terre connectée

Pour Alain Minc, conseiller politique, essayiste et dirigeant d’entreprise, « en moins de 20 ans une mondialisation inquiète a succédé à une mondialisation heureuse ». En effet, ce processus décrit par Theodore Lewitt dans The globalization of markets est loin d’être sans effets et dangers pour les pays. Des crises financières aux crises sanitaires en passant par la question écologique qui ne peut plus être ignorée, nombreux sont les exemples de conséquences désastreuses que peut avoir ce phénomène d’interconnexion croissante. Dans quelle mesure alors cette mondialisation, vue au départ comme une promesse de résolution de problèmes et un horizon dégagé, s’est-elle avérée être porteuse de risques croissants ?

Différents types de risques liés à la mondialisation

Le risque écologique

Si le rapport Meadows, publié en 1972 et dénonçant les risques écologiques de la croissance économique naît avant la mondialisation ; ce phénomène a accru les issues catastrophiques pour la planète. En effet, selon l’OMS la pollution tue plus de 7 millions de personnes par an. En outre, la mondialisation est synonyme d’une multiplication du transport de marchandises qui contribue à la pollution de l’air et d’un rejet considérable de gaz à effet de serre dans l’atmosphère. Nombreuses sont les conséquences : hausse du niveau des mers, mise en péril des forêts, de la biodiversité et des écosystèmes.

Le risque financier

Certes, les crises financières ont toujours existé mais elles se sont multipliées depuis l’entrée en mondialisation. Que ce soit pour la crise de la dette dans les pays du Sud, le lundi Noir de Wall Street en 1987, les crises financières au Mexique (1995) ou en Asie (1997) ou encore pour la crise des Subprimes de 2007, l’interconnexion des places financières et la multiplication des flux accroît indéniablement le risque de contagion.

Le risque économique

C’est Edward Luttwack dans son ouvrage From Geopolitics to Geoeconomics, publié en 1990 qui théorise pour la première fois le risque géoéconomique. En effet, du fait de l’intensification des échanges, la probabilité d’une guerre économique ainsi que ses formes se développe : normes, protectionnisme, contingentements… Pensons même à Warren Christopher, secrétaire d’État américain, qui en 1993 disait que « la sécurité économique doit être élevée au rang de priorité nationale ».

Des risques à différentes échelles

Pour le Nord, un dépassement ?

Hervé Juvin en 2010 met en garde contre un « renversement du monde » du fait de l’émergence des pays en voie de développement. En effet, parmi les 10 premières puissances mondiales on retrouve les 4 BRIC. Tous les classements traduisent cette évolution du monde : en 2000 78,5% des IDE étaient Nord-Nord et en 2013 ils n’en attirent que 50%. De même, alors qu’entre 2004 et 2014 la production mondiale a augmenté de 65% sur la planète la part des PDEM passe de 60 à 45% alors que celle des BRIC passe de 11 à 28%.

Pour les  « Suds », une mondialisation synonyme d’inégalités et de risques nouveaux

La mondialisation est loin d’être sans risque pour les pays dit « du Sud ». Tout d’abord car celle-ci rime souvent avec inégalités. L’ouverture aux flux ne s’est pas faite au même niveau pour tous, que ce soit entre pays ou même à l’échelle locale. Pensons par exemple aux inégalités d’accès aux ressources entre pays. Quoi de commun en ce sens entre les Émirats Arabes Unis, puits de pétrole, qui peuvent ainsi mettre l’argent de la rente au profit du développement et les pays centraux africains enclavés pour qui les coûts d’importation et d’exportation sont majorés de 20%.

En outre, la mondialisation est porteuse de risques nouveaux. On peut par exemple penser au brain drain, nouveau défi pour les pays en développement. Si cette « fuite des cerveaux » peut être bénéfique en cas de retour des élites nouvellement formées à l’étranger elle peut être également très problématique. C’est le cas par exemple pour l’Afrique, où 21% des médecins exercent en dehors du continent. C’est pourquoi, en Inde, Manmohan Singh a mis en place une politique de Brain Gain, pour encourager les ingénieurs ayant travaillé aux États-Unis à revenir.

La gouvernance mondiale, une issue pour déjouer les risques ?

La gouvernance mondiale est apparue comme une première réponse collective face à ces crises multiples et multiformes. En 1999, le G20 est créé à la suite de la crise financière asiatique. L’institution prend des mesures phares, à l’image du triplement des ressources du FMI par exemple ou l’augmentation de la capacité de prêts de la Banque Mondiale.

En outre, les ONG deviennent des relais de solution pour aider les populations en difficulté. On peut penser par exemple à Action Contre la Faim créé en 1979. L’ONU agit également, à travers son Programme Alimentaire Mondial qui nourrit environ 90 millions de personnes dans 80 pays chaque année.

Finalement, de nombreuses actions sont menées à l’échelle internationale en ce qui concerne les risques liés à la sécurité. Interpol coordonne des actions antiterroristes à l’échelle internationale par exemple. De surcroît, le Réseau Échelon a été mis en place en tant que système mondial d’interception des communications privées et publiques.