Depuis le début de l’année 2020, la crise sanitaire mondiale fait les gros titres tous les jours ou presque, au point de nous faire oublier d’autres enjeux géopolitiques majeurs. Aujourd’hui, on te propose de revenir sur l’un d’entre eux : la guerre commerciale entre les Etats-Unis et la Chine. Il te faut absolument connaître cet exemple incontournable pour le concours. Cet article devrait t’aider à avoir les idées claires sur le sujet.

Une guerre commerciale ? Qu’est-ce que c’est ?

Qu’appelle-t-on « guerre commerciale » ? En quoi est-ce différent d’une guerre plus traditionnelle ? Pour mieux cerner le sujet du jour, c’est le premier point que l’on va tâcher d’éclaircir.

Une guerre commerciale, « c’est comme au ping pong, sauf que les balles sont des dollars et que les raquettes sont des dossiers », pour citer les stratèges de la Cogip. Pour être plus clair, on peut la définir comme un affrontement entre deux puissances sur le plan commerciale et économique. Les affrontements se résument à des hausses de taxes douanières (et des menaces de hausses) sur les différents produits importés du rival.

Il faut distinguer cette notion de celle de « guerre économique ». Cette dernière est polysémique et englobe les guerres commerciales, mais aussi les conflits armés menés dans un but économique.

Ainsi, une guerre commerciale, ce n’est pas à proprement parlé une guerre, du moins lorsque ce terme désigne un conflit armé. Il n’y a en particulier aucune intervention armée dans une guerre commerciale. Cependant, si le sujet que tu dois traiter au concours porte sur la notion de guerre, pense à parler des guerres commerciales car elles sont aujourd’hui une des formes que prennent les conflits entre grandes puissances.

Y-a-t ’il eu d’autres guerres commerciales par le passé ? La réponse est oui ! Et tu en connais peut-être certaine, même si tu ne sais pas qu’on les considère comme telles. Par exemple, la dispute entre Airbus (soutenu par l’Union Européenne) et Boeing est un conflit économique qui dure depuis seize années.

Petit historique de la guerre commerciale

Pourquoi mener une guerre commerciale ?

Il existe deux raisons qui ont poussé les Etats-Unis et leur (ex-)président Donald Trump à déclencher une guerre commerciale contre la Chine en 2018.

La première est d’ordre purement géopolitique. Il s’agit d’endiguer la montée en puissance économique et commerciale de l’Empire du milieu. En effet, en quelques années la Chine est devenue un compétiteur redoutable pour les Etats-Unis. Simple atelier du monde au début des années 2000, elle se place désormais comme un concurrent sérieux aux firmes américaines. Et ceux dans des domaines où les Etats-Unis étaient sans égal comme celui des nouvelles technologies. La Chine a désormais ses « GAFAM » : les BATX (Baidu, Alibaba, Tencent et Xiaomi).

De plus, la Chine est le premier partenaire commercial des Etats-Unis. Or le déficit commercial américain se creuse de plus en plus : en 2017, la Chine exportait plus de 500 milliards de biens outre-Atlantique, mais n’importait que 130 milliards de produits américains. En outre, la Chine détient un stock important de bons du trésor américains. En ralentissant la croissance de l’économie chinoise, les Etats-Unis espéraient ainsi mettre fin à cette dépendance naissante et redonner un second souffle à une industrie parfois à la peine.

Le deuxième motif de la guerre commerciale que j’ai choisi de retenir est politique. Résorber le déficit commercial américain était une des promesses de campagnes de Donald Trump. En faisant de la Chine un ennemi aux yeux des entreprises et des travailleurs américaines, Trump espérait fédérer sa base électorale – et en 2016, cela a fonctionné.

La guerre commerciale Etats-Unis – Chine en quelques dates

Pour faciliter ton travail de mémorisation, j’ai sélectionné quelques dates incontournables afin de résumer deux ans d’affrontements.

Janvier 2018. Donald Trump décide de taxer 250 milliards d’importations chinoises, dont les machines à laver ou les panneaux solaires produits en Chine par exemple. Pékin riposte après quelques mois, et taxe à son tour 50 milliards de produits américains. Soja, porc, tabac, whisky, tout y passe ou presque.

Mai 2018. Les Etats-Unis interdisent à l’entreprise chinoise ZTE, spécialiste des télécommunications et concurrente des firmes américaines, d’acheter des composants ou du matériel américain.

Septembre 2018. Un cycle de négociations entre les deux premières économies avait été prévu pour mettre fin à la guerre commerciale. Mais il se solde par un échec. Pire, Donald Trump décide de durcir les sanctions à l’égard de son rival chinois. Les tarifs américains augmentent de 10%, et ce chiffre passera à 25% en janvier 2019.

Décembre 2018. Une trêve est signée par les deux Présidents, et permet d’engager des pourparlers, mais elle n’empêchera pas la guerre commerciale de se poursuivre.

Mai 2019. Les Etats-Unis interdisent à Huawei de vendre ses produits sur le territoire américain. De plus, suite à un décret, plus aucune entreprise américaine n’a le droit de collaborer avec la firme chinoise. C’est un coup dur pour Huawei dont les smartphones utilisaient le système d’exploitation détenu par Google, Android.

Décembre 2019. Après plusieurs menaces et nouveaux tarifs, et plusieurs alertes sur les marchés financiers, Donald Trump annonce un accord de « paix » imminent sur son compte Tweeter.

La situation actuelle

En janvier 2020 est signé un accord de « phase 1 » entre les Etats-Unis et la Chine. Il est supposé mettre fin à la guerre commerciale entre les deux puissances. Lors de sa signature, il est perçu plutôt comme une victoire américaine : Pékin s’engage à acheter 200 milliards de biens américains supplémentaires et à accorder plus de libertés aux entreprises américaines sur son marché intérieur.

Pourtant, presque un an après la signature de cet accord, la victoire américaine n’est plus aussi certaine. En septembre, en pleine crise de la Covid-19 qui a provoqué une forte récession outre-Atlantique, l’OMC a décidé de condamner les Etats-Unis pour certains tarifs douaniers imposés au plus fort de la guerre commerciale. De plus, la liste des produits que la Chine s’est engagée à acheter inclue des denrées agricoles américaines. Or les producteurs de céréales du Midwest sont connus pour faire partie de la base électorale de Trump. Enfin, la Chine est le seul pays du G20 qui n’est pas entré en récession malgré la crise sanitaire et ses remous économiques (son PIB a connu une croissance de 1,3% entre avril et juin). De ce fait, le yuan s’apprécie alors que le dollar américain plonge.

Et pour l’avenir ?

Comment ne pas conclure en évoquant l’actualité, à savoir les élections présidentielles américaines. Si Joe Biden devient bien le 46ème Président des Etats-Unis en janvier, il sera intéressant d’observer sa politique à l’égard du rival chinois. On peut d’ores et déjà penser que la posture de la future administration Biden sera plus modérée et multilatérale que celle du gouvernement de Donald Trump.