Analuse sujet ESH ECRICOME 2022

Dès la fin de l’épreuve, Major-Prépa te propose une analyse des sujets d’ESH ! On continue avec l’analyse du sujet 2 d’ESH ECRICOME 2022, pour mettre en lumière les points-clefs, les mots en lien avec le sujet et les outils de compréhension nécessaires pour bien le traiter. La moitié du concours ECRICOME est enfin derrière toi !

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Pour les sujets, c’est par ici.

Attention ! Ce que je propose dans cet article, n’est pas LE plan à avoir, ce sont uniquement des propositions de connaissances et un plan possible parmi tant d’autres. Si ta copie ne se présente pas exactement de la même manière, cela ne veut pas dire que tu as raté ton épreuve, de très bonnes copies peuvent aborder des connaissances et concepts très différents !

Analyse du sujet 2

Le sujet “inégalités est croissance” fait appel à la fois à tes connaissances économiques mais également sociologique. En effet, pour un bon traitement du sujet, il faut penser aux différents types d’inégalités : économiques, sociales, culturelles,…

Les inégalités économiques sont les inégalités de revenus (flux) et de patrimoine (stock). Les inégalités de revenus ont comme indicateurs : le rapport inter-déciles / centile (1%), ainsi que le coefficient de Gini qui est calculé à partir de la courbe de Lorenz.

De plus, il existe trois formes d’inégalités de revenus :
– les inégalités entre pays ou inégalités internationales (“inégalités between”), celles-ci désignent les inégalités que l’on observe entre les revenus moyens par habitant de chaque pays.
– les inégalités entre individus (ou ménages) à l’intérieur des pays ou inégalités internes (“inégalités within”) : on observera alors, par exemple, l’évolution des inégalités de revenu en France entre les 10% des ménages les plus riches et les 10% les plus pauvres.
– les inégalités entre individus à l’échelle du monde ou inégalités mondiales ; ces inégalités apparaissent comme le cumul des deux inégalités précédentes. On observera, alors, par exemple, l’évolution des inégalités entre les 20% les plus riches et les 20% les plus pauvres sur la planète.

Il faut noter que les inégalités forment un système, cela veut dire qu’il y a une interdépendance entre les différentes formes d’inégalités.

Enfin, lors de l’analyse du sujet, il est important de penser à la fois à l’impact des inégalités sur la croissance, mais également l’impact de la croissance sur les inégalités (c’est la méthode A implique B, B implique A).

Définition des termes du sujet

Une inégalité est une différence qui implique une hiérarchisation sociale, c’est-à-dire : qui donne un avantage ou un désavantage social aux individus ayant certaines caractéristiques.

La croissance désigne une hausse de la production sur le long terme. Son indicateur principal est le produit intérieur brut (PIB). Le PIB représente l’ensemble des biens et services produits sur un territoire donnée en l’espace d’un an.

Quelques idées, concepts et auteurs mobilisables

Les mécanismes les plus évidents pour un tel sujet, sont les mécanismes des auteurs qui montrent que les inégalités peuvent être favorable à la croissance. On peut alors penser à Hayek qui estime que les inégalités sont nécessaires, car celles-ci représentent une motivation pour les individus. Mais, également, la théorie du ruissellement, qui domine dans les années 1980. Dans cette théorie, la consommation des plus riches est vue comme source de croissance, donc une hausse des revenus des plus riches permet une augmentation de la croissance, car ceux-ci vont investir davantage.

Puis, nous pouvons penser aux auteurs qui, au contraire, estiment que les inégalités nuisent à la croissance. Les inégalités ont un impact sur la demande. Laugmentation des inégalités sest en particulier traduite par un accroissement de la part des hauts revenus dans la distribution dont la propension marginale à consommer est faible. Ce qui a entraîné daprès certains économistes comme Stiglitz ou Bernanke un affaiblissement de la demande globale.  Le creusement des inégalités est ainsi également considéré comme l’un des facteurs susceptibles d’alimenter le risque de stagnation séculaire, du fait de l’insuffisance de la demande.

Trop d’inégalités se traduisent par moins de productivité et par une mauvaise allocation des talents. Stiglitz (Le prix de linégalité, 2012) fait ici appel à la théorie du salaire defficience qui montre que la productivité augmente avec le niveau de rémunération et de considération (et inversement). Ces rémunérations stagnantes ne sont guère motivantes. Dailleurs cest une des raisons pour lesquelles le salaire minimum a été augmenté depuis 2016, en Grande-Bretagne et que lentreprise américaine Walmart a augmenté assez fortement ses salaires. De plus, dans un système où la finance est devenue le secteur le plus lucratif, les étudiants les plus brillants choisissent de faire carrière dans la banque au lieu d’opter pour la médecine, la recherche ou les services publics, privant des secteurs indispensables à la croissance de l’économie, des meilleurs talents.

Dans L’inégalité nuit gravement à la santé, en 2007, Wilkinson, met en évidence le fait que les inégalités sociales ne sont pas bonnes pour la santé des individus. Non seulement les plus pauvres sont en moins bonne santé que les riches, mais la santé de l’ensemble de la population est d’autant plus mauvaise que les inégalités sont élevées. Autrement dit, toutes choses égales par ailleurs, ce sont les inégalités en tant que telles qui font mal. Elles font mal parce qu’elles déséquilibrent l’offre de soins en faveur des plus riches, mais aussi et surtout parce que tous, riches ou pauvres, paient le coût psychique des inégalités. Les relations sociales sont tendues, souvent agressives ; les individus n’ont guère confiance en eux et dans les autres, puisqu’ils ont toujours trop à perdre ou trop à gagner ; les gens sont angoissés et développent des maladies liées à ce stress.

Enfin, les inégalités peuvent être facteur d’instabilité financière. C’est l’économique Rajan, qui nous explique qu’il existe principalement deux canaux par lesquels les inégalités sont susceptibles davoir un impact sur lendettement privé et finalement sur linstabilité financière : le canal de demande de crédit et celui de loffre de crédit.

Dans un tel sujet, il serait, alors, pertinent de penser au concept de la redistribution, soit : l’ensemble des transfert monétaire et en nature effectués par l’Etat ou la Sécurité Sociale et financé par les prélèvements obligatoires. Si, effectivement les inégalités sont moteurs de croissance alors il ne faut pas redistribuer et inversement.

Proposition de plan

I. Les inégalités peuvent être une source de croissance, de ce fait il ne faut pas lutter contre celle-ci

A. Les inégalités marchandes sont favorables à la croissance

  • Friedrich von Hayek, La route vers la servitude (1944) : inégalités naturelles, justes et nécessaires
  • thèse du ruissellement
  • Robert Nozick, Anarchie, Etat et utopie (1974) : il faut un Etat minimal

B. La redistribution peut, par conséquent, avoir un rôle négatif sur la croissance

  • Malthus, Essai sur le principe de population (1978) : critique des poor laws
  • Okun, Egalité versus efficacité (1975) : métaphore du sceau percé
  • Mirrlees & Laffer : remise en question de la progressivité de l’impôt

II. Cependant, trop d’inégalités peut avoir un impact néfaste sur la croissance, leur réduction paraît alors nécessaire

A. Les inégalités freinent la croissance

  • consensus 2014 (OCDE, FMI et BM) : les inégalités font chuter la croissance économique
  • enquête PISA & PIAAC : pays les plus inégalitaires ont les moins bons résultats
  • Les inégalités baissent la demande, ce qui impacte la croissance économique (Bernanke)
  • Stiglitz : trop d’inégalités se traduisent pas moins de productivité
  • Wilkinson : les inégalités nuisent au capital humain, ce qui réduit la productivité et donc la croissance
  • Rajan : les inégalités provoque une instabilité financière, qui peut compromettre la croissance

B. La redistribution peut à la fois réduire les inégalités et promouvoir la croissance

  • John Rawls, Théorie de la  Justice, 1971 : voile d’ignorance
  • Saez : effet positifs de la redistribution, la fiscalité représente une solution pour lutter contre les inégalités + Piketty
  • Solow & Piketty : proposition d’une taxe sur l’héritage pour briser la dynamique du “riche qui devient encore plus riche”

Sur ce, l’équipe de Major-Prépa te souhaite bon courage pour la suite des épreuves !

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