Je te propose une petite méthodologie pour comprendre comment, face à un sujet qui semble au premier abord très difficile, tu peux très bien t’en sortir en faisant appel à toutes tes connaissances, tout en traitant le sujet et rien que le sujet. Pour ce faire, nous avons pris l’exemple du sujet « Les aspects économiques et sociaux des sorties de guerre », donné à l’oral de HEC en 2019.

Comme la plupart des sujets d’oraux HEC, ce sujet traite d’un point précis du cours : il est peu probable que tu aies déjà une fiche prête sur les sorties de guerre, puisque ce n’est clairement pas le cœur du programme. Ces dernières années, HEC donne de plus en plus de sujets très précis dont certains, comme ce dernier, nécessitent une certaine approche géopolitique qui n’est pas dispensée en ECE. Si cela t’arrive, pas d’inquiétude !

Première étape : cadrer le sujet

La première chose à faire est de réaliser un brainstorming rapide à l’écrit où tu notes toutes les guerres qui te viennent en tête (à noter que le programme de ESH commence au XIXe siècle, il est donc inutile d’aller chercher au-delà). En effet, un étudiant lambda va se concentrer sur les deux guerres mondiales (qui sont bien évidemment au cœur du sujet), mais la première différence va se faire sur la capacité que tu as à mobiliser ta culture générale et historique. Ainsi, parler de la guerre de l’opium (1839-1842), de la guerre des Boers (1880-1881) ou encore de la guerre d’Indochine (1946-1954) te mettra immédiatement en valeur par rapport à tes concurrents.

Essaie également d’évoquer un maximum de pays, le sujet ne posant pas de limite géographique.

Deuxième étape : repérer les hors-sujets

Il faut ensuite s’attacher à l’énoncé précis du sujet qui t’est proposé. Le premier gros piège à éviter est d’élargir le sujet aux après-guerres, alors qu’il s’agit de traiter spécifiquement des sorties de guerre. Ainsi, évoquer la crise des années 1930 comme conséquence de la guerre te fera immédiatement basculer dans le hors-sujet. En introduction, pose clairement les limites chronologiques de l’expression « sorties de guerre ».

Troisième étape : mobiliser ses connaissances

Il s’agit ensuite de réussir à dégager un large panel de conséquences positives et négatives sur le plan économique et social. Compte tenu de la courte durée de l’exposé (10 minutes) et en considérant le fait qu’il aurait pu s’agir d’un sujet de thèse, le mieux est d’évoquer rapidement un maximum de ces aspects en négligeant de fait une étude détaillée de tous ces exemples. En gros, il faut bombarder de connaissances. Pense évidemment aux conséquences directes sur un pays donné, en voici une liste non exhaustive.

Les conséquences économiques

On peut penser évidemment à l’effet de cliquet mis en avant par Peacock et Wiseman (statistiquement dès qu’il y a une crise ou une guerre, le poids de l’État dans l’économie progresse, et une fois que la guerre est finie, le niveau d’intervention de l’ État ne revient pas à celui d’avant-guerre), à la forte inflation qui suit généralement les épisodes de guerre (ATTENTION à ne pas parler de l’hyperinflation qui ne survient qu’en 1923), à la dépréciation monétaire, aux nombreuses dévaluations (après les deux guerres mondiales notamment) et aux nationalisations massives (notamment en 1945, lorsque l’État nationalise les outils énergétique [EDF], monétaire [Banque de France] et productif [avec des entreprises comme Renault, coupables de collaboration]). On peut finir en ajoutant la fin de l’étalon-or pour la Première Guerre mondiale, ainsi que le non-démantèlement de l’économie de guerre.

Il faut également remarquer que les aspects économiques peuvent concerner plusieurs pays en même temps et non un seul : on pense ainsi notamment à la conférence de Bretton Woods qui a lieu dès 1944 pour préparer la sortie de la guerre, mais aussi aux accords du GATT pour organiser le commerce international ou encore au Plan Marshall, etc.

Les conséquences sociales

Il faut commencer par les conséquences les plus évidentes : les victimes civiles et militaires de la guerre qui provoquent une pénurie d’actifs et la revendication de nouveaux droits (par exemple, après 1945, le CNR et le PCF disposent d’une grande influence) qui passe après 1945 par la mise en place d’un système de sécurité sociale (Ordonnance Laroque de 1945, NHS en 1948, etc.).

Ensuite, il faut essayer de dégager toutes les autres conséquences que peut avoir une guerre sur une société : ainsi, il est bien vu d’évoquer le renouveau de la place des femmes (elles remplacent en effet les hommes dans les usines pendant la guerre et obtiennent le droit de vote en 1945), les mouvements massifs de population (pendant la guerre d’Algérie par exemple), la création de HBM (1919), etc.

Pour vraiment faire la différence le jour de l’oral, on peut aller encore plus loin en mentionnant d’autres conséquences moins évidentes comme le remplacement des élites. En effet, les élites sont décimées durant la Première Guerre mondiale (ce qui aura des conséquences militaires majeures), et au lendemain de la Seconde Guerre mondiale, de Gaulle crée une nouvelle classe de hauts fonctionnaires via l’Ordonnance du 9 octobre 1945 pour remplacer les élites accusées de collaboration, etc.

Quatrième étape : donner davantage d’épaisseur à son argumentation

Pour cela, il faut remarquer que certains aspects économiques bénéfiques pour certains pays se font au détriment d’autres : ainsi, après le traité de Nankin, qui met fin à la guerre de l’opium, l’Empire britannique peut librement exporter vers la Chine, laquelle subit de fait cette situation. On voit bien à travers cet exemple que les aspects économiques et sociaux peuvent être considérés aussi bien comme étant positifs ou négatifs selon les différents pays concernés. Il s’agit donc d’étudier les interactions entre les différents pays lors des sorties de guerre.

Cinquième étape : passer au plan

Comme tu as déjà mis toutes tes idées sur brouillon, tu n’as plus qu’à trouver un plan et y glisser ensuite les idées.

À l’oral, les sujets invitent souvent à un plan binaire. Si c’est le cas, ne t’embête pas et fonce ! En revanche, si tu te retrouves face à un sujet comme celui-ci, il faut proposer un plan plus réfléchi. Comme tu as déjà tes idées, l’idéal est de réussir à trouver un plan en deux ou trois parties de manière à ce que les parties soient équilibrées en termes de quantité de connaissances.

Voilà une proposition de plan, qui n’est évidemment pas le seul plan possible

1) Au lendemain d’une guerre, chaque pays belligérant est confronté à de graves conséquences économiques et sociales

2) Toutefois, paradoxalement, les guerres permettent souvent d’importantes avancées sociales…

3) …voire économiques, lorsque les différents pays s’entendent pour réorganiser l’économie mondiale au lendemain de la guerre