En février 2017, l’économiste chinois Wing Thye WOO a publié un article intitulé « China’s Growth Odyssey », dans lequel il se demandait si la Chine serait capable d’assurer la stabilité économique mondiale, maintenant que les États-Unis ne sont plus en mesure de le faire.

Vous connaissez sûrement déjà les propos de Trump à propos de la Chine… Sa présidence vient mettre en péril le modèle de croissance chinois.

Entre 1979 et 2010 s’opère ce que l’on appelle « le miracle chinois » : le PIB de la Chine augmente d’environ 10% tous les ans, dépassant les objectifs fixés par le gouvernement. C’est en 2012 et 2013 que l’on commence à voir les premiers signes d’un ralentissement de la croissance, l’augmentation du PIB se tarissant à « seulement » 7.8% ces années-là.  Enfin, en 2014, le gouvernement revoit ses prévisions à la baisse (autour de 6.5% jusqu’en 2020), désormais face à un taux de croissance de 7.2%.

En 2018, avec un taux de croissance de 6,6%, la Chine fait face à la plus mauvaise année depuis 1990 soit presque 30 ans auparavant.

Pourquoi l’économie chinoise ralentit-elle maintenant ? S’agit-il d’une étape obligatoire dans son processus de mutation ? Ou bien les autorités peuvent-elles agir pour retrouver la croissance phénoménale des décennies du « miracle » ?

Nombreux sont les économistes qui se posent ces questions actuellement. Mais pour y répondre plus ou moins rigoureusement, il faut commencer au milieu du XXe siècle, pour retracer les mutations de l’économie chinoise.

I. Des débuts difficiles…

1) Un petit peu d’histoire

Pour en savoir plus sur le siècle de la honte : https://major-prepa.com/grandes-ecoles/ecoles-commerce/made-in-skema/

On estime que la Chine a été la première puissance économique mondiale durant la majeure partie des vingt derniers siècles. Jusqu’au XVIIIe siècle et la révolution industrielle, c’est également en Chine qu’on trouvait le niveau de vie le plus élevé de la planète.

Cependant, à la suite d’une période de repli sous les Ming, la dynastie Qing a vu son déficit économique s’accroître avec l’arrivée des colonisateurs occidentaux. Au milieu du 19siècle, l’économie chinoise a été dans sa plus grande partie asservie au commerce de l’opium pour les intérêts des colonisateurs. Cette période a précipité le pays dans un chaos économique et politique.

Enfin, le règne de Mao Zedong a été synonyme d’une nouvelle période de quasi-autarcie économique, en dehors de certains échanges avec les pays de la sphère communiste.

En 1950, la Chine était le pays le plus pauvre du monde.

 

2) La conversion à l’économie dirigiste de type communiste sous Mao Zedong (1949-1976)

L’avènement de la République populaire de Chine en 1949 entraîne la mise en place d’un régime politique et d’une économie de type communiste. Le Parti communiste de Mao Zedong mène des politiques de planification économique dans l’agriculture et l’industrie ainsi que des grands travaux d’infrastructure. Ce dirigisme économique lui a valu le titre d’« atelier du monde » ou « usine du monde ».

Sur le plan du commerce extérieur, il s’agit d’une période d’isolement, sur la scène économique mondiale, la Chine n’ayant des relations commerciales qu’avec des pays communistes (URSS, Corée du Nord, Vietnam).

Ces politiques volontaristes ont permis de réduire l’extrême pauvreté, en offrant accès à la nourriture, l’eau potable et les soins médicaux. Cependant, le Grand Bond en avant, un vaste programme de collectivisation agricole et de travaux publics, est un échec retentissant. Il causa une grande famine et la mort de 20 à 40 millions de personnes entre 1959 et 1962. De même, la Révolution culturelle (1966-1976) conduit le pays au bord de la guerre civile et désorganise l’économie urbaine jusque dans les années 1980.

II. Le « miracle » chinois : l’émergence d’une puissance économique

L’émergence de la Chine comme une des premières économies mondiales ne devrait pas vraiment être surprenante. Des économistes tels qu’Angus MADDISON avaient prédit cette évolution déjà (cf. L’économie chinoise. Une perspective historique, 1998).

1) En quoi consiste ce miracle ?

Comme nous l’avons déjà évoqué, la croissance annuelle du PIB se situait autour de 10%, ce qui a permis au revenu national de doubler tous les 8 ans.

Depuis peu, ce pays est devenu le premier pays d’accueil des investissements internationaux, devant les États-Unis, avec 53 milliards de dollars de capitaux reçus ! L’optimisme des spécialistes est également justifié par le fait qu’en l’espace de plusieurs années, l’économie chinoise est parvenue à favoriser la constitution de grands groupes nationaux, tels Galanza, un énorme conglomérat spécialisé dans l’électroménager.

Depuis 2014, la République populaire de Chine est la première puissance économique mondiale (en termes de PIB mesuré en parité de pouvoir d’achat). Elle est également le premier exportateur mondial. Entre 1980 et 2007, le PIB a été multiplié par 12,7.

Le montant des exportations chinoises a plus que doublé entre 2005 et 2009, pour atteindre cette année-là 1000 milliards de dollars. Les points forts des exportations chinoises sont le textile, les tracteurs, les montres et les jouets, les appareils photo et les ordinateurs portables, entre autres.

Le revers de la médaille : l’accroissement des inégalités. Comme on pouvait s’y attendre, la rapidité de l’expansion et l’influence grandissante du marché ont entraîné l’apparition d’inégalités entre les gens et les régions. Le gouvernement a mis entre parenthèses l’égalité des classes durant cette période, menée par le mot d’ordre de Deng Xiaoping : « Enrichissez-vous ! » L’enrichissement personnel et la consommation (soutenue par des politiques néokeynésiennes dès 1997) sont devenus de nouveaux moteurs économiques.

La pauvreté absolue a toutefois reculé : plus de la moitié de la réduction de la pauvreté absolue dans le monde entre 1980 et 2000 est intervenue en Chine (L’Observateur de l’OCDE, septembre 2005).

2) Quels éléments ont contribué à une telle émergence économique ?

Cette performance extraordinaire a été possible grâce aux réformes économiques engagées par les autorités, qui ont progressivement libéré les mécanismes du marché. La mutation s’est amorcée dans le secteur agricole il y a plus de 20 ans et s’est étendue peu à peu à l’industrie et à de larges pans du secteur des services.

Nous connaissons tous (à peu près) les débuts de la libéralisation en Chine. Le Parti communiste chinois a défini l’économie de la Chine comme une « économie socialiste de marché. De 1978 à 1989, le gouvernement chinois a mené une politique de réformes économiques importantes, faisant passer la Chine d’une économie planifiée de type soviétique à un « socialisme de marché » :

  • Collectivisation de l’agriculture laisse place à un système de responsabilisation individuelle des terres.
  • Des gérants ont été introduits dans les secteurs industriels, permettant l’essor de nombreuses petites entreprises.
  • Le contrôle des prix a été relâché (sauf pour les produits de première nécessité pour les paysans).
  • La création de ZES (zones économiques spéciales) par Deng Xiaoping, preuve que le gouvernement souhaite plus que tout attirer des capitaux étrangers. Ces zones sont exemptes de taxes.

Le secteur public passe de 73% de la production industrielle en 1988 à seulement 35% en 1992. Cela a permis le passage d’une économie planifiée à une économie mixte et la redécouverte des fondements du libéralisme économique, tout en sauvegardant le communisme officiel du régime.

De nombreuses réformes ont ensuite été menées à terme :

  • Dès l’année 2000, des mesures de contrôle des prix ont été démantelées, sauf dans le secteur de l’énergie.
  • Les autorités ont instauré un nouveau droit des sociétés, autorisant des particuliers à détenir des sociétés à responsabilité limitée.
  • Le gouvernement a appliqué des lois sur la concurrence, qui visent à unifier le marché interne.
  • Le climat des affaires a été ravivé par l’autorisation de l’investissement direct étranger dans le pays, l’abaissement des droits de douane, le démantèlement du monopole de l’État sur le commerce extérieur et la suppression des taux de change multiples.

Cette dynamique s’est poursuivie récemment avec l’entrée de la Chine dans l’OMC, qui a entraîné la normalisation d’un grand nombre de textes législatifs et réglementaires et ouvert la voie à de nouvelles réductions de droits de douane.

  • En 2005, les réglementations qui interdisaient aux sociétés privées l’accès à un certain nombre de secteurs tels que les infrastructures, les services d’utilité publique ou les services financiers ont été abolies.

D’un autre côté, les autorités se sont aussi lancées dans des réformes du secteur étatique, qui dominait l’économie depuis le début des années 1990 :

  • Les entreprises d’état sont constituées en sociétés dont beaucoup sont cotées en bourse.

De façon plus générale, c’est tout une libéralisation des entreprises (laisser mourir les petites entreprises qui ne sont pas rentables, restructurer les grandes) et une flexibilisation du marché du travail (assouplissement des contrats de travail, etc.) qui sont menées, couplées à des dispositifs d’aide aux chômeurs.

Enfin, les autorités se sont appliquées à améliorer le niveau de qualification des jeunes. Elles ont notamment lancé un programme pour assurer à tous les enfants un minimum de neuf ans d’enseignement, en veillant particulièrement à ce que les zones rurales atteignent cet objectif. L’enseignement supérieur a également été réformé.

3) Concrètement, comment s’est opéré le décollage ?

Toutes ces réformes ont amélioré les conditions de mobilisation des ressources générées par un taux d’épargne parmi les plus élevés du monde (le taux d’épargne brute avoisine 50% du PIB). Ceci a induit un gonflement accéléré du stock de capital. L’investissement a également été un vecteur d’urbanisation de la société, phénomène qui est allé de pair avec un afflux de travailleurs ruraux vers les secteurs industriels et de services. Étant donné la faible productivité des travailleurs du secteur agricole, ce phénomène a considérablement dopé la croissance.

L’essor du secteur privé constitue un des faits les plus marquants de l’expansion chinoise. Si l’on considère les entreprises qui n’appartiennent ni à l’État ni à une collectivité, le secteur privé est à l’origine de 60% de la valeur ajoutée produite en 2018 (entreprises non agricoles) et contribue à plus de la moitié des recettes fiscales. En 2017, 90% des nouveaux emplois ont été créés dans le secteur privé.

Enfin, bien que les inégalités de revenu aient augmenté, cette croissance phénoménale a permis l’émergence d’une classe moyenne en Chine, qui a dépassé celle des États-Unis en nombre en 2015. Cette nouvelle classe moyenne veut tout simplement dire que la population a davantage de revenu disponible (en % du revenu total de chaque ménage) à dédier à la consommation de produits secondaires ou aux loisirs, ce qui entraîne encore plus de croissance.

III – Un ralentissement inévitable ?

1) Une situation vraisemblablement alarmante

La Chine est confrontée aujourd’hui à de sérieux obstacles internes. Keyu JIN (une économiste de la London School of Economics) prône que le ralentissement chinois n’est pas dû à la transition vers un autre modèle de croissance, mais surtout au fait que le secteur privé est complètement étouffé par le public. Plus spécifiquement, les entreprises nationales bénéficient d’un traitement préférentiel lorsqu’il s’agit d’acquérir des commandes, des droits de propriété ou du crédit.

Nombreux sont ceux qui, à l’image de Zhang JUN (le directeur du Centre des Etudes Economiques de l’université de Fudan), recommandent de borner le rôle des entreprises nationales à certains secteurs uniquement. L’entrée d’entreprises du secteur privé dans le marché engendrerait d’avantage d’innovation et de compétitivité. Mais agir dans le cadre d’une économie de plus en plus soutenue par la demande intérieure devient très complexe.

Un des constats les plus importants à faire sur l’économie chinoise est ce que la Banque Mondiale a appelé « the middle-income trap » ou le « piège de revenu intermédiaire » en français. Ce concept décrit une situation où un pays connaît une forte croissance, surtout grâce à un faible coût de travail. Puis, par des mécanismes économiques de base, la rémunération du travail augmente progressivement, conformément à la répartition des bienfaits de cette croissance. Ce pays connaît alors une période où la croissance économique se tarit, en raison de cette hausse du coût du travail. Cette situation est fortement caractéristique des pays en développement latino-américains et asiatiques. Après tout, la Chine n’y échapperait pas non plus.

« Alors que la Chine bénéficie d’une croissance économique à deux chiffres, comme le souligne la Banque Mondiale, le pays aura du mal à éviter ce que l’on appelle le « piège du revenu intermédiaire » avec une croissance maintenue » – Chris HOG, Les classes moyennes prises au piège, 2011.

Enfin, la pollution constitue un autre défi de taille : Pékin est la 4e ville la plus polluée au monde, et la pollution de l’air a imposé à la collectivité un effort dont le coût estimé se situe entre 3% et 8% du PIB. Les investissements effectués dans le cadre des deux derniers plans quinquennaux ont amélioré la lutte contre la pollution en atténuant fortement la corrélation entre croissance économique et dégradation de l’environnement : la concentration moyenne de particules fines dans l’air de la capitale a baissé de 20% entre 2016 et 2017. Néanmoins, on estime que 20% des terres agricoles chinoises restent polluées.

Cette question souligne la nécessité pour la Chine d’intensifier ses réformes institutionnelles.

2) Quel danger font peser les États-Unis sur la Chine actuellement ?

Nous en parlons depuis un moment, surtout au travers du personnage de Trump, investi à la présidence des États-Unis depuis le 20 janvier 2017. Mais plus spécifiquement : quelle menace pose ce pays pour la Chine ?

La position de Trump sur le commerce extérieur est bien connue : il n’est pas amplement favorable à l’ouverture actuelle des États-Unis (disons-le comme ça). Or, la Chine est fortement dépendante des relations commerciales établies au sein de la globalisation : ce pays est le plus gros exportateur au monde et il est profondément interdépendant avec les États-Unis. Les politiques néo-protectionnistes envisagées par M. Trump, combinées à la dérégulation financière, mettront gravement en danger tous les pays ayant un large surplus commercial vis-à-vis des États-Unis.

On estime que le ralentissement de la croissance chinoise de 2018 est imputable à la fois aux mesures prises par Pékin pour tenter de réduire son endettement (moins de dépenses et moins de crédits) mais aussi aux taxes imposées par les États-Unis qui ont largement freiné les exportations chinoises.

3) Toutefois, nombreux sont ceux qui ne tirent pas la sonnette d’alarme

Malgré la baisse de l’investissement et la crise de l’industrie chinoise, la consommation des ménages ne semble pas avoir souffert du ralentissement de la croissance, comme ne manque pas de le souligner Jim O’NEILL, économiste à Goldman Sachs.

Justin Yifu LIN, un ancien chef économiste à la Banque Mondiale, exprime son optimisme sur les capacités de la Chine à renouer avec une croissance soutenue. Pour lui, « la Chine souffre des séquelles de la crise financière de 2008 et de la chute de la demande en exportations ». C’est pourquoi le ralentissement récent est dû « à des facteurs externes et cycliques, et non pas à une limite naturelle de son économie ».

C’est donc très confiant qu’il recommande des politiques pour relancer la demande interne, avec des progrès à faire en infrastructure, urbanisation, gestion de l’environnement et industries high-tech. Ces éléments suffiraient à atteindre les objectifs du gouvernement sur le long terme.

Non seulement le ralentissement est censé être temporaire pour Justin LIN, mais le potentiel économique de la Chine est loin d’être pleinement exploité. En effet, il souligne que son PIB par habitant en 2008 ne représentait qu’1/5 de celui des États-Unis. C’était le cas du Japon en 1951 et ce pays a connu une croissance phénoménale (9,2% en moyenne) pendant deux décennies !

Mais… what now ?

Ces différentes analyses témoignent de la difficulté d’appréhender la « crise » que traverse l’économie chinoise actuellement. Il reste censé d’assurer que ceci est à la fois dû aux dynamiques cycliques d’une économie et au relatif déclin du potentiel économique du pays.  Mais la place que prend chacun des deux facteurs dans l’explication de ce ralentissement demeure un mystère…

Pour Yu YONGDING, un ancien membre du Comité de Politique Monétaire de la Banque Populaire de Chine, les deux arguments ont la même importance : le défi du gouvernement consiste alors à adresser les problèmes de demande (de plus court terme) et ceux d’offre (davantage de long terme) simultanément. Il insiste sur le fait que la solution n’est pas aussi évidente qu’une stimulation keynésienne ou une simple réforme du côté de l’offre.

Pourtant, nous observons que depuis 2015, le même discours officiel revient, en parlant constamment de : « supply-side structural reform », illustrant le point de vue du gouvernement, qui ne se concentre que sur la déficience de l’offre, donc sur le long terme. Yu YONGDING s’exprime sur cette prise de position en proposant de s’intéresser également à l’explication du ralentissement par un blocage du côté de la demande. A ce sujet, il est convaincu qu’une stimulation de la demande agrégée au moyen de l’investissement en infrastructure est l’élément qui manque à la politique économique menée par le gouvernement.

D’autres sont plus optimistes. Pour Stephen ROACH, « la Chine a la stratégie, les moyens et la volonté d’entreprendre une transformation structurelle importante, faisant évoluer son économie vers les services ». 

Michael SPENCE (Prix Nobel d’Economie 2001) et Fred HU sont d’accord avec ces propos. Pour eux, l’économie chinoise ne fait que passer par une mauvaise étape de son histoire, tout à fait réversible (« China’s economy is experiencing a bumpy deceleration, not a meltdown ») et due principalement à une demande étrangère trop faible. Mais ils vont bien plus loin dans leur analyse, et assurent que le pays doit se lancer dans une transition vers une économie davantage innovante et tirée par la demande intérieure.

La désaccélération progressive de l’économie chinoise depuis 2010 est un sujet délicat pour les responsables politiques chinois. Identifier les causes de ce ralentissement et formuler les bonnes politiques à mettre en œuvre ne va pas être une tâche facile. Mais l’économie mondiale compte sur la Chine pour y arriver, encore plus depuis que Trump rajoute des facteurs d’instabilité périlleux pour la prospérité économique mondiale.

En résumé, pour les plus paresseux

Les années 1950 à 1970 ont certainement été difficiles, mais l’économie chinoise passait par des étapes jugées nécessaires (par les économistes adeptes des théories des « late comers » par exemple) à son développement économique. L’économie chinoise présente alors des caractéristiques bien spécifiques :

  • Une quasi-autarcie économique et une économie planifiée de type soviétique.
  • Des grands programmes dans l’industrie et l’infrastructure.
  • Une économie qualifiée d' »usine du monde »

Elle s’érige en tant que puissance émergente dès la fin des années 1970, alors que son décollage économique et ses taux de croissance à deux chiffres rendent jaloux les autres pays asiatiques et contribuent à l’image d’un âge d’or économique, une sorte de Trente Glorieuses chinoises : « le miracle ». L’économie chinoise est donc définie par :

  • Une dépendance accrue à la demande étrangère et, en conséquence, une économie quasi entièrement tournée vers l’exportation.
  • Une exportation de produits à plus forte valeur ajoutée, même si elle continue d’inonder le marché avec la stratégie plutôt « quantitative » qui lui a valu le poste de plus grand exportateur mondial.
  • De nombreuses réformes mises en œuvre par le gouvernement pour libéraliser et privatiser l’économie mais en renforçant l’éducation et la protection sociale.

C’est en 2010 que ces taux phénoménaux laissent place à un déclin progressif de la croissance. En 2014, alors qu’elle semble toujours stagner, les économistes font des prédictions sur l’avenir du pays. Nous sommes maintenant témoins de :

  • Une progressive (mais assez lente) transition vers un modèle de croissance où la demande domestique prend une place plus importante, dans une tentative de minimisation des risques vis-à-vis de sa dépendance de l’étranger.

Quels problèmes demeurent aujourd’hui ?

  • Le gouvernement semble mettre en place des réformes économiques en pensant aux problèmes d’offre uniquement, donc sur le long terme. Cela traduit sa vision de la crise comme un écart de la croissance effective du pays du trend de sa croissance potentielle.
  • Une meilleure répartition du capital est souhaitable. Les marchés d’actions et obligataires ont récemment été ouverts aux entreprises privées mais il reste encore beaucoup à faire pour qu’elles soient vraiment compétitives dans leur accès au capital.
  • Une meilleure législation commerciale est souhaitable pour abaisser les obstacles à la création d’entreprises.
  • L’inflation. La relative fixité des taux de change vis-à-vis du dollar américain a exposé l’économie à des poussées inflationnistes ou déflationnistes ; de ce fait, le taux d’inflation, très instable au cours de la décennies écoulée, a été près de huit fois supérieur à celui des États-Unis et quatre fois supérieur à celui de l’Europe Occidentale. L’afflux de devises a rendu nécessaire l’achat d’actifs en dollars pour stabiliser le cours de change. Il a donc été extrêmement difficile d’éviter un gonflement de la masse monétaire. Globalement, une plus grande flexibilité du taux de change permettrait aux autorités d’adapter plus aisément la politique monétaire aux priorités nationales, afin d’éviter le risque de nouvelles hausses de l’inflation, et de laisser les forces du marché déterminer plus largement les taux d’intérêt bancaires. La réévaluation du yuan en juillet 2005 allait dans ce sens.

 

La mutation économique de la Chine est impressionnante, riche d’enseignements, mais aussi source de défis multiples. La dernière décennie pourrait être écrite comme l’ère de l’accélération des réformes. Pour que la croissance se poursuivre au même rythme pendant les dix prochaines années, il faudra tout mettre en œuvre pour préserver, voire amplifier, cet élan réformateur.

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