expression

Alors que le ministère semblait déterminé à mener la “réforme de la réforme” jusqu’au bout suite à la baisse massive des effectives en prépa ECG, ce dernier a finalement reculé face à l’indignation des professeurs de la filière. Une victoire dans l’immédiat qui ne règle pas pour autant les problèmes structurels de l’ECG, tandis que le risque de fermeture des prépas en difficulté demeure.

Ce mercredi 8 mars, tard dans la soirée, les gestionnaires de la réforme de la prépa ECG au ministère ont donc fait parvenir un mail aux responsables de l’APHEC (association des professeurs des classes préparatoires économiques et commerciales) afin de leur signifier que les discussions autour de la réforme allaient finalement être reportées en raison des crispations qu’elles engendrent actuellement parmi les professeurs de prépa : “(…) l’opposition de l’APHEC s’est cristallisée et exprimée par communiqués de presse le 20 février ou encore le 6 mars empêchant la nécessaire sérénité à la conduite de travaux sur un sujet aussi important et sensible. Dans ces conditions, la DGESIP, en lien avec la DGESCO et l’IGESR, interrompt les travaux du comité de pilotage afin de restaurer le cadre d’un dialogue serein et efficace et rassurer des professeurs qui auraient pu être faussement inquiétés par des communications ne traduisant pas le contenu véritable des discussions.”


Pour en savoir plus sur l’actualité de la réforme en prépa :

La lettre ouverte des professeurs de prépa contre la réforme de la réforme en ECG

Réforme de la prépa : l’APHEC durcit sa position

Réforme de la prépa : appel à la grève le 16 mars

Réforme de la prépa : comment la France envisage de sacrifier la formation de ses managers de haut niveau


Un mobilisation massive des parties prenantes de la filière

Mis en place dès le début de l’année scolaire, le comité de pilotage évoqué ci-dessus devait réunir représentants de l’exécutif, écoles de management et professeurs autour d’un projet commun de réforme de la prépa ECG, afin de lui permettre de mieux correspondre aux nouvelles réalités du secondaires et de retrouver son attractivité.

Les pistes envisagées (diminution des heures de mathématiques et de culture générale, création d’une option développement durable, mise en place d’un TIPE) ont rencontré une vive opposition des professeurs des classes préparatoires. Ils étaient 60% parmi les membres de l’APHEC à se déclarer opposés à toute réforme, arguant que la première mouture de la réforme ECG était trop récente pour avoir du recul sur la situation. Quant aux 40% restant, la plupart conditionnaient leur acceptation de la réforme au non franchissement de certaines “lignes rouges”, que le projet proposé par le ministère dépassait allègrement.

En conséquence, de nombreux professeurs et ex-étudiants de prépa sont montés au créneau pour dénoncer le caractère inacceptable de cette réforme : posts sur les réseaux sociaux, tribunes dans différents médias (dont Major-Prépa), appel à la grève – chose rarissime en classe préparatoire. Des étudiants du lycée Kleber de Strasbourg ont même lancé le hashtag #jaimemaprepa pour dire leur attachement à la filière.

Une situation toujours incertaine

Bien que le recul du ministère soit assez inattendu, le sujet de l’avenir de la prépa ECG est loin d’être clos. D’abord, la menace de la fermeture des prépas dites “de proximité”, dans les territoires, celles qui ont été massivement affectées par la baisse des effectifs, est toujours prégnante. À ce titre, le message du ministère est sans équivoque : “À court et moyen terme, et en attendant que redeviennent possibles et pertinentes des discussions apaisées, nous évaluerons et tirerons les conséquences des situations des classes préparatoires au cas par cas, au regard de leurs effectifs et des besoins de l’enseignement scolaire (sur le budget duquel elles sont financées) conformément au principe d’équité qui doit prévaloir dans l’ensemble du système éducatif.”

Par ailleurs, alors que Parcoursup bat son plein, nul doute que le ministère sera aussi très attentif aux effectifs globaux de la filière. En creux, la question est de savoir si les deux premières années de la prépa ECG ont permis ou non de rendre la filière plus lisible pour les étudiants (et notamment sur la question des mathématiques), ou si la tendance baissière se confirme.

Lire aussi : Inscriptions Ecricome 2023 : une baisse de 6% flatteuse pour la banque d’épreuves

La réaction des écoles de management

Engagées aux côtés des classes préparatoires dans un continuum de cinq ans, les écoles de management post-prépa sont également très attentives (et partie prenante) des réflexions autour de la réforme. Ce matin, Alice Guilhon, présidente de la CDEFM (Conférence des Directeurs des Ecoles Françaises de Management) a brièvement réagi suite à l’annonce du retrait du projet de réforme : “Nous voulons continuer de soutenir la filière en nous tenant aux côtés des prépas pour communiquer mieux partout en France. Nous voulons engager une réflexion avec les lycées en martelant que la prépa, c’est pour tout le monde. Nos écoles s’engagent pour donner accès à leurs programmes à tous les étudiants de prépa et montrer aux lycéens qui s’orientent en prépa qu’ils entrent dans un cursus sécurisant qui les mène à bac+5. Quand ils rentrent en prépa, ils sortent avec une école. Nous, la CDEFM, sommes pleinement engagés pour continuer de communiquer activement sur ce dispositif extrêmement performant et très atypique.

Lire aussi : Inscriptions BCE 2023 : toutes les écoles perdent des candidats (-8% au total)