Version espagnol

Cette version ne présente pas de difficultés de grammaire ni de vocabulaire (à l’exception de quelques mots et expressions). En revanche, le véritable enjeu de ce texte est de ne pas le traduire mot à mot, sans quoi la traduction française serait peu élégante. Il faut au contraire comprendre le sens donné par l’auteur et tenter de trouver la meilleure manière de le dire en français.

Version

Nacha oyó que llamaban en la puerta de la cocina y se quedó quieta. Cuando volvieron a insistir abrió con sigilo y miró la noche. La señora Laura apareció con un dedo en los labios en señal de silencio. Todavía llevaba el traje blanco quemado y sucio de tierra y sangre.

-¡Señora!… – suspiró Nacha.

La señora Laura entró de puntillas y miró con ojos interrogantes a la cocinera. Luego, confiada, se sentó junto a la estufa y miró su cocina como si no la hubiera visto nunca.

-Nachita, dame un cafecito… Tengo frío.

-Señora, el señor… el señor la va a matar. Nosotros ya la dábamos por muerta.

-¿Por muerta?

Laura miró con asombro los mosaicos blancos de la cocina, subió las piernas sobre la silla, se abrazó las rodillas y se quedó pensativa. Nacha puso a hervir el agua para hacer el café y miró de reojo a su patrona; no se le ocurrió ni una palabra más. La señora recargó la cabeza sobre las rodillas, parecía muy triste.

-¿Sabes, Nacha? La culpa es de los tlaxcaltecas.

Nacha no contestó, prefirió mirar el agua que no hervía. Afuera la noche desdibujaba a las rosas del jardín y ensombrecía a las higueras. Muy atrás de las ramas brillaban las ventanas iluminadas de las casas vecinas. La cocina estaba separada del mundo por un muro invisible de tristeza.

Elena Garro, La culpa es de los tlaxcaltecas

Proposition de correction

Nacha entendit que l’on frappait à la porte de la cuisine (1), et se tut. Quand les coups se répétèrent (2), elle ouvrit furtivement (3), et contempla/regarda la nuit. Madame Laura apparut, un doigt sur les lèvres (4), en signe de silence. Elle portait encore le costume blanc, brûlé et sali par la terre et le sang.

— Madame ! soupira/souffla Nacha.

Madame Laura entra sur la pointe des pieds, et regarda avec des yeux interrogateurs la cuisinière. Ensuite, en confiance/rassurée, elle s’assit près du poêle et regarda sa cuisine comme si elle ne l’avait jamais vue/comme si c’était la première fois qu’elle la voyait.

— Ma petite Nacha, sers-moi (5) un petit café… j’ai froid.

— Madame, Monsieur… monsieur va vous tuer. Nous vous tenions déjà pour morte.

— Pour morte ?

Laura regarda avec étonnement les mosaïques blanches de la cuisine, leva les jambes sur la chaise, se prit les genoux et resta pensive. Nacha commença à faire bouillir l’eau pour faire le café, et regarda sa patronne du coin de l’œil ; pas un mot de plus ne lui vint à l’esprit. La dame mit sa tête sur ses genoux, elle paraissait triste.

— Tu sais quoi Nacha? C’est de la faute des Tlaxcaltèques.

Nacha ne répondit pas, et préféra regarder l’eau qui ne bouillait pas. Dehors, la nuit estompait les roses du jardin et assombrissait les figuiers. Loin derrière les branches brillaient les fenêtres illuminées des maisons voisines. La cuisine était séparée du monde par un mur invisible de tristesse.

Remarques

Cette version ne présentait pas de difficultés particulières, il fallait simplement éviter de traduire le texte mot à mot.

(1) Attention à la traduction du « on ».

(2) Il s’agit aussi d’un « on » : on pourrait traduire littéralement par « quand on insista de nouveau », mais il est plus élégant de transformer totalement la proposition.

(3) On remplace ici un nom en espagnol par un adverbe en français.

(4) Même s’il y a le « con » en espagnol, on ne le traduit pas en français.

(5) On aurait pu mettre simplement « donne-moi un petit café », mais « sers-moi un petit café » est plus élégant.

Voici un autre exemple de correction de version ainsi que des exercices pour t’entraîner davantage !