lithium

En mars 2023, l’Union européenne a définitivement validé la fin de la production de voitures à moteur thermique dès 2035. Autrement dit, elle généralise les moteurs électriques. Pour atteindre cet objectif, les pays européens doivent répondre à un manque de lithium important. Ce problème l’oblige donc à adopter plusieurs stratégies. Dans cet article, Major-Prépa te propose un zoom sur la stratégie de l’Union européenne au sujet de l’or blanc.

 

Pourquoi l’Union européenne a-t-elle un problème au sujet du lithium ?

En 2035, tous les nouveaux véhicules sur le marché européen seront électriques. Pour l’Union européenne, cela implique de trouver d’importantes réserves de lithium. De plus, d’ici 2030, l’Europe aimerait réaliser 25 % de la production mondiale de batteries pour véhicules électriques, contre 3 % en 2020. D’après une étude publiée par l’université de Louvain, en Belgique, il faudra environ 35 fois plus d’or blanc en 2050 qu’aujourd’hui. Pour le moment, environ 87 % du lithium non raffiné dans l’Union européenne provient d’Australie.

Néanmoins, l’Union européenne possède des réserves de lithium, la plus importante étant au Portugal. Cependant, l’extraction du lithium pose problème. En effet, elle est en réalité néfaste pour l’environnement et nécessite d’énormes ressources en eau. De ce fait, de nombreux projets d’extractions font l’objet de contestations. En outre, ces contestations freinent l’accélération de l’extraction et de la production en Europe. Par exemple, la population du village de Covas do Barroso proteste contre un projet d’extraction par la société Savannah prévoyant l’exploitation d’une mine à ciel ouvert de 593 hectares.

Entre manque de réserve et problèmes environnementaux, l’Union européenne fait donc bien face à de nombreuses barrières pour répondre à son objectif. Néanmoins, nous allons voir que l’organisation possède les atouts pour parvenir à sa quête de l’or blanc.

 

La stratégie de l’Union européenne pour combler ce retard

D’importantes réserves en Europe

Afin de répondre à ses besoins, l’Union européenne souhaite d’abord exploiter les réserves européennes de lithium. En effet, le continent européen possède tout de même d’importantes réserves. Déjà évoqué, le Portugal représente la huitième réserve mondiale de lithium.

Mais la France possède aussi de grandes réserves. D’ici 2027, l’une des plus grandes mines de lithium du continent sera exploitée dans l’Allier, dans le centre de la France. Pendant 18 mois, des spécialistes ont mené des études pour confirmer l’intérêt économique de cette mine détenue par le groupe français de minéraux industriels Imerys. Cette mine permettra de produire l’équivalent de 700 000 véhicules électriques.

D’autres projets existent aussi. Cette année, le chimiste néerlandais Nobian et le producteur de lithium australien Vulcan se sont associés pour exploiter une usine de production d’hydroxyde de lithium (LiOH) en Allemagne. Un projet estimé à 322 millions d’euros. Il se base sur une innovation, l’énergie géothermique, permettant de produire un LiOH neutre en carbone. Selon Valentin Goldberg, de l’Institut des géosciences appliquées (AGW) du KIT, le lithium géothermique pourrait atteindre 12 % de la demande annuelle allemande de lithium. Cette méthode permettra à l’Union européenne de répondre aux critiques environnementales sur l’extraction du lithium.

 

L’Union européenne se tourne aussi vers l’extérieur

Les plus grandes réserves de lithium se trouvent en Amérique du Sud. Entre le Chili, la Bolivie et l’Argentine, 58 % des réserves mondiales se trouvent dans la région nommée « le triangle du lithium ».
Des réserves aussi importantes attirent donc énormément de pays, dont ceux de l’Union européenne.

En outre, en juillet 2023, la Commission européenne a signé un accord avec le Chili pour faciliter l’approvisionnement de l’Union européenne en lithium. Avant cela, un accord du même type avait été signé en juin 2023 avec l’Argentine. Dès lors, si ici l’Union européenne ne produit pas de lithium, cette stratégie permettra tout de même de réduire sa dépendance vis-à-vis de la Chine ou de l’Australie. Un accord signé durant la présidence tournante de l’Espagne.

L’Union européenne utilise donc ses liens culturels avec l’Amérique du Sud pour développer ses relations et diversifier ses approvisionnements. Néanmoins, elle n’est pas la seule à se tourner vers le continent sud-américain. En effet, la société russe Uranium One, détenue par l’entreprise publique Rosatom, a signé un accord de 600 millions d’euros pour exploiter des mines de lithium en Bolivie. La Chine vient s’ajouter à ces projets en Bolivie. En effet, le chinois CITIC Guoan investira 857 millions pour un projet similaire dans le désert d’Uyuni.
On remarque donc qu’une réelle course au lithium est menée dans cette région.

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Conclusion

Certes, l’Union européenne n’est pas en avance pour accomplir son objectif de production de lithium d’ici 2030. Elle se frotte à des problèmes de réserve et de concurrence extérieure face à d’autres puissances. Ces problèmes pourraient même à terme la faire échouer dans sa quête de l’or blanc.

Néanmoins, elle n’est pas non plus sans armes dans cette quête. En effet, d’une part, le continent possède tout de même des réserves importantes. D’autre part, les pays européens misent sur les relations extérieures pour diversifier leurs approvisionnements et alimenter leurs réserves.

Mais c’est surtout du point de vue environnemental que cette quête pose problème pour l’opinion publique. Comme nous l’avons vu, l’extraction du lithium est polluante et coûteuse en eau. Sur son territoire, comme dans le reste du monde, les populations proches des réserves se dressent contre les projets d’extractions. Paradoxalement, pour répondre à ses objectifs environnementaux et écologiques, l’Union européenne doit fermer les yeux sur ces problèmes.

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