Aventurier professionnel diplômé de HEC et Sciences Po et auteur de Faire de sa vie une aventure: Les images, Matthieu Alfré vous propose 3 références originales sur la nature tirées de récits d’aventurier.

1/ Sylvain TESSON

Sous-thème : la nature vs. la société (voire la nature comme remède à la société)

Point n’est besoin de présenter le célèbre aventurier-écrivain Sylvain Tesson. Féru d’escalade et amateur d’alcools forts, il s’est rendu célèbre pour ses expéditions en Asie Centrale. Grâce à sa plume singulière et alerte, il obtient même le prix Goncourt de la Nouvelle en 2009 avec Une vie à coucher dehors. Rares sont les aventuriers-écrivains à avoir obtenu cette haute distinction. Ce n’est pourtant pas cet ouvrage qui vous sera le plus instructif sur la nature. L’expérience radicale qu’il en a développée dans une expédition en solitaire ne connaît que peu d’équivalent. En effet, comme il le raconte au sein de l’ouvrage intitulé Dans les forêts de Sibérie (2013), il a noué une relation privilégiée avec la nature dans la toundra. Le voyageur français s’est exilé seul au plus profond de la Sibérie pendant six mois. Il s’est construit une cabane pour y vivre loin de l’ingratitude et de la médiocrité des hommes. C’est ce que met bien en évidence la conclusion de son ouvrage. A cet effet, il rappelle, pudique : “une femme m’a dit adieu et des papillons se sont posés sur moi”. Pour ceux qui la respectent, voire la chérissent, la nature se montre prodigue.

2/ Don FERNANDO

Sous-thème : la nature comme siège de l’humanité (une partie de la nature humaine)

Le contact prolongé avec la nature peut nous confronter à ce qui constitue le plus profond de l’homme. Il s’agit peut-être des valeurs d’humanité qui ensemble nous animent. C’est sans doute ce qu’a vécu avec la plus grande authenticité l’aventurier du XXème siècle Fernand Fournier-Aubry (Don Fernando, 1972). Exploitant au Gabon et concessionnaire au Pérou, il s’est mêlé d’amitié et d’amour avec des membres de peuplades locales. Or, loin de conclure à leur bizarrerie – voire leur barbarie – il s’est passionné pour leurs cultures. Toutefois, à cause de son succès insolent, le “seigneur de l’Amazone” s’est attiré des ennemis mafieux. Il a donc perdu toute sa famille indienne, martyre innocente d’une expédition punitive. “Petits blancs, vous vous rabougrissez dangereusement, alors que vous avez tous les moyens d’agir !”. Cet épisode existentiel lui révèle les liens troubles qu’entretiennent la civilisation et la barbarie. Ainsi, Don Fernando fait le choix de s’atteler à défendre ces peuples dits primitifs. Paradoxalement, à son sens, c’est au cœur de la nature que se trouve l’humanité et au cœur de la civilisation que se trouve la barbarie. C’est cette vérité profonde qui l’habite lorsqu’il se prépare pour son dernier voyage…

3/ Paul-Émile VICTOR

Sous-thème : l’hostilité de la nature, le danger qu’elle peut représenter pour l’homme

Nous ne devons pas faire preuve d’angélisme avec la nature. Ce que l’homme a acquis en elle, comme son sens de l’esthétique et la création de ses valeurs, il l’a acquis de haute lutte. Dans les années 1930, l’aventurier du grand Nord Paul-Emile Victor s’établit au Groenland au sein de groupes Esquimaux (Aventure esquimau, 1949). Il s’y est rendu à bord du robuste navire d’exploration polaire baptisé, à juste titre, le “Pourquoi pas ?”. Au sortir de l’Islande, en 1936, la tempête engloutit le navire, l’intégralité de l’équipage et les trésors ethnographiques des peuples du Nord qu’il contient. Ce naufrage tragique affecte profondément l’explorateur qui en tire une force renouvelée pour ses aventures. Quoi qu’il en soit, reconnue comme notre mère nourricière, la nature est aussi capable de nous retirer ce qu’elle nous avait prodigué de plus précieux : la vie.

Retrouvez les plus belles images du périple de Matthieu (deux ans non stop autour du monde), accompagnées de textes inspirés, dans son ouvrage tiré de son blog éponyme, Faire de sa vie une aventure.