains ont atteint leurs plus hauts historiques en 2015.

Un nouveau membre pour l’OTAN :

Le Monténégro, dont la procédure d’adhésion poursuit son cours avec l’ouverture de nouveaux chapitres de négociation à la fin du mois, est devenu le 29ème membre de l’OTAN !

Shinzo Abe s’excuse :

Shinzo Abe a enfin présenté ses excuses auprès des “femmes de réconfort”, ces femmes coréennes abusées par les troupes impériales japonaises lors de la Seconde Guerre mondiale.

De nombreuses actualités ont également été abordées lors de nos quiz de décembre. Pour une maîtrise complète de l’actualité très chargée de ce mois, nous vous conseillons de faire ces 3 quiz : 

Quiz 1Quiz 2Quiz 3