Introduction à l'économie circulaire

Selon les travaux de l’OCDE en 2007, l’économie mondiale a consommé 60 milliards de tonnes de ressources naturelles cette année-là, soit 65 % de plus qu’en 1980. Le PNUE des Nations unies montre alors que la conjonction de la croissance démographique, de l’augmentation de la consommation dans les pays développés et de l’aspiration des pays émergents à un modèle de consommation similaire entraînera un niveau de consommation des ressources naturelles inacceptable avant la moitié de ce siècle (l’extraction de ressources a été multipliée par douze entre 1900 et 2015). Les conséquences économiques et sociales d’un tel scénario seraient désastreuses, comme en témoigne le récent rapport du GIEC (2021). L’économie circulaire apparaît alors comme une alternative prometteuse à l’économie linéaire afin de réduire le coût écologique des entreprises.

Qu’est-ce que l’économie circulaire ?

L’économie circulaire, héritée du Rapport Brundtland : Notre avenir à tous (1987), peut être définie comme « un système de production, d’échanges et de partage permettant le progrès social, la préservation du capital naturel et le développement économique ». Selon Ignacy Sachs (L’écodéveloppement, 1998), le déchet est dynamique : il peut être conçu comme une ressource selon des conditions culturelles (acceptabilité), économiques (prix relatif) et technologiques (possibilité). On peut y parvenir grâce à une conception durable, à l’entretien, à la réparation, à la réutilisation, au reconditionnement, à la remise à neuf et au recyclage des biens consommés. Ces étapes rendent possible le passage d’une économie linéaire « prendre-fabriquer-jeter » (« take-make-waste ») à une conception « berceau au berceau » comme elle est pensée par Michael Braungart et William McDonough (Cradle to cradle, 2011). Il faut alors trouver des modes de production inoffensifs pour la planète en créant des produits qui, une fois utilisés, pourraient être surcyclés (de l’anglais upcycling, c’est-à-dire recyclés en des produits de meilleure qualité ou utilité) ou compostés sans danger.

Une mesure concrète vise par exemple à prévenir la production de déchets non valorisables par l’interdiction de mise sur le marché d’articles en plastique. Ont ainsi été interdits en France depuis le 1er janvier 2021 les produits en plastique dont la durée de vie n’excède souvent pas celle d’un repas et qui ne pourront pas être recyclés (pailles, couverts, piques à steak, plateaux-repas…). L’objectif d’une telle réforme est de tendre vers une réduction de 100 % des emballages en plastique à usage unique qui n’auraient pas de fonctions techniques essentielles. 

De même, l’économie circulaire s’appuie sur une évolution de la fiscalité : le taux de taxe générale sur les activités polluantes (TGAP) mis en place en 1999, destiné à imposer les entreprises ayant ou important des activités et/ou des produits polluants, a été multiplié par trois entre 2015 et 2019 pour accélérer la route vers le « zéro déchet ». 

Enfin, il convient d’aborder la notion d’écologie industrielle, qui désigne l’idée d’un écosystème industriel qui optimise la consommation des ressources et minimise les rejets, ce qui implique donc une gestion territoriale plus coopérative entre les entreprises et administrations locales.

Les avancées dans l’économie circulaire peuvent-elles rendre possible le « zéro déchet » ?

Si l’on suit le raisonnement des thuriféraires de la soutenabilité forte comme Herman Daly (Beyond Growth: The Economics of Sustainable Development, 1996), il est nécessaire de conserver un stock constant de capital naturel.

Certaines analyses de l’économie circulaire se montrent assez pessimistes comme celle de N. Georgescu-Roegen (The Entropy law and the Economic Process, 1971), qui extrapole à partir de la thermodynamique que la matière utilisable se dégrade elle aussi inéluctablement, tout comme le fait l’énergie. Le recyclage et la découverte de procédés de production sobres en énergie ralentiront certes la pénurie, mais ne permettront pas pour autant de faire face, dans l’état actuel des connaissances, aux millénaires à venir.

Pour autant, le communiqué de presse du Forum économique mondial de Davos en 2019 déclarait : « The world can maximise chances of avoiding dangerous climate change by moving to a circular economy. » Le succès des smartphones reconditionnés écoulés en 2018 en France (2,225 millions d’appareils) en est une preuve. Selon l’ADEME (l’Agence de l’environnement et de la maîtrise de l’énergie), ce recyclage aurait permis une réduction de 179 millions de kilos de CO2 émis, notamment grâce à la réduction des nombreux flux de transport qu’implique la production de smartphones.

Conclusion

Bien que la route soit encore longue avant d’atteindre le « zéro déchet » et que l’économie circulaire représentait moins de 10 % du PIB en 2020, l’arrivée de nouvelles technologies (nouveaux procédés d’électrolyse développés par Engie laissant imaginer une potentielle révolution de la production d’hydrogène par exemple) et de nouveaux modes de production (utilisation plus répandue de l’upcycling dans la mode) offre de nouvelles opportunités pour une durabilité forte de la croissance.

Quelques exemples de sujets où l’économie circulaire pouvait être mobilisée

Aux écrits

Le capitalisme est-il soutenable ? (HEC 2020)

Dans quelle mesure la contrainte environnementale peut-elle modifier les conditions de la croissance ? (ESCP 2019)

Les ressources naturelles : obstacle ou moteur pour la croissance économique ? (HEC 2008)

Aux oraux

Ressources naturelles et croissance économique (HEC 2019)

Défis et enjeux de la transition écologique (ESCP 2019)

La croissance économique est-elle finie ? (ESCP 2019)

Lutter contre la pollution : quels outils économiques ? (ESCP 2017)