Concours 2020

Pour ne pas lâcher le rythme en langue malgré cette période assez compliquée, voici une version et un thème type ELVi pour t’entraîner. La version ne doit pas poser de grandes difficultés. Le thème est en revanche un peu plus compliqué. Il est normal de ne pas connaître certains mots. Essaie d’être au plus proche en t’aidant du contexte !

Bon courage !

Version

Un jour, on m’a dit qu’il y avait une manifestation dans Paris. C’est mon frère qui me l’a annoncé. Il m’avait déjà dit qu’elle aurait lieu, que la plupart de nos amis s’y rendraient, c’était un moment important pour la France et pour nous, mais j’avais dû l’oublier. Dans la chambre, les nouvelles arrivaient comme la lumière vient des étoiles, de trop loin, déjà morte, pour finir entre pansements et tuyaux. Tout était invraisemblable et atténué. De quelle planète arrivaient ceux qui portaient ces nouvelles ? Je n’avais ni télescope, ni vaisseau, ni énergie pour le savoir et pour y voir de plus près. […] Dans le brouillard de la fin, il n’y avait ni renouveau ni percée. Il n’y avait rien, pas même une manifestation de soutien. Les nouvelles, pour s’en réjouir ou pour les craindre, il faut pouvoir les imaginer.

Extrait de Le Lambeau de Philippe Lançon

Corrigé

Un día me dijeron que había una manifestación en París. Me lo anuncio mi hermano.(1) Ya me había dicho que tendría lugar, que la mayoría de nuestros amigos irían allí, era un momento importante(2) para Francia y para nosotros, pero se me había tenido que olvidar. En la habitación(3), las noticias llegaban como la luz viene de las estrellas, de demasiado lejos, ya muerta, para acabar entre vendas(4) y tubos. Era todo inverosímil y estaba todo atenuado. ¿De qué planeta venían los que traían estas noticias? No tenía ni telescopio, ni nave, ni energía para averiguarlo(5) y verlo desde más cerca. […] En la niebla del final, no había ni rebrote ni innovación.  No había nada, ni siquiera una manifestación de apoyo. Las noticias, para alegrase de ellas o temerlas, hay que poder(6) imaginárselas.

(1) : si tu as voulu traduire par Fue mi hermano quien (ou el que) me lo anuncio, la traduction est loin d’être fausse. Si la tournure emphatique est à maîtriser pour le thème grammatical, on peut y déroger en thème suivi pour ne pas alourdir la traduction.

(2) : pour éviter la facilité de la traduction d’ « important », il peut être bon de montrer au correcteur une richesse lexicale en utilisant par exemple un momento clave.

(3) : ici, la traduction par cuarto aurait pu être maladroite parce qu’on comprend par la suite (« pansements et tuyaux ») que le narrateur se trouve dans un lit d’hôpital. Habitación semble donc plus pertinent.

(4) : vendas signifie en général « compresses », donc plus approprié que tiritas qui correspond plutôt à un petit pansement adhésif.

(5) : saberlo aurait pu également convenir.

(6) : uno ha de poder aurait pu être accepté aussi.

Thème

El soldado le está mirando; Sánchez Mazas también, pero sus ojos deteriorados no entienden lo que ven: bajo el pelo empapado y la ancha frente y las cejas pobladas de gotas, la mirada del soldado no expresa compasión ni odio, ni siquiera desdén, sino una especie de secreta o insondable alegría, algo que linda con la crueldad y se resiste a la razón pero tampoco es instinto, algo que vive en ella con la misma ciega obstinación con que la sangre persiste en sus conductos y la tierra en su órbita inamovible y todos los seres en su terca condición de seres, algo que elude a las palabras como el agua del arroyo elude a la piedra, porque las palabras sólo están hechas para decirse a sí mismas, para decir lo decible, es decir todo excepto lo que nos gobierna o hace vivir o concierne o somos o es este soldado anónimo y derrotado que ahora mira a ese hombre cuyo cuerpo casi se confunde con la tierra y el agua marrón de la hoya, y que grita con fuerza al aire sin dejar de mirarlo.

Extracto de Soldados de Salamina de Javier Cercas

Correction

Le soldat le regarde ; Sánchez Mazas aussi, mais ses yeux fatigués ne comprennent pas ce qu’ils voient : sous ses cheveux trempés, son large front et ses sourcils fournis de gouttes(1), le regard du soldat n’exprime ni compassion ni haine, pas même du dédain, mais une de gaieté secrète ou inexplicable(2), quelque chose qui se rapproche de la cruauté et résiste à la raison sans toutefois être instinctif, quelque chose qui vit en elle avec ma même obstination aveugle que le sang qui persiste dans ses canaux, la terre dans son orbite inamovible, et tous les êtres dans leur irrésistible condition d’êtres, quelque chose qui échappe aux mots comme l’eau du ruisseau échappe à la pierre, parce que les mots ne sont conçus que pour être dits à soi-même, pour dire le dicible, c’est-à-dire tout sauf ce qui nous gouverne, ou fait vivre, ou nous concerne, ou ce que nous sommes ou ce qu’est(3) ce soldat anonyme et vaincu qui regarde désormais cet homme dont le corps se confond presque avec la terre et l’eau marron de la fosse, et qui crie au vent avec force sans cesser de le regarder.

(1) : si l’espagnol a tendance à ne pas marquer la possession, en français il est ici nécessaire de la rétablir pour une structure plus idiomatique.

(2) : « insondable » est aussi acceptable.

(3) : il est nécessaire de changer le pronom relatif en français, faute de quoi la suite de verbes n’a pas de sens en français.