Alors que l’épreuve de Culture Générale de 2023 portait sur « Le monde », les élèves d’ECG devront méditer sur « La violence » pour les concours de 2024. 

Thème plus que jamais d’actualité, il traverse l’histoire de la philosophie politique et de la littérature, de la peinture et du cinéma, notamment — et peut-être surtout — parce qu’il traverse la grande Histoire. Ainsi, les ressources pour aborder la notion de violence sont plurielles, et pourront être piochées dans la philosophie et la littérature bien sûr, mais aussi dans l’Histoire, la sociologie, et dans tous les arts.

Comme tous les ans, nous vous proposerons, bien sûr, de nombreux articles récapitulant les oeuvres majeures – mais aussi plus originales – sur le thème. En attendant, voici une présentation succincte, qui vous permettra de découvrir les grands axes de réflexion sur “La violence”.

Les trois grands axes sur la violence 

I – REPRÉSENTER LA VIOLENCE

L’un des problèmes majeurs qui se pose lorsqu’on étudie la violence est sa représentation. Si la violence est choc, dépassement de limites, alors comment la représenter, c’est-à-dire proposer une oeuvre ou une forme d’expression qui puisse circonscrire toute son ampleur tout en respectant l’impact qu’elle peut avoir sur le spectateur ? La violence, par essence, n’est-elle pas ce que l’on ne peut dire ? Mais si l’on ne peut la nommer ni la décrire, alors comment la penser, ou même la définir ?

II – DÉFINIR LA VIOLENCE

C’est donc le problème de la définition de la violence : elle dépasse les mots, et donc parfois la raison (logos). Or, il faut bien définir ce terme, circonscrire la violence, et peut-être même en trouver les critères : quels actes sont violents, et lesquels ne le sont pas ? Ces questions posent des problèmes moraux, évidemment, mais aussi légaux ou encore politiques.

II – LÉGITIMER LA VIOLENCE

Mais la violence ne se résume pas à ce que l’on peut en dire : elle est aussi — et surtout — le choc de ce qui nous arrive, qu’on puisse l’exprimer ou non. A cette violence, il faut alors bien répondre : en s’en protégeant, mais aussi en cherchant des moyens de la contrer. Faut-il alors répondre à la violence par la violence ? Autrement dit, y a-t-il des violences légitimes ? Si oui, comment les reconnaître ? Et si non, est-ce à dire que toute violence doit être abolie ? Un monde non-violent n’est-il pas une simple utopie ?

Ce sont ces questions — et bien d’autres — que nous aborderons tout au long de l’année. Pour l’instant, voici les grands axes sur la violence, c’est-à-dire des pistes de réflexion à méditer avant de se lancer dans le grand bain de la préparation de l’épreuve. Nous vous proposons également quelques oeuvres à feuilleter dès maintenant pour chaque question.

La violence : pistes de réflexion préliminaires

I – DEFINIR LA VIOLENCE : SES FORMES, SES LIMITES ET SES BUTS

Qu’est-ce qu’un acte violent ? Formes de la violence

  • La violence comme acte : physique, psychologique
  • Violence individuelle et violence collective : les formes de violence dans l’Histoire
  • L’évènement, ou la violence de la transformation de notre monde 
  • La violence définit-elle l’Homme ? Violence humaine et violence animale

Les limites de la non-violence

  • Pour la non-violence : mouvements, arguments et oeuvres pacifistes
  • La non-violence n’est-elle qu’une utopie ?
  • Jusqu’où est-on non violent ? Où quand commence la violence

Définir la violence

  • La définition de la violence est-elle prisonnière du subjectivisme ?
  • La pluralité des formes de violence : un problème épistémologique, philosophie et social majeur
  • Toute réponse violence à la violence est-elle légitime ? Définitions d’une bonne et une mauvaise violence

II – ACTES DE VIOLENCE, ACTEURS VIOLENTS

Violence intime, violence publique : la violence comme système

  • Qu’est-ce qu’une violence intime ? 
  • La violence comme système : l’exemple du sexisme, ou quand « le privé est politique »
  • La violence du monde : le sujet pris dans un chaos global

L’Etat comme « monopole de la violence légitime »

  • La légitimité d’un Etat violent (Hobbes, Léviathan ; Weber, Le savant et le politique)
  • Le rôle de la police
  • Peut-on se passer d’un ordre politique violent ? (Rousseau, Le Contrat social)

Répondre à la violence : quelles légitimités ?

  1. Formes de luttes populaires
  2. Révolution vs. réforme : les formes de la réponse à la violence doivent-elles elles-mêmes être violentes ?
  3. Y a-t-il des formes de réponses violentes plus efficaces que d’autres ?

III. REPRESENTER LA VIOLENCE

L’art de la violence. La violence est-elle représentable ?

  • Dépeindre la violence, est-ce la dénoncer ? (Ron Haviv, photographies sur la guerre des Balkans ; Susan Sontag, Sur la photographie)
  • L’explicite vs. l’implicite : comment dépeindre la violence ?
  • Peut-on jamais toucher la violence du doigt ? (Conrad, Au coeur des ténèbres ; Céline, Voyage au bout de la nuit)
  • Poétiser la violence : quand la violence se fait art (Apollinaire, “Salomé”)

L’utilité de représenter la violence

  • La catharsis : peut-on purger la violence ? (Aristote, Poétique)
  • Dénoncer la violence : formes et utilité
  • Connaître la violence : Faut-il être concerné pour représenter la violence ? 

Qui peut peindre la violence ? 

  • La légitimité des victimes rend-elles les non concernés illégitimes ?
  • Y a-t-il des formes de violence universelles ?
  • Méconnaître la violence, est-ce mieux la dépeindre ?

Les violences inconscientes : quand la violence s’ignore

  • Le problème de l’inconscient : une violence irreprésentable car irreprésentée (Freud)
  • Les violences intérieures et intériorisées (Frida Kahlo, La Colonne brisée)
  • Le rôle de l’éducation : de la violence intérieure à la violence extérieure