écologie

Selon un sondage publié par l’ONG Global Witness, au moins 177 activistes écologiques ont été assassinés en 2022. Et 88 % de ces crimes se sont déroulés en Amérique latine. Alors que la question écologique reste toujours aussi clivante dans beaucoup des pays de la région (la Colombie étant le pays le plus mortel, avec 60 morts), elle prend aussi une importance de plus en plus forte. En effet, de nombreux regards se tournent vers la région qui concentre 1/3 des réserves d’eau douce et 21 % de la superficie des forêts naturelles dans le monde. Face à l’urgence climatique, la région est donc un endroit clé pour pouvoir espérer respecter les engagements fixés lors des sommets pour le climat.

Dans un premier temps, nous verrons que l’environnement représente un dilemme complexe pour les pays d’Amérique latine. Puis, on fera un point sur la situation actuelle qui semble assez préoccupante dans la région. Enfin, nous verrons dans quelle mesure cette situation est amenée à évoluer, notamment sous l’impulsion du virage à gauche qu’incarnent les Présidents Petro, Boric et Lula.

 

L’environnement : un dilemme pour les pays d’Amérique latine

Les ressources environnementales

Les ressources environnementales se sont très souvent présentées comme un dilemme pour beaucoup de pays d’Amérique latine. Elles le sont encore plus avec la question écologique actuelle.

Soit les pays décident d’exploiter les ressources naturelles sur leur sol (bois, pétrole, minéraux…) afin d’en tirer des revenus et de se développer socialement. Soit ils décident de respecter l’environnement et arrêtent par ce fait d’exploiter ces potentielles richesses. Or, de nombreux pays basent leur économie sur l’exploitation des ressources naturelles, optant donc souvent pour la première mesure.

Cet article présente de manière très claire les enjeux liés à cette exploitation.

De nombreux pays d’Amérique latine sont donc concernés par ce dilemme. Cet article présente des exemples tout à fait parlants, notamment celui de la Bolivie. Alors que sa classe politique met en avant son respect pour l’environnement, érigé en divinité appelée la Pachamama, le gouvernement continue paradoxalement d’exploiter des réserves de lithium, de pétrole, ce qui est particulièrement polluant. L’ancien Président, Evo Morales, a expliqué que ces projets extractivistes étaient nécessaires, car ils permettent au pays de se développer économiquement et d’avoir les moyens par la suite d’entreprendre un développement plus durable.

 

Faire reposer l’économie sur les ressources naturelles : un choix piège pour de nombreux pays

On y retrouve le concept de « malédiction des ressources premières », qui stipule que les pays avec d’abondantes ressources naturelles ont finalement un développement économique moindre. En effet, les pays concernés ne touchent pas la valeur totale des ressources qu’ils vendent et ne développent pas en parallèle d’autres activités et d’autres industries. C’est le cas du Venezuela et du Chili.

Au contraire, il est aussi possible de tirer profit de son patrimoine naturel de manière durable et écoresponsable. C’est la leçon qu’incarne le Costa Rica, qui accueille 6 % de la biodiversité mondiale et qui a décidé de protéger 26 % de son territoire terrestre et 9 % de son territoire maritime. Cela fait de lui un des pays les plus respectueux de l’environnement. Le tourisme vert représente en son sol 8 % de son PIB en 2019. L’engagement du pays dans la question écologique et les enjeux qui l’entourent sont largement explicités dans cet article.

 

Une situation actuelle plutôt préoccupante

Aujourd’hui, la question écologique se fait de plus en plus pressante dans le monde, et en particulier dans les pays d’Amérique latine. Pourtant, on ne constate pas de véritable changement dans la région. Sous la présidence de Jair Bolsonaro au Brésil, la déforestation de l’Amazonie s’est particulièrement accentuée et la forêt a déjà perdu 1/5 de sa superficie. D’autres pays d’Amérique latine continuent d’accepter des projets d’extraction de ressources naturelles très polluants.

C’est le cas du Panamá qui a accepté le projet d’une entreprise d’exploiter une mine de cuivre dans le pays. Ce qui a indigné le plus les habitants, c’est la vitesse à laquelle la loi a été approuvée par le gouvernement. Seulement trois jours pour pouvoir éviter toute contestation. Les manifestations contre ce projet ont pour le moment fait deux morts.

De son côté, le Costa Rica a récemment accepté un projet d’extraction du pétrole, une mesure qui est controversée aujourd’hui. Avec l’importance que prend le lithium dans le monde (dans la construction de batteries électriques, par exemple) et les réserves importantes qui existent dans la région, le nombre de projets d’extraction risque de fortement augmenter en Amérique latine.

À ces préoccupations s’ajoute également un rejet parfois important de la question écologique dans les pays, se traduisant par une violence envers les activistes. L’Amérique latine est donc encore une fois de plus la région la plus meurtrière pour ces derniers en 2022, avec la Colombie (60 morts), le Brésil (34 morts) et le Honduras (14 morts). Les peuples indigènes sont notamment très touchés par cette violence, puisqu’ils vivent souvent dans les territoires exploités. La question écologique reste donc un enjeu très clivant en Amérique latine.

 

Un changement à venir dans la région ?

Le virage à gauche, espoir dans la région

Le tournant à gauche, le giro a la izquierda, symbolise une lueur d’espoir dans le traitement de la question écologique dans la région. Les nouveaux Présidents, Gabriel Boric au Chili, Gustavo Petro en Colombie et Lula da Silva au Brésil, ont tous mis l’accent sur la protection de l’environnement pendant leur campagne présidentielle.

Le Président colombien, accompagné de la leader écologique et féministe Francia Márquez, cherche à faire du pays un pionnier dans la lutte contre le réchauffement climatique. Il a annoncé qu’il mettrait fin à l’extractivisme avec la fin de la recherche de nouvelles sources d’énergie, mais la poursuite par contre de l’extraction des sources existantes. Ce projet est cependant difficile à mettre en œuvre dans un contexte économique difficile qui l’empêche de réaliser une transition verte.

De son côté, Boric accorde également une place importante à l’environnement et espérait tirer parti d’une nouvelle Constitution qui définissait le pays comme écologique. Mais le rejet de cette dernière en septembre 2022 par 62 % de la population complique la mise en œuvre de ses prochaines politiques.

Enfin, Lula da Silva, Président du Brésil, est arrivé au pouvoir avec une volonté tout autre que celle de son prédécesseur Bolsonaro, notamment au niveau écologique. Selon el Instituto de Investigaciones Espaciales de Brasil (INPE), la déforestation de l’Amazonie a chuté de 22,3 % entre août 2022 et juillet 2023. Ce qui est déjà une bonne nouvelle pour le Président. De fait, conserver l’Amazonie pourrait même être bénéfique économiquement au pays.

 

La COP28 sera décisive pour le futur de la région

Sous cette impulsion de la nouvelle gauche, mais aussi des récentes catastrophes naturelles, on peut espérer un changement régional. En effet, la région est fortement touchée par le réchauffement climatique avec des incendies au Chili, de la sécheresse en Uruguay et en Argentine, ou encore des cyclones dévastateurs dans les Caraïbes. Ce qui rend la problématique plus visible.

La prochaine COP sera nécessaire pour changer de paradigme à travers notamment le financement de l’action climatique, qui pourrait s’offrir comme alternative à l’exploitation pour les pays d’Amérique latine.

En outre, avec l’impulsion de Lula et la crédibilité qu’il possède sur la scène internationale, une amélioration de la situation écologique pourrait s’inscrire dans un cercle vertueux, puisqu’elle ouvrirait les portes à des accords commerciaux entre Mercosur et l’Union européenne.

 

Vocabulaire

Sobreexplotación : surexploitation

El liderazgo : le leadership

costear planes sociales : financer des projets sociaux

La maldición de los recursos naturales : la malédiction des matières premières

activistas ambientales : activistes environnementaux

desastre natural : catastrophe naturelle

padecer algo : souffrir de

calentamiento global : réchauffement climatique

gas de efecto invernadero : gaz à effet de serre

sequía : sécheresse

 

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