Au cœur de l’actualité de ces derniers mois, la situation économique italienne inquiète l’Union Européenne. L’Italie fait partie de ces pays d’Europe du Sud dont les finances publiques se portent mal, souvent désignés par l’acronyme PIGS (Portugal, Italie, Grèce, Espagne) . Or, le nouveau gouvernement, issu de l’union d’un partie antisystème (le Mouvement Cinq Etoiles) et d’un partie d’extrême droite (la ligue du Nord), ne compte pas redresser les finances publiques, bien au contraire ! A cette dette jugée fortement préoccupante, s’ajoutent les difficultés des entreprises italiennes à se faire une place dans l’économie mondiale. Dans cet article, vous découvrirez donc les caractéristiques majeures de l’économie italienne, un bon exemple d’actualité pour illustrer vos copies.

Les caractéristiques structurelles

Les principaux secteurs d’activité

  • La contribution du secteur primaire à la valeur ajoutée s’élève à 2% environ, ce qui fait de l’Italie la troisième puissance agricole européenne (derrière la France et l’Allemagne). Cependant, la production nationale reste insuffisante pour satisfaire la demande intérieure, la balance commerciale du secteur agro-alimentaire est donc déficitaire ;
  • Le secteur secondaire a pour particularité d’être structuré sous forme de districts industriels (terme marshallien qui désigne le regroupement d’industries appartenant à un même secteur d’activité dans une zone géographique). Les PME et les micro-entreprises (moins de 10 salariés) sont particulièrement nombreuses. Beaucoup d’entre elles étant détenues par des familles, le modèle italien est celui d’un capitalisme familial. Si certaines industries disposent encore d’un savoir-faire unique et constituent ainsi l’un des points fort de l’économie italienne, la part du secteur secondaire dans le PIB italien a fortement diminué ces dernières décennies. Aujourd’hui, l’industrie ne représente plus que 21% de la valeur ajoutée. Dans le domaine énergétique, la production est bien insuffisante : l’Italie est contrainte d’importer 75% de l’énergie, consommée sur son territoire ;
  • Les trois quarts de la production italienne sont aujourd’hui le fruit des services. Au sein de ce secteur, il faut souligner l’importance du tourisme, dont la contribution au PIB s’élève à 10%. L’Italie est le cinquième pays le plus visité au monde.

La fracture Nord-Sud

Une part non négligeable de la production italienne n’est pas comptabilisée par les statistiques officielles et passe par le secteur informel. La Mafia, particulièrement active dans le Sud du pays, participe grandement à l’économie souterraine par ses activités d’extorsion de fonds, de trafic de drogue et ses réseaux de prostitutions. Cette criminalité persistante entrave le développement de l’Italie du Sud. Alors que le Nord bénéficie du dynamisme de la mégalopole européenne et dispose d’une main d’oeuvre qualifié, le Sud entretient un net retard, qui a même eu tendance a s’accentuer ces dernières années. L’immigration, imposée à l’Italie par sa position géographique, est également source de tensions dans le pays. Chaque année, de nombreuses embarcations transportant des migrants arrivent sur les côtes situées au Sud du pays. Avec les difficultés économiques de ces dernières années, ce phénomène est de plus en plus contesté.

Les évolutions récentes

Depuis le début des années 2000, l’Italie souffre d’une absence totale de gains de productivité, qui s’expliquerait notamment par une insuffisante formation de la population active et par un manque d’investissement, aussi bien sur le plan public que privé.

Lorsque survient le crise financière de 2008, l’économie nationale est donc déjà fragilisée. L’Italie entre alors en récession. En voici les principales conséquences:

  • On constate un doublement du taux de chômage entre 2007 et 2014. Le chômage des jeunes, déjà élevé avant-crise, atteint désormais des taux records : selon les données de la banque mondiale, en 2014, 42,7% des jeunes italiens sont au chômage. Face à ces chiffres alarmants, Matteo Renzi lance le « Jobs Act » afin de flexibiliser un marché du travail, jugé trop rigide. Les réformes comprennent notamment une facilitation du recours aux contrats à durée déterminée. Depuis, le chômage est en légère baisse, notamment chez les jeunes ;
  • La diminution des recettes fiscales et la hausse des dépenses publiques, automatiques en période de crise (effet ciseaux), ont généré une forte augmentation de la dette. Comme dans bon nombre de pays du Sud de l’Europe, la crise économique s’est donc rapidement transformée en crise de la dette souveraine. Aujourd’hui, la dette publique s’élève à plus de 130% du PIB italien, la Grèce est le seul pays européen à avoir un ratio d’endettement supérieur à celui-ci.

Les récents rebondissements qui ont secoué la sphère politique italienne risquent d’avoir des répercussions majeures sur l’économie. Les élections générales de mars 2017 ont débouché sur la formation d’un nouveau gouvernement, issu de l’alliance de deux mouvements populistes, dont le programme économique prévoit la mise en place d’un revenu universel destiné aux plus modestes ainsi qu’une hausse de l’investissement public (augmentation des dépenses), tout en promettant une diminution de l’âge de départ à la retraite et une annulation de la hausse prévue de la TVA (baisse des recettes) . En résulterait donc une hausse notable du déficit public, qui s’élèverait à 2,4% du PIB: bien loin de l’objectif de 0.8% du précédent gouvernement. L’annonce du budget n’a pas été sans répercussions sur les marchés financiers : alors que les taux d’intérêts des emprunts italiens ont fortement augmenté, la bourse de Milan a chuté. Si Rome affirme que cette politique devrait permettre le retour d’une croissance soutenue, préalable nécessaire à la réduction de la dette, Bruxelles a peur de voir l’endettement public italien s’accentuer encore davantage. Etant donné l’envergure de l’économie italienne, qui fait d’un « Italexit » un événement à éviter absolument pour la zone euro, il est primordial pour Bruxelles de trouver rapidement un terrain d’entente avec Rome.

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