enquête frais de scolarité 2023

Pour la huitième année consécutive, Major-Prépa s’est penché sur l’évolution des frais de scolarité des écoles de management qui accueillent au sein de leur Programme Grande École des étudiants issus des classes préparatoires économiques et commerciales, mais aussi littéraires voire scientifiques.

Tirés par le contexte inflationniste que nous connaissons actuellement, les frais de scolarité des quelque 25 écoles concernées dépassent cette année les 48 000€ si on considère la moyenne pondérée par le nombre de places ouvertes. Du côté des écoles pourtant, les revenus totaux engendrés par cette nouvelle promotion d’étudiants risquent de grandement diminuer, en raison de la baisse des effectifs en prépa suite à la réforme Blanquer du lycée il y a deux ans. Seuls 8 842 étudiants se sont inscrits au concours BCE (qui rassemble trois quarts des écoles) cette année, contre 9 616 l’année dernière. Le manque à gagner devrait donc avoisiner les 33 millions d’euros au total.

Des augmentations plus marquées qu’en 2022

Après une période Covid compliquée à gérer pour les écoles, qui avaient parfois dû faire face à une certaine fronde des étudiants (d’aucuns réclamant un remboursement partiel de leurs droits de scolarité en raison du passage au tout distanciel), la plupart des écoles avaient marqué le pas sur l’augmentation des prix. Seules l’ESSEC (10 %) et Excelia (11 %) avaient dépassé les deux chiffres d’augmentation. Elles sont 5 cette année à connaître ce même phénomène : SKEMA prend 13 %, KEDGE 10 %, TBS 11 %, Brest BS 16 %, tandis que l’EM Strasbourg, qui comptait augmenter ses frais de scolarité de plus de 20 % cette année, a finalement rétropédalé à la rentrée 2023.

Par voie de conséquence, cette année 2023 sera aussi celle du franchissement de certaines barres symboliques. HEC Paris et l’ESSEC BS passent le cap des 60k€ sur l’ensemble de la scolarité, tout le top 7 se trouve au dessus des 50 000€ et tout le top 15, au dessus des 40 000€ (sauf BSB, quinzième école qui affiche 39 000€ sur les trois années).

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Pour les écoles, un équilibre financier plus complexe que jamais

Ces hausses continues des frais de scolarité depuis 2010 (il faut se souvenir à titre d’exemple que HEC était à 35 600€ en 2013, il y a 10 ans…) résultent en grande partie de trois facteurs : la baisse (disons même la fin) des subventions de l’État aux écoles par l’intermédiaire des CCI, la concurrence nationale et internationale accrue qui pousse les business schools à de lourds investissements (pédagogie, immobilier, etc.) et enfin, la norme des accréditations internationales, avec pour corolaire le recrutement d’enseignants chercheurs de haut niveau.

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Haro sur la prépa économique et commerciale

Il faut ainsi souligner que ces écoles, pour la plupart privées non lucratives, ne cherchent pas à dégager des bénéfices pour leurs actionnaires, mais bien à avoir les coudées franches pour investir dans l’avenir. Or de ce point de vue, la hausse des frais de scolarité et du nombre de places par école est loin d’être la panacée.

Si on se focalise sur la prépa d’abord, cette année 2023 sera particulièrement douloureuse pour les écoles les moins cotées. Faut-il le rappeler, il y a plus de 800 candidats en moins cette année. Tandis que les écoles du top ont renoncé à augmenter le nombre de places offertes afin de limiter le phénomène d’assèchement au-delà des 11 ou  12 premières au “classement SIGEM“, les écoles au-delà de cette place fatidique s’attendent à un manque à gagner considérable sur les trois prochaines années. L’année 2024 sera du même acabit avec des effectifs stables : les chiffres Parcoursup de cette année pour les entrées en prépa ECG seront évidement scrutés de près par les différents acteurs, dans un contexte de rejet de la réforme voulue par le ministère. Une lueur d’espoir néanmoins : alors que la phase d’admission principale débute sur la plateforme d’accès à l’enseignement supérieur, les vœux en prépa ECG ont beaucoup progressé cette année.

Les frais de scolarité 2023 des écoles de management post-prépa

Les chiffres retenus pour 2023 correspondent aux années de L3, M1 et M2, les frais éventuels liés à l’année de césure (réalisée par la grande majorité des étudiants) ainsi que tous les frais nécessairement payés par l’étudiant qui peuvent se cacher sous divers dénominations (frais administratif, d’inscription, etc.). Les écoles sont listées dans le tableau ci-dessous en fonction du classement SIGEM 2022.

École Frais de scolarité 2023
HEC Paris          61 700  €
ESSEC BS          61 390  €
ESCP BS          59 650  €
EDHEC BS          55 000  €
emlyon bs          53 300  €
SKEMA BS          52 000  €
Audencia BS          47 550  €
NEOMA BS          46 200  €
Grenoble EM          47 450  €
KEDGE BS          44 500  €
TBS Education          44 701  €
Rennes SB          43 000  €
Montpellier BS          40 900  €
BSB          39 000  €
ICN BS          37 100  €
IMT-BS          24 350  €
Excelia BS          39 700  €
EM Strasbourg          26 300  €
EM Normandie          38 500  €
ISC Paris BS          37 600  €
INSEEC SBE          37 600  €
ESC Clermont          30 650  €
SCBS          28 000  €
Brest BS          38 900  €
MOYENNE          48 378  €

L’évolution des frais de scolarité depuis 2015

NB : la moyenne est ici pondérée par le nombre de places ouvertes par chacune des écoles.

NB 2 : L’EM Strasbourg a finalement choisi de garder des frais stables à 26 300€.

Nous avons également compilé les pourcentages de hausses successives par rapport à l’année 2023 dans le tableau ci-dessous.

NB : 0% d’augmentation pour EM Strasbourg in fine

Les évolutions de frais de scolarité

Les parisiennes passent les 60k€

Il fut un temps où toutes les écoles de management françaises coûtaient moins de 50 000€.

2014, 2015… ? Non, 2019 ! Les Parisiennes poursuivent leur stratégie d’augmentation rapide de leurs droits de scolarité, bien qu’en parallèle elles aient aussi accentué les réductions pour leurs étudiants les plus modestes. Depuis le début des années 2010, les augmentations sont de l’ordre de 6 à 7% par an en moyenne. C’est ainsi que cette année, HEC culmine à 61 700€, contre un peu plus de 61 000€ pour l’ESSEC.

ESCP BS reste elle juste en dessous des 60k ; nul doute que ce ne sera plus le cas en 2024. D’après le site de l’école, ESCP s’octroie le droit d’augmenter les frais jusqu’à 6 % par an en cours de cursus pour celles et ceux qui intègreront l’école cette année. Cela signifie que la barre des 60 000€ sera certainement atteinte – et dépassée – dès cette promotion.

SKEMA franchit la barre des 50k

Forte de son succès auprès des étudiants de prépa ces dernières années, SKEMA Business School souhaite marquer son entrée dans la cour de grandes et le fait savoir. Il suffit de voir la parfait corrélation entre le prix d’une école et son classement au SIGEM pour se rendre compte de l’importance du positionnement prix dans la stratégie d’une école.

Ici, SKEMA se rapproche un peu plus de l’EDHEC et d’emlyon (et par la même occasion s’éloigne de ses concurrentes au-delà de la 6e place) en faisant passer ses frais de sco de 46 000€ à 52 000€, soit une hausse de 13 %.

GEM maintient l’écart avec NEOMA

Bien que NEOMA soit désormais devant GEM au classement SIGEM, l’école grenobloise demeure plus chère que l’école multi-campus : 47 450€ pour la première, 46 200€ pour la seconde. Cela reste légèrement moins cher qu’Audencia, qui affiche des frais de sco de 100€ supérieurs pour 2023.

KEDGE BS monte d’un cran

Dans la même optique que SKEMA, KEDGE veut entériner son changement de statut après avoir devancé TBS Education au SIGEM. Elle pratique désormais des frais comparables à sa consœur toulousaine, autour de 44 500€, et redevient plus chère que Rennes SB qui la devançait de ce point de vue en 2022.

 

Les recettes des écoles post-prépa : une année à haut risque

Le tableau ci-dessous détaille les recettes potentielles des écoles de management entre 2023 et 2027 sur la promotion d’étudiants de cette année. Le tableau est sensiblement le même que l’an passé : on retrouve d’abord les gros mastodontes, les écoles qui recrutent le plus de candidats, puis immédiatement après les Parisiennes. Les hausses des recettes sont bien sûr corrélées aux hausses des frais de sco.

Sauf que ces recettes restent théoriques : nous avons ici multiplié les frais de scolarité par le nombre de places ouvertes par chaque école.

Or, cette année, l’écart entre ces recettes potentielles et les recettes réelles sera considérable pour certaines écoles. Comme cela a été dit dans l’introduction de l’article, nombreuses sont les écoles au-delà du top 10 environ qui risquent de ne pas remplir leur promotion. Plus de 30 millions d’euros vont ainsi ne pas être encaissés par les écoles dans les années à venir. Lorsqu’on sait l’importance des recettes liées aux frais de scolarité dans la part total du budget d’une école, on peut naturellement se demander les répercussions stratégiques de cette réalité implacable.

Concrètement, selon les déconvenues plus ou moins importantes que vont connaître une poignée d’écoles quant à leur recrutement en post-prépa (ainsi que la capacité de la filière ECG à attirer des étudiants cette année via Parcoursup), plusieurs scenarii sont possibles.

D’abord, le renoncement à ce vivier d’étudiants (soit total, comme l’ESC Pau ou l’ISG il y a quelques années par exemple), soit en n’allouant plus de moyens financiers et humaines à la promotion de leur école auprès du public prépa. Il faudrait cela dit trouver des leviers efficaces pour pallier ce déficit de prépas, ce qui n’est pas chose aisée au vu de la concurrence féroce tant sur la formation initiale (Bachelor, AST en PGE, MS/MSc) qu’en formation continue.

Autre possibilité : la volonté farouche de ces écoles de laisser passer l’orage en attendant que les effectifs de la filière remontent. Les écoles ont d’ores et déjà prévu, de concert avec l’APHEC, une vaste campagne de communication pour promouvoir la prépa ECG l’année prochaine. Cette seconde hypothèse est évidemment préférable : la concentration du recrutement prépa sur quelques écoles seulement limiterait grandement le maillage territorial actuel.