actualité

Je te propose un récapitulatif de l’actualité majeure de 2022-2023. Cet article te permettra d’avoir une vision claire sur les transformations en cours. Tu pourras donc aborder en douceur ce que tu découvriras tout au long de l’année. Il n’est bien sûr pas exhaustif et, dans un monde en constante mutation, je te conseille de suivre de ton côté l’actualité tout au long de l’année.

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Actualité en Europe

La Finlande, la Suède et l’OTAN

Le 29 juin dernier, dans un contexte du retour des rapports de force sur le continent européen, l’OTAN a annoncé avoir trouvé un consensus d’admission avec la Suède et la Finlande. Cet accord historique rompt avec le traditionnel non-alignement de ces pays scandinaves. Si la Finlande a validé son admission le 4 avril dernier, devenant ainsi le 31ᵉ membre de l’Organisation transatlantique, la Suède peine à la rejoindre suite au veto d’Ankara (finalement levé il y a moins d’un mois). Les négociations sont toujours en cours, affaire à suivre…

Deux conclusions peuvent être tirées de cet événement. D’une part, la Russie est plus que jamais encerclée par les Occidentaux (la Finlande a une frontière commune avec la Russie). Ce qui vient renforcer d’autant plus son syndrome de « citadelle assiégée ». D’autre part, cet accord marque un renouveau de l’Organisation transatlantique – pourtant de plus en plus décriée ces dernières années – et remet en cause l’autonomie de la défense européenne.

 

L’ambiguïté d’Emmanuel Macron

« Être aligné ne signifie pas être vassal. » Ces mots prononcés par Emmanuel Macron lors de son voyage en Chine en avril pour décrire la relation transatlantique n’ont pas manqué de faire polémique. S’il s’agit d’un véritable désastre diplomatique vis-à-vis des États-Unis, cette déclaration affaiblit surtout les dissuasions menées par l’Occident à l’égard de la Chine autour de la question de Taïwan.

Emmanuel Macron défend cette position diplomatique par son concept d’autonomie stratégique, c’est-à-dire sa volonté de faire de l’Europe une puissance autonome de niveau mondial : « S’il y a une accélération de l’embrasement du duopole, nous n’aurons pas le temps ni les moyens de financer notre autonomie stratégique et deviendrons des vassaux alors que nous pouvons être le troisième pôle si nous avons quelques années pour le bâtir. »

En somme, la ligne directrice de la politique étrangère européenne et les volontés des membres peinent à être claires et cela nuit à sa puissance. On est ici dans l’exemple parfait d’une Europe à plusieurs vitesses.

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La faible indépendance énergétique européenne

Depuis le début de la guerre en Ukraine, les stocks et l’approvisionnement en matières premières sont extrêmement critiques en Europe. L’Allemagne – suite à la fermeture du gazoduc Nord Stream I – en est l’exemple le plus frappant et a dû accélérer sa production de charbon.

L’Europe a donc été contrainte de diversifier les partenariats (cf. accord avec le Chili, l’Algérie…) et a plus que jamais pris conscience de sa dépendance énergétique et donc, par extension, de sa vulnérabilité. Dans ce contexte, l’Europe mise sur une transition écologique rapide pour enfin être maître de sa production d’énergie.

Par ailleurs, au mois de janvier dernier, des gisements de terres rares ont été découverts à Kiruna dans le nord de la Suède. Ces métaux, utilisés dans la production de la plupart des composants électroniques, sont exploités à 98 % par la Chine. Cette découverte pourrait donc être une opportunité pour l’Europe de s’émanciper des autocraties et d’avancer vers son indépendance énergétique.

 

Actualité en Afrique

La montée du sentiment anti-Français en Afrique

Jamais le sentiment anti-Français n’a été aussi marqué en Afrique. Le 5 mars dernier, lors de sa traditionnelle tournée africaine, Emmanuel Macron déclarait que « l’ère de la Françafrique était désormais révolue ». Ce recul, qui est analysé comme une « nouvelle étape de la colonisation », selon Philippe Bernard dans Le Monde, s’opère à tous les niveaux.

Sur 20 ans, la France a perdu la moitié de ses parts économiques et n’est dorénavant présente militairement que dans six pays (fin de l’opération Barkhane en 2022). Et elle est de plus en plus rejetée par les politiques, sensibles aux narratifs décoloniaux et panafricains.

En outre, la Russie, via sa propagande et ses usines à trolls (hackers payés pour diffuser des informations mensongères), contribue fortement à cette baisse de popularité. Via sa milice Wagner et des pactes de sécurité passés avec les gouvernements (Mali, République centrafricaine…), la Russie se donne l’image d’être la seule alternative aux influences occidentales.

De manière plus générale, on observe donc en Afrique un recul des ex-puissances colonisatrices (principalement occidentales), d’un côté, et de l’autre, une présence de plus en plus importante des puissances révisionnistes (Chine, Russie, Turquie) qui profitent de cette situation.

 

Des instabilités politiques qui persistent

Alors que l’Afrique est de nouveau secouée par un coup d’État avec l’éviction du président Mohamed Bazoum par les putschistes d’Abdourahmane Tchiani au Niger, il semble que l’instabilité politique du continent reste une réalité bien ancrée.

L’année passée n’a effectivement pas dérogé à la règle. En septembre 2022, le Burkina Faso subissait son deuxième coup d’État en l’espace de huit mois. Paul-Henri Sandaogo Damiba est renversé par le capitaine Ibrahim Traoré, qui prend les rênes du pays. Une possible alliance semble même être en cours entre les putschistes maliens (coup d’État 2021), burkinabés et nigériens. À la suite de cette annonce, la France a récemment annoncé suspendre son aide au développement aux pays en question.

 

Des guerres civiles qui continuent de sévir

Selon le chercheur Jérôme Tubiana en Afrique, « la guerre, c’est la norme », « un métier, un mode de vie et même une culture ». Legs de la décolonisation, l’Afrique continue en effet d’être touchée par des conflits latents, qui provoquent des migrations massives et nuisent à tout développement.

Par exemple, la guerre du Tigré, guerre civile souvent oubliée dans le nord de l’Éthiopie, est perçue par certains comme le conflit le plus meurtrier du XXIᵉ siècle. La guerre s’est achevée en novembre 2022, sans pour autant avoir soldé le conflit.

En outre, une guerre civile continue de toucher le mali depuis 2012 et le groupe salafiste djihadiste Boko Haram déstabilise toujours le nord-est du Nigéria.

Plus récemment, depuis le 15 avril 2023, une guerre civile frappe le Soudan. Ce dernier est désormais scindé entre les forces armées soudanaises, les forces de soutien rapide du commandant Dogolo, et le mouvement populaire de libération du Soudan Nord.

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Actualité au Moyen-Orient

L’Iran et l’Arabie saoudite rétablissent leurs relations diplomatiques

La rivalité entre l’Iran et l’Arabie saoudite est historique. L’Iran, à majorité chiite, et l’Arabie saoudite, à majorité sunnite, luttent depuis les années 1979 et la révolution islamique pour la maîtrise du leadership régional. Cette confrontation, qui revêt également un aspect religieux, s’effectue surtout à l’occasion de guerre par procuration, comme ce fut le cas au Yémen.

La réelle rupture a lieu en 2016. Suite à l’attaque de mission diplomatique saoudienne, l’Arabie saoudite, en guise de représailles, décide d’exécuter le religieux chiite Nimr al-Nimr. Toutefois, le 10 mars 2023, un accord surprise entre Téhéran et Ryad est annoncé par Pékin. Cet accord prévoit que les deux pays rouvrent leurs ambassades dans un délai de deux mois et qu’ils réactivent les accords sécuritaires et économiques qui les lient. Affaire à suivre…

 

Visite de Xi Jinping

La Chine est une puissance montante au Moyen-Orient. L’Empire du Milieu ne se contente plus seulement d’être un acteur économique et un acheteur de pétrole. Il investit surtout de plus en plus le champ diplomatique global (cf. précédente actualité). Cette position peut s’avérer pourtant paradoxale à première vue, quand on connaît la politique nationale de Pékin vis-à-vis de la communauté musulmane des Ouïghours…

En décembre 2022, à la différence de son homologue américain Joe Biden quelques mois auparavant, Xi Jinping a été accueilli en grande pompe à Ryad. Pour l’occasion, un accord de partenariat stratégique global est signé. Il prévoit une série de mesures de 30M$ (5G, hydrogène vert…) visant à coordonner à la fois le plan « vision saoudienne 2030 » et le projet des nouvelles routes de la soie chinois.

Quelles conclusions peut-on en tirer ? Les pays occidentaux semblent de plus en plus perçus comme désorientés, peu fiables et trop regardants des affaires intérieures (cf. Joe Biden qui définit MBS comme un paria). Cet accord sonne donc comme un avertissement des pays du Golfe vis-à-vis de l’Occident (et particulièrement les États-Unis), car il érige Pékin en tant que rival de substitution dans la région.

 

Crise en Iran

L’Iran a été marqué par de vastes manifestations l’année passée. En cause : la mort en septembre 2022 de Mahsa Amini, arrêtée par la police des mœurs pour une tenue jugée « non conforme ».

En outre, la mauvaise conjoncture économique (l’Iran est sous embargo américain depuis les accords de Vienne de 2015) et l’inflation ont provoqué une mobilisation de niveau national qui a touché toutes les classes de la société.

Si le gouvernement de l’ultraconservateur Ebrahim Raïssi attribue ce mouvement à un complot mené par les puissances étrangères (particulièrement la réélection de Benjamin Netanyahou), il semble qu’il craint surtout que ces manifestations se transforment en revendication d’émancipation politique.

Pour apaiser les tensions, le gouvernement a annoncé la suppression de la police des mœurs et a mis en place un système d’allocation de 14 dollars par mois pour les plus démunis. L’Iran ne semble toutefois pas prêt à renégocier les Accords de Vienne, qui lui coûtent près de quatre milliards de dollars de revenus pétroliers par mois. Fort de sa posture révisionniste, il espère au contraire une dédollarisation de l’économie mondiale.

 

Actualité en Asie

20ᵉ Congrès du Parti communiste chinois

Du 16 au 22 octobre 2022 s’est tenu le 20ᵉ Congrès du Parti communiste chinois. Sur le plan idéologique, il paraît assez clair qu’en premier lieu, Xi Jinping poursuit ses choix d’une révolution conservatrice opposée à l’idée d’une démocratie occidentale. Son objectif : moderniser le marxisme. Cette modernisation doit selon lui se réaliser en deux temps. Avec une première période de 2020 à 2035, celle de la « modernisation socialiste », puis de 2035 à 2049, celle de « la prospérité socialiste ».

L’éviction forcée de Hu Jintao — ancien premier Secrétaire du parti – en plein milieu du congrès témoigne de cette politique toujours plus autoritaire. Par ailleurs, l’Empire du Milieu a profité de cet anniversaire pour réitérer son ambition. Celle d’être « un grand pays socialiste moderne qui mène le monde en termes de forces [et influence] internationales d’ici le milieu du siècle ».

Enfin, Xi Jinping s’est abstenu de parler des États-Unis ou de la guerre en Ukraine, il s’est surtout focalisé sur sa politique intérieure et la sécurisation de son environnement proche (fermeté sur la question de Taïwan et sur la mer de Chine méridionale).

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Pivot de la Corée du Sud vers le Japon

Le mercredi 1ᵉʳ mars 2023, à l’occasion de l’anniversaire du mouvement d’indépendance de 1919 contre la colonisation nippone (1910-1945), le Président de la République de Corée, Yoon, a présenté le Japon comme étant « passé du rang d’agresseur militariste à celui de partenaire qui partage les mêmes valeurs universelles que nous ».

Cette politique montre la volonté du Président conservateur de se rapprocher du Japon et plus largement d’être un acteur des relations internationales aux côtés des démocraties libérales contre les régimes autoritaires. Cette annonce s’effectue dans un climat tendu, entre d’un côté, une augmentation de la menace nord-coréenne, et de l’autre, une montée des tensions avec la Chine (achat en 2016 de systèmes de défense antimissile américains THAAD).

Toutefois, ce rapprochement n’a pas fait l’unanimité. Une grande partie de l’opinion sud-coréenne reste toujours très attachée aux questions mémorielles et a manifesté ses désaccords.

 

Actualité en Amérique

Premier sommet de l’AUKUS

L’AUKUS est un accord de coopération militaire passé entre l’Australie, les États-Unis et le Royaume-Uni en septembre 2021. Si cette alliance vise à contrer l’expansionnisme chinois dans l’Indopacifique, il fut source d’une réelle humiliation pour la France, qui a perdu par cette occasion le « contrat du siècle » : l’achat de 12 sous-marins à propulsion nucléaire français par Canberra.

Ainsi, le 13 mars 2023 s’est déroulé à la base de Point Loma à San Diego le tout premier sommet de l’alliance. Il a été annoncé la création d’une toute nouvelle génération de submersibles d’attaque, les « SSN-AUKUS » et la livraison de trois anciens submersibles américains à Canberra. Ces annonces montrent que la course à l’armement s’intensifie dans l’Indopacifique, désormais centre névralgique des rapports de forces internationaux.

Par ailleurs, par crainte de l’ascension de la Chine, l’alliance mise également sur un partage des savoirs sensibles : coopération sur l’hypersonique, cyberguerres, IA, drones sous-marins…

 

L’Inflation Reduction Act : vers un découplage transatlantique ?

Lancé par Joe Biden et effectif depuis août 2022, l’IRA est une loi pourvue de deux objectifs. Celui de renforcer à la fois la compétitivité de l’industrie américaine tout en soutenant la transition énergétique. Washington est en effet préoccupé par sa dépendance, particulièrement vis-à-vis de son rival chinois (85 % des panneaux solaires sont par exemple produits en Chine), et souhaite accélérer ses investissements dans les énergies propres. Dotée d’un budget de 369 milliards de dollars, la loi prévoit des subventions et des crédits d’impôt, non seulement aux ménages, mais également aux entreprises qui investiront dans les technologies vertes.

Cependant, d’un point de vue européen, cette loi est vue d’un très mauvais œil. L’Europe, qui se positionne comme championne de l’électrique, craint en effet une vaste vague de délocalisations de ses industries, sensibles de bénéficier des avantages et de gagner en compétitivité. Volkswagen a déjà émis l’hypothèse de délocaliser une partie de sa production sur le sol américain. L’entreprise allemande pourrait en tirer jusqu’à 10 milliards de dollars de subventions. L’Union européenne a de son côté porté plainte à l’OMC pour concurrence déloyale et multiplie les voyages à Washington pour trouver un compromis.

 

Actualité en Amérique latine

Des démocraties fragiles : l’exemple du Pérou, du Chili et du Brésil

En septembre 2022, les Chiliens disaient « non » à 52 % à l’adoption de la nouvelle Constitution (Magna Carta). Cet événement montre à la fois le manque de confiance des Chiliens en leur gouvernement, mais également un refus de tout progressisme.

Le 7 décembre, le Président progressiste péruvien Pedro Castillo est destitué par le Congrès après une tentative « d’auto-coup d’État ». L’ancien Président est alors placé en détention provisoire et sa vice-présidente, Dina Boluarte, prend les rênes du pays. Cet événement a provoqué une vive réaction au sein du pays. De violentes manifestations (particulièrement dans les zones rurales) prennent alors place, les routes et les aéroports sont bloqués et l’état d’urgence est décrété. La vaste majorité des Péruviens demandent des élections anticipées et finissent par obtenir gain de cause. Les prochaines élections, avancées de deux années, prendront place en avril 2024.

Le 8 janvier 2023, le Brésil subissait à son tour un vaste revers démocratique. À la suite de l’annonce de la victoire pour le troisième mandat du Président progressiste Lula, des manifestants se sont emparés de la place des Trois Pouvoirs et du palais présidentiel à Brasilia. Si la situation a vite été mise au calme, cet événement, qui ressemble étrangement aux attaques du Capitole de janvier 2021, interroge quant à l’effectivité de la démocratie dans la région.

 

Sommet UE-CELAC

À la suite de son élection en janvier 2023, le Président brésilien Lula s’est empressé de rejoindre à nouveau la CELAC, quittée par son prédécesseur populiste, Jair Bolsonaro. La Communauté d’États latino-américains et caraïbes (CELAC) est en effet une organisation régionale qui regroupe 33 États d’Amérique latine. Si l’organisation paraît assez faible, peu efficace, il semble que sa résurrection dépende en grande partie du leadership brésilien. L’organisation a notamment pour ambition de mettre en place une monnaie commune, inspirée du modèle européen.

Les 17 et 18 juillet 2023 s’est tenu le premier sommet UE-CELAC depuis huit ans. Ce sommet était l’occasion pour l’Europe de diversifier ses relations et de trouver de nouveaux débouchés à son approvisionnement en énergie, particulièrement utile dans sa transition écologique. Du côté latino-américain, cette rencontre permettait de trouver une possible troisième voie entre l’impérialisme américain et la surprésence chinoise. Cependant, le sommet n’a pas tenu toutes ses promesses.

S’il devait symboliser une « relation ravivée » la Russie a joué les trouble-fêtes. Les membres n’ont en effet pas réussi à se mettre d’accord sur la condamnation de l’invasion russe en Ukraine. Ce qui révèle des valeurs et des mentalités différentes entre les deux continents. Dans le cadre de la Global Gateway européenne, un vaste programme d’investissement de 45 milliards d’euros a toutefois été mis en place. La rencontre a néanmoins permis de resserrer les liens et d’entrer dans une logique de coopération sur le long terme. Le prochain sommet aura lieu dans deux ans en Colombie.

 

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