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Depuis la victoire de la coalition de droite en septembre dernier, composée de Forza Italia de Silvio Berlusconi, de la Lega de Matteo Salvini et de Fratelli d’Italia de Giorgia Meloni, et depuis la prise de fonctions de Meloni en tant que présidente du Conseil en octobre 2022, l’Italie est gouvernée par l’un des gouvernements les plus eurosceptiques qu’elle n’a jamais eus. Meloni a construit toute sa campagne électorale sur son opposition à l’Union européenne, mais elle adopte aujourd’hui une position proeuropéenne. On peut donc qualifier ses positions d’europhiles, car la Première ministre ne souhaite que faire valoir les intérêts de l’Italie au sein de l’Union européenne, tout en étant eurosceptique.

 

La question migratoire

Plusieurs crises diplomatiques ayant eu lieu entre 2022-2023 témoignent des tensions entre l’Italie et les autres membres de l’Union européenne. Parmi elles, il y a celle concernant la question migratoire. Giorgia Meloni, qui souhaite lutter contre les activités des ONG en mer favorisant le sauvetage d’immigrés clandestins sur les côtes afin de protéger les frontières italiennes, a refusé en novembre dernier l’accès à ses ports à l’Ocean Viking. Ce dernier est un navire humanitaire de sauvetage de migrants de l’ONG SOS Méditerranée.

Par conséquent, la France avait accepté de faire accoster le navire dans le port de Toulon, mais non sans que son ministre de l’Intérieur, Gérald Darmanin, manifeste son mécontentement. À la suite de cet épisode, l’Union européenne a adopté un plan d’urgence destiné à améliorer la solidarité entre ses pays membres.

La question migratoire est un sujet épineux pour l’Union européenne, les États membres refusent de réformer les conventions de Dublin qui obligent les pays par lesquels les ressortissants étrangers sont entrés dans l’Union européenne à instruire les procédures de délivrance des permis de séjour ou des statuts de réfugié.

En février, Meloni avait été vexée de ne pas avoir été conviée à l’Élysée lorsque le président Emmanuel Macron avait reçu Volodymyr Zelensky. La Présidente a suivi la trajectoire des autres pays membres de l’Union européenne qui soutiennent l’Ukraine, en fournissant un soutien financier, militaire et humanitaire au pays.

 

L’Italie est-elle un danger pour l’Union européenne ?

Il s’agit d’une série d’accidents qui font de l’Italie un danger pour l’Union européenne. Danger qui est d’autant plus menaçant en raison des positions antidémocratiques qui font craindre à l’Union européenne que l’Italie prenne un virage « illibéral » en portant atteinte à l’État de droit, comme ses voisins hongrois et polonais. En effet, l’arrivée au pouvoir de Giorgia Meloni suscite des craintes sur la réhabilitation du fascisme, dont son parti s’inspire, sur l’oppression des couples homosexuels, l’accès à l’IVG ou encore le racisme.

Pourtant, l’Italie reste un pilier de l’Union européenne. D’un côté, c’est la neuvième économie mondiale et la troisième de la zone euro (donc, un marché clé en Europe), de l’autre, c’est l’un des pays les plus endettés de l’Union européenne (premier bénéficiaire du plan européen post-covid de 800 milliards d’euros). D’ici 2026, le pays devrait recevoir 191,5 milliards d’euros. De plus, l’Union européenne reste un marché très important pour l’Italie, où elle peut exporter ses produits agricoles et manufacturiers. L’Union européenne a besoin de l’Italie tout comme l’Italie a besoin de l’Union européenne.

L’avènement d’un parti populiste aurait dû mener à un euroscepticisme marquant, mais au contraire, la présidente du Conseil a adopté une position différente, car elle reconnaît l’importance de l’Union européenne pour l’Italie. Et l’Italie, en tant que membre fondateur de l’Union européenne, est tout aussi importante pour cette dernière.