Cette semaine, nous apprenions que quatre classes préparatoires (Rodin à Paris, Montgazon à Angers, Camille Vernet à Valence et Dumont d’Urville à Toulon) allaient vraisemblablement fermer leurs portes à la rentrée 2022, suite aux décisions des différents rectorats de secteur. Ces possibles suppressions de classes interviennent dans un contexte difficile pour les prépas économiques et commerciales : la pandémie et, surtout, la réforme du lycée (qui a conduit à la fin des séries S, ES et L du bac général) ont grandement compliqué le recrutement en première année de CPGE. Selon l’enquête (encore non définitive) menée par l’APHEC, l’association des professeurs de prépa en voie économique et commerciale, le recul des effectifs par rapport à l’année dernière s’élève à près de 9%.

Nous avons interrogé Alain Joyeux, président de l’APHEC, afin de recueillir la réaction de l’association suite à ces annonces.

Que s’est-il exactement passé au sujet de ces quatre classes ?

Classiquement, peu après la rentrée, les recteurs d’académie envoient à la DGESIP (Direction Générale de l’Enseignement Supérieur et de l’Insertion Professionnelle) leur projet de modification de carte scolaire, c’est-à-dire les ouvertures, fermetures et modifications de classes qu’ils envisagent. Ces projets sont ensuite discutés conjointement entre les ministères de l’Enseignement supérieur et de l’Éducation nationale et les recteurs, puis une décision définitive est actée et communiquée.

Or, il résulte de ces discussions le fait de fermer quatre classes préparatoire ECG en 2022. Pour deux d’entre elles (Rodin à Paris et Montgazon à Angers), il s’agirait de fermetures sèches. Pour la prépa située à Toulon, l’idée est de transformer la classe de maths approfondies en prépa ECT. Pour Valence, l’ECG devrait devenir une CPES (classes préparatoires aux études supérieures). À noter que ces décisions ont été prises de manière unilatérale, sans que les professeurs concernés n’en soient informés au préalable.

Quelle est la réaction de l’APHEC face à ses fermetures ?

L’APHEC condamne vivement ces décisions. Début mars, et à nouveau quelques semaines après la rentrée, nous avions demandé un moratoire sur la fermeture des CPGE EC pendant au moins deux ans, le temps que la réforme s’installe et que les classes aient éventuellement le temps d’adapter leur “menu” à leur public (entre maths approfondies / appliquées et ESH / HGGMC). Ce à quoi le Ministère nous a répondu que la question serait étudiée. Cette intention de fermer les quatre classes concernées acte de fait le refus de cette mesure…

C’est d’autant plus préoccupant que l’exécutif nous enjoint à ouvrir socialement notre recrutement : or, ce sont précisément les classes qui permettent cette diversité sociale et territoriale et qui peinent à recruter aujourd’hui qui sont visées par ces fermetures.

Nous avons donc immédiatement apporté tout notre soutien et notre aide aux établissements concernés, en les conseillant d’une part, et en sollicitant toutes les parties prenantes pour empêcher ces fermetures (élus locaux, inspections générales, médias, etc.)

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Pensez-vous que ces projets de fermetures de classe en prépa ECG puissent se multiplier à terme ?

C’est un risque réel pour notre filière, et plus généralement pour les classes préparatoires : la prépa littéraire Victor Hugo est elle aussi menacée de devoir fermer ses portes en 2022. Structurellement, le vivier de candidats à la prépa ECG risque de rester trop faible pour les besoins des écoles de management qui les recrutent. La spécialité maths n’a d’ailleurs pas été plus choisie par les lycéens en première générale cette année que l’année dernière.

Dès le début de l’année 2022, l’APHEC compte peser de tout son poids pour mettre autour de la table les acteurs de la filières prépa / grande école et le ministère afin de trouver des solutions concrètes.

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