gig economy

La gig economy désigne l’économie des « petits boulots ». Elle faisait initialement référence aux musiciens qui étaient payés après chaque concert, mais cible aujourd’hui les plateformes comme Uber ou Deliveroo qui ne travaillent qu’avec des micro-entrepreneurs, sans employer de salariés. La gig economy va de pair avec l’évolution du numérique. Via une plateforme professionnelle, les prestataires proposent une multitude de services tandis que les employeurs convoitent la main-d’œuvre qui leur est nécessaire. L’émergence de la gig economy et son expansion, qui s’accélère depuis le début de la crise de la Covid-19, posent de nombreuses questions. C’est un thème de civilisation clé que tu pourras évoquer dans de nombreux commentaires pour appuyer plusieurs argumentations possibles.

 

La gig economy : la fin du système salarial et une redéfinition du marché du travail ?

La gig economy met fin au statut du salarié et donc à tous les avantages et protections dont il bénéficie. Certains économistes associent l’essor de la gig economy au « dumping salarial », c’est-à-dire à une part de risque grandissante du côté des employés au bénéfice des employeurs. Un transfert de responsabilités associé à la fonte des systèmes de sécurité sociale traditionnels. Les plateformes leaders dans la gig economy parviennent même à échapper aux systèmes de réglementation classiques et à imposer, parfois, de mauvaises conditions de travail.

Si de nombreux désavantages pour les travailleurs ont été pointés du doigt, il ne faut pas pour autant oublier la flexibilité et la liberté offertes par ces contrats. Elles sont les principales qualités recherchées par les « gig workers ».

Le bond de la gig economy a profondément bouleversé le marché du travail. De plus en plus d’entreprises signent des contrats avec des travailleurs indépendants pour exécuter différentes tâches. On parle d’économie « à la tâche ». Le nombre de micro-entrepreneurs a considérablement augmenté et, par conséquent, le nombre de prestations de qualité à des prix très abordables aussi. Le développement de la gig economy a ainsi permis aux entreprises de gagner en agilité pour un moindre coût.

 

Quelle ampleur dans les différents pays du globe ?

La gig economy a déjà séduit les pays anglo-saxons avec les États-Unis et le Royaume-Uni. Le terme de gig economy est d’ailleurs plus largement utilisé aux États-Unis, où les gig workers comptent pour près d’un tiers de la population active. Le marché du travail britannique a également subi une réelle transformation depuis l’arrivée de la gig economy. « Entre 2016 et 2019, le nombre de personnes travaillant pour des plateformes en ligne telles que Deliveroo et TaskRabbit a doublé, passant de 4,7 % de la population adulte à 9,6 %, soit l’équivalent de 5,5 millions de personnes », selon l’économiste Ursula Huws.

En outre, depuis le début de la pandémie, les confinements à répétition ont provoqué une croissance explosive de ces tendances.

 

Des perspectives mondiales

Cette nouvelle économie laisse entrevoir un horizon mondial. Même si de nombreux progrès sont encore attendus concernant la protection sociale des travailleurs indépendants, cette vision de l’emploi a déjà été adoptée par de nombreux entrepreneurs. La gig economy laisserait place à une « ère du transfert ». Un marché des tâches mondialisées et standardisées qui se base sur l’échange des compétences via d’immenses plateformes d’intermédiation.

 

Plus de droits ? La gig economy fait débat

Au cours de ces dernières années, les gouvernements ont pris des décisions de régulation face à l’ampleur et à la diffusion de la gig economy. En effet, le statut de travailleur indépendant est remis en cause dans un nombre croissant de pays, provoquant des décisions de justice diverses.

 

Quelques exemples de décisions

Au Royaume-Uni, la Cour suprême a estimé en février 2021 que les chauffeurs Uber n’étaient pas des autoentrepreneurs, mais des « travailleurs ». Ils étaient donc en droit de bénéficier d’un salaire minimum, de congés payés et de l’accès au plan de retraite. En mars, Uber cédait au gouvernement britannique et accordait aux 70 000 chauffeurs britanniques le statut de « travailleurs » (« workers »). Ce statut de « workers » n’égale pas celui d’employé salarié (« employees ») qui bénéficie de plus de droits (tels que les congés maladie, l’assurance chômage, etc.).

Cette décision marque toutefois une victoire pour les gig workers. Elle désacralise le mythe selon lequel les États seraient devenus impuissants dans les décisions de commerce international. Effectivement, le Royaume-Uni est parvenu à plier à ses lois l’une des plus grandes plateformes internationales de la gig economy.

En France, l’existence d’un « lien de subordination » entre Uber et ses chauffeurs a été reconnue, qualifiant de « fictif » le statut de travailleur indépendant. La justice française estime dorénavant que la relation de travail entre Uber et un chauffeur peut « s’analyser comme un contrat de travail ».

Aux États-Unis, l’arrivée de Joe Biden a également joué en la faveur des travailleurs indépendants. Un executive order adopté par l’administration Trump rendant plus difficile pour les travailleurs des plateformes de revendiquer un statut de salarié a été annulé par le nouveau président Joe Biden.

 

Deux exemples plus pointus sur la gig economy

Le film de Ken Loach Sorry We Missed You s’attaque au phénomène de l’ubérisation de l’économie. Selon Ken Loach : « L’enjeu de Sorry We Missed You est de montrer l’éternelle difficulté rencontrée par des parents de familles modestes à subvenir aux besoins de ces dernières, et que cela n’est pas en voie de changer, malgré les promesses liées aux changements économiques actuels. » Le film met en scène un livreur indépendant de la gig economy et toutes les difficultés liées à la nature de son contrat, au manque de protection sociale qu’il présente et à l’exigence presque malsaine de son travail.

Ursula Huws, dans son livre Reiventing the Welfare State, part de l’analyse du fonctionnement en plateformes de la gig economy pour montrer qu’elles pourraient être « la clé du développement de nouveaux modèles qui favorisent un meilleur équilibre entre vie professionnelle et vie privée, et améliorent les conditions de travail des employés ».

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