Maras

En mars 2022, Nayib Bukele, le président du Salvador, a décrété l’état d’urgence. Cela se traduit par une chute drastique du nombre d’homicides dans le pays et le retour à la sécurité dans certaines zones dites dangereuses. Mais est-ce vraiment une bonne chose ?

État des lieux au Salvador

Pendant très longtemps, on parlait du Salvador comme d’un pays particulièrement dangereux, notamment à cause des Maras. Tu as déjà sûrement entendu parler des deux maras les plus connues : Mara Salvatrucha (MS-13) et Mara 18. 

Ce sont des gangs armés qui font essentiellement affaire dans le trafic de stupéfiants, mais aussi dans toutes autres affaires illicites. Implantés depuis de nombreuses années, les gouvernements ont essayé, dès les années 1980, de lutter contre ces gangs qui font régner la terreur. Mais c’est surtout depuis les années 2010 que les politiques sont fortes. 

Une des mesures très connues est la « Mano Dura ». Elle consiste en une série de politiques et de répressions afin d’incarcérer davantage les mafieux pour mettre fin aux histoires de gangs. Entre 2004 et 2008, le nombre de maras dans les prisons du Salvador a doublé (4 000 à 8 000). Elle a permis de faire baisser le taux de mortalité de près de 14 % dans le pays en 2004. Pour finalement augmenter de 64,7 % en 2006…

Les mesures mises en place auparavant ne semblent pas avoir été bénéfiques pour la population. Selon l’Institut des droits de l’homme de la University of Central Arkansas : « Le développement des maras aurait été favorisé par l’inefficacité des tribunaux des pays en question. » 

Que se passe-t-il aujourd’hui au Salvador ?

Bukele est arrivé au pouvoir en 2019 et cela fait déjà un an que l’état d’urgence dans le pays a été instauré. Les avis par rapport à ce dernier divergent fortement.

D’un côté, nous avons les partisans dans toute l’Amérique latine, qui approuvent ces mesures et n’attendent qu’une chose : que leur propre pays fasse la même chose. Cela est notamment dû au fait que le taux d’homicides dans le pays a chuté considérablement et que la sécurité est revenue dans certaines zones du pays.

Au Guatemala, au Honduras ou au Chili, on peut désormais assister à des défilés pro-Bukele. Dans beaucoup de pays, le président Bukele est vu comme un modèle qui, après avoir relativement bien géré la crise de la Covid (avec le don de près de 34 000 vaccins au Honduras) et aidé humanitairement le Honduras et le Guatemala après le passage des cyclones, arrive à se placer comme leader régional dans la lutte contre les gangs. On assiste aujourd’hui à une véritable coopération régionale, et surtout entre ces trois pays, pour la lutte contre les gangs.

Et d’un autre côté, beaucoup critiquent parce que les mesures prises ne respectent pas les droits de l’homme. Les militaires et les policiers font désormais partie intégrante du quotidien des habitants du pays et les arrestations sont massives. Les procès ne sont pas équitables et pas forcément totalement justifiés, les arrestations sont violentes. Près de 60 000 Salvadoriens sont placés en détention dans un pays où le président contrôle toutes les instances politiques et juridiques. De nombreuses associations pour la défense des droits humains se sont indignées de la situation du pays, tout comme Washington.

Est-ce vraiment viable ?

Si on oublie toute la violence qui est engendrée et créée inutilement, on peut partir du principe que l’idée est bonne et que c’est une bonne chose pour l’Amérique latine de vraiment commencer à réduire tous ces problèmes de violence.

Mais l’usage de cette force violente n’est vraiment pas nécessaire et probablement pas la bonne solution. Comment peut-on défendre un projet de paix et en même temps pratiquer la torture en prison ?