Salut à toi ! Aujourd’hui, nous abordons un chapitre d’économie sur les effets de la mondialisation.

Quelques rappels importants : comme nous l’avons évoqué dans l’article précédent, les économistes Baldwin et Martin ont défini la mondialisation économique selon trois facteurs clés :

  • Le développement du commerce international
  • L’augmentation des flux de capitaux et des flux de migrations
  • L’industrialisation 

La plupart des économistes considèrent positivement l’ouverture au commerce international. Tout comme les autres chocs structurels tels que le progrès technique, l’ouverture au commerce international provoque des changements importants notamment sur le marché du travail. Les entreprises exportatrices créent des emplois et leur niveau élevé de productivité leur permet d’augmenter les salaires tandis que les entreprises concurrentes par les importations font le contraire.

I. La mondialisation contribue à la croissance de la productivité

Tout d’abord, qu’entend-on par croissance de la productivité ? La croissance de la productivité, c’est une hausse de la valeur ajoutée (VA), donc du facteur capital et travail.

A) Explication par les théories économiques

La théorie économique classique prédit que les nations intégrées dans la mondialisation se spécialisent selon leurs avantages comparatifs et échangent entre elles les biens dans lesquels elles sont spécialisées. Grâce à ce processus, elles produisent des quantités plus importantes que celles dont elles disposeraient en autarcie.

Plusieurs théories vont expliquer ces gains provenant du commerce international :

  • Première explication : si l’on suppose que les rendements d’échelle sont croissants (c’est-à-dire que la production fait plus que doubler lorsqu’on double les facteurs de production), l’accroissement de la production résultant de l’accès aux marchés internationaux permet aux firmes de bénéficier de ces rendements d’échelle et donc d’être plus productives.
  • Seconde explication : les transferts de technologie permis par les échanges internationaux vont permettre une hausse de la productivité dans les pays bénéficiant de l’apport de nouvelles technologies (les innovations technologiques vont se diffuser d’un pays à un autre).
  • Troisième explication : les firmes multinationales organisent leurs chaînes de production en fonction des avantages comparatifs des différents sites de production et de leur propre stratégie (c’est l’organisation de la production en chaînes de valeur ajoutée fragmentées dans le monde entier, les CVM).

On peut en conclure que la mondialisation exerce un effet positif sur la productivité. De plus, selon l’économiste américain Paul Krugman (1994), “la productivité est la seule chose qui compte dans le long terme”.

En effet, l’accroissement de la productivité permet aux entreprises de produire plus de valeur ajoutée (VA), qui est ensuite distribué aux salariés et aux détenteurs de capital. Lorsque toutes les entreprises d’un pays vont augmenter leur productivité, le revenu national s’accroît, ce qui permet à la population d’améliorer son niveau de vie.

B) Validation des théories économiques par des données empiriques

En 2017, l’OCDE (Organisation de coopération et de développement économiques) basé à Paris a publié des données empiriques montrant que le développement des échanges extérieurs est allé de pair avec une croissance positive de la productivité totale des facteurs dans les pays de l’OCDE.

II. L’impact des échanges extérieurs sur le marché du travail

La hausse de la productivité des entreprises exportatrices peut, toutefois, s’accompagner d’effets contradictoires sur l’emploi :

  • L’amélioration de la compétitivité, tout en abaissant les coûts de la production, mène à la substitution d’équipements à une main d’œuvre trop coûteuse. De plus, les changements technologiques nécessitent des créations d’emplois plus qualifiés.
  • Si une entreprise exportatrice crée des emplois, si elle est concurrencée par les importations, cela peut la mener à en supprimer. Une ouverture au commerce mondial engendre une réallocation des facteurs de production des entreprises concurrencées par les importations vers les entreprises qui gagnent des parts de marché à l’exportation.
  • La théorie économique prédit que si le marché du travail est suffisamment flexible, ce changement structurel n’est pas de nature à affecter le niveau des emplois. En effet, les salariés licenciés par les entreprises concurrencées par les importations peuvent retrouver des emplois créés par les firmes exportatrices : il n’y aurait alors pas de perte nette d’emplois.
  • Or, il existe des frictions, qui sont des facteurs institutionnels qui entravent la réallocation des salariés vers de nouveaux emplois. En effet, les personnes qui perdent leur emploi ne peuvent pas avoir l’âge, les compétences ou encore la mobilité géographique requis pour occuper les emplois créés. Les pays de l’OCDE ont tendance à perdre des emplois dans les activités utilisatrices de main d’œuvre faiblement qualifiée et à en gagner dans les activités recourant à une main d’œuvre hautement qualifiée.

En conclusion, il y a une coexistence de chômage et d’emplois vacants dont l’importance dépend des frictions présentes dans chaque pays. L’une des conséquences de ces frictions est que les emplois supprimés ne sont pas entièrement remplacés par des emplois créés, ce qui, au final, entraîne des pertes nettes d’emplois.

III. L’impact de la mondialisation sur le pouvoir d’achat et les inégalités de revenus

Enfin, l’ouverture au commerce extérieur n’affecte pas seulement l’emploi. La distribution des revenus est également affectée.

Le commerce extérieur a deux conséquences importantes pour les prix relatifs des biens échangés :

  • Les prix des produits exportés augmentent : les producteurs se retrouvent en situation de concurrence monopolistique ou oligopolistique.
  • Le prix des produits importés baissent : grâce au libre-échange, les droits de douane sont plus bas et les prix des produits importés sont donc inférieurs à ceux des produits nationaux.

Cette évolution a des conséquences sur la rémunération des facteurs de production concernés, le salaire et les revenus du capital.

Pour résumer tout cela, nous allons évoquer le théorème de Stolper et Samuelson (1941) : la hausse du prix d’un bien occasionne la hausse du prix du facteur de production utilisé de façon intensive dans cette industrie, et une baisse du prix de l’autre facteur. Donc, les salaires baissent dans les secteurs exposés à la concurrence des importations, tandis qu’ils augmentent dans les secteurs exportateurs.

Dans les pays de l’OCDE, les secteurs exposés à la concurrence des importations sont intensifs en main d’œuvre peu qualifiée, alors que les secteurs exportateurs sont intensifs en main d’œuvre qualifiée.

Au final, on observe un accroissement des écarts de revenus entre les salariés qualifiés et les salariés peu qualifiés.

Tu as désormais toutes les clés afin de comprendre la mondialisation et ses effets. N’hésite pas à poser des questions en cas de besoin !

Bon courage à toi et à très vite !