oral

L’épreuve orale d’admission à l’École normale supérieure Ulm pour les B/L est un peu à part. Non seulement la préparation y est plus longue (1 heure 30) que dans les autres écoles, mais son contenu même diffère assez largement. L’accent est ici davantage mis sur l’aspect historique. Cet article t’aidera à y voir plus clair !

 

La nature de l’épreuve

Tout d’abord, voici un extrait du rapport de jury 2022 qui explicite les attendus de l’épreuve :

Les candidats procèdent à un tirage au sort de leur sujet parmi deux sujets possibles proposés. Comme les autres années, les textes proposés étaient en très grande partie des sources primaires allant de la fin du XVIIIe siècle au milieu des années 2010. Extraits de sources variées, les documents devaient permettre aux candidats d’aborder certaines des grandes questions de la civilisation britannique et états-unienne, avec cette année encore une dominante politique et sociale qui devait donner l’occasion aux candidats de mobiliser à bon escient leurs connaissances historiques, politiques, économiques, sociologiques et philosophiques.

Ainsi, le jury donne à commenter au candidat un texte relativement long (d’une page complète environ), issu d’une période historique très large. Celui-ci a alors une heure trente pour préparer un exposé de vingt minutes. Un entretien de dix minutes a alors lieu.

Les connaissances en matière de civilisation sont donc essentielles, plus encore que pour les oraux de l’ENS Saclay ou des écoles de commerce. Il faut montrer l’intérêt historique du texte : le situer dans son contexte, expliciter les références utilisées.

 

Le programme

Officiellement, les textes tirés ont été écrits entre la fin du XVIIIe siècle et la fin des années 2010. Ils sont quasi systématiquement britanniques ou américains. Pour la civilisation américaine, on remonte donc à peu près à la guerre de Sept Ans (1756-1763). C’est plus flou au Royaume-Uni : si la plupart des textes sont postérieurs au XVIIIe siècle, des textes de la période 1760-1800 tombent également (à peu près un par an).

Cela peut paraître particulièrement large, surtout pour les non-optionnaires d’anglais. Même le programme d’histoire n’est pas aussi étendu !

 

Des thèmes récurrents

Dans les faits, un certain nombre de thématiques semblent revenir en boucle, même si le jury donne chaque année quelques sujets surprenants : il faut donc particulièrement les travailler. Tu trouveras ci-dessous une liste (non exhaustive) d’éléments qui reviennent régulièrement et qui peuvent constituer de bonnes pistes pour tes révisions.

Pour les États-Unis : la guerre de Sept Ans, la Révolution américaine et ses suites, les politiques indiennes de la première moitié du XIXe siècle, la question esclavagiste et la guerre de Sécession, puis les enjeux de la Reconstruction, les progressistes et les luttes féministes du début du XXe siècle, la Première Guerre mondiale, la crise des années 1930 et le New Deal, la Seconde Guerre mondiale, le maccarthysme et la guerre froide, les enjeux de la Great Society et la guerre du Vietnam, la présidence Nixon et le Watergate, le reaganisme et la fin de la guerre froide, les suites du 11 septembre, la campagne et la présidence de Barack Obama.

Pour le Royaume-Uni : les guerres napoléoniennes, les insurrections des années 1810-1820, les grandes réformes sociales et démocratiques du siècle, le mouvement chartiste, la fin des Corn Laws, l’opposition Disraeli/Gladstone, la colonisation fin XIXe siècle, la montée du socialisme fin XIXe et début XXe, le New Liberalism et le Parliament Act de 1911, le mouvement suffragiste, la Première Guerre mondiale, les premiers gouvernements travaillistes et la grande grève de 1926, la politique d’appeasement et la Seconde Guerre mondiale, les réformes sociales d’après-guerre, la décolonisation, la crise des années 1970, le thatchérisme et le New Labour.

Tu ne dois cependant pas t’y limiter. De nombreux textes contiennent des références à d’autres événements (parfois hors de la limite du programme) qu’il faut expliciter. Travaille donc sur quelques notions fondatrices des deux civilisations (Magna Carta, la Glorieuse Révolution ; arrivée des premiers colons et les Pères Pèlerins).

 

La méthodologie

Toujours dans le rapport de jury 2022, il y est indiqué qu’ « en termes de méthode, les deux écueils à éviter pour le commentaire de document restent le hors-sujet et la paraphrase ».

En effet, tu peux faire face à deux tentations : ne faire que répéter ce que dit le texte sans le relier à tes connaissances extérieures, ou bien dériver complètement sur un autre sujet en te raccrochant à ce que tu peux connaître de la période ou de l’auteur.

Il faut faire un va-et-vient systématique entre le texte et les références extérieures. Tout ce que tu dis est justifié par un passage du texte (que tu cites). C’est un travail d’explicitation. L’auteur part en général du principe que toutes les références qu’il utilise sont connues de son lectorat. Tu dois les souligner et les expliquer.

Les candidats doivent bien prendre en compte la nature des documents. La question du public visé par le document, qui doit également être posée, est souvent liée à celle de la nature du texte, qui doit donc faire l’objet d’une analyse vigilante.

Tu dois toujours te poser ces questions : Qui parle ? à quelle occasion ? dans quel but ? Il faut analyser différemment un texte d’un universitaire commentant un événement historique antérieur de plusieurs décennies et le discours de Margaret Thatcher revenant sur ses mandats, en pleine période électorale, par exemple.

L’épreuve ne consiste pas en un commentaire linéaire du texte. Les candidats doivent identifier les grands thèmes présentés par le document et réaliser un commentaire composé en reprenant ces grands thèmes dans les différentes parties.

On attend un commentaire composé, plutôt en trois parties. Le commentaire linéaire est à proscrire ! Un bon plan permet généralement de brosser largement toutes les questions que pose le texte. Celles-ci peuvent se rattacher à des thématiques très différentes.

 

L’entretien

Cette partie de l’épreuve peut t’effrayer. Mais c’est une chance : le jury est bienveillant et cherche généralement à améliorer l’analyse du candidat et lui faire voir des aspects du sujet qu’il n’a peut-être pas vus.

L’entretien commence souvent par des questions relatives au texte et à sa compréhension. Il ne faut pas se braquer et suivre les perches tendues. Celui-ci pose également des questions de connaissance. Le lien avec le texte est alors plus ou moins distant. Elles sont en général de plus en plus difficiles, afin de mieux différencier les candidats.

Quelques exemples de questions posées :

  • Qui était Cromwell ?
  • Qui était Premier ministre en 1977 ? à quel parti appartenait-il ?
  • Parlez-nous de la Partition indienne.
  • Quel personnage proche de la reine Elizabeth II a été assassiné à la fin des années 1970 ?
  • Comment s’est fini le maccarthysme ?
  • Connaissez-vous une chanson datant des années 1970 parlant de la reine et de la monarchie ? Pouvez-vous citer des paroles de cette chanson ?

 

Nos conseils

Prends l’épreuve au sérieux si tu prépares l’ENS Ulm. Elle est le plus souvent négligée des élèves non optionnaires d’anglais. La quantité de connaissances supplémentaires demandées peut pourtant être importante. Il est dangereux d’essayer de rattraper entre les écrits et les oraux, surtout si tu passes les écoles de commerce et que tu as moins de temps. Tu peux avoir de la chance et tomber sur un texte écrit au XXe siècle (a priori déjà travaillé en histoire), mais tu peux tout autant avoir à commenter un discours de William Pitt datant de 1766.

Travaille tes connaissances en histoire et en civilisation. Il existe une grande diversité de manuels. Les plus utilisés sont l’ouvrage de Melinda Tims (Perspectives on the Making of America) et celui de Michael Lynch (An Introduction to Modern British History), assez concis. Tu peux affiner avec d’autres manuels. Sur les États-Unis, on te conseillera les manuels de Norman Lowe (Mastering Modern British History) ou de Françoise Grellet (Crossing Boundaries). Pour les États-Unis, celui d’Alan Brinkley (The Unfinished Nation) est très complet.

Entraîne-toi pour bien comprendre la méthodologie de l’épreuve. Tu dois garder deux principes à l’esprit : contextualiser le texte et en expliciter ses références.

 

On espère que cet article pourra t’aider dans ta préparation aux concours ! En complément, tu peux lire nos autres articles destinés aux littéraires ici.