Tour d’horizon de l’actualité d’Afrique subsaharienne, en cet été marquée par des élections décisives et une situation humanitaire toujours plus critique.

Mort du ghanéen Kofi Annan

Originaire du Ghana, l’ancien Premier Secrétaire Général des Nations Unies est décédé le 18 août à l’âge de 80 ans. Il était, en 1996, le premier Africain subsaharien à prendre la tête de l’ONU, et la mort de ce symbole de paix a ému le monde entier. Prix Nobel de la Paix en 2001, ce diplomate de profession a « considérablement contribué au renom du Ghana par sa position, par sa conduite et son comportement dans le monde » a estimé le président ghanéen Akufo-Addo à l’annonce de sa mort.
Marqué à vie par l’incapacité de la communauté internationale à régler la question ethnique au Rwanda en 1994, il a voué son mandat à la préservation de la paix dans le monde, s’efforçant de « faire comprendre la légitimité et la nécessité d’intervenir en cas de violation flagrante des droits de l’homme», ce qu’il considérait être son principal défi.
Alors déchargé de ses fonctions aux Nations Unies, Kofi Annan a choisi de se vouer à l’Afrique : médiateur pour l’UA de la crise politique au Kenya en 2008, il est parvenu à obtenir un accord de partage du pouvoir et à ramener la paix. Il laissera à la postérité la « doctrine Annan » d’après laquelle « la communauté internationale a le droit d’intervenir quand les gouvernements échouent à protéger la vie de leurs citoyens », selon les mots du président kényan.

Élections au Zimbabwe : un scrutin historique

Les élections présidentielles du 30 juillet dernier promettaient d’être un tournant pour le pays, pourtant, tout ne s’est pas déroulé comme attendu. Le premier scrutin depuis le départ de Robert Mugabe, Président entre 1987 et 2017, a été remporté par son ancien bras droit et leader du parti en place Zanu-PF, Emmerson Mnangagwa. Bien que la campagne se soit déroulée dans la quasi-absence de violence, et malgré le taux de participation historique de plus de 75%, les opposants du vainqueur désigné, estimant que l’élection a été truquée, ont pris part à des manifestations qui ont causé la mort de 3 personnes le 2 août dernier, dans la violence de la répression des forces de l’ordre.

L’enthousiasme suscité par ces élections prometteuses aura donc été de courte durée et alors que les vagues de violences s’apparentent à des relents de l’ère Mugabe, tous s’accordent à dire que l’ouverture et la démocratisation tant attendues sont loin d’être au rendez-vous.

Élections au Mali : des résultats contestés

L’opposant au vainqueur désigné Ibrahim Boubacar Keïta, Soumaïla Cissé, conteste toujours les résultats du scrutin présidentiel, pourtant confirmés par la Cour Constitutionnelle qu’il accuse d’être partiale, alors qu’il pointe du doigt des irrégularités dans de nombreux bureaux de vote du Mali. Selon ses calculs, il serait le vainqueur avec 51,75% des suffrages, bien loin des résultats annoncés qui donne IBK réélu avec 67,16% des voix.

Quoi qu’il en soit, IBK sera investi le 4 septembre prochain pour une durée de 5 ans, mandat qui le placera devant de nombreux défis : ramener la paix dans un pays soumis à une forte présence djihadiste et à des tensions ethniques résurgentes : regagner la confiance de la population, ternie par ces soupçons d’irrégularité ; relancer l’économie du pays qui bien que rétablie depuis plusieurs années (une croissance de 5,3% est à noter en 2017), reste grevée par la pauvreté extrême et les inégalités que la corruption ont aggravée.

Situation humanitaire critique en RDC, sur fond de campagne présidentielle

L’est du pays, déjà en proie aux groupes armés, fait face à la recrudescence de cas d’Ebola et fait craindre cet été une crise humanitaire majeure dont les déplacements de population sont le témoin. Menacés par une multitude de groupes armés du Rwanda ou encore d’Ouganda, dont les fiefs se trouvent au Nord-Kivu, les habitants de l’est de la RDC sont victimes d’une violence perpétuelle depuis le génocide des Tutsis au Rwanda (1994) ; et les troubles compromettent l’accès aux soins pour la population locale soumise à la propagation du virus Ebola qui a déjà fait une cinquantaine de morts. La 10ème épidémie de ce virus sur le sol congolais depuis 1976 s’accompagne de ses ressorts traditionnels : hantise de la contamination, ralentissement de l’économie et migrations vers les pays voisins ; mais c’est la première fois qu’elle sévit dans une zone de conflit aussi densément peuplée.

Si les vaccinations ont démarré, l’OMS s’attend à plus de signalements de cas dans les semaines à venir en raison de la difficulté d’établir des contacts avec une population en migration.

C’est dans ce contexte que le compte à rebours des élections présidentielles a été lancé : tous les candidats au scrutin de décembre prochain sont désormais connus. Quelle qu’en soit l’issue, les défis à relever sont immenses dans le pays de Kabila, au pouvoir depuis 2001.

Par Maxime de Chauvigny