Professeurs, proviseurs, étudiants, professionnels de l’orientation… près de 1 500 personnes se sont rassemblées à Paris ce lundi 15 janvier pour manifester leur désaccord à la perspective de la fermeture de 4 classes préparatoires au sein de la capitale. Une marche a conduit le cortège de la place de La Sorbonne à la rue de Grenelle, adresse du ministère de l’Éducation nationale. Amélie Oudéa-Castéra n’a pas reçu la délégation de responsables chargés de lui présenter la principale revendication des manifestants : l’annulation de ces fermetures validées par le Rectorat.

“Injustes”, “injustifiées” et “inquiétantes” : les fermetures annoncées en novembre et censées prendre effet dès la rentrée 2024 ont déclenché la colère au sein des des 4 classes préparatoires concernées. Mais, redoutant des fermetures en cascade, c’est bel et bien l’ensemble de la filière qui est aujourd’hui mobilisée.

La ministre ne nous a pas reçus lundi, souligne Alain Joyeux, président de l’APHEC, en première ligne des mobilisations aux côtés de 5 autres associations de professeurs (APPLS, UPA, UPLS, UPS et UPSTI). Dans le pire des cas, il s’agit de mépris. Dans le meilleur des cas, elle peut invoquer sa récente prise de fonctions et nous pouvons estimer que ce sujet sera évoqué lors des premiers échanges avec les syndicats.”

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Prépas fermées : trop tard pour Parcoursup 2024 ?

Le dossier n’a donc pas évolué à l’issue de la mobilisation du 15 janvier, et c’est un contre la montre qui s’engage… Dans quelques heures (le mercredi 17 janvier) débute une nouvelle phase Parcoursup au cours de laquelle les candidats pourront s’inscrire et valider leurs vœux d’orientation dans le supérieur. Pourront-ils accéder aux CPGE de Jacques Decour, Pierre-Gilles de Gennes et Lamartine (c’est une khâgne, 2e année de prépa, qui doit fermer à Chaptal) via la plateforme ?

Alain Joyeux espère encore “une suspension ou une annulation de la carte“. L’ajout de formations reste possible plus tard au cours de la phase de formulation des vœux (qui se termine le 14 mars 2024), mais le préjudice sera important… “Le recrutement des classes qui apparaissent en cours de processus n’est pas évident. Je pense en particulier aux collègues de la prépa Decour qui se sont énormément investis, avec succès, pour attirer des élèves. Quelle considération pour leur engagement ? Et les élèves concernés, ne comptent-ils pas ?

Le président de l’APHEC dénonce par ailleurs une gestion “brutale” des ressources humaines. Les enseignants des classes préparatoires concernées par les fermetures ont été avertis trois semaines seulement avant la clôture des demandes de mutations. “Quelles garanties de retrouver un poste à Paris pour ces professeurs, qui ont, dois-je le rappeler, des familles, des enfants, une vie établie sur place ?”, s’inquiète Alain Joyeux qui partage leur colère avec l’ensemble des manifestants présents à Paris, mais aussi mobilisés ailleurs en France…

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Une menace plus globale sur la filière prépa ?

En réponse à l’appel des syndicats et associations à l’initiative de ces 3 journées de mobilisation, le mouvement a en effet pris une ampleur nationale. Des “journées prépas mortes” ont été recensées dans plusieurs villes de France, à Toulouse et Poitiers notamment. “L’émoi est national… si des classes à effectif quasi complet ferment, personne n’est à l’abri”, résume Alain Joyeux. L’effectif maximum autorisé par classe de CPGE publique est de 48. En moyenne, les classes préparatoires à Paris comptent 43 étudiants. “Ces classes accueillent aussi des élèves qui sont le reflet d’une grande mixité sociale. Le choix de les fermer est doublement incompréhensible“, se désole le président de l’APHEC.

Dans le cortège, les professeurs s’inquiètent : “qu’est-ce qui peut nous garantir que nos classes ne seront pas concernées demain ?” Une élève du lycée Albert Schweitzer (Le Raincy, 93) regrette la disparition de CPGE “simples d’accès pour des jeunes de banlieues”. Un étudiant d’Assas venu soutenir des amis confirme que “fermer des prépas, c’est réduire les horions de nombreux lycéens méritants qui ne pourront plus s’y orienter”

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“La prépa nous donne un avenir !”

Les prépas, ce n’est pas forcément l’élitisme bourgeois auquel beaucoup pensent. Ce sont des classes qui nous donnent un avenir ! La fermeture d’une khâgne de mon établissement (Chaptal) signifie que les professeurs auront à sélectionner les hypokhâgnes habilitées à intégrer la seule khâgne ouverte, que la concurrence entre élèves est désormais présente alors que ce n’était pas le cas avant… Il y a une pression énorme pour avoir des résultats maintenant au lieu de laisser chacun progresser. Et des spécialités vont peut-être disparaître aussi, comme l’espagnol”, regrette un groupe de préparationnaires amères qui passera le DS du lundi après-midi à un autre moment…

Le ministère récemment quitté par le promoteur du “Choc des savoirs destiné à élever le niveau de l’école” va-t-il accéder à la demande de maintien des classes prépas annoncées fermées et envoyer un signal positif à une filière à laquelle les premiers concernés (les étudiants) donnent l’excellente note de 7/10 sur l’échelle de l’épanouissement ?