Cette année, Major Prépa te sert sur un plateau le programme d’ESH découpé intelligemment et résumé pour optimiser tes révisions. Pour lire l’article précédent, c’est ici !

Ce chapitre n’existe pas dans le programme officiel. En revanche, il est écrit dans quasiment tous les rapports de jury que la maîtrise de l’histoire économique de la France est obligatoire avant de pouvoir élargir aux autres pays. Ainsi, s’il est sûr que vous ne pourrez pas décrocher une bonne note si vous évoquez uniquement le cas français, il est également sûr qu’il en sera de même en l’omettant et en ne parlant que des autres PDEM (pays développés à économie de marché). C’est dans cette perspective que nous vous proposons dans ce deuxième chapitre une brève histoire économique de la France depuis le XIXe siècle.

Bien évidemment, il s’agit d’un résumé très rapide, l’objectif étant seulement de vous donner des pistes et une vision d’ensemble.

La révolution industrielle

Les historiens s’accordent généralement pour dire que la France a été à la fois un pays moteur et un pays retardataire. En effet, alors que l’Angleterre connaît son essor dès la fin du XVIIIe siècle, la France attend la deuxième moitié du XIXe siècle avant de connaître véritablement sa révolution industrielle. Parmi les raisons les plus souvent mises en avant, on retient notamment :

La Révolution française, qui détourne partiellement la France de la révolution industrielle qui s’annonce.

La résistance du secteur primaire : au début du XIXe siècle, la France est encore massivement agricole, ce qui constitue évidemment un frein à l’industrialisation. La Révolution française est d’ailleurs en partie responsable de ce retard puisque le décret d’Allarde et la Loi le Chapelier de 1791 renforcent la petite propriété au détriment des grandes entreprises.

Un retard bancaire : alors que les premières banques commerciales voient le jour dès le début du siècle en Angleterre, en France il faut attendre la crise de 1848. Ces nouvelles banques, dont le Crédit mobilier (1852) est le symbole, drainent l’épargne des ménages pour financer des projets industriels.

Une faible croissance démographique qui contraste avec celle des autres grandes puissances de l’époque, comme l’Angleterre qui connaît une augmentation de sa population de 400 % entre 1800 et 1914 (contre seulement 30 % en France).

En revanche, la France est considérée comme étant l’un des pays moteurs de la deuxième révolution industrielle qui s’amorce à partir des années 1870. Parmi les industries phares de cette nouvelle vague d’innovations, on peut retenir la sidérurgie, l’électricité ou encore l’automobile (l’entreprise Renault, notamment, connaît une croissance rapide depuis sa création en 1896). Enfin, la France accueille entre Saint-Étienne et Andrézieux la première ligne de chemin de fer établie dans le monde en dehors de la Grande-Bretagne, ce qui atteste de son rôle pionnier dans cette branche.

L’État joue par ailleurs un rôle majeur dans le processus d’industrialisation du pays. Par exemple, il favorise l’essor du chemin de fer en signant en 1842 la Charte ferroviaire, laquelle consiste à mettre en place un partenariat public-privé : l’État prend en charge le coût des infrastructures et les compagnies le coût des superstructures.

La Première Guerre mondiale

La Première Guerre mondiale est la première guerre totale de l’histoire, c’est-à-dire une guerre qui mobilise toutes les ressources disponibles de l’État, sa population autant que l’économie et la politique.

De ce fait, cette guerre a évidemment eu des conséquences économiques et sociales sans précédent. Elle a tout d’abord induit une profonde modification de la structure économique des pays belligérants afin de faciliter la mise en place d’une économie de guerre. Certains secteurs subissent un véritable déclin, tandis que d’autres connaissent un essor sans précédent, notamment les industries d’armement, de chimie et de sidérurgie. De la même façon, cette guerre annonce de puissantes mutations du marché du travail puisque ce sont les femmes qui remplacent les hommes dans les entreprises.

Enfin, la guerre est forcément destructrice, aussi bien sur le plan économique que social : à l’ampleur des destructions matérielles s’ajoutent 1,4 million de victimes en France. Telle est la situation française à la fin de la guerre.

L’entre-deux-guerres

Au lendemain de la guerre, la France connaît une période particulière : « les années folles ». La croissance économique remonte à des taux très élevés (5 % en moyenne au cours de la période) même si ce chiffre masque des fluctuations de grande ampleur. Cette période est également marquée par la naissance de la société de consommation, à tel point que certains auteurs comme Bernstein parlent du début d’une classe moyenne.

À cela s’ajoutent d’importants progrès sociaux, avec notamment la mise en place de la journée de 8 h qui est votée en 1919 ou encore la création de l’assurance maladie en 1928.

Toutefois, à la fin des années 1920, la France est touchée, comme ses voisins, par la Grande Dépression amorcée en 1929. Face aux dévaluations massives de ses partenaires commerciaux, la France opte pour la déflation. Cette stratégie s’avère finalement inefficace puisque la France perd en compétitivité et ne parvient pas à faire baisser le niveau de chômage. En 1936, la France choisit donc à son tour la dévaluation.

1936 est aussi l’année qui marque l’arrivée au pouvoir du Front populaire, une alliance formée entre le parti radical, le parti socialiste et le parti communiste. Face à la pression sociale qui survient au lendemain de l’élection, avec notamment des grèves massives, les Accords de Matignon sont signés en juin. Dans les principales avancées sociales, on retiendra notamment la mise en place de la semaine de quarante heures, de deux semaines de congés payés, ou encore l’augmentation des salaires.

Si les avancées sociales sont évidentes, la situation économique du pays est préoccupante. Comme le montre Sauvy, du côté des entreprises le coût du travail s’est accru de façon considérable (hausse des salaires, baisse du nombre d’heures, congés payés). Cela s’accompagne inévitablement d’une désincitation à l’embauche et la hausse du coût du travail amène les producteurs à se rattraper sur les prix : l’inflation est à la fois responsable d’une dégradation du solde du commerce extérieur et d’une perte de pouvoir d’achat, ce qui menace le moteur même de la relance. Dès l’été 1936, on assiste à une hausse parallèle des prix par rapport aux salaires (un bon exemple pour la courbe de Phillips).

À la veille de la guerre, la France est donc dans une situation économique préoccupante et son outil productif n’a pas été modernisé (à la différence de l’Allemagne par exemple).

La Seconde Guerre mondiale

Après la défaite militaire de 1940, l’économie française est mise au service de l’Allemagne, notamment par l’intermédiaire du Service du Travail Obligatoire (STO) qui voit près de 1 500 000 Français partir travailler dans les usines allemandes. À la fin de la guerre, la France se trouve dans une situation économique désastreuse, d’autant plus qu’elle est le pays à avoir fourni le plus d’ouvriers qualifiés à l’Allemagne.

Les Trente Glorieuses

Comme après la Première Guerre mondiale, un large éventail de lois sociales est décidé. Cela passe tout d’abord par la création de la Sécurité sociale en 1945, divisée en trois caisses (vieillesse, maladie et maternité) avant la création d’une quatrième caisse en 1970 qui couvre cette fois-ci les accidents du travail. La création du SMIG en 1950 impose également aux entreprises un salaire minimum qui favorise le pouvoir d’achat des ménages, et donc la consommation.

Ces importants progrès sociaux s’accompagnent d’une période de croissance économique inédite, les célèbres « Trente glorieuses » (expression de Jean Fourastié) de 1946 à 1975. La France connaît alors un taux de croissance annuel moyen de 5 %. Parmi les raisons majeures pour expliquer pareil taux, on retient :

– Les nationalisations dans les domaines productifs (Renault…), monétaires (Banque de France…) et énergétiques.

– La reconstruction économique après la guerre, qui passe par la planification dans des pays comme la France (le Commissariat général au plan est créé en 1946).

– Un accès facilité à des énergies fossiles abondantes.

– L’aide financière des États-Unis ainsi qu’une coopération commerciale (dans le cadre du GATT de 1947) et monétaire (accords de Bretton Woods de 1944) internationale créent un cadre favorable à la croissance.

– Le compromis fordiste qui permet une hausse de la productivité et des salaires, et donc une consommation de masse qui soutient la croissance.

La situation économique à partir des années 1970

La crise des années 1970 souligne les limites du modèle keynésien : le plan de relance Chirac de 1974 est un échec et les politiques conjoncturelles se retrouvent inefficaces face aux problèmes posés par le chômage et l’inflation, tandis que la croissance économique est revenue à des taux beaucoup plus faibles que lors des Trente Glorieuses.

Par ailleurs, la France connaît un accroissement de sa dette publique préoccupant : de 20 % en 1980, elle dépasse les 57 % au tournant des années 2000. Comme le montre Rosanvallon, l’État-providence est donc confronté à une crise de financement. Il est également confronté à une crise de légitimité et d’efficacité, avec le tournant libéral qui s’opère dans les années 1980 (1986 en France).

Ce tournant libéral s’exprime par une véritable libéralisation de l’économie française et une perte de poids de l’État. Une vague de privatisations a lieu, menée dès 1986 par Mitterrand (après une première vague de nationalisations en 1981) puis par Balladur à partir de 1993. Enfin, la priorité est redonnée à la concurrence, notamment grâce aux directives européennes dans le cadre de l’Acte unique signé en 1986.

Actualités

La France est aujourd’hui confrontée à de nombreux problèmes structurels : un chômage de masse qui ne parvient pas à diminuer, une fiscalité lourde et inefficace, une croissance faible et un contexte social qui pèse sur les décisions politiques.

Nous avons fait le choix dans cet article de nous focaliser sur l’histoire économique et non sur l’actualité, car nous publierons prochainement des articles focalisés uniquement sur l’actualité et qui traiteront spécifiquement de tous les thèmes que nous venons d’aborder.