L’économie américaine est une mine d’exemples pour des dissertations et colles d’ESH, notamment du fait de son importance au niveau mondial (22% du PIB mondial et 5% de la population mondiale). L’avantage avec l’économie américaine, c’est qu’elle couvre une très grande partie du programme d’ESH, surtout de deuxième année. Si tu t’y intéresses, tu pourras briller par l’originalité et la précision de tes exemples !

L’économie américaine en chiffres (OCDE)

PIB : 18,5 milliards $

PIB/hab : 59 535 $/hab

Population : 319 milions d’habitants

Taux de chômage : 4,4%

Indice de Gini : 0,39

Dette privée : 110% du PIB

Dette publique : 125% du PIB

Structure productive et emploi aux États-Unis : comment expliquer la tertiarisation de l’emploi ?

Cette partie est utile pour être réutilisée dans un sujet sur l’industrie (Comme celui de l’ESCP 2018), sur les services ou sur l’emploi : les États-Unis sont l’exemple même d’une économie tertiarisée ! C’est un exemple facile à réutiliser dans tous les sujets sur la désindustrialisation ou les transformations de l’emploi.

Comme dans toutes les autres régions du monde touchées par ce phénomène, c’est une combinaison entre des facteurs d’offre et de demande. Ce qui est particulièrement frappant dans le cas américain, c’est que la polarisation sectorielle se fait au profit de trois secteurs qui prennent une place considérable dans l’économie : la santé, la finance et les services aux entreprises.

La demande des ménages

C’est avant tout lié à la demande des ménages (qui représente plus des deux tiers du PIB américain : une place considérable !) : les dépenses de services financiers des ménages ont été multipliées par trois depuis les années 1950, et les États-Unis détiennent le record des dépenses de santé (16% du PIB en 2007). Ces deux secteurs se caractérisent par une rente importante des offreurs liée à la faible transparence des marchés et à la faible concurrence. C’est une des caractéristiques principales de l’économie américaine : des dépenses en services considérables !

La demande des entreprises

Il ne faut pas non plus négliger le rôle du recentrage des entreprises sur leur cœur de métier : l’externalisation des activités de services (ménages, comptabilité, etc.) comptabilise ces activités comme des services alors qu’elles étaient comptabilisées comme des activités industrielles avant externalisation.

L’ouverture internationale

Enfin, l’ouverture internationale alimente la tertiarisation américaine : depuis les années 1960, les États-Unis vendent des services pour acheter des biens, car son économie possède des avantages comparatifs dans les  domaines du tourisme, des services aux entreprises, des brevets, etc.  et des désavantages dans les secteurs des biens d’équipement et de consommation.

Emploi et inégalités aux États-Unis : comment expliquer la montée des inégalités salariales ?

Contrairement à certaines économies européennes, le chômage n’est pas un problème aux États-Unis hors période de récession (taux de chômage de 3,9% en avril 2018). Le véritable problème auquel doit faire face l’économie américaine est l’inégale répartition de la valeur ajoutée entre les différents emplois. Comment expliquer que les salaires réels aient augmenté de 50% depuis les années 1980, mais que la rémunération de plus de la moitié des emplois à plein-temps n’ait pas augmentée ?

La tertiarisation de l’emploi

C’est avant tout la conséquence de la tertiarisation de l’emploi (plus de 70% des créations d’emploi aux États-Unis se sont faites dans le secteur tertiaire, dont plus de 12% dans le secteur de la santé). Or, ce sont les emplois dans le secteur privé manufacturier qui concentrent des emplois intermédiaires. Prenons par exemple le secteur de la santé : il regroupe à la fois des emplois très faiblement rémunérés (aides-soignants, etc.) et des emplois fortement rémunérés (médecins, chercheurs…).

Les statuts alternatifs du salariat

Aux États-Unis plus qu’ailleurs, l’emploi prend des formes originales. Il ne faut pas oublier que c’est aux États-Unis que sont nées les plateformes comme Uber qui forment ce que les américains appellent la « gig economy » – ou économie de plateforme (#vocabulaire : a gig is a single performance by a musician or group of musicians, especially playing modern or pop music). Ainsi, on assiste au développement d’emplois très faiblement rémunérés, qui forment plus de 15% de l’emploi total américain !

Des inégalités scolaires

On peut observer une augmentation des écarts de rémunération entre les diplômés et les non-diplômés : depuis les années 1980, la différence de salaire entre un diplômé du supérieur et un diplômé du baccalauréat est passée de 18 000$ par an à 30 000$.

Des facteurs institutionnels

On a d’abord un affaiblissement des syndicats. Si dans les années 1930, le président Roosevelt a mis en œuvre une législation pour reconnaitre les syndicats et leur donner des droits, la baisse du taux de syndicalisation s’est amorcée dans les années 1950, accélérée dans les années 1970. Sur le plan de la loi, il existe dans la moitié des États américains la “Right to work law” qui limite considérablement les syndicats. Résultat, dans l’État de Caroline du Nord, seulement 1,6% des salariés sont syndiqués. On peut aussi invoquer la faiblesse et l’érosion du salaire minimum : le salaire minimum fédéral est de 7,25$/heure, mais il existe des dérogations dans les secteurs de l’agriculture, des emplois saisonniers, des moins de 20 ans, des serveurs… Plus de 1,7 millions de salariés ont un salaire en dessous du salaire minimum ! Le pouvoir d’achat du salaire minimum s’étant érodé depuis les années 1970, cela a contribué à accroître les inégalités.

Ce paragraphe s’est concentré sur les inégalités salariales, mais les inégalités aux États-Unis sont multiples : la détention du capital est extrêmement concentrée. La valeur des actifs détenus par les plus riches a fortement progressé (multipliée par trois pour le premier quintile depuis les années 1990), alors qu’elle a diminué pour les autres ménages (-50% en termes réels pour les deux quintiles inférieurs depuis 1990).

La politique monétaire américaine au cœur de la régulation des cycles

Très peu utilisée au lendemain de la Seconde Guerre Mondiale et délaissée au profit de la politique budgétaire, la politique monétaire américaine s’est imposée à partir des années 1960 comme l’outil principal de régulation de la conjoncture.

Comment la FED régule-t-elle la conjoncture ?

Il est très important de comprendre par quels mécanismes la FED parvient à avoir une influence sur la consommation, l’inflation, l’emploi. Eh non, le président de la FED ne possède pas une baguette magique qui agit directement sur le taux de chômage ! Aux États-Unis, la régulation de l’activité économique passe d’abord par l’endettement des ménages et le marché de l’immobilier. L’investissement immobilier des ménages est en effet très sensible à la conjoncture – alors que la demande des entreprises dépend également des attentes de demande effective. Ainsi, la FED a construit des mécanismes de transmission de la politique monétaire par la création d’agences qui garantissent la liquidité des prêts immobiliers (les fameuses Freddie Mac et  Fannie Mae qui sont tenues responsables de la crise de 2008 !) : les taux de court terme décidés par la FED ont une influence sur les taux de long terme – ce qui encourage ou décourage les ménages à investir dans l’immobilier, donc favorise ou défavorise la construction, donc la croissance et l’emploi.

La politique monétaire de la FED depuis les années 1980

Comme les taux des prêts immobiliers sont déterminés par les taux du marché obligataire, les anticipations d’inflations des agents économiques ont un rôle à jouer dans leur formation – les présidents de la FED, Volker puis Greenspan, vont tenter à partir de 1979 d’améliorer la communication entre banques et marchés (communiqués et interventions régulières devant le congrès et la presse et lutter activement contre l’inflation afin que la politique monétaire soit la plus efficace possible). Ainsi, depuis 1995, la politique monétaire américaine est un puissant stabilisateur de l’activité : elle a permis de limiter les conséquences des crises de 1997 et 2001 sur l’activité et l’emploi.

Des excès et imprudences

Cette manière de réguler l’activité économique s’est avérée porteuse de déséquilibres financiers, car le levier de la politique monétaire a trop été utilisé par la FED jusqu’à ce que les prêts accordés ne puissent plus répondre à des garanties de remboursement convenables. Or, le gouvernement a continué à encourager la propriété immobilière afin de maintenir les mécanismes de transmission de la politique monétaire, conduisant à l’octroi massif de prêts subprimes à l’origine de la crise de 2008. Ainsi, si la politique monétaire américaine est bien au coeur de la régulation des cycles, elle est aussi au coeur de ses déséquilibres financiers.

Des politiques monétaires conventionnelles aux politiques monétaires non conventionnelles

Après la crise de 2008, la FED a lancé des programmes massifs de rachats de titres, qui ont permis de faire face à des problèmes de liquidité de la part des banques commerciales, et a agi sur des marchés spécifiques comme le marché de l’immobilier, à hauteur de 24% de son PIB, avec des programmes d’achats de bons du trésor et des mortgage backed securities (ABS : actifs adossés aux crédits hypothécaires immobiliers). Mais depuis quelques mois, face aux bonnes performances macroéconomiques des États-Unis, la FED, dirigée par Jerome Powell, semble vouloir redresser ses taux et mettre fin à ses pratiques non conventionnelles.

Le dollar et la balance commerciale américaine

Toute une partie du programme de deuxième année concerne l’évolution du rôle du dollar dans le SMI, qu’il serait impossible de couvrir en un article « panorama », mais certains sujets (HEC 2010 : « Le rôle de l’or dans l’économie mondiale depuis le XIXe siècle dans une perspective historique » ; Ecricome 2013 « Depuis le début du XXème siècle, qu’est-ce qu’un bon taux de change ? ») ne peuvent se passer de quelques explications sur le dollar ! Et comme il ne faut pas oublier qu’une monnaie est intimement liée à la santé de l’activité économique du pays qui l’émet, il est important d’avoir quelques notions sur l’histoire économique des États-Unis pour ne pas raconter n’importe quoi sur le dollar.

Pour compléter, un autre article traite de ce sujet : La place du roi dollar est-elle menacée ?

Astuce : réutiliser les connaissances acquises en économies pour les oraux d’anglais : tu auras l’air très savant et parviendras réellement à faire la différence si tu parviens à expliquer économiquement la cause de la hausse récente des inégalités aux États-Unis !